"Toute mon oeuvre jusqu'à présent n'a été que négative; je n'ai montré de mon esprit et de mon coeur que l'envers"
Journal d'André Gide; le 6 juillet 1914
Frappée par ces mots lus ce matin, je crois être l'exacte contraire de Gide
Sur ce blog, j'ai toujours eu à coeur de ne montrer le plus souvent que l'endroit de mon esprit et de mon coeur
Sans doute pour ne pas ajouter à la morosité ambiante et générale
Mais l'envers de mon âme, par pudeur et parce que je me sais lue par mes proches, j'en parle rarement
Mes démons, mes doutes, mes détresses, mes mesquineries, mes jalousies, et autre choses qui font partie de l'envers, se trouvent le plus souvent bien cachées dans les brouillons (brouillards) de ce blog et ne paraîtront pas au grand jour
Si je suis négative, c'est souvent dans l'émotion et pour susciter votre sympathie
Or quand j'écris l'envers, j'ai bien plus de vigueur, de fougue, d'ardeur, de dureté parfois dans mes mots
Certains d'entre vous me poussent d'ailleurs à y aller plus franchement
Certains d'entre vous me poussent d'ailleurs à y aller plus franchement
J'ai osé parler de l'envers dans mes nouvelles justement appelées "Les dessous de table" et ce fut un vrai bonheur d'écriture
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RépondreSupprimerMemory Press pour ces "Dessous de tables" ? même Ed. que Laurence, laquelle devait être ma messagère auprès de vous au Salon du Livre
Supprimerhélas, elle vous confondit avec l'une de vos parentes ou avec une homonyme (est-ce possible ? sans doute sa jeunesse peut-elle seule excuser cet embrouillamini)
vous imaginez la scène
votre faux double s'imagine qu'une lectrice vient demander la dédicace de service
mais Laurence s'en défendant :
- "non, je viens vous présenter les amitiés les plus chleureuses de JEA"
- "JEA ? JEA ?? JEA ??? vous devez commettre une erreur, je ne connais personne de ce genre, (masculin très singulier), non franchement, je ne vois pas"...
J'ai été déçue de ne pas saluer Laurence, et de recevoir tes amitiés chaleureuses via ta messagère ;-))
SupprimerOui j'ai une belle-soeur (même nom mais pas même prénom) qui publie aussi
De là sans doute la confusion
Peut-être que si Laurence avait parlé de blog, ma belle-soeur l'aurait orientée vers moi
Je m'étonne d'ailleurs qu'elle n'ait pas pensé à le faire... ;-((
merci JEA ;-)
je me suis souvent exprimé la dessus... plus j'y pense, plus je crois qu'il n'y a pas de littérature sans négativité. Il faut lire "la littérature et le mal" de Georges Bataille.
RépondreSupprimerle blog est souvent un "outil" de sociabilité, qui l'empêche de sonder les dessous, les abîmes, les crevasses, les malédictions... Le journal intime en tant que genre littéraire existe bel et bien, dans ce cas l'auteur ne fait pas l'impasse sur les zones d'ombres (les confessions de Rousseau, le journal d'Anaïs Nin...)
Après ... chacun fait ce qu'il veut... :)))...
k.rapace :)
dans mes écrits de fiction je n'hésite pas à aller loin parfois: certains de mes lecteurs qui me connaissent, n'en revenaient pas de ce que j'avais écrit et m'ont "rejetée" d'ailleurs pour cela
SupprimerComme quoi, on ne peut plaire à tt le monde!!
Par contre sur un blog que j'ai toujours voulu "intime", il y a quelque chose en moi qui se refuse à écrire en JE, dans mes zones d'ombre
La fiction est moins engageante que le journal intime
Celui d'André Gide, que je découvre (c'est une édition folio anniversaire) me plait bcp
Il parle pas mal de l'écriture ... super intéressant!
non, plus exactement, ils ont rejeté mon livre, assez choqués (surtout par la 1ère nouvelle, qui me tient très fort à coeur!)
SupprimerBonheur d'écriture pour toi.
