Depuis presque deux ans, je fréquente un lieu, devenu précieux au fil du temps. Ce lieu je ne l’ai pas choisi.. En aucun cas ! Il s’est en quelque sorte imposé à moi.
Au début je l’ai fréquenté forcée contrainte, la mine sombre et inquiète. Assise là pendant des heures parfois, j’ai attendu. Encore et encore. Le nez encombré des odeurs spécifiques de là-bas!.
Aujourd’hui encore et régulièrement, je m'y rends.
L’attente est longue parfois, mais je ne m’en fais pas trop. Je ne m’énerve pas. Dans mon sac, patiente un livre, au cas où… Je sais que mon tour viendra. Assise bien droite sur mon siège en plastic orange, je regarde. Je m’attarde d’abord sur les affiches, certaines parlent de voyages, d’autres d’un spectacle à ne pas rater, d’autres encore sont des fiches pédagogiques importantes. Puis mon regard se fixe sur les gens.
Je les regarde aller et venir, hésiter, s’arrêter, se diriger vers le bureau d’accueil, puis venir s’asseoir à mes côtés, ou pas loin.. Je regarde tous ces gens qui attendent parfois longtemps, comme moi. Qui sont pris dans l’engrenage de la patience. J’essaie de capter leurs mots quand ils parlent une autre langue que la mienne. Je les regarde et je pense. Cela me fait du bien de penser. Cela ouvre ma tête, l’aère un peu. Je vois tout plus clairement. Je réfléchis aux choses importantes de la vie, au pourquoi du comment, au comment du pourquoi. C’est fou comme de regarder les autres plongés dans leurs pensées, avec sur les genoux la revue toute fripée qu’ils feuillettent vaguement pour accélérer le temps, ouvre en moi des espaces inconnus de réflexion. Je pense par exemple à la santé : quelle coquine celle-là, un jour ça va, le lendemain, sans crier gare elle te file entre les doigts. Tu n’as rien demandé à personne, et tu te retrouves assise sur ton siège en plastic orange, dans le sous sol d’un grand bâtiment à attendre. Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Je ne me sens pas tellement différente de celle que j’étais avant. Mais si en fait, je me rends bien compte que j’ai franchi une étrange frontière, un point de non retour. Pour un long moment condamnée à la chaise orange. Une chaise qui attend avec moi, m'accompagnant dans mes réflexions, mes rêveries parfois, qui entend mes soupirs, mes ruminations et mes élans de vie..
J’aime observer mes compagnons de chaise. Il y en a des vieux, de très vieux, avec des cannes, en fauteuil roulant. Il y en a aussi des jeunes, et des enfants... à se demander ce qu’ils peuvent bien faire là : on ne connaît jamais le secret des personnes. On peut juste regarder. C’est ce que j’ai fait et encore maintenant depuis tout ce temps. Tout en regardant les autres je réfléchis beaucoup. Je compare aussi. Ça me rassure ou au contraire ça m’effraie. J’ai le cœur qui bat quand je vois des gens arriver avec un bandage occultant l’œil, ou les deux, mon Dieu. Ou ceux qui ont une canne blanche, mon Dieu ! J’ai envie d’aller vers cette dame ou ce monsieur et de poser des questions. J’aimerais bien savoir ce qui leur est arrivé et comment ils font, ça m’aiderait je crois, enfin… je ne sais pas trop, chaque cas est tellement différent ! Je les regarde et il y a comme une larme qui se faufile dans mon cœur, surtout quand je vois un enfant qui… un enfant que…
Attendre ensemble, ça crée parfois des liens étranges, en tout cas inattendus, de toutes façons éphémères même si en l’espace d’une heure seulement, ils ont été intenses… J’aime ça : la vie nous amène là, par hasard, dans cet endroit tapissé de sièges oranges (il paraît que l’orange ça met de la gaieté dans le cœur… c’est important quand l’endroit se trouve au sous sol sans fenêtre…) et parfois on parle, on SE parle de tout, de rien, on se sourit, on s’apprivoise. Il arrive qu’on se partage des choses importantes, parfois même capitales. De vraies leçons de vie, bien plus belles et profondes que ce qu’on peut lire dans les livres de développement personnel. Des leçons concrètes. Des mots qui sonnent juste, simple. Au sous sol de ce grand bâtiment, ce qu’on se partage, c’est douloureux, et pourtant ce n’est pas douloureux. C’est vivifiant. Car tout ce monde fait un chemin, un chemin inattendu, souvent refusé de toutes les forces au début de l’aventure, puis étonnement et très souvent, il se passe quelque chose qu’on apprend tous dans cette salle aux chaises en plastic orange. Nous apprenons tous à vivre en quelque sorte. À accepter, à se reconstruire, à soigner cette part de soi blessée à l’improviste.
