lundi 15 juin 2020

Assise sur son lit, elle rêve...





J’aime Hopper et son génie de l’étrangeté de la banalité.
« Hotel Room » me le démontre et me pose la question :
Que fait-elle donc, si peu vêtue, assise l’air si peu intéressé par son livre ?
J’entrevois plusieurs cas.
Et vous ? (nous demande monsieur le Gout pour le 43ème devoir qu'il nous propose)

Assise sur son lit, elle rêve... Elle ne parvient pas à se décider, elle est sans force, sans énergie.
Ses bagages sont prêts depuis ce matin déjà, son vêtement est sur le bras du fauteuil, il attend là qu'elle se décide à l'enfiler.
Mais elle rêve...
Elle sait qu'elle doit partir, elle le sait depuis une semaine déjà: tout est prêt elle ne sera pas prise au dépourvu!
Mais elle rêve, ne parvient ni à se décider, ni à bouger...

Il est temps pourtant, on vient la chercher dans peu de temps maintenant et elle doit encore passer sa robe, fraîchement repassée, son manteau chaud et son chapeau: ne pas oublier son chapeau, sans lui elle passerait pour une débraillée.
Elle rêve, abrutie par la décision de devoir partir, quitter son petit univers familier et rassurant
Pourtant c'est vrai, cela n'allait pas fort ces derniers temps, elle devenait de plus en plus faible, restait amortie sur ou dans son lit, sans plus rien faire de valable.
Ca m'a tout l'air d'être une dépression, avait déclaré le médecin de famille, faites quand même un effort, sinon...
Sinon elle devrait partir en clinique pour se faire soigner, lui avait-il dit de manière péremptoire!

Voilà! c'est pour ça qu'elle rêve sans être capable de bouger. Elle ne veut pas partir en clinique, elle sait déjà que cela ne se passera pas bien, qu'elle descendra encore plus dans le trou noir qui l'attire, sans personne pour l'aider.
Elle a voulu se plonger dans la Bible, relire des passages qui autrefois l'ont bien aidée. Mais elle abandonne vite sa lecture: c'est tellement fatigant de lire

On est venu la chercher, on l'a emmenée en clinique, pas de discussion, elle devait se soigner et tout irait bien.
Le lendemain, on l'a cherchée, dans sa chambre, dans le couloir, dans tous les coins de la clinique où elle aurait pu se cacher, mais on ne l'a pas trouvée, elle s'était littéralement volatilisée.



20 commentaires:

  1. Une autre version de "La disparition" ?

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    1. qui sait? mais une "disparition" qui a gardé les "e"...

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  2. J'ai bien aimé malgré la tristesse du récit.

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    1. est-il vraiment triste ce récit? This is the question...
      merci d'avoir apprécié...

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  3. Encore une qui a le « syndrome de la cabane » après déconfinement !
    Tout ça ça vous déprime !
    Heureusement elle a trouvé sa porte de sortie dans la vapeur des rêves !
    On la retrouvera sûrement sur la plage de Knokke le Zoute, puisqu'elle avait déjà mis son maillot

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    1. sûrement pas Knokke le Zoute... cette plage de riches et de m'as-tu vu?
      L'autre côté, vers la France est plus authentique

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  4. Finalement, c'est ce qu'elle avait de mieux à faire, se volatiliser et laisser les autres avec leurs injonctions !
    Bonne semaine à toi, Coumarine. Bisous.

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  5. Un texte qui me parle !
    Tout doucement je refais surface après deux mois difficiles.

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  6. On la retrouvera sans doute, mais dans quel état ? A moins que sa fugue ne l'ait fait rencontrer celui ou celle qui la sortira de ce gouffre dans lequel elle se complaît

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    1. voilà c'est bien comme ça que je vois les choses
      Mais elle ne se complaît pas dans son gouffre, elle ne peut juste pas en sortir

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  7. "Qui dira la joie qu'on éprouve à disparaître, à faire faux bond, à se soustraire, à tout laisser derrière soi, et à se fondre dans le paysage ?" C. Garcin (Selon Vincent)

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    1. encore l'histoire d'un "disparu" raconté par Christian Garcin
      Je n'ai pas lu ce livre... tu me donnes envie de le lire

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  8. Très touchant ce texte, tu as osé aborder un sujet difficile
    Il y a quelques années j'ai lu un ouvrage sur une femme qui elle, a accepté de se faire soigner/aider
    https://www.babelio.com/livres/Davion-Marin-Un-ete-chez-les-fous--Chronique-dune-depression/609489

    Bonne semaine à toi Coum, je t'embrasse

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    1. ce livre, comme toi, j'ai envie de le lire, merci de me le signaler...
      (et merci d'être venue m'en parler!)
      Je t'embrasse aussi

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  9. Un beau texte, qui nous enfonce, nous enfonce vers le noir de la dépression. Et qui tout à coup nous envole...Ca, c'est inattendu ! Plein de mystère! J'aime...
    Floraise

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  10. "J'écris parce que j'ai besoin de dire quelque chose que j'ignore". Non, décidément, un livre ne se fabrique pas. Il s'écrit, il s'avance tel un aveugle qui palpe les murs et les objets invisibles autour de lui."

    En commençant à écrire je ne savais pas où mes mots m'emmèneraient... et je reçois des conseils de lecture qui m'intéressent
    Tu sais Floraise, écrire pour moi est souvent thérapeutique...
    Je t'embrasse fort ma Floraise

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  11. Rassurée de te revoir dans la blogo, Coumarinette ! Cela faisait deux jours que je pensais très fort à Toi, à tel point que j'ai failli te téléphoner. Ce texte est très poignant, ces mots qui mènent vers des horizons à découvrir, phrase après phrase. Je t'embrasse bien chaleureusement !

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    1. coucou ma Filo, tu auras lu dans mon billet d'aujourd'hui la raison de mon absence
      Merci à toi pour ta gentillesse

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