samedi 31 juillet 2021

Dis-moi les paroles...

 -        Raconte-moi je t'en prie...

-          Il y a un ciel chargé de roulements de tambours que ça tonitrue dans le ventre, que ça fait des paquets de détresse dans le ciel, que ça dégringole et dégouline encore plus mouillé que toutes les eaux de l’océan…

-          Et puis…et puis, dis-moi, dis-moi, je t’en prie…

-          Et puis quand la terre et le ciel ont pleuré toutes les larmes des hommes, drues et cinglantes, alors apparaît lentement  une timide promesse de lumière, mais je crois que ce n’est qu’un rêve, tu sais…va, rendors-toi

-          Non non je t’en prie, continue à me dire les paroles…

-          Après il y a des rubans de lumière et des traînées de silence qui s'en viennent caresser les vagues et leur confier de tendres secrets.

-          Et après, il y a encore quelque chose? Dis-moi, DIS-MOI…

-          Après..  il y a juste un élan vers les l’immensités là-bas, loin et puis, un cri un seul, qui part du plus profond des entrailles et s’en va rejoindre l’infini. C’est un cri pathétique mais il est puissant, aussi puissant que …oui…que l’espérance…je crois bien...

-          Aussi puissant que l’espérance…que l'espérance tu dis...QUE L'ESPERANCE?

      Oh! Merci…merci…à cause du cri, à cause des mains levées vers le ciel, à cause des rubans de lumière, et de la musique cachée au plus profond des coquillages…

 N.V.

mercredi 14 juillet 2021

Sur la route de l'exode

 Voici quelques notes que mon frère ainé a écrites pour parler du 12 ou 13 mai 40: cela ressemble fort à ce que Alain écrit aujourd'hui sur son blog: j'en suis toute tremblante


"On annonce que Ypres doit être évacuée . Ma famille se prépare donc à partir

(moi je ne suis pas née encore...il écrit des souvenirs de quand il avait 5 ans; c'est donc un enfant qui s'exprime, avec sa compréhension d'enfant!)

A quatre nous prenons la route. A pied.

Ou allons-nous?

Bien plus tard j'apprendrai que le but de maman était de rentrer à Bruxelles, au plus vite. Mais il n'était plus question d'emprunter les voies normales, habituelles, directes. Plus de trains, plus de trams, plus d'autocars. Toutes les routes vers le centre du pays étaient désormais encombrées de fuyards et de soldats.

La seule direction à prendre était celle du nord de la France, toute proche. Mais par où?... par quel itinéraire?

A partir du moment du départ, mes souvenirs se mêlent à ces terribles images d'exode, souvent vues depuis au cinéma: le film "Jeux interdits" est sans aucun doute celui qui traduit la mieux ce qu'a pu vivre et ressentir un petit garçon de mon âge

Les routes sont encombrées de jeunes, de vieux, d'isolés, de petits groupes, de familles avec enfants et animaux. Les uns vont à pied, d'autres poussent un vélo sur lequel il est impossible de rouler tant il est chargé de bagages entassés. Certains poussent ou tirent des brouettes ou des charrettes à bras tout aussi surchargées

.(..........)

Tout le monde se presse et pourtant la marche est lente, surtout pour ceux qui vont à pied et qui, à tout moment doivent faire place à ceux qui en voiture tentent à coups d'avertisseur, d'avancer plus vite...
Bien souvent, on les retrouvera quelques km plus loin, avec un pneu crevé impossible à réparer, à cours d'essence, ou ayant versé dans le fossé.

(à suivre éventuellement)



mercredi 7 juillet 2021

le trésor que l'on est


Ces mots -là se murmurent  dans le silence

hésitants et craintifs

ils sont tombés de la corde qui relie les étoiles

ont perdu leur éclat en tombant sur le sol

les mots se répètent en chanson monotone

on pourrait croire qu'ils cherchent à s'enterrer


Sont-ils donc devant l'indicible, l'infini

pour se dérouler avec tant de lenteur

tant de respect peut-être?                               


Parfois se déclenche un orage de mots,

il explose!

Oui! Il éclate en cris de colère

puis d'un seul coup, il se tait, épuisé.


Et donc le silence à nouveau...


Les mots, qu'ont-ils pressenti d'essentiel?

Ont-ils pu aller jusqu'à la porte de leur âme?


Mais faut-il absolument un seuil à dépasser

pour atteindre cet infini auquel le coeur aspire?


On faut-il simplement accepter de descendre

au plus profond de soi

pour y trouver à la fois le trésor que l'on est

et le dieu qui l'habite?

N.V.

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