Oui, la salle d’attente au –1 C des cliniques Saint Luc, c’est un de mes lieux de vie, mon lieu de ressourcement…
Les salles d'attente sont des îles, notre courage peut nous y faire découvrir des trésors. Lieux de sagesse, à apprendre toujours, espaces de don-échange, quand on en a l'audace. Un film en train de se tourner: et je décide d'en modifier le scénario. Souvent, des dialogues à la Godard, ou les «Marx Brothers». Des tristesses et des fou-rires. C'est vrai qu'il faut se barder d'énergie pour ne pas se laisser aller au silence. En compagnonnage avec toi.
RépondreSupprimerj'aime bcp ta première phrase, Natacha...
Supprimer"Les salles d'attente sont des îles, notre courage peut nous y faire découvrir des trésors."
Oui j'y ai découvert des trésors précieux, des gens formidables/
J'espère que tout va bien pour toi...
" tes compagnons de chaise " c'est tellement bien dit
RépondreSupprimerLes salles d'attente sont des lieux étranges que tu apprivoises peu à peu , chacun y vient avec son histoire , ses peurs , ses espérances
J'admire le personnel d'accueil , les soignants
Depuis quelques semaines , je fréquente aussi une clinique , pour accompagner mon amie à la chimiothérapie
Comme toi , je regarde les gens qui passent d'un couloir à l'autre, visages parfois sereins , ou tourmentés
et l'odeur , omniprésente dans ces lieux là
Orange , couleur chaude , vitaminée
Ton billet est tellement parlant pour ceux qui doivent fréquenter ses maisons spéciales
J'espère que les contrôles et les résultats sont encourageants pour toi , j'aimerais tant ...qu'un jour tu n'aies plus besoin de ses sièges oranges ..
bonjour Jeanne
SupprimerOui tout suit son cours pour moi... mais j'aurai encore à m'asseoir un certain nombre de fois sur ces sièges oranges.
Mais paradoxalement dans le lieu d'attente je me sens bien, c'est un temps pour moi...
Ton texte beau et si vrai dit bien tout ce qui se passe dans ces endroits que nous préférerions ne pas trop fréquenter. Oser regarder, sortir de soi, parler, partager, rend alors ces moments tellement plus supportables ou en tout cas humains.
RépondreSupprimerMais souvent je préfère plonger dans le journal ou dans un bouquin pour m'en abstraire et supporter l'attente. Bonne soirée, Coumarine.
Je préfère quant à moi observer les gens, parfois les aborder, ils ont tellement à m'apprendre...
SupprimerBonne journée Tania
:) Voilà 15 ans que je suis aux services des "jeunes". Je croyais que là était ma seule vocation.. Puis j'ai vieilli, un déclic récent de maturité.
RépondreSupprimerJ'ai commencé une formation dans le médico-social, et vais bientôt faire un stage de 6 semaines au sein d'un comité départemental de santé, pour travailler sur les projets mis et à mettre en oeuvre dans la région en termes d'accueil médical, entre autres :)
Tout çà pour te dire qu'il m'est fort agréable de m'orienter vers des lieux oranges pour aider au mieux ceux qui, un temps, se sentent vulnérables.
