jeudi 26 décembre 2019

Parler depuis le silence

Tout autour un flux de paroles qui vous épuisent parce qu'elles n'expriment rien. Il faut être toujours plus économe de paroles insignifiantes (...). Le silence doit nourrir de nouvelles possibilités d'expression.

Etty Hillesum

Particulièrement en ce temps de fêtes: être économe de paroles insignifiantes, pour dire une parole, peut-être l'unique parole vraie, celle qui touchera le coeur, le sien et celui de l'autre!


dimanche 22 décembre 2019

Les Noëls se sont suivis, sans se ressembler

Je redoute Noël, la fête et tout ça!
A Noël la dépression de ma mère augmentait au maximum, elle se manifestait en mauvaise humeur mutique, ou alors reproches et tout ça! Je la surveillais du coin de l'oeil pour voir si elle se contiendrait, avant que ce ne soit trop tard.
A Noël nous nous tenions tous cois, n'osant bouger (même le père!) pour qu'elle se contente de rester de mauvaise humeur, rien de plus grave.
Mais à Noël parfois cela craquait et pour un p... de travers, elle entrait en rage et soudain empoignait le plat qu'elle venait de déposer sur la table, et le jetait sur le sol...
Cela faisait du bruit, ça oui!

Ce bruit de la vaisselle qui s'écrase par terre, avec son contenu qu'elle avait pourtant mis du temps à préparer m'est resté dans l'oreille encore longtemps

Il m'a fallu lutter pour briser le cercle vicieux de la dépression, à recommencer chaque jour d'ailleurs!

Dans deux jours c'est Noël et je souffre d'une sciatique féroce
On se demande bien pourquoi...

N’empêche, pas facile de préparer la fête dans cet état: nous serons 19!
Heureusement j'ai des enfants formidables et aimants, qui m'aideront à recevoir tout ce petit monde que je me réjouis de revoir tout ensemble

Bon Noël à vous tous! Et c'est dit sincèrement

lundi 16 décembre 2019

Dans le creux de l’oreille


Vendredi soir, lors d'un dîner amical, j'ai parlé à mon amie Floraise de cette consigne du Goût.
Elle a relevé le défi d'écrire un texte sur ce tableau
Comme elle n'a pas de blog, elle me l'a confié pour le publier ici
Je le fais d'autant plus volontiers que son "devoir" est magnifique et que moi je n'ai rien écrit
Vous allez j'en suis sûre lui réserver un bon accueil


Dans le creux de l’oreille

Ils s’étaient écroulés fourbus  dans ce minable abri de fortune. Chacun dans son coin. Plongés dans  le silence assourdissant de leur querelle.


La route leur avait paru sans fin.  Une impression corsée par des échanges  vifs, tendus, âcres.
Chacun s’enfonçait dans ses fanfaronnades et ses plaintes comme le font des pattes dans la boue.
- Tu ne sais pas ce que c’est que de tirer une vie  monotone, répétitive, bêtement usante.
- Plains-toi !  Toi tu as les épaules larges et rien sur le dos !
- Si, un joug et quand on est deux il faut tirer à hue et à dia pendant des heures interminables, soleil ou pas.
- Tu ne portes rien.
- Je supporte ! Pendant que toi tu te promènes.
- Mes « promenades » comme tu dis sont souvent un véritable calvaire. De l’esclavage !
Des kilos sur l’échine, un itinéraire imposé, des obstacles dangereux et si je cale, une salve d’injures,  rarement des encouragements.
- Arrête, rodomont !
- Tu m’assommes, bête de somme !

Epuisés, à court d’invectives faute de vocabulaire,  ils s’étaient endormis dans cette vieille cabane branlante, sans un regard vers le ciel saupoudré d’étoiles.

Le lendemain matin, l’âne ouvrit prudemment  une paupière pour voir si le bœuf avait ouvert les siennes. C’était le cas.  Timidement il osa, le regard perdu au loin, avec dans sa voix la douceur des matins du monde :
- Tu vois ce que je vois ?
- C’est ce que j’allais te demander…
- L’étoile du berger …là… droit devant …
- Quelle est belle !
- La plus brillante de toutes !
- Quel lumière éclatante ! Quelle Venus !
- La première à s’allumer, la dernière à s’éteindre…
- Donc hier soir elle…

Sans s’en rendre compte, dans cette  commune contemplation, leurs lourdes carcasses s’étaient rapprochées.

Alors, après un court instant d’hésitation,  l’âne souffla doucement dans l’oreille du bœuf :
- Dis, je crois qu’on a bien fait de crécher ensemble.


Floraise

lundi 9 décembre 2019

L'outrenoir...

Ceci n'est pas une pipe,  euh... une oeuvre de l'ami Pierre, mais il aurait pu la peindre, avec ce noir partout,  sauf qu'il y a peut-être trop de mouvement, trop de vie finalement! Il aimait le statique pur


Mais qu'on regarde en l'air, qu'on regarde en bas, c'était la même chose: du noir, du noir, encore du noir. Du noir calme ou torturé, il y en avait pour tous les goûts! Il y avait peut-être juste au fond, loin là-bas sur l'horizon une timide languette de lumière. Pierre S. n'en démordait pas, il voulait approfondir toutes les nuances du noir, ce qu'il appelait "l'outrenoir"
Mais ce qui était assez incroyable, c'est que cela plaisait! Oui! cela plaisait! Un musée inauguré en 2014 s'est ouvert à Rodez qui met en valeur la plupart de ses oeuvres. Une foule dense était venue à l'inauguration

Christian Bobin n'est pas le dernier à aimer ce peintre : il lui a consacré un de ses derniers livres, sobrement appelé Pierre, (avec une virgule derrière le prénom, pour inviter sans doute à une rêverie poétique sans fin!) Sacré Bobin que j'aime énormément: avez-vu regardé la "Grande Libraire" de la semaine dernière, où on l'interrogeait sur des livres qu'il aime et sur l'écriture qui le fait vivre?

