Transmis il y a deux semaines à l'éditrice qui a publié "L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers", (éditrice que j'apprécie beaucoup) mon manuscrit sur l'histoire de la maladie de Horton qui me touche depuis un an, n'est pas retenu comme tel.
Il faudrait que je le retravaille, elle m'a écrit un très long mail à ce sujet. (Voilà une éditrice qui prend ses auteurs au sérieux!)
Mon récit, écrit quasi au jour le jour durant cette année, ressemble plus à un carnet de bord qu'à un récit de vie (le récit de vie n'est pas uniquement un récit mais une écriture "permettant un travail intérieur personnel"). Or, je me suis consacrée principalement à la narration de l'épisodique, intéressant, poignant par moment, bien écrit certes, mais pas suffisant.
"Comme si j'avais peur de pousser plus loin la porte et la découverte de mes émotions mais aussi des transformations qu'implique ce tournant de vie"
Oui, je suis déçue, j'avais pensé que...
Mais il me faut bien reconnaître qu'elle a raison. J'ai fourni un travail au premier degré, centré avant tout sur un journal de bord. J'ai soulevé des questions, mais n'y ai pas répondu pour moi-même. Or, plus que l'histoire d'une maladie, c'est cela qui est surtout intéressant pour le lecteur
Il me faudrait prendre mes distances maintenant, élaguer sérieusement* la première partie du manuscrit, pour entrer dans le second degré, ce qui ne sera possible que quand j'aurai davantage pris distance avec la maladie que je vis encore trop "le nez dans le guidon", avec ses hauts et ses bas. Ses courages et ses découragements.
L’occasion m'est donc donnée d'approfondir toute cette aventure pour en faire un véritable récit de vie. Qui va plus loin qu'une simple narration, défi que je pense relever. Cela suppose une fameuse réécriture, mais d'abord de laisser reposer le texte. Cela me permettra de prendre suffisamment distance pour pouvoir l'insérer dans une réflexion moins "à fleur de peau"...
(comme quoi il faut beaucoup travailler pour arriver à un travail accompli, je l'expérimente une fois de plus...)
* c'est cela qui est le plus difficile: "élaguer" c'est supprimer. Or ce que j'ai écrit, j'y tiens, j'y ai mis mon coeur, mes efforts, ma persévérance.
J'ai fait une "copie de mon texte, et je ne parviens pas (encore) à supprimer le trop anecdotique de la première partie
Ce que je raconte là je l'ai vécu, élaguer dans cette partie, c'est comme amputer une partie de moi-même
Mais je sais pourtant que c'est ça que j'ai à faire! D'ailleurs, j'ai fait souffrir de cette manière les trois auteurs que j'ai coachés lors de l'écriture de leur texte. Je sais donc que c'est pour un mieux
N'empêche ça fait mal...