RépondreSupprimerBonheur de lecture pour moi, et pour beaucoup.
oui dans la fiction, comme je l'explique à k.rapace (hihi)je me lâche davantage, ce n'est pas du JE, même si tous les écrits finalement parlent du JE
SupprimerMerci Suzame
Ho oui! Moi j'aime beaucoup "l'envers" de Coumarine... En fait il y a Coum et Nicole V.... ;)
RépondreSupprimerCes nouvelles je les ai adorées!!!
Yolanda ;)
Bienvenue Yolanda
Supprimeret Merci d'avoir adoré mes nouvelles et de le dire haut et fort ;-))...
Une question: peu de monde à présent m'appellent Coum'
Nous sommes-nous connues dans une autre vie??? ;-))
Voilà , c'est ça ...il y a les blogs avec la vie qui va autour , notre image à préserver , voulant forcement "cacher " nos travers , nous ne sommes pas des êtres parfaits , on en est tous là , c'est un fait
RépondreSupprimerEt l'écriture , celle on tu oses , justement , librement
Autant lorsque j'ai lu "l'enfant à l'endroit ..;" je te lisais , toi Coumarine , sensible , volantaire
Autant quand j'ai lu " les dessous de tables " j'ai d'emblée oubliée celle que je connaissais à travers ce blog
et c'est bien là que l'on reconnait un auteur
Je comprends que tu aies été un peu froissée par tes lecteurs qui ont été choqués par tes nouvelles , il faut forcement faire la part des choses
Tiens , tu me donnes envie de relire ce livre , j'ai beaucoup aimé aussi
oh! Jeanne!
SupprimerJ'aime bien la différence que tu fais entre ces deux livres
Oui L'enfant c'est moi
Les dessous de table, c'est l'auteur que je suis
"Je comprends que tu aies été un peu froissée par tes lecteurs qui ont été choqués par tes nouvelles"
Ce qui s'est passé là illustre la sentence populaire:nul n'est prophète en son pays...
Bonne fin de soirée
Etre lue par ses proches est un frein, d'où la tentation d'aller écrire ailleurs.
RépondreSupprimeroui mab... mais ce blog "survit" depuis plus de sept ans, difficile d'aller ailleurs, pour tout recommencer à zéro!
SupprimerJe n'ai pas (encore) lu ton livre de nouvelles et en y réfléchissant, je comprends que l'excuse matérielle du déménagement cache la peur d'être déplacée. Il ne s'agit pas d'une remise en cause de Nicole V (je viens juste de réaliser que non seulement nous avons un prénom en commun mais des initiales identiques), il s'agit de moi et de mon effroi devant mes propres zones noires, mes propres zones rouges. Un auteur réveille, révèle ce que le lecteur voudrait se cacher à lui-même et cela surtout s'il y a eu par un livre précédent ou un blog ou ... une "proximité". Seul celui qui est enraciné peut supporter d’être bousculé, oui, ce billet me permet de prendre conscience que j'ai fabriqué une image de Coum qui me ressemble ou plus exactement qui ressemble à celle que je veux être. Certains de tes billets m'ont déjà interrogée, interloquée mais surtout ils m'ont fait (un tout petit peu) avancer sur mon mode d'être à l'autre : l'autre est autre. Seulement entre l'écrire, le dire et le vivre, il y a une vaste étendue parcourir.
RépondreSupprimerJe te souhaite un beau dimanche.
Ton dernier paragraphe m'interpelle énormément:
Supprimer"Certains de tes billets m'ont déjà interrogée, interloquée mais surtout ils m'ont fait (un tout petit peu) avancer sur mon mode d'être à l'autre : l'autre est autre. Seulement entre l'écrire, le dire et le vivre, il y a une vaste étendue parcourir"
Le fait que tu aies été interloquée par certains de mes billets disent en effet qu'il y a une chose importante à comprendre et à assumer: l'autre est un autre
Il est autre même si d'énormes moments de complicité peuvent unir deux amis, deux conjoints
"Mais l'envers de mon âme, par pudeur et parce que je me sais lue par mes proches, j'en parle rarement"
RépondreSupprimerPar ce que je suis lu de mes proches…
Cette phrase me donne énormément à réfléchir…
Elle induit : mes proches ne doivent pas connaître l'envers de mon âme.