J'essaie de comprendre cet engouement pour ce vieux peintre (il approche des cent ans) et son oeuvre obstinément noire. Je n'y arrive pas: trop sombre, peur de plonger dans un univers noir dépressif... tellement qu'un canard s'est pendu (non ça c'est Brel qui chantait ça....


lundi 2 décembre 2019

Une grossesse tumultueuse

Cette semaine j'ai "disparu" du Net
En fait j'ai été bouleversée par une conversation avec une de mes filles conversation qui m'a complètement mise à l'envers ...
"ça" a mijoté pendant des jours et des jours. Puis on en a reparlé essayant d'approfondir cette conversation

Elle m'a demandé si je me souvenais de mes ressentis quand je l'attendais: vous vous rendez compte? Rien que ça...
Elle cherche qui elle est, comment et pourquoi, et a entamé une thérapie par hypnose

Et ce qu'elle m'a dit (je ne vais pas entrer dans les détails) correspond à mon ressenti de cette époque dont je me souviens très bien car on  m'annonçait des choses graves
Elle m'a dit que lors de cette grossesse elle a vécu un véritable tsunami! Pareil à celui que j'ai vécu de mon côté et que nous avons vécu dans notre couple

Incroyable: elle SAIT ce que j'ai vécu parce que ce fut une réplique copie conforme de son ressenti à elle alors qu'elle n'était qu'un tout petit être en construction

J'ai une excellente relation avec mes filles, et on a pu approfondir tout ça, en reparler sereinement, avec parfois quelques larmes
Mais nous avons gagné en proximité. Énormément!
Et ça, ça fait un bien chaudoudou




mercredi 27 novembre 2019

Dans le journal "En Marche"

Un petit article sympa dans le journal belge "En Marche" de la Mutualité Chrétienne. Article qui m'a fait grand plaisir:


mercredi 20 novembre 2019

Une histoire de pommes


Il y a des paquets de pommes sur la table. Il y a aussi des paquets d’épluchures, entassées par petits tas sur des journaux éparpillés.
Le ballet des couteaux bat son plein.
Et hop, la casserole thésaurise un à un les quartiers dénudés des pommes qui ne sont plus des pommes.
La casserole est grande et à bords hauts pour qu’aucun quartier ne s’avise de fuguer.
Condamnés tous à la compote, c’est leur destin obligatoire…

Autour de la table, toutes les femmes de la famille, championnes des gestes ordinaires.
Leurs mains dansent et virevoltent le fastidieux ballet des pommes

Il y a une femme très très âgée. Elle est assise et regarde, ses mains rêvent, son regard plane…il est ailleurs, peut-être déjà de l’autre côté du temps…

Il y a une femme qui a des envies de couteau : elle tranche dans le vif de la chair de la pomme vulnérable. Cette femme déteste la pomme. Elle la condamne sans pitié à une fin minable, une fin de désintégration dans le fond d’une casserole. Cette femme a des besoins de colère. Et la pomme le sait qui se cabre et s’écrase à terre…

Une autre femme prend une belle pomme rouge dans le berceau de ses deux mains. Elle est amoureuse de la pomme. Elle la porte à la bouche, elle la respire, les yeux fermés. Cette femme a faim et pas seulement de la pomme…

L’enfant qui dessine, le petit Simon se lève brusquement et empoigne dans un éclat de rire, trois ou quatre quartiers qui attendent résignés leur fin programmée. Il est drôle : ses joues sont gonflées par les morceaux trop grands. Les femmes s’attendrissent. La mère est fière de son petit bout d’homme…
Et elle caresse rêveusement son ventre qui semble abriter une promesse vivante…

L’homme-fils-adoré entre dans la pièce. Les têtes se lèvent un bref moment avant de replonger dans le travail rythmé par les bavardages. Il va vers la dame très âgée. Il l’embrasse doucement sur le front. Et sa main s’attarde en caresse légère. Le châle crocheté blanc glisse… L’homme se penche, le ramasse et le replace sur les épaules fatiguées.
Un instant d’hésitation : il se décide et se tourne vers la femme qui pèle rageusement les pommes indociles et jalouses. C’est la voleuse de fils adoré, qui pleure dans l’indicible la souffrance d’être négligée…

Ceci est une petite fiction pour me faire plaisir... ;-)

dimanche 17 novembre 2019

Le Salon Mons'Livres

Ce WE, il y avait le salon Mons'livres à... Mons (forcément!)
J'y suis allée samedi après midi
Me suis donc installée pendant deux heures à la table de mon éditrice Academia, avec d'autres auteurs publiés par cette même maison d’édition.
J'en suis revenue fort perplexe et me suis demandé le pourquoi d'un salon de ce type.
Si c'est pour espérer vendre quelques livres, hé bien c'est raté!
Pourtant c'est pas faute d'avoir souri... et la couverture de mon livre est colorée et attirante. Un coquelicot pensez donc, tout beau, tout merveilleux!

Les gens passaient en jetant un œil à peine curieux sur la table derrière laquelle j'étais installée. Personne ne me regardait malgré mes sourires engageants! Je n'étais pas seule, il y avaient d'autres livres, d'autres auteurs. Mais rien pour eux non plus!
Les gens passaient sans vraiment s'arrêter. Ceux qui par incroyable, s’arrêtaient le faisaient pour dire bonjour, pour me saluer, pour parler un moment, me demander si "ça allait"!
Une blogueuse m'a reconnue: c'est la seule qui a acheté mon livre. Mais bien sûr elle me "connait", elle connait un peu de mon histoire.

Mais sinon dites moi, comment acheter un livre dont on ne connait ni l'histoire ni l'auteur?

Bon c'est sûr j'ai fait quelques rencontres sympa, ça valait donc la peine de faire le trajet est de rester au Salon, pendant ces deux heures!

Sur FB (oui! je sais!) là on me connait un peu, on m'apprécie (enfin j'imagine...) Quelqu'un a fait une photo. Plusieurs personnes m'ont contactée pour savoir comment se procurer le livre. Et là, énormément de messages! Cela fait du bien quand même, je l'avoue!

J'aurais dû savoir: dans mon autre vie, avant Horton, j'avais déjà participé à un salon de ce genre pour mes autres livres et c'était pareil!

Je ne suis pas Amélie, juste Nicole...;-))

lundi 11 novembre 2019

c'est la faute d'Edgard

Mais mince alors, voilà que je suis en train de me faire un lumbago: aie ouille ça y est je suis coincée! Coincée je dis et ça fait maaaal! AIEEEE, au secours: mais personne viendra évidemment, je suis seule ce soir, pauvre de moi! Pour une fois que je suis seule, sans amant pour me tenir compagnie, c'est bien ma veine!
J'ai vraiment l'art de me faire de solides lumbagos, c'est pourtant pas faute de faire attention...
Le rebord de cette baignoire est beaucoup trop haut, on dirait d'ailleurs qu'il s'élève de jour en jour. Ou alors c'est moi qui vieillis, oui, ça doit être ça! Une vieille bonne femme que je deviens, il faudra m'y prendre autrement ça c'est sûr!

Autrefois il n'y a pas si longtemps, j'avais de la visite tous les soirs, je ne dormais jamais seule: un nouvel amant chaque soir! Une présence amoureuse chaque soir que Dieu fait, c'était vraiment bien, quoique, il faut le reconnaître un peu fatigant et même parfois très fatigant, surtout quand c'était le tour d'Edgar, le champion du nu, dans toutes les positions. Franchement je lui ai dit plusieurs fois qu'il exagérait, qu'il finirait par me casser le dos. Et ça m'arrive de plus en plus souvent: alors, quelques jours de repos pour le lavage des pieds, quelques jours de repos pour l'amour acrobatique avec mon cher Edgard; il faut laisser reposer les choses, ça oui!

