Hier j'étais encore l'invitée du vent, de la mer et du soleil, une invitée consentante -ô combien!- et gourmande!
J'ai marché longuement face au vent, dos au vent, puis face au vent à nouveau. C'était infiniment bon. Chaque fois, je me sentais revivre.
J'ai prêté l'oreille au craquement des coquillages nus sous mes pas, ceux que la mer abandonne et qui sont enfoncés dans le sable mouillé: j'aimais me baisser pour en ramasser un beau et coloré que j'essuyais doucement et enfonçais dans la poche de mon vêtement
Il est là maintenant sur mon bureau et me parle en silence des cris des mouettes qui l'ont accompagné dans son périple marin. C'est un chant magnifique qui me tire des larmes quand je prends la peine de l'écouter
Aujourd'hui je marche encore, mais à peine, mes jambes ont décidé que marcher ce n'était plus pour moi, ou alors quelques pas pénibles, penchée sur ma canne
Me guette la tentation de la peur, du repli sur moi, du regard en peu envieux vers les autres...
Il me faut continuer à croire dans la beauté fondamentale de la vie. Envers et contre tout!
Picasso