C'est ce que dit Coumarine, mais j'élargis largement, je veux dire est-ce une sorte de "loi pour tous", non pas comme une obligation pour se contraindre, mais comme une sorte de « loi de bonne vie ».
Je ne sais pas…
Je me dis aussi : qu'est-ce que l'on croit cacher aux proches ? sont-ils totalement dénuées d'intuition ? ne voient-ils pas, au moins partiellement, ce que l'on voudrait cacher ?
Ne sommes-nous pas comme l'enfant qui cache quelque chose derrière son dos croyant qu'on ne le voit pas, alors que tout le monde a vu… !
Est-ce que l'on cache parce que "l'envers du décor" on ne veut pas le voir soi-même ?
Entre le piège de la transparence à tout prix et le « caché volontaire », où mettre le curseur ?
Enfin bref…
De quoi méditer, en ce qui me concerne…
Et donc merci pour ce texte où justement tu te montres en vérité…
:-)
AlainX,
Supprimeril me semble que je ne place pas le curseur au même endroit qu'il s'agisse du compagnon (que je n'ai pas), des amis, des parents (père et mère s'il y a lieu), des enfants, des petits enfants, des autres membres de la famille, des relations de travail ... D'où la difficulté.
Pour ma part, je vois en l'autre l'envers qui m' est acceptable à ce moment-là dans le cadre de la relation que j'ai d'une part avec moi-même, d'autre part avec l'autre. Il y a donc une succession d'ajustements réciproques et évolution de ce qui est dévoilé comme de ce qui est perçu.
Merci Alain pour cette réflexion
Supprimer- en ce qui me concerne, il y a "l'envers" que je vis et qui concerne mes proches, justement.Je ne me donne pas le droit d'en parler parce que si ça me concerne en tant que mère, ça les concerne en premier lieu, Je ne peux pas me permettre de l’étaler au grand jour du web. Dommage pour moi,car ici je sais que j'aurai l'écoute nécessaire
- Il y a des éléments de ma vie dont je ne peux tout simplement pas parler. Cela fait partie du privé très privé
Alors oui, on peut parler ouvertement de certains ressentis, mais la compréhension des lecteurs devient difficile quand ils ne peuvent s'appuyer sur des faits concrets
- de toute façon, je le dis avec humilité, je veille ici à ne pas ternir ce que je crois être mon image de marque (quoique d'après le commentaire de Nicole, certains de mes billets l'ont déjà désarçonnée, et d'autres avec elle, je suppose!)
Je crois qu'il faut avoir assez de force intérieure pour agir comme on le croit bon pour soi avant tout
On n'a jamais fini de "grandir"
Oups, Nicole on s'est croisées;-))
Supprimereuh..je ne comprends pas très bien ton commentaire à Alain...
Tu peux expliquer davantage?
J'ajouterai ceci en ce qui me concerne:
Oui je veille à ce que je CROIS être mon image de marque: je tais par ex mes découragements énormes concernant ma vue, je ne veux pas lasser les lecteurs
mais il doit y avoir des "choses" qui percent de moi au travers de mes écrits, et que le lecteur attentif arrive à percevoir...
Je recommence ;-)
Supprimerj'ai tendance à établir une relation entre l'envers de l'autre et mon envers. Il peut donc m'arriver d'être perturbée par l'envers de l'autre, voire même de ne pas être en mesure de l'accueillir.
Là, je dois faire court car je vais écouter un de tes compatriotes,William Cliff, lire les sonnets de Shakespeare.
Merci Nicole, je comprends bien maintenant
SupprimerTout cela mène à une belle réflexion je trouve
;-)
Pourquoi d'ailleurs faudrait-il dire toute sa vérité sur un blog? Le coté pile et le coté face.
RépondreSupprimerPour dire tout ce qu'on a envie de dire il faut alors opter pour le roman. Cela cloue le bec à tous ceux qui se verraient concernés par le sujet parce qu'on peut toujours lui rétorquer : mais c'est un roman voyons...