Bon, faudrait que je puisse dégager mon pied de la baignoire en ménageant mon pauvre dos: ouille, aie... comment je vais y arriver?

Sur base d'une peinture de Degas Edgard
le devoir proposé par le Goût...merci à toi, d'avoir changé la consigne parce que le bœuf de Rembrandt, non merci, d'ailleurs je ne mange plus de viande!

lundi 4 novembre 2019

20 ans après



 sur base de la consigne proposée par Le Goût... merci à lui!

20 ans après...
Elle est revenue. Pour voir, simplement voir. Bien sûr elle ne le souhaitait pas. Enfin, pas vraiment, et pourtant elle est là, devant la maison de l'enfer. La maison de SON enfer. Elle tremble, le souvenir brutalement l'a envahie de partout: si elle pouvait l'éteindre une fois pour toutes, passer enfin à autre chose...
Elle tremble, elle frissonne, elle a chaud, elle a froid, c'est sûr elle va s'évanouir. Il faut qu'elle s'évanouisse pour ne plus penser, pour oublier... enfin...!
Mais elle ne s'évanouit pas, elle reste là, le regard figé, bien droite, comme paralysée devant cette maison dans laquelle il y a 20 ans elle a vécu le terrible, l'abominable. Elle a failli mourir là, on l'a ramassée quasi morte, et blessée pour toujours dans son coeur.
Elle se souvient des mois passés en clinique pour réparer les dégâts. Mais si on a réparé  plus ou moins les dégâts qui ont blessé son corps, on n'a rien pu, ou pas grand chose pour guérir son coeur.

Elle était ce qu'on appelle une femme battue. Après chaque accès de violence, il pleurait, lui demandait pardon à genoux et au nom de leur amour d'autrefois, elle le croyait. Il était si gentil au début, colérique d'accord, mais gentil. Et puis il y avait les enfants: elle ne pouvait pas partir!

Mais un jour, elle a été "battue à mort"... Elle en a réchappé le coeur complètement détruit.

en Belgique, 21 femmes déjà ont été victimes de féminicide, depuis le début de l'année
en France, ce sont 120 femmes qui ont subi le même sort!


mercredi 30 octobre 2019

C'est la première fois qu'elle me fait de la peine

"Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine"

Ce sont les premiers mots du nouveau livre de Eric-Emmanuel Schmitt "Journal d'un amour perdu". Schmitt raconte les deux années qui ont suivi la mort de sa mère.

Je suis perplexe autant le dire!
Oh bien sûr, son écriture est superbe, puissante, fluide sans avoir l'air d'être "travaillée" et c'est cela qui est magnifique. Elle coule de source.
Mais... 
C'est le thème du livre qui m'a plongée dans la perplexité: un amour fou l'a toujours lié à sa mère, un amour total fait de compréhension mutuelle, de dialogue, d'heures de conversation et d'échanges.
Il a aimé sa mère énormément, incroyablement, de manière inimaginable. Il semble qu'elle n'avait aucun défaut, aucune lacune, elle était parfaitement, profondément aimante!

Pas comme son père contre lequel il s'est rebellé dès l'enfance. Jusqu'au bout d'ailleurs, il a espéré trouver dans les carnets de sa mère après sa mort, la preuve que cet homme n'était pas son père. Puis, lorsque le père a eu un AVC qui l'a rendu paralysé dans les dernières années de sa vie, il a commencé avec lui un chemin d'apprivoisement et même d'affection.

Je pense que pas mal d'enfants rêvent qu'ils ne sont pas les enfants de leurs parents; pendant mes années d'adolescence, j'en fus persuadée: ce n'était pas possible que je sois leur fille, nous étions tellement différents! Une amie à qui j'en parlais ce matin m'a dit la même chose et je crois que nous ne sommes pas les seules!

Je n'ai pas compris cet amour incroyable de EES pour sa mère: à la limite je le trouve démesuré, quasi "anormal": mais bon on est chacun différent!
Et en même temps j''éprouve une certaine envie: il a de la chance d'avoir eu une mère qu'il a aimée à ce point. Moi je n'ai pas aimé ma mère, et même il m'est arrivé de la détester. Je me suis dévouée pour elle, dans les dernières années de sa vie, j'ai rempli mon devoir de fille, mais je ne l'ai pas aimée!
Quelque chose m'a manqué que je découvre avec un certain étonnement: cet amour perdu dont parle abondamment EESchmitt, je ne l'ai pas connu!


lundi 21 octobre 2019

Une histoire vraie



Elle marche, on va dire, courageusement! Pas vite, non. Et bien sûr elle a les yeux fixés au sol. Car elle doit ne rien rater de ce qu'il se passe au sol. (C'est fou ce qu'il y a de trucs qui encombrent les sols noirs de vernissage) Avec la peur d'être cognée, la peur de se cogner. Cette peur ne la quitte jamais. Car elle ne voit pas les gens qui viennent sur sa gauche.
C'est simple, elle ne les voit pas, ne les verra plus jamais!
Tout est trouble, tout est flou... ou plutôt plus rien n'existe, son monde est amputé de moitié: sur la gauche, vraiment à gauche il n'y a même plus de trouble ni de flou! Il y a le noir de noir. Mais non! pas le chocolat, vous comprenez quand même...!

Et là plus loin marche son compagnon, la tête en l'air, joyeux et sifflotant. Elle l'entend siffloter mais  il n'est pas encore entré dans son champ de vision, non, pas encore; ça va bientôt venir mais là pas encore. Et elle est un peu irritée de ne pas le voir car lui l'aide à se mouvoir dans la foule

Ils sont allés au vernissage d'une peintre et d'une sculptrice. Beaucoup de monde. Les seuls éclairages sont dirigés sur les toiles ou les sculptures. Et des dénivelés un peu partout dans cet espace immense et noir de noir. Soudain deux trois marches que rien n'avertit et qu'elle ne discerne pas... ben oui! je l'ai dit, c'est noir de noir! Elle trébuche, une fois deux fois... il lui est arrivé de tomber
Je vais vous dire, elle déteste ça!
Ces vernissages qui rassemblent du beau monde, où les gens bon chic bon genre regardent à peine les oeuvres, circulent en cherchant le verre et les petits fours, s’exclament en reconnaissant l'une ou l'autre personne connue

Alors elle a laissé son compagnon regarder tout à son aise, et elle s'est terrée dans un coin.

lundi 14 octobre 2019

les poches cousues de fil blanc

 Hier j'étais bien décidée à écrire sur la consigne de Goût
Mais trente six mille occupations (inattendues) ne m'en ont pas donné l'occasion :-)
Ce matin donc pas de texte d'un couple qui se parle sur le pont Charles à Prague

Et puis c'est vrai j'ai pris goût à l'écriture poétique, toujours un peu obscure et même parfois hermétique
Une écriture qui fonctionne par métaphores le plus souvent!

