vendredi 13 août 2010

Reine silencieuse

Là-bas loin, la mer grignote le sable. Roulis grondants, écumants, inlassables. Mes pieds observent la trace de leur voyage, en route vers un ailleurs, aussi large que le plus large des océans. Et vaste comme la terre des mille horizons. 
Je suis là, subjuguée, fascinée par cette mer si vivante, en arrêt devant elle, puis je me mets à planer sur le dos d’une mouette, à glisser sur la dentelle des vagues qui s’effilochent, à chevaucher les licornes que je suis seule à voir. Mon cœur est trop petit pour supporter tant de beauté. Je marche vers l'eau, je marche dans l'eau, elle m’appelle, elle est sirène. Mais une vague plus forte a raison de mon audace. Je tombe, je suffoque, au secours! Petite fille imprudente, me dit un gros monsieur, en me saisissant par le bras. Faut pas aller si loin quand on ne sait pas nager ! Je ne dis rien, je tousse, je crache, je reprends mon souffle. J’ai eu peur oui, c’est vrai ! Mais j’ai goûté à l’ivresse. L’ivresse du grand air qui dilate tous les possibles, même et surtout les miens. Le gros monsieur est remonté là-haut sur le sable mou et je suis retournée dans la mer me battre avec elle dans un corps à peau vigoureux et bienfaisant.

Puis à mon tour je monte à pas rieurs vers la digue pour rejoindre le quotidien, et pas à pas, l’oppression lentement se réveille dans ma poitrine. Davantage encore quand avec papamaman, je reviens vers la maison des vacances  qui n’est pas vraiment ma maison.

Pourtant ce jour-là, il y a du radieux dans ma tête car j’ai compris quelque chose de capital : il y a des lieux extraordinaires, des endroits magiques.où disparaît la respiration qui s’essouffle. Où je suis libre, reine absolue d’un royaume dont il faut deviner le nom...
Photo trouvée sur le Net

20 commentaires:

  1. J'ai du souvent, pendant ces vacances à la mer, rappeler à la prudence ,mes petites filles de 7 ans qui s'aventuraient loin dans la mer ...sans se soucier le moins du monde de ne pas savoir correctement nager.Je craignais vraiment de voir la mer les emporter... jusqu'à ce que je décrète qu'elles ne pouvaient aller au delà d'une certaine limite. Celle ci étant que l'eau ne pouvait en aucun cas dépasser le haut de leurs cuisses.
    Mais malgré cela, fallait toujours avoir l'oeil rivé sur elles car elles étaient tellement fofolles qu'elles en oubliaient l'interdiction de la grand mère .Oui,elles se sentaient libres et se prenaient certainement pour les reines de ce royaume qu'est la mer.

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  2. Il est des lieux merveilleux, où on se perd, où on s'abîme !
    Cela m'arrive souvent d'être happée par la magie des lieux !

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  3. Pendant quelques instants magiques, la petite fille a tout oublié.
    Oui, il y a des endroits magiques, des lieux extraordinaires où l'on peut rêver...
    Encore un très joli texte, Coumarine, j'aime beaucoup.
    Je te dis à fin août, je pars demain après-midi.
    Et je t'embrasse bien fort.

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  4. @Charlotte...on est particulièrement attentive quand on est responsable d'un enfant
    Et la mer, aussi belle soit-elle, reste dangereuse
    Tu as raison de mettre des limites à ne pas dépasser!

    @naline...ah! toi aussi? (ça ne m'étonne pas, toi la photographe attentive au moindre détail...)

    @Françoise... très bonnes vacances à toi. J'espère que ta route ne sera pas trop encombrée..
    et à dans 15 jours... je t'embrasse, moi aussi...

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  5. Toi aussi Coumarine, tu partages cet intense et mystérieux sentiment d'appartenir à un royaume ...

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  6. Je marchais d’un bon pas, au rythme des coups de pédales hésitants de ma petite fille (5ans) qui apprend à rouler. Nous étions en pleine campagne. Un vent léger s’engouffrait dans les blés. Elle s’est arrêtée tout à coup et m’a dit : « Il faut rentrer Maminou. Je veux peindre le petit vent qui souffle dans les champs, c’est vraiment beau ! ».
    Je me suis rappelée à ce moment-là, avoir un jour été subjuguée par une vue splendide au détour d’un chemin en Provence. Je suis restée là, immobile, J’en avais le souffle coupé, et des larmes aux yeux !
    Quand est capable de transposer ces émotions et ces sensations par le dessin, la peinture ou comme tu le fais si bien Coumarine, par les mots, pour partager cet instant avec d’autres, cela doit être merveilleux !
    Merci Coumarine de nous faire découvrir ton écriture! Je l’aime beaucoup !
    Le Creuset

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  7. @Jacques... sourire... c'est chouette que tu ne m'oublies pas ;-)

    @Le Creuset... elle est magnifique la phrase de ta petit-fille: peindre le petit vent qui souffle dans les champs... cette enfant est poète!
    Et oui, c'est vrai il arrive qu'on soit comme tétanisé devant un paysage de toute beauté...
    Merci à toi de nous partager tout ça...!