Au départ, j'ai été frappée par cette phrase écrite par Gide dans son journal
SupprimerLui ainsi que d'autres diaristes tel que Juliet par ex, n'hésitent pas à présenter l'aspect "envers" de leur être
Et je ne sais pas toi, mais moi cela me touche
Evidemment le journal de Gide date d'il y a longtemps, il ne prend aucun risque, puisqu'il est mort et avec lui, ceux qu'ils cite
SupprimerTu a raison en ce qui concerne le roman; j'ai du me "défendre" disant que mes nouvelles étaient des nouvelles, rien d'autre ;-))
Quand on met son âme à l'envers, on voit les coutures, les étiquettes (avec les conseils d'entretien) les reprises, bref, on apprend sur soi une foule de choses intéressantes.Mais le poids des conventions tutélaires nous oblige à mettre nos pulls à l'enDROIT, à nous tenir DROITS, à être DROITIER, faire respecter nos DROITS, à voter à DROITE, à être ADROITS.
RépondreSupprimerAlors il nous reste l'écriture pour devenir renversant(e)s, bousculer les statues de leur socle, avoir la tête à l'envers, inverser les règles, envoyer valser cul par dessus tête les idées reçues et les préjugés. Secouer la pulpe des conventions. Et tu fais ça tellement bien, Coumarine!
ahh! Célestine!
Supprimerquel commentaire génial!
J'adore...
"secouer la pulpe des conventions"
Non je ne le fais pas bien, je reste le plus souvent coincée, cachée dans les mots et les idées conventionnelles;-((
Merci à toi..
Intéressant, ce que tu cites de Gide. Alors, il y a aussi le "Je ne sais si nous avons dit d'impérissables choses" de la Petite Dame ("notre" Maria Van Rysselberghe... Son amie, voisine, au Vaneau et la grand-mère de Catherine Gide).
RépondreSupprimerEt il a fait des ravages, avec sa littérature, ses écrits personnels, son voyage en Angleterre, avec Marc Allégret. Si un jour, tu lis "Et nunc manet in te..." D'un autre côté, que serait la littérature française sans lui? Mon Dieu! Quel homme! Quel écrivain! Même si je ne voudrais pas avoir été à la place de Madeleine Gide. (Pas de danger non plus).
Je pense aussi que "l'auteur que je suis" - eh bien, c'est aussi toi, c'est toi ! Et c'est bien que cet écrivain aille, taille dans le vif de l'humain. A quoi servirait de faire une littérature consensuelle? On a ses préférences, bien sûr, chez un auteur, on ne peut pas tout aimer... On ne peut pas plaire à tous les coups, veux-je dire (façon de parler), néanmoins, néanmoins, eh bien, je trouve cela important.
Je découvre un Gide inattendu au travers de son journal...et c'est super intéressant; En général, j'adore les journaux des écrivains, ils en disent long sur eux!
SupprimerPar contre, comme il écrit dans ses cahiers sans veiller à sa manière d'écrire, son style est souvent très maladroit, c'est étonnant!
C'est mon livre préféré de toi.
RépondreSupprimerJe me demande quelle serait ta définition de ton "image de marque". Pour moi elle tient d'abord dans ton humanité, et l'essence de l'humanité n'est elle pas d'être imparfaite ?
Et multifacettes ? T'es pas obligée de mettre ta belle robe tous les jours, elle existe, certes, mais il y a aussi les vêtements de tous les jours, les vieilles hardes qu'on met pour faire des travaux salissants, les trucs moches et démodés dans lesquels on est si bien, et aussi parfois les déguisements qui nous amusent ou nous défoulent. Mais l'ensemble de la garde robe, c'est toujours Coumarine.
Et j'oubliais les dessous chics ! Ou pas. ;)
RépondreSupprimerAh oui, tu en parles très bien de l'envers dans ton livre et si ce fut un bonheur d'écriture, ce fut aussi pour moi un bonheur de lecture
RépondreSupprimerMoi il me semble que je voudrai montrer les deux mais...