Et j'aime beaucoup ...même s' il me faut abandonner le contrôle pour me laisser aller "dans les poches invisibles"

Il a dit:
Le miroir a des tiroirs secrets

Il a dit ça...

Elle a pensé aux tiroirs bien plantés dans des poches invisibles
cousues de fil blanc
ou alors de fil noir
poches nerveuses qui grincent d'impatience de vivre
d'écrire
un mot, un seul pour débuter!
la tête et le coeur embarqués dans les quatre saisons du musicien

Elle est restée troublée, indécise, un moment
Puis elle a bondi, rebondi
Elle a empoigné le premier mot de son histoire
s'est mise à danser avec lui
et d'autres bien vite se sont enfilés à la suite

N.V.

vendredi 11 octobre 2019

Tenir bon

Quand j'ai été plongée soudainement dans le tsunami de l'artérite temporale (ou maladie de Horton) qui m'a frappée, j'ai cherché fiévreusement sur le net des témoignages de personnes qui étaient passées par là et qui j'en étais sûre, m'aideraient.
J'ai trouvé des articles médicaux expliquant l'artérite temporale, sur divers sites... Beaucoup d'articles médicaux qui m’effrayaient d'ailleurs par leur réalisme...  et leurs sombres pronostics (cécité etc)
Mais pas de témoignage plus personnel
Or j'avais besoin d'échanger avec des personnes qui vivaient le même problème, cela m'aurait fait du bien! Des vraies personnes...
Alors j'ai décidé après quelques années de palier ce manque, en écrivant moi-même ce témoignage que j'aurais tant voulu lire sur un forum quelconque!

Je voulais rencontrer le besoin d'autres gens à qui peut-être mon livre ferait du bien!
Et c'est le cas: des gens m'ont écrit pour me le dire, et du coup, cela me fait du bien à moi aussi!

Je voudrais reprendre plus régulièrement l'écriture de mes Petites Paroles: j'ai juste besoin d'avoir du courage, le courage physique d'écrire, de répondre aux commentaires, de vous lire et de commenter aussi... Parfois je ne trouve pas/plus mes mots, alors je suis très découragée... où sont partis mes précieux mots?
Il faut savoir que lire et écrire me demande un gros effort que je ne peux soutenir que pendant environ 30', 45' tout au plus!

Mais j'aime écrire, comme j'aime lire alors je tiens bon!
Merci à vous d'être là!

mardi 8 octobre 2019

Elle a fait tout ça, et plus encore

Elle a tout essayé.
S'adapter, renoncer, dénoncer, tempêter, chuchoter, chahuter, se taire, porter le sac, l'abandonner en chemin, papillonner de bouche en bouche, fuir à pas de terreur, vomir à coups de dégoût, écouter les secrets des coquelicots, entonner le chant du guerrier qui veut son repos, pleurer dans son lit sa petite peluche sur le ventre, entrer dans les secrets en catimini, écouter aux portes, défoncer les portes, entrer en religion, croire en dieu et tout ça, plier quelques pages trop explicites, les chiffonner puis les repasser, hésiter, trancher, couper dans le vif du sujet mais quel sujet elle ne s'en rappelait pas...

Elle a fait tout ça et bien plus encore
Elle a même essayé d'être sage
Puis d'être encore plus sage, sage, sage...

Nebougepasnerespirepasnevispas...parfait, tu es sage...invisible, inodore, incolore

Un jour elle a senti qu'elle avait des pieds et elle s'est mise à danser, une danse un peu folle oui!
Ça lui faisait mal aux pieds, au ventre, au sexe
Et même au crâne, faut pas demander si la danse était folle..

Danser, bouger, chanter c'est mieux que d'être sage s'est-elle dit sans que personne ne l'entende...

lundi 7 octobre 2019

Sur la consigne proposée par le Goût

Ce serait bien que ces mots, par lesquels vous commencerez votre devoir, vous inspirent :
« Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles… »
Et vous le terminerez par cette phrase de Patrick, non, pas « Patriiiick ! », l’autre, Modiano :
« Encore aujourd’hui, il m’arrive d’entendre, le soir, une voix qui m’appelle par mon prénom, dans la rue. »
Entre les deux, vous contez sans compter…


(j'avais fait mon texte hier soir et programmé pour ce matin 7h. Mais apparemment blogger fait un peu des siennes. Ce matin il n'y avait rien, non rien de rien
Un peu en retard donc voici mon devoir
Merci monsieur le Goût pour cette consigne!)



Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles... je suis couchée là dans ma belle robe de princesse, une heure après le début de cette promenade mémorable.
Bon je vous explique comme je me suis retrouvée couchée comme une idiote dans cette eau glaciale qui a provoqué illico presto une belle crise cardiaque, ne me laissant aucune chance de m'en sortir. 
Donc je marchais tranquillement dans la campagne profonde (oui je m'étais disputée avec mon irascible compagnon)!  je marchais et suis arrivée au bord de la rivière qui s’écoulait non pas calmement comme dit le poète, mais violemment, brutalement. Ceci dit c'était beau à voir: cette rivière m'attirait, je me serais bien jetée dedans de colère.
Mais si je suis une femme sensible, je ne suis sûrement pas une femme idiote; aucune envie de tomber et de geler dans les brouhahas de cette rivière!

Soudain j'ai vu un papillon qui tournicotait gentiment sur les herbes de la rive! Mince alors, il était super beau, plein de couleurs et tout, et surtout il était là: c'était son mérite premier en ces temps ou les insectes disparaissent les uns après les autres; je ne vois d'ailleurs plus que des papillons blancs. Sont quelconques les papillons blancs, pas comme celui ci que je suivais du regard, proprement émerveillée d'une telle splendeur...
Soudain, il s'est arrêtée à portée de mes mains, j'ai voulu le saisir
Oui je sais... accaparer des choses qui ne m'appartiennent pas, simplement parce qu'elles sont jolies et que je voulais les posséder! C'est pas beau ça ma belle dame, et ce qui devait arriver arriva: j'ai perdu pied!
Et VLAN dans la rivière, mais pas de ma faute...
C'est lui ! il m'avait suivie sans un bruit et a saisi l'occasion pour se débarrasser de moi!
Voilà ce qui s'est passé en vrai! 
Et je suis là, immobile dans cette rivière toujours aussi impétueuse: inutile de dire que je suis passée de vie à trépas sans tarder!
Encore aujourd’hui, il m’arrive d’entendre, le soir, une voix qui m’appelle par mon prénom, dans la rue.

vendredi 4 octobre 2019

à l'écoute du chant infini

Un mois de silence, cela m'a fait du bien
Mais je n'ai pas été silencieuse partout. Sur FB (oui! je sais Alain et les ceusses qui n'aiment pas FB, qui se méfient de ce truc et de leurs vols de données) sur FB donc, j'ai pris l'habitude depuis quelques mois de publier régulièrement de petits textes qui parlent plus ou moins poétiquement de ce qui me tracasse ou me met en joie!
Apparemment "on" aime et on commente... cela me fait plaisir bien sûr!