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  8. La mer est un spectacle dont je ne me lasse pas, jamais la même mais le plaisir lui est toujours le même.

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  9. Mon cœur est trop petit pour supporter tant de beauté

    Et je pense à ce que tu avais écrit une fois sur la fulgurance qui peut nous saisir quand le bonheur est là, immense, transparent et lumineux. Ces lieux-moments où je deviens paysage et lumière, instant et éternité.

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  10. Je comprends ta fascination pour la mer, ses battements, ses roulements, sa colère respectable.
    On ne se lasse jamais de la contempler et de se laisser bercer jusqu'à l'horizon de nos rêves.

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  11. En découvrant ce blog, je découvre une amoureuse de la mer et cela nous rapproche forcément. La mer et ses rivages font partie non seulement de mon environnement indispensable à vivre mais j'y pratique très souvent le land art. Chacune de mes spirales maritimes et tu en verras beaucoup sur mon blog, sont offertes à la mer. C'est te dire ce qu'il se passe entre elle et moi. Je me serais volontiers inscrit sur ton blog, mais je n'y trouve pas le lieu pour le faire. Dommage.
    Belle fin d'été à toi et encore bravo pour ton blog,

    Roger

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  12. Wouaouh, Coumarine, quelle envolée
    magnifique! Et qu'il est troublant de lire une fois de plus comme on se ressemble... J'aime tellement la mer que tu décris, sauvage et puissante, mystérieuse et attirante.Et bien sûr, par synchronicité, et sans le savoir, j'ai parlé de la mer dans mon dernier billet.Ton petit compteur indique "1 connecté" : c'est moi, je suis seule sur ton blog et je comprends cet enivrant sentiment de liberté que tu as pu éprouver seule face à la mer.
    Je t'embrasse
    Célestine

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  13. Une fois qu'on a goûté à l'ivresse de la mer, on ne rêve qu'à la retrouver, non?
    Quel beau texte, merci!

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  14. T'apperais-tu Nina, chère petite mouette si frêle et enivrée de liberté...

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  15. hello tout le monde...;-))
    merci de venir me faire un coucou et de partager mon "ivresse",Fabeli, Mab, Colo...

    @Nicole en effet j'ai déjà écrit sur la fulgurance de ces instants magiques qui nous transportent hors du temps... tu as bonne mémoire

    Bienvenue à Le chemin des grands jardins...
    J'ai vu que tu es un amoureux de la mer en effet...
    (je n'ai pas activé l'option inscription à ce blog... je le ferai peut-être)

    @Delphine... Nina la mouette frêle et enivrée de liberté.. tu me décris très bien...

    @Célestine...ça me plairait que tu sois ma soeur jumelle tiens, tu es si jolie...;-))

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  16. Bjr Coumarine, très beau texte qui nous montre combien la Nature, suivant selon ce que chacun y recherche et apprécie, peut nous ramener à nous, à notre envie de liberté, de paix, de sérénité...avec parfois un peu d'imprudence quand on se laisse aller à nos rêves les plus fous sans mesurer les risques et les conséquences de nos actions ou réactions...vraiment très beau ce récit! Ce royaume où tu te sens libre, duquel tu dis en être la reine absolue peut-être est-il le royaume de ton coeur, tout simplement, comme il appartient à chacun de nous d'être le roi et la reine de notre propre coeur...Bon dimanche à toi Coumarine et à vous tous!

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  17. Moi aussi, j'aime beaucoup la mer et je pourrais rester des heures à la regarder. Passe un bon dimanche Coumarine.

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  18. J'aime beaucoup la dernière phrase...En fait j'aime particulièrement le dernier paragraphe...

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  19. Il m'arrive parfois de ressentir un sentiment de bonheur intense devant certain paysage, c'est comme si chaque élément environnant m'invitait à partager une extraordinaire osmose...
    Amicalement
    Marcelle

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  20. Marcelle, Petit poucet, Vincent et Josiane
    juste MERCI de passer me lire...

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