Je viens de terminer la lecture d'un livre qui m'a marquée
il s'agit de "C'est une étrange aventure que de survivre" de Olivier Le Gendre
Un trio (un monseigneur, un prêtre, une médecin) ont pour mission d’interviewer l'auteur sur ce qu'il aurait à dire à propos du miracle.Il faut dire que Olivier Le Gendre n'a pas sa langue dans sa poche concernant l'Eglise, et que la foi qu'il vit refuse de s'enliser dans des données rigides, qui ne tiennent pas compte de l'humain!
Deux parties à ce livre: la première parle de ce qu'il a vu et vécu juste après le tsunami de 2004 quand il s'est rendu dans l'île de Phunket dans le but de déterminer les besoins les plus urgents: là il est atteint pas l'horreur, l'effroi, la désolation... il a rencontré des rescapés dans les endroits dévastés par les vagues successives et se pose la question: à quel miracle (hasard, chance...) ont eu droit ceux qui s'en sont sortis... miraculeusement
(et toujours le choc entre les réponses toutes faites et bien pensantes du trio face aux détresses de ceux qui ont vécu ces horreurs.)
La deuxième partie m'a fort touchée: en 2008, l'auteur tombe gravement malade, il raconte son combat pour la vie avec toujours la même question: je m'en suis sorti, pourquoi moi?
J'ai été frappée de la façon dont il parle de son vécu de malade, de sa manière de vivre au quotidien, dans la chute de son énergie, avec son corps fracassé tant par la maladie que par les médicaments.
Je me suis retrouvée bien souvent dans ces pages...
Par ex, sa révolte face aux médicaments obligatoires... amis pour l'aider à lutter, mais ennemis par le mal qu'ils lui faisaient au quotidien et bien après d'ailleurs: ces fameux effets secondaires!
Il en était arrivé pour s'en sortir, à appeler chacune des gélules qu'il devait prendre par un nom positif en leur souhaitant la bienvenue...et de bien remplir leur rôle de gélule "guérissante"
J'ai souri en pensant que moi aussi j'en étais arrivée à écrire une lettre d'amour à mes comprimés de cortisone-à-forte-dose, petit truc qui me faisait les regarder d'une autre manière, avec bienveillance, avec espoir aussi...
Façon comme une autre de supporter la thérapie, de continuer ce dur chemin. Le médecin, auteur de la préface de mon récit (en attente d'éditeur) a souri en lisant ce passage...
Il y a cependant une grande différence entre cet auteur et moi: lui a une foi très forte et déclare que Dieu était là à chaque instant même au plus profond de sa détresse, Dieu ne lui a jamais manqué!
Au plus profond de la maladie je ne m'interrogeais pas sur la présence de Dieu auprès de moi. En moi plutôt. G. mon ami aumônier me parlait de la manne qu'Il m’envoyait au jour le jour pour me permettre de faire ma traversée du désert..
J'y voyais les petits signes d'affection, les clins d'oeils heureux que je recevais avec reconnaissance, mais sans les relier à Dieu. Je n'ai pas durant tous ces mois, "parlé" à Dieu, entamé un dialogue avec lui...il me semblait si lointain...
Les choses changent cependant
Depuis peu (comment pourquoi je ne sais pas trop), je relie tout cela à une Présence qui est là, en moi, et m'accompagne dans le quotidien de ma vie
Un jour peut-être, comme Olivier Le Gendre je pourrais déclarer: Dieu ne m'a jamais manqué...