Alors voilà!
J'ai décidé de mettre ici aussi ces petits textes "sans importance"

Voici le dernier
(non pas le dernier, celui de hier)

Figée depuis tout ce temps, elle se tient là immobile
Elle a oublié les pas de la fougue, et ceux de l'ardeur,
ceux du temps donné, ceux du temps reçu.
Ceux aussi du temps gaspillé!
Elle se met à l'écoute du chant infini d'un monde différent
qu'elle espère et redoute en même temps.
Ses mains d'abord figées, se lèvent lentement à cet appel.
Là bas la plage immense, qui ne se décourage pas
d'être une plage un peu trop monotone:
et qui garde les traces des petits pieds nus,
des coquillages aux formes impossibles
Et la mer s'obstine à caresser doucement le sable assoiffé.

Bon WE à vous qui passerez par ici...


jeudi 5 septembre 2019

Je suis allée à la recherche de vieux textes écrits il y a une dizaine d'années
J'ai été frappée puis touchée par mes vieux mots
C'est moi, et ce n'est plus moi, surtout les textes écrits avant aout 2011 qui est une date charnière pour moi

Attendu que
1. mes ressources physiques (vue et fatigue) sont désormais plus restreintes, je ne peux plus lire ni écrire plus de 30' d'affilée
2. Je suis prioritairement occupée et préoccupée à la fois par la diffusion de mon dernier livre

je fais le choix de garder ce blog en pause longue, voire très longue, sans  savoir si je reviendrai ;-(

Ce choix je ne le fais pas de gaieté de coeur, mais voilà, c'est comme ça! Comme dit quelqu'un: "je me rends au réel" et je vois ce qui me reste comme options constructives pour les mois à venir

Merci à tous, pour votre présence et pour certains votre amitié



jeudi 15 août 2019

Au milieu de la rivière verte

Quelqu'un au milieu de la rivière verte
Quelqu’un qui patauge.
Qui cherche le chemin, à droite, peut-être à gauche.
Qui trébuche. Qui tombe…
Elle est tombée. 
Immergée, envahie.
Rongée par la vase.
Son ventre gronde
Au secours. Pas de respiration. C’est la fin.

C’est juste quelqu’un au milieu de la rivière verte
Qui a perdu les couleurs de sa vie
Qui cherche et patauge obstinément
Qui cherche son arc-en-ciel
Nue dans la vase, ça fait quoi ?
Jeune et vieille à la fois, dans l’eau qui rumine, ça fait quoi ?
C'est juste quelqu’un au milieu d’une rivière verte. Pas rouge.
Il n’y a pas de sang dans cette histoire
Juste de la vase, ou de la boue...
C’est peut-être pire
Ankylosée, paralysée, les jambes figées, raidies déjà

Elle n’a plus de voix pour crier des notes de soleil, do ré mi fa sol
Aplatie dans l’eau verte elle hoquette
Juste la présence en elle, forte, insaisissable pour tout dire
Qui frappe et cogne ses espoirs par delà

Une femme qui se questionne ne reste pas immobile
Elle se débat, elle crie
Elle travaille à sa naissance


photo du net

lundi 12 août 2019

On saura qui tu es vraiment!

Voilà! Je romps un moment mon silence pour écrire sur la consigne que propose Le Gout! Merci à lui!





- Ouvre la bouche je dis! Plus grand!!
Il faut prendre tes empreintes dentaires,  alors on saura qui tu es vraiment! Tu ne pourras plus te cacher dans cette classe avec d'autres enfants: il y a le mensonge dans ta bouche grande ouverte,
- Mais je suis un enfant comme les autres, derrière mon pupitre d'écolier, avec mon tablier bien propre, lavé et repassé hier soir par ma maman... d'ailleurs demandez à monsieur Doisneau, il connait mon secret, si secret il y a... tout est correct dans le fond de mon pantalon! Je le jure!
- Ben non! je sais bien qui tu es, je l'ai vu tout au fond de ta bouche. Quand ta dent va tomber, ce sera la fin de l'histoire. Ce sera terminé pour toi. Pour toi et tes parents d'ailleurs.
- Mais... on est en 1956 la guerre est finie depuis longtemps, on n'emmène plus les enfants dans des camps de "bonnes vacances" avec des grillades en veux-tu en voilà et des feux de camps, que tout le monde sent les odeurs de très loin!

Et la maîtresse, qu'est-ce qu'elle fabrique? Elle voit pas que ça va dégénérer? Il y aura des cris et des pleurs, et même des grincements de dents. C'est alors qu'elle va pas rigoler... personne va plus rigoler moi je dis: c'est comme ça que ça commence, les émeutes, les vraies émeutes qui conduisent aux vraies guerres...

Hé monsieur Doisneau! comment avez-vous fait pour entrer dans cette classe incognito?


samedi 20 juillet 2019

Une pause plus ou moins longue, on verra!

Un petit tour et puis s'en va!
Je me rassure, pas pour toujours.... mais comment savoir?
Je ne suis pas au mieux de ma forme, je lis difficilement, hélas... et j'écris tout aussi difficilement,  dommage...
Pour moi avant tout, qui aime ça (lire et écrire...-
Je vous lis au compte gouttes, sans souvent mettre de commentaire, trop fatiguant, (je ne sais pas si vous pouvez comprendre ça)!
Je suis là, sans y être, en tout cas sans que vous le sachiez...
Et je vous vois disparaître petit à petit de mes commentaires, et non! ce n'est pas agréable!

Donc voilà! je m'éloigne un moment, sans savoir si je reviendrai, en tout cas ici...
Bonnes vacances à vous tous et toutes, à bientôt... ou pas

la peinture est de Léon Spilliaert

vendredi 12 juillet 2019

les photos qui sourient


Les photos sourient toujours. Enfin... la plupart du temps !
Même si on sait très bien que les personnes là sur la photo, n’étaient pas heureuses, que le drame était passé tel un train déraillant leur quotidien, qu’il avait coincé leur vie pour toujours dans des douleurs féroces... les photos sourient toujours... enfin la plupart du temps !

