Il y a en moi comme un élan incessant vers un absolu dont j'ignore tout et surtout comment le satisfaire. Parfois je me demande si je ne confonds pas ce désir si pressant d'absolu avec un piteux et lancinant vide existentiel, qui serait comme un panier sans fond que je ne parviens jamais à remplir... et pour cause!
C'est comme les deux côtés d'une même médaille. D'un côté le désir d'absolu, de l'autre la sensation de vide...
Cette aspiration incessante vers un "ailleurs", un "autre chose" est lancinante, elle se loge là quelque part dans ma poitrine et la sillonne d'éclairs qui me lacèrent et m'oppressent dans mes respirations. Autrefois c'était si violent que cela se transformait en angoisses qui me laissaient anéantie. Mais j'ai appris heureusement à laisser se décrisper le souffle, à le laisser descendre dans le ventre, ce qui me redonne la sérénité, me replace dans mon centre, et m'ancre dans l'ici et maintenant.
Cette sensation d'oppression n'est que la manifestation physique de quelque chose qui vient de très loin, une aspiration illimitée vers l'infini que j'espère et redoute en même temps tellement je la pressens violente... et cela dans tous les domaines: aimer (infiniment), être aimée (infiniment), réaliser de grandes choses dans les domaines qui sont les miens, vivre intensément des choses intenses., vivre des relations fabuleuses. Parfois c'est comme s’il y avait un hiatus fondamental entre ce qui se trame d'intense à l'intérieur de moi dans mes aspirations si fortes... et le fade, le tiède, le gris, le quelconque de l'extérieur (même s'il est pétri de violence ou de méchanceté intrinsèque).
Il y a des jours où je me sens en profonde connivence avec ma vie, où j'ai l'impression de coller au plus près de ce que je suis et de ce que je fais, à ces désirs si profonds, si intenses, si indicibles
Il y a des jours au contraire où ce désir d'absolu me dépasse, je me trouve comme devant une montagne impossible à gravir et j'ai une immense tentation de désespoir. Je me dis que je ne suis pas faite pour vivre, que je vis les choses de manière TROP inadéquate.
C'est très difficile à décrire tout cela, les mots qui me servent d'habitude, je les trouve bien pauvres pour décrire cette quête, cette faim jamais rassasiée.
Est-ce propre à l'être humain cela? Sans doute, mais je vois que d’autres ne se posent pas toutes ces questions, vivent tranquillement leur quotidien en s'en contentant et se moquent gentiment de moi et de ma sensibilité à fleur de peau.
On dit que je vis les choses trop intensément, on me plaint un peu, me disant que la vie ne doit pas être facile pour moi.