1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail." (emprunt à Simone, jeune fille rangée.)
2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : "Je vais laisser pousser ma moustache, décida-t-il" (emprunt à Jean-Paul, celui qui écrit sur le mur.)
"Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail.
J'ai vécu une enfance rangée -ô combien!- entre des parents conventionnels, conformes, intello, catho et pour tout dire, un peu chiants. Je ne pouvais pas sortir, inviter des amis à la maison, ni surtout aller chez eux, quand par extraordinaire j'étais invitée. Ma seule distraction déjà à cette époque, était de rêver devant la fenêtre, et d'observer mes voisins. Mes parents croyaient que je lisais, que je ne faisais que ça lire, et ils s'en réjouissaient. Car ils étaient tous les deux professeurs à la HELP (Haute Ecole de Littérature et de Philosophie) de la ville et ils s'étaient mis dans la tête que leur fille serait elle aussi une intellectuelle hautement rangée. Rangée et douée. Ils ne me laissaient guère le choix de mes lectures, il me fallait ingurgiter du solide, de la réflexion pure, et surtout pas les petits romans à l'eau de rose dont les filles de ma classe raffolaient!
Dans cet univers un peu trop simple, un peu trop guindé, en tout cas sans distraction pour une fille de mon âge, surprendre mes voisins, était devenu mon activité préférée! Je m'efforçais de les espionner par la large baie vitrée. Quand le soir tombait, et que les lumières du soir s'allumaient, je pouvais les voir aussi nettement qu'ils me voyaient, s'il leur prenait la fantaisie de regarder de mon côté! Mais à vrai dire, le seul qui m'intéressait c'était LUI! En chemise de nuit légère et transparente, je me tenais attentive, j'espérais qu'il me verrait, me ferait signe, me saluerait! Parfois même je faisais semblant de me déshabiller, l'air de rien, l'air de ne pas y toucher! Mais un jour, ma mère entra dans ma chambre alors que j'étais en tenue d’Ève devant la fenêtre, les yeux levés vers les étoiles que je faisais semblant d'étudier... Elle se fâcha tout rouge, appela mon père en furie, ils me sermonnèrent, me reprochant de perdre de vue mon objectif de future philosophe.
Elle cousit dès lors de lourdes tentures opaques, des tentures qui devaient faire de moi une jeune fille rangée, avec interdiction absolue de les ouvrir, sous peine de sanctions, de punitions dont parait-il je me souviendrais! Vous me croirez ou pas, mais j'ai respecté scrupuleusement cet interdit, jusqu'au jour où IL m'a attendue en bas de mon immeuble: il s'inquiétait pour moi, ne me voyant plus jamais, dans cette tenue particulière qu'il affectionnait...tant!
Il était séduisant, oui mais il faut reconnaître qu'il faisait très jeune. Finalement trop jeune pour éveiller mon désir. J'étais déçue... J'avais tellement espéré voir un homme, un vrai! Je voyais un adolescent avec un visage plutôt poupin, en tous cas imberbe. Devant mes réticences pour me plonger avec lui dans un baiser passionné, il me déclara un jour avec force et conviction:
" T'as raison chérie... Je vais laisser pousser ma moustache "
Touchée ! Je me prends à penser que Simone a peut-être... Puisque nous sommes plusieurs à y avoir songé. Mais ce n'était sans doute que l'idée de Sally !
RépondreSupprimerEn tous cas, merci beaucoup, Coumarine !
ce ne fut pas si facile! Il me semblait que je devais "tordre" mon texte pour parvenir à cette fin de moustache!
SupprimerMais j'ai trouvé l'exercice intéressant et amusant surtout! Merci Lakévio
Si Simone fut une jeune fille rangée, il n'en est pas de même de ton texte… Il faut l'exhiber au grand jour !!!
RépondreSupprimerSacré « Castor » comme l'appelait Jean-Paul… Tu lui fais friser le détournement de mineurs ! :-) Et ça c'est la très bonne idée du texte ! J'ai vraiment bien aimé. Et aussi de faire parler Simone.
L'affaire de la moustache n'était pas simple à placer, mais tu as dû quelque peu tordre la phrase imposée. C'était toute la difficulté avec un texte qui commence au « je », et qui finit par une phrase de narrateur…
Tu verras chez moi comment j'ai tenté de la résoudre.
( au passage merci de m'avoir conseillé cette consigne…)
je suis venue te lire, bien sûr et je suis en admiration devant ton talent de "conteur"
SupprimerC'est vrai, je n'ai pas trouvé la consigne facile, mais c'est le jeu!
Lakévio nous pousse dans nos retranchements.... ;-)
Simone est très importante dans ce texte... Et Sally aussi. Reste ce troisième personnage à caser, avec sa moustache qui tombe un lundi matin comme un cheveu dans le potage (ou le café), mais chez toi, c'est vraiment une bonne idée... Et effectivement c'est bien d'avoir laissé tomber le "décida-t-il"
RépondreSupprimeroui, j'ai pris cette liberté, sinon, j'en sortais pas!
Supprimermerci Pivoine
J'aime beaucoup ton texte et te remercie pour ton commentaire chez moi. Un compliment venant de toi me touche tout particulièrement.
RépondreSupprimerBises.
mais dis Tanette, tu vas me faire rougir, d'autant plus que ton texte est très bon (contrairement à ce que tu redoutais ;-))
SupprimerCette moustache nous a toutes gênées, c'est drôle le voyeurisme a inspiré beaucoup de participants.
RépondreSupprimerben oui... une femme à la fenêtre, qui manifestement regarde...
SupprimerUne chute quelque peu inattendue... avec ce jeune homme imberbe mais tu as su contourner l'obstacle avec maestria.
RépondreSupprimerAh ! ces jeunes filles rangées !
C'est effectivement une consigne très inspirante, et je vais de texte en texte avec cet émerveillement pour la diversité des textes participants.
RépondreSupprimerCela me rappelle les Plumes.
Et tu as vraiment réussi à placer tes thèmes dans le thème. Chouette consigne, ça fait plaisir !
¸¸.•*¨*• ☆
ah cette moustache! je n'ai pas osé prendre cette liberté, toi tu as osé, c'est bien, tu es un Maître :-)
RépondreSupprimerJoli Coumarine et heureuse de te lire !
RépondreSupprimerConsigne originale si bien menée qu'on la surpasse pour rentrer tout à fait dans l'histoire ! Et si on en imaginait la fin? Le port de la moustache suffira-t-il à rallumer la flamme ?
RépondreSupprimerj'aurais voulu vous répondre, mais je suis malade, et bien malade!!
RépondreSupprimerdésolée;-(
Soigne toi ma Coum !
RépondreSupprimerBises reconfortantes
Très joli texte ! un plaisir de te lire ! prends soin de toi ....
RépondreSupprimerBelle histoire ; l’adolescence donne des audaces qui ici, sont récompensées par l'amour.
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