Maintenant, si tu es perspicace, tu vois.
Tu vois que, à côté des sourires de bonheur simple, il y a des sourires de malheur aggloméré. Tu vois très bien qu’à côté des sourires vrais de vrais, il y a des sourires faux de faux, mais très bien déguisés ma foi, les sourires faux de faux sont souvent des sourires courageux...
Si tu es perspicace, tu vois qu’il y a de la pluie dans ces yeux qui sourient, que les mains démentent ce qu'affirme le visage, les mains sont bavardes, on ne pense pas assez à les regarder.
Pourquoi sur les photos, se sent-on toujours obligé de sourire. Peut-être qui sait, est-ce pour croire ou faire croire l'espace d'une respiration, que la vie vaut quand même la peine d'être vécue...

dimanche 7 juillet 2019

Tant de soupes à la langue de bois



Tant de décisions imbéciles
tant d'articles mensongers
tant de silences lâches
tant de jours sans soleil
et de nuits sans sommeil

tant de mayonnaise sur les frites
et de soupes à la langue de bois

et ouf...
soudain une étoile
toute petite toute maigrelette
une qui ne croit pas vraiment
qu'elle est une étoile

C'est toujours comme ça!
il faut tourner sa vie
pour la déchiffrer en hésitant
travail sérieux que l'on peut faire
en souriant
envers, endroit

parfois c'est bien mieux l'envers


jeudi 4 juillet 2019

Vivre sans pourquoi

Tous les matins je suis (du verbe suivre) un atelier à l'UDA (Université des Aînés), sur le personnage haut en couleurs Alexandre Jollien. Il est l'auteur de plusieurs livres, la plupart passionnants, cela fait quelques années que je le lis, sans jamais m'en lasser. (j'attends que ses livres paraissent en "poche"
Le livre dans lequel je me retrouve pas mal est "Vivre sans pourquoi" (désormais en poche Points)

C'est un livre profond et vrai, qui touche l'essentiel de l'âme humaine. Comme il est fait de courts passages, on peut en lire l'une ou l'autre page par ci par là et s'en nourrir
Souvent je lis et j'écris pour moi ce que les mots évoquent en moi

Vivre sans pourquoi, c'est entre autres, ne plus s'inquiéter de "l'après"
C'est ce que je vis maintenant que mon témoignage "Horton" est paru: je fais ce qu'il faut pour le faire connaître, mais je ne veux pas m'en inquiéter, plus que nécessaire. Il fera son chemin, touchera les personnes qu'il doit toucher et tout se passera bien, je suis confiante!


vendredi 21 juin 2019

extrait de mon livre


Que veux-tu que je fasse pour toi ? 
Seigneur, faites que je voie… 
Dit l’aveugle de Bethsabée à Jésus.

Qu’est-ce que voir ? Que demande cet homme à Jésus ? Bonne question : j’aurai beaucoup de temps pour y réfléchir. Pour l’instant, je pleure.
Car ce matin, l’œil gauche a rendu son dernier soupir : c’est fini ! Il ne voit plus rien. Définitivement mort. Quelques jours ont suffi, qui l’aurait cru ?

Docteur, je vous en prie, faites que je voie…

Hélas, c’est irréversible, me disent les médecins d’un air désolé. Le nerf optique est bien mort ! Allons courage, il faut sauver l’autre œil ! Voilà l’objectif prioritaire. Je regarde la perfusion de cortisone couler goutte à goutte dans mon bras gauche. L’œil est mort et pourtant il semble rester vivant, il accompagne fidèlement l’autre dans ses promenades, à droite, à gauche, en haut, en bas. Tout paraît normal, personne ne peut deviner quoi que ce soit ! Mon œil mort fait semblant d’être en bonne santé.

« On ne voit bien qu’avec le cœur » dit le renard au Petit Prince. J’ai toujours aimé les mots de Saint-Exupéry mais cette fois, je me rebelle. Je ne veux pas me contenter de la vue du cœur. J’ai fait cela durant des années, en m’occupant de mes enfants, de ma famille, des autres, à travers tous les gestes et regards gratuits d’attention et d’écoute. Mais j’ai  besoin de mes yeux pour vivre, admirer les paysages, me plonger dans mes livres chéris, continuer à écrire, découvrir d’autres mondes, d’autres cultures, d’autres histoires, pour deviner d’un seul regard que quelque chose ne va pas chez ceux que j’aime, pour voir grandir et changer mes petits enfants, pour guetter sur les visages une humanité à déchiffrer, pour admirer tant de tableaux, tant de beautés, tant de splendeurs !

Et puis très vite surviennent les questions sans réponse, qui passent et repassent comme de petits refrains têtus dans la tête, s’éloignent un moment, puis reviennent, lancinants, accélérant les battements du cœur. Pourquoi cela m’est-il arrivé ? Que n’ai-je pas vu ? Qu’ai-je refusé de voir ? A côté de quoi suis-je passée, consciemment, ou non ? Les questions se succèdent, au pas de course, au pas de folie. J’en perds le souffle. J’ai le sentiment qu’il me faut découvrir le pourquoi du comment si je veux m’en sortir. La fameuse clé que je ne possède pas et qui m’oblige à patienter (piétiner ?) devant une porte close. La maladie sera-t-elle l’occasion d’une prise de conscience salutaire ? D’une façon nouvelle d’appréhender la vie?  Est-ce là son sens profond ? Ou au contraire m’engloutira-t-elle dans un puits sans fond, sans espoir et dépourvu de sens ?

C’est étrange comme parfois, il nous faut recevoir un coup de semonce pour réaliser qu’il est temps, de réorienter sa vie, de réfléchir à l’important, à l’essentiel. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Des problèmes de santé, j’en ai eu, comme tout le monde, qui me sapaient l’énergie et le moral dont j’avais tant besoin à pour élever mes cinq enfants. Chaque fois, ce fut un moment de prise de conscience, le moment des bonnes résolutions tenues vaillamment, avant de retrouver mes sillons de confort, qui n’ont rien à voir avec ceux de la sérénité, de la plénitude authentique…

Ces questions et réflexions bien sûr ne sont pas des questions exclusivement réservées à la personne qui brutalement a été touchée par l'artérite temporale (maladie de Horton)
Tout le monde, même en dehors de la maladie, se pose tôt ou tard ce genre de questions existentielles et aura grand profit à lire cet ouvrage (ce n'est pas moi qui le dit, mais les lecteurs qui l'ont déjà découvert)

Evidemment ce ne sont pas des réflexions de bronzette, à mener sur une plage, à moitié nu, au soleil ou dans l'eau (quoique... pourquoi pas...?


mardi 18 juin 2019

comme des papillons frémissants...


