Vendredi soir, lors d'un dîner amical, j'ai parlé à mon amie Floraise de cette consigne du Goût.
Elle a relevé le défi d'écrire un texte sur ce tableau
Comme elle n'a pas de blog, elle me l'a confié pour le publier ici
Je le fais d'autant plus volontiers que son "devoir" est magnifique et que moi je n'ai rien écrit
Vous allez j'en suis sûre lui réserver un bon accueil
Dans le
creux de l’oreille
Ils s’étaient écroulés fourbus dans ce minable abri de fortune. Chacun dans
son coin. Plongés dans le silence
assourdissant de leur querelle.
La route leur avait paru sans fin. Une impression corsée par des échanges vifs, tendus, âcres.
Chacun s’enfonçait dans ses fanfaronnades et
ses plaintes comme le font des pattes dans la boue.
- Tu ne sais pas ce que c’est que de tirer une
vie monotone, répétitive, bêtement
usante.
- Plains-toi ! Toi tu as les épaules larges et rien sur le
dos !
- Si, un joug et quand on est deux il faut
tirer à hue et à dia pendant des heures interminables, soleil ou pas.
- Tu ne portes rien.
- Je supporte ! Pendant que toi tu te
promènes.
- Mes « promenades » comme tu dis
sont souvent un véritable calvaire. De l’esclavage !
Des kilos sur l’échine, un itinéraire imposé,
des obstacles dangereux et si je cale, une salve d’injures, rarement des encouragements.
- Arrête, rodomont !
- Tu m’assommes, bête de somme !
Epuisés, à court d’invectives faute de
vocabulaire, ils s’étaient endormis dans
cette vieille cabane branlante, sans un regard vers le ciel saupoudré
d’étoiles.
Le lendemain matin, l’âne ouvrit
prudemment une paupière pour voir si le
bœuf avait ouvert les siennes. C’était le cas.
Timidement il osa, le regard perdu au loin, avec dans sa voix la douceur
des matins du monde :
- Tu vois ce que je vois ?
- C’est ce que j’allais te demander…
- L’étoile du berger …là… droit devant …
- Quelle est belle !
- La plus brillante de toutes !
- Quel lumière éclatante ! Quelle
Venus !
- La première à s’allumer, la dernière à
s’éteindre…
- Donc hier soir elle…
Sans s’en rendre compte, dans cette commune contemplation, leurs lourdes
carcasses s’étaient rapprochées.
Alors, après un court instant d’hésitation, l’âne souffla doucement dans l’oreille du
bœuf :
- Dis, je crois qu’on a bien fait de crécher
ensemble.
Floraise
Très chouette devoir qui fait sourire d'aise !
RépondreSupprimerTrès très joli texte dont l'épilogue me rend béate ;-)
RépondreSupprimerMerci à Floraise et à toi Coum d'avoir publié ses mots.
Merci à celle qui n'a pas de blog d'avoir écrit ce texte.
RépondreSupprimerAlainx interdit de commentaires sur Blogspot comme il l'indique sur son blog, m'a envoyé ce petit mot
RépondreSupprimer"J'ai trouvé que ton amie avait une écriture intéressante, une histoire bien menée et à la finale, une ouverture intéressante ainsi que la dernière phrase en forme de chute.
Je ne peux pas mettre de commentaires sur les blogs « blogspot » comme je l'ai expliqué chez moi. Mais tu peux faire écho en mon nom si tu le souhaites.
Ah oui, j'ai aussi beaucoup aimé ce texte rafraîchissant...
RépondreSupprimerUn texte plein de douceur. J'ai aimé la chute.
RépondreSupprimerElle est à l'aise, Floraise ! Belle participation.
RépondreSupprimerEt j'aime particulièrement le jeu de mots de la fin...
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
merci à vous qui êtes venus lire et commenter ce "devoir" fait par mon amie
RépondreSupprimerBonne fête de Noël à tous et à toutes