Là maintenant j’écris dans mon cahier, mon précieux cahier, celui de tous les jours, celui de l’intime, de l’essentiel qui s’applique à recueillir mes premiers mots toujours intimidés.
J'empoigne mon feutre à l’encre violette. Je ne sais pas bien écrire dans une autre couleur. Pourquoi ? Je l’ignore. C’est une couleur douce, elle glisse sur le papier sans effort. Elle accompagne calmement mes brouillons de vie.
Devant moi, mon ordinateur est ouvert. Il patiente. Il attendra, car j’y transcrirai plus tard les mots de mon cahier, dans deux ou trois jours: les mots que je confie au papier, ont besoin de faire un chemin solitaire. Puis plus tard sur le PC, ils s’ordonneront comme par miracle. Je leur laisserai la bride. Ils font toujours leur propre chemin de liberté, parfois inattendu. A croire que dans un recoin de mon bureau, ils se cachent et attendent que je les déniche pour s'agencer dans mon ordre intérieur. Souvent je lève la tête, quittant l’écran pour regarder sans les voir les objets qui m’entourent. Ils ont tous leur importance. Ils connaissent mes pensées, mes rêves, mes désirs. J’ai ajouté aujourd’hui les premiers marrons ramassés pas loin de chez moi et qui signent l’automne.
Parfois mon PC rechigne à écrire tel mot que mon cahier avait accueilli sans problème. On dirait qu’il se renfrogne quelque peu puis hop! voilà qu’il vient compléter et corriger les petits vides.
Mon lieu de vie le plus vital est mon petit bureau. Je suis là chez moi, dans le cocon de mon bien-être. J'y rassemble mes forces encore fragiles pour affronter l’extérieur. C’est là que je lis, que j’écris, que je rêve en regardant par dessus le toit, le ciel si bleu, si calme, du moins en cet instant précis