En moi, malgré moi parfois se glissent des larmes. Des larmes que le mouchoir ordinaire n'arrive pas à assécher…
Ces gouttes de larmes sont cachées au plus profond de mon être. Ce n'est pas un bon temps pour l’espérance. Ce n'est pas davantage un bon temps pour le clavier. Ni pour le cahier.

Bon.
Je reprends mes lignes cent fois réécrites, que j’aurais voulu légères, comme des papillons frémissants… il faut absolument que je puisse voler, m’échapper vers la lumière, me réfugier sur la canopée de ces arbres que je vois au loin qui frissonnent de beauté, m’emmitoufler de nuages légers, jouer à être un ballon flottant dans le vent…
Zut…
Le doigt se pose malgré lui sur un mot inopportun...
Il voulait écrire souffle et non gouffre... c'est si profond, si effrayant le gouffre, on se perd dans le gouffre, il n’y a personne dans le gouffre, là c’est le noir, la solitude, la confrontation avec les démons. Il y a tant de démons dans mon corps malade. Ils l’ont squatté, les vilains méchants, les ignobles grimaçants !

Il me faut apprendre les pas de la danse nouvelle…

Danser des pas nouveaux, facile à dire… la fatigue est tellement vaste, pesante, énorme, géante, je n’aurais jamais cru cela possible… 

J’ai faim, de paix et de pain,  je suis donc toujours vivante. Me voilà rassurée, il y a des moments où j’en  douterais… 

vendredi 14 juin 2019

D'aucuns disent que c'est le paradis!

Un voyage... le voyage que j'ai fait en Croatie
Pour moi, le paradis et l'enfer
Beauté des paysages, mer et montagnes mêlés, qui se découpent sous un ciel d'un bleu incroyable, un bleu qui répond à celui de la mer... qui caresse les maisons de sa magnifique lumière !
Mais un tourisme de masse, un monde fou qui circule dans les ruelles étroites des villes et villages ressuscités après la terrible guerre de 91, qui a imprimé sur et dans les maisons des marques qui font mal...
Étrange paradoxe... ainsi est fait l’être humain attiré par le beau, et capable du pire
Hélas impossible de faire des photos... mais j'ai dans mon coeur des paysages superbes dans lesquels je peux me replonger comme je veux, quand je veux !

Je suis partie blessée à la jambe, je reviens toujours blessée à la jambe qui ne parvient pas à guérir: mais je suis fière, j'ai été ma propre infirmière, renouvelant mon pansement tous les jours: je deviens une pro en soins infirmiers!

En dépit de très bonnes lunettes solaires, le soleil me brûlait mon précieux oeil! J'ai paniqué un peu croyant que je devenais aveugle
Suis donc allée ce matin à la clinique, faire examiner mes yeux, et ma jambe... rha la la, marre de la clinique, mais quelle chance qu'on soit prêt à me recevoir en urgence: je suis un cas il faut dire, on me connait, et on me traite les plus rapidement possible... quelques paroles de réconfort (qui dira l'importance de l'écoute attentive des soignants!) et je repars avec deux sortes de gouttes à mettre dans les yeux!

Je parlerai de mon livre demain. Il commence à faire son chemin...

vendredi 31 mai 2019

Juste une phrase qui m'a touchée, au gré de mes lectures:

"Le vrai bonheur n'est ni jeune, ni innocent, il porte des rides et des cicatrices" EES

A toi de t'arranger avec ces rides et ces cicatrices
C'est possible, mais difficile et à recommencer chaque jour
C'est une affaire de longue longue patience

Il y a quinze jours déjà, autour de la parution de mon livre, je suis tombée violemment et me suis fait très mal.
Je connais ça, ce n'est pas la première fois.
Tous les jours, refaire le pansement (merci ma fille!)
Tous les jours surveiller l'évolution de la blessure
Trois fois me rendre à l'hôpital et être reçue en urgence pour examiner la piètre allure de ma jambe!
Je guérirai sans doute, mais lentement, trèèèèèèèèèès lentement

Oui, le bonheur quand même, avec ses rides et ses cicatrices, ses douleurs, sa gadoue, ses solitudes






vendredi 24 mai 2019

Mon rendez-vous avec Horton


Je suis fière et heureuse de vous présenter mon livre écrit tout au long de sept longues années! (publié aux Editions Académia)
Il m'a fallu du courage et de la persévérance pour mener ce projet à son terme.
Il a fallu que j'y croie, malgré les soubresauts de ma santé qui l'ont par deux fois remis à plus tard. Il a fallu les encouragements de mes fidèles pour m'encourager à continuer et à terminer!
(merci spécialement à Alainx qui m'a accompagnée tout au long du chemin)

Le livre est magnifique: riant de sa couleur rouge (merci Pastelle pour la photo de couverture!), il invite à sa lecture. Il y a des moments émouvants, des moments drôles, des moments de réflexion sur la maladie rare et même des questionnements existentiels.
Des moments de Vie tout simplement...

Ce livre donne mon témoignage sur la maladie de Horton (artérite temporale), dont j'ai souffert avec intensité (jusqu'à l'atteinte oculaire). S'ils sont pris à temps, ce qui n'a hélas pas été mon cas, la plupart en souffrent de manière moins grave et heureusement pour eux. Mais mon cheminement peut rejoindre celui d'autres malades, en tous cas c'est ce qu'on m'a dit, encore ce matin!

Nous souffrons tous de maladies plus ou moins graves, plus ou moins invalidantes: ce livre est un humble témoignage sur la façon dont moi je l'ai vécue et la vis toujours.
Dès le début de cette écriture, j'ai pensé aux lecteurs qui pourraient "profiter" de ce témoignage: comme l'écrit le docteur Y. Pirson, dans sa préface, les malades ont faim de recevoir des avis de malades qui passent par la même maladie. Cela les aide énormément! Ils peuvent alors de manière plus sereine emprunter leur propre chemin.
Quand j'ai commencé à écrire, il n'y avait aucun témoignage qui aurait pu m'aider: je m'étais juré de combler ce vide.

Voilà! C'est chose faite...

( à savoir: mon livre peut être commandé dans n'importe quelle librairie tant en Belgique qu'en France)



jeudi 16 mai 2019

les choses et les êtres viennent et partent

laisse les choses aller
laisse les choses partir
laisse les choses se produire
rien
dans ce monde
ne t'était promis
ni ne t'appartenait

tu ne possèdes que toi-même

Rupi Kaur

ou encore:
c'est la recette de la vie
pense à ces fleurs que tu plantes
dans le jardin chaque année
elles vont t'apprendre 
que les gens eux aussi
doivent se faner
tomber
pourrir
se redresser
pour fleurir 

Rupi Kaur

Quand j'ai découvert les poèmes souvent courts de Rupi Kaur, j'ai été séduite
Elle écrit comme j'aime: des choses courtes et bien enlevées, qu'on reçoit parfois comme une claque!
Ce sont comme des pensées qu'on peut méditer toute une journée...