Et j'ai cette intime conviction que je vais apprendre d'eux, plus que tout ..
Ce billet a une résonance pour moi. Ma mère, atteinte de dégénérescence maculaire, de glaucome et cataracte, se fait opérer demain, d'abord un oeil, puis l'autre la semaine d'après, en espérant stabiliser ce qu'elle perd. mais rien n'est sûr, tu le sais trop bien..
Mon coeur est au fond de son regard ce soir..
ta maman se fait opérer "demain"
SupprimerMais c'est aujourd'hui ça!
Alors je pense à elle par sa fille interposée... que tout aille pour le mieux, courge pour elle, courage pour toi!
elle vient de rentrer à l'hopital. Triste moment car mon oncle adoré de 60 ans est décédé hier d'un arrêt cardiaque. Outre la peine, je crains que ma mère ait été fragilisée en pleurant avec sa soeur hier.. Vivement ce soir pour avoir des nouvelles..
SupprimerLa vie continue, un peu plus triste comme à chaque perte.. Mais je vais accueillir mon fils adoré pour le week end, c'est ce qui compte..
Bon week end à toi :)
Je n'ai pas d'autres mots pour toi, je t'envoie juste mes pensées les plus positives
SupprimerJe pense à ta chère maman en ce moment...
J'espère que tu passeras malgré tout un bon week-end
elle a reculé l'opération, elle est trop triste et va rejoindre sa soeur ce week end.
SupprimerComme tu dis, j'accueille ce week end dans le présent, avec mon fils et mes deux chats, bien au chaud chez moi. Pour l'heure, la vie m'est cadeau :) bon week end à toi et merci d'échanger avec moi :)
Ma chère Coumarine. Dans un de tes coms, chez moi, tu as fait allusion à tes problèmes de santé et là ce billet que j'ai lu et relu m'entraîne à lire ton blog depuis ce jour d'août 2011 où tu as vécu une si difficile épreuve. Tu es là dans cette salle orange si attentive aux autres, si vivante dans tes ressentis. Tu nous fais vivre cette attente avec tant de réalisme que j'ai l'impression d'être là, assise à tes côtés, tous près de tes "compagnons de chaise". Cette fraternité de la maladie, de l'acceptation, de la reconstruction,de la réparation fait ressortir l'extraordinaire capacité de l'être humain à se régénérer, à laisser éclater sa force de vie. Ma chère Coumarine, je t'envoie à travers ces kilomètres qui nous séparent mes ondes iodées si positives et si fraternelles.
RépondreSupprimerOui Malou, beaucoup de personnes prises dans l'engrenage de la maladie témoignent de cette extraordinaire capacité de l'être humain de se régénérer
SupprimerTu me fais un très grand plaisir en me disant que mes mots ici sont réaliste et te conduisent à côté de moi, dans ces moments d'attente... tu sais combien j'aime écrire et c'est là pour moi un beau compliment!!
Oh! Que ce billet me parle et me rappelle une période difficile de ma vie.... et reviennent à ma mémoire ces moments d'attente et d'empathie avec les autres patients ! Sais-tu que maintenant, douze ans après, je ferme les yeux et revois encore précisément certains patients, certaines têtes, certaines souffrances aux attentes de scanners, d'IRM... et je me souviens que le confort des chaises oranges, sûrement suffisant pour les "bien portants" qui venaient en consultation, ne suffisait pas aux malades dont j'étais : je cherchais vainement des fauteuils plus confortables, plus adaptés à la fièvre et à la maladie....
RépondreSupprimerQue de souvenirs réapparaissent suite à ton billet... Merci Coumarine !
Peut être Avalon B le lira t elle .....
Oui suze, Avalon a lu mon billet elle l'a même commenté ;-))
SupprimerC'est vrai que ces sièges n'ont rien de confortable... je me souviens de ceux que la salle d'attente des urgences... ils n'étaient pas oranges, ceux là mais gris, comme la détresse qui envahit tous ceux qui attendent là!
Ce texte est si touchant. Je me sentais assise là à tes côtés à regarder et à ressentir les êtres.
RépondreSupprimerC'est remarquable comment le côté humain envahit ces salles d'attente. On y sent la vulnérabilité mais aussi la force.
Et se retrouver dans un lit d'hôpital au sortir d'une opération là le besoin d'amour prend une importance
capitale. Je me sentais dans les "vap" et l'arrivée de trois de mes soeurs m'a ramené instantanément à la vie. L'amour que je ressentais m'a rempli d'une reconnaissance si grande envers la vie, envers elles aussi.
Oui il y a eu de la souffrance et il y a eu aussi de belles choses à découvrir, à ressentir.
C'est sûr, je ne veux attendre une autre maladie pour goûter ma vie je veux y goûter chaque jour mais la maladie apporte une intensité intérieure qui me rassure.
J'aime beaucoup ta façon de dire Coumarine. Maty
C'est exactement ça Maty, un étrange condensé de souffrance physique et morale, et tout ce qu'on découvre dans la profondeur de son être et dans le contact -vrai- avec les autres
SupprimerJ'aime beaucoup "dire" Maty et suis ravie quand on me dit qu'on aime ma façon d'écrire. Merci!
La salle de patience, car parfois l'attente est si longue...
RépondreSupprimerUn bien beau texte que tu nous offres là.
merci mab...
SupprimerMoi aussi j'aime observer les gens dans les salles d'attente.
RépondreSupprimerJ'aime ce texte. J'aime la façon dont tu peux voir le positif dans quelque chose qui n'est à l'origine pas très gai. Une belle leçon de bonheur...
Je veille chère val, à rester heureuse dans toutes les difficultés de la vie, de ma vie
SupprimerEt tu n'imagines pas le bien que ça fait de lire des blogs comme le tien, et quelques autres. Ou quoi qu'il arrive, le positif est mis en avant. Toujours.
SupprimerC'est la plus belle des philosophies.
Pour moi, mon nouveau lieu de vie, celui où je vais devoir m'asseoir 25 fois jusqu'en mars, c'est depuis hier le sous-sol de La Theuillerie... 2 h d'attente sur une banquette vert d'eau, avec quelques femmes comme moi, sur liste d'attente de l'"Unique", c'est le nom de la machine à photons...
RépondreSupprimerJ'en ai attendu des heures dans l'autre sous-sol à l'IGR, j'y ai fait des rencontres formidables qui m'ont aidée à supporter l'attente aussi des chimios...
Je t'invite à lire le billet du 27 décembre, sur mon autre blog, celui que peu connaissent, car il est dédié à celles qui savent ce que c'est qu'attendre...
http://demauxenmots.canalblog.com/
Je t'embrasse, Coumarine
Je suis allée te lire, chère Cathy... et si tu savais comme je me retrouve, dans pas mal de tes ressentis
SupprimerJe te souhaite tout le courage qu'il te faudra pour ces 25 traversées sur l'Unique (ça alors quel nom!!)
Je t'embrasse aussi, Cathy
Les salles d'attente des hôpitaux. Je ne connais que trop. Je n'ai connu que trop devrais-je dire. Les urgences pédiatriques... trop long. Trop long. Quand le médecin va-t'il enfin s'occuper de mon enfant.
RépondreSupprimerEt les autres, celle où l'on attend une consultation. Quand le médecin qui va consulter mon bébé, me rassurer va-t'il arriver ?
Une seule fois, les urgences pour moi. Urgence gynécologique.. mais à la maternité. J'avais téléphoné avant. On m'avait dit "Si vous avez trop mal, venez". Oh que oui j'avais mal. Impossible de conduire jusque là. Merci ma soeur. Et là encore une trop longue attente,allongée recroquevillée sur deux chaises. Les mamans en train de mettre un monde un enfant sont prioritaires.
Coumarine, je t'admire de cette philosophie de la salle d'attente. Je hais les salles d'attente... où il faut attendre alors que le corps est si intolérablement souffrant, et l'âme si inexorablement