jeudi 26 décembre 2019

Parler depuis le silence

Tout autour un flux de paroles qui vous épuisent parce qu'elles n'expriment rien. Il faut être toujours plus économe de paroles insignifiantes (...). Le silence doit nourrir de nouvelles possibilités d'expression.

Etty Hillesum

Particulièrement en ce temps de fêtes: être économe de paroles insignifiantes, pour dire une parole, peut-être l'unique parole vraie, celle qui touchera le coeur, le sien et celui de l'autre!


dimanche 22 décembre 2019

Les Noëls se sont suivis, sans se ressembler

Je redoute Noël, la fête et tout ça!
A Noël la dépression de ma mère augmentait au maximum, elle se manifestait en mauvaise humeur mutique, ou alors reproches et tout ça! Je la surveillais du coin de l'oeil pour voir si elle se contiendrait, avant que ce ne soit trop tard.
A Noël nous nous tenions tous cois, n'osant bouger (même le père!) pour qu'elle se contente de rester de mauvaise humeur, rien de plus grave.
Mais à Noël parfois cela craquait et pour un p... de travers, elle entrait en rage et soudain empoignait le plat qu'elle venait de déposer sur la table, et le jetait sur le sol...
Cela faisait du bruit, ça oui!

Ce bruit de la vaisselle qui s'écrase par terre, avec son contenu qu'elle avait pourtant mis du temps à préparer m'est resté dans l'oreille encore longtemps

Il m'a fallu lutter pour briser le cercle vicieux de la dépression, à recommencer chaque jour d'ailleurs!

Dans deux jours c'est Noël et je souffre d'une sciatique féroce
On se demande bien pourquoi...

N’empêche, pas facile de préparer la fête dans cet état: nous serons 19!
Heureusement j'ai des enfants formidables et aimants, qui m'aideront à recevoir tout ce petit monde que je me réjouis de revoir tout ensemble

Bon Noël à vous tous! Et c'est dit sincèrement

lundi 16 décembre 2019

Dans le creux de l’oreille


Vendredi soir, lors d'un dîner amical, j'ai parlé à mon amie Floraise de cette consigne du Goût.
Elle a relevé le défi d'écrire un texte sur ce tableau
Comme elle n'a pas de blog, elle me l'a confié pour le publier ici
Je le fais d'autant plus volontiers que son "devoir" est magnifique et que moi je n'ai rien écrit
Vous allez j'en suis sûre lui réserver un bon accueil


Dans le creux de l’oreille

Ils s’étaient écroulés fourbus  dans ce minable abri de fortune. Chacun dans son coin. Plongés dans  le silence assourdissant de leur querelle.


La route leur avait paru sans fin.  Une impression corsée par des échanges  vifs, tendus, âcres.
Chacun s’enfonçait dans ses fanfaronnades et ses plaintes comme le font des pattes dans la boue.
- Tu ne sais pas ce que c’est que de tirer une vie  monotone, répétitive, bêtement usante.
- Plains-toi !  Toi tu as les épaules larges et rien sur le dos !
- Si, un joug et quand on est deux il faut tirer à hue et à dia pendant des heures interminables, soleil ou pas.
- Tu ne portes rien.
- Je supporte ! Pendant que toi tu te promènes.
- Mes « promenades » comme tu dis sont souvent un véritable calvaire. De l’esclavage !
Des kilos sur l’échine, un itinéraire imposé, des obstacles dangereux et si je cale, une salve d’injures,  rarement des encouragements.
- Arrête, rodomont !
- Tu m’assommes, bête de somme !

Epuisés, à court d’invectives faute de vocabulaire,  ils s’étaient endormis dans cette vieille cabane branlante, sans un regard vers le ciel saupoudré d’étoiles.

Le lendemain matin, l’âne ouvrit prudemment  une paupière pour voir si le bœuf avait ouvert les siennes. C’était le cas.  Timidement il osa, le regard perdu au loin, avec dans sa voix la douceur des matins du monde :
- Tu vois ce que je vois ?
- C’est ce que j’allais te demander…
- L’étoile du berger …là… droit devant …
- Quelle est belle !
- La plus brillante de toutes !
- Quel lumière éclatante ! Quelle Venus !
- La première à s’allumer, la dernière à s’éteindre…
- Donc hier soir elle…

Sans s’en rendre compte, dans cette  commune contemplation, leurs lourdes carcasses s’étaient rapprochées.

Alors, après un court instant d’hésitation,  l’âne souffla doucement dans l’oreille du bœuf :
- Dis, je crois qu’on a bien fait de crécher ensemble.


Floraise

lundi 9 décembre 2019

L'outrenoir...

Ceci n'est pas une pipe,  euh... une oeuvre de l'ami Pierre, mais il aurait pu la peindre, avec ce noir partout,  sauf qu'il y a peut-être trop de mouvement, trop de vie finalement! Il aimait le statique pur


Mais qu'on regarde en l'air, qu'on regarde en bas, c'était la même chose: du noir, du noir, encore du noir. Du noir calme ou torturé, il y en avait pour tous les goûts! Il y avait peut-être juste au fond, loin là-bas sur l'horizon une timide languette de lumière. Pierre S. n'en démordait pas, il voulait approfondir toutes les nuances du noir, ce qu'il appelait "l'outrenoir"
Mais ce qui était assez incroyable, c'est que cela plaisait! Oui! cela plaisait! Un musée inauguré en 2014 s'est ouvert à Rodez qui met en valeur la plupart de ses oeuvres. Une foule dense était venue à l'inauguration

Christian Bobin n'est pas le dernier à aimer ce peintre : il lui a consacré un de ses derniers livres, sobrement appelé Pierre, (avec une virgule derrière le prénom, pour inviter sans doute à une rêverie poétique sans fin!) Sacré Bobin que j'aime énormément: avez-vu regardé la "Grande Libraire" de la semaine dernière, où on l'interrogeait sur des livres qu'il aime et sur l'écriture qui le fait vivre?

J'essaie de comprendre cet engouement pour ce vieux peintre (il approche des cent ans) et son oeuvre obstinément noire. Je n'y arrive pas: trop sombre, peur de plonger dans un univers noir dépressif... tellement qu'un canard s'est pendu (non ça c'est Brel qui chantait ça....


lundi 2 décembre 2019

Une grossesse tumultueuse

Cette semaine j'ai "disparu" du Net
En fait j'ai été bouleversée par une conversation avec une de mes filles conversation qui m'a complètement mise à l'envers ...
"ça" a mijoté pendant des jours et des jours. Puis on en a reparlé essayant d'approfondir cette conversation

Elle m'a demandé si je me souvenais de mes ressentis quand je l'attendais: vous vous rendez compte? Rien que ça...
Elle cherche qui elle est, comment et pourquoi, et a entamé une thérapie par hypnose

Et ce qu'elle m'a dit (je ne vais pas entrer dans les détails) correspond à mon ressenti de cette époque dont je me souviens très bien car on  m'annonçait des choses graves
Elle m'a dit que lors de cette grossesse elle a vécu un véritable tsunami! Pareil à celui que j'ai vécu de mon côté et que nous avons vécu dans notre couple

Incroyable: elle SAIT ce que j'ai vécu parce que ce fut une réplique copie conforme de son ressenti à elle alors qu'elle n'était qu'un tout petit être en construction

J'ai une excellente relation avec mes filles, et on a pu approfondir tout ça, en reparler sereinement, avec parfois quelques larmes
Mais nous avons gagné en proximité. Énormément!
Et ça, ça fait un bien chaudoudou




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