Comme ces deux petits textes que je vous offre en billet
ainsi que ce tableau du peintre belge, Léon Spilliaert, dont j'aime beaucoup l'univers


lundi 13 mai 2019

le vent l'a bousculée...

Consigne de Lakévio
créez un poème en losange
en vous inspirant du tableau proposé.
 ( mais jusqu'à dix pieds pour la ligne du milieu,


Seule
elle rêve
elle rumine
le vent la bouscule
le soleil est bien mort
elle ne se sent pas très bien
ca dure depuis deux jours déjà:
elle avait mis son beau manteau rouge
mais elle a rencontré le grand méchant loup
et il l'a poursuivie, cernée, accostée 
et bien plus que cela
pas de larmes
pas de cris
silence
seule

mardi 7 mai 2019

Je l'ai tellement cherché!

Depuis un certain temps (quelques semaines et sans doute plus) je cherchais un livre qui est resté longtemps un livre essentiel pour moi:
"Femmes qui courent avec les loups" de Clarissa Pinkola Estès
histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage

C'était un de mes livres de chevet, et cela dès sa parution en 1996

Je fus triste de ne pas le trouver: j'avais perdu quelque chose de précieux, d'essentiel même!
Alors la semaine dernière, j'en ai racheté un autre, toujours en édition poche, et ce livre sentant le neuf, me comblait de joie.
Mais ce matin, miracle, sans même le chercher, dans un coin très caché de ma bibliothèque, je suis "tombée dessus", complètement par hasard. Comment donc m'avait-il échappé? Je l'ai tant cherché! J'ai poussé un cri de joie: j'avais retrouvé mon bon vieux livre, écorné de partout, souligné plus encore: MON livre, témoin de mes réflexions sur la Femme Sauvage, càd la Femme Libre, celle qui ne cesse de se trouver ou de se retrouver...

"Il faut se dire "j'y vais" et y aller.
Relire des passages de livres ou des poèmes qui les ont touchées.
Passer près d'un ruisseau, d'une rivière
Rester étendue sur le sol dans la lumière tamisée d'un sous bois
Etre en tête à tête avec l'homme qu'on aime, sans les enfants.
Marcher ou conduire sans but précis pendant une heure et revenir
Prendre un bus sans savoir où il va
Marquer le rythme avec les mains en écoutant de la musique
Etre installée près de la fenêtre dans un café et écrire
Rempoter des plantes les mains dans la terre
etc etc

Réveillez-vous dès maintenant, vous qui êtes lasses, temporairement écœurées par le monde, vous qui redoutez de prendre du temps pour vous. Mieux vaut rentrer quelque temps "chez soi", faire le point, même si cela irrite les autres, plutôt que de rester à s'abîmer, avant de finir complètement laminée...

Je suis par moments, cette femme lasse, parfois bien écœurée par le monde, par les autres et même par moi-même. Trop souvent j'attends que "cela" passe, alors qu'il suffirait que j'ouvre au hasard ce livre, ou un autre de mes essentiels pour retrouver courage: cela semble si simple mais pas forcément facile
Tiens une bonne idée: aller dans un chouette café, m'installer près d'une fenêtre, observer les gens, écrire quelques mots et rentrer, toute ragaillardie



mercredi 24 avril 2019

Il est beau cet ami!

J'ai retrouvé dans mes livres de poche, un livre que je n'ai pas encore lu!
Je le prends, ne sachant pas encore si je vais le lire. La lecture sur papier, contrairement à la lecture sur écran, me pose problème comme vous pouvez (ou pas) l'imaginer! Sur écran, je peux agrandir la police de caractère...
Donc je prends ce livre, c'est un classique de chez classique, le feuillette un peu au hasard, et suis immédiatement accrochée!
Ca alors, mais c'est passionnant! Je ne m'y attendais pas, ce roman a été écrit au siècle passé! Non! pardon, il y a deux siècles!  Et pourtant. Il écrit super bien cet auteur. Et puis cette histoire est palpitante! Comment ai-je pu l'ignorer si longtemps?

Et me voilà à le lire, par tranches de 30', impossible d'y consacrer plus de temps: dommage, mais c'est comme ça!
L'édition de poche que je possède contient 402 pages: j'en ai lu déjà 56.
J'en ai donc pour quelques heures de lecture et je m'en réjouis!

tout petit extrait:
" Elle lui raconta à son tour des anecdotes, avec un entrain facile de femme qui se sait spirituelle; et, devenant familière, elle posait la main sur son bras, baissait la voix pour dire des riens, qui prenaient ainsi un caractère d'intimité"



samedi 13 avril 2019

J'encadrerai le soleil

J'encadrerai le soleil et le cadre sera
d'un beau bois clair chic et cher
Je le mettrai bien en vue dans mon salon
ou plutôt dans ma chambre
ou mieux encore, dans mon bureau.
Là il sera bien en vue, pour moi toute seule.

Je ferai de même pour les étoiles.
J'encadrerai les plus brillantes
les plus étranges, les plus célèbres.
Alors je pourrai les regarder la nuit
et même le jour
Même chose pour la lune
et sa face ronde réjouie
Dans son encadrement chic et cher
je jouerai au ballon avec elle
et ce sera un jeu passionnant,
que j'ai bien l'intention de gagner !

Mais, mais, mais... voilà que
le soleil s'est obscurci
et les étoiles aussi
sans parler de la lune.
Ou s'est donc cachée la lune?

Dans mon salon chambre bureau
les cadres chics et chers sont amputés
à jamais
de leurs trésors lumineux...

C'est en voyant la couverture du nouveau livre de Boris Cyrulnic que j'ai eu l'idée d'écrire ce texte
Le livre dont il a parlé dans La Grande Librairie me semble passionnant, et s'intitule: 
"La nuit, j'écrirai des soleils": une vraie phrase poétique!
mais ce que j'ai écrit n'a bien sûr rien à voir avec le contenu de ce livre, que je ne connais pas (encore)
Je suis juste partie sur le titre
Et vous savez comment ça va: un mot en entraîne un autre!







mardi 9 avril 2019

être un papillon

tous les jours tu rêves
de te réveiller papillon...
(ou coquelicot ah oui,
ce serait bien aussi 
d'être coquelicot!)

Sois tranquille, tu le seras
mais cela ne se fera pas 
en un jour, ni même en deux:

il faut travailler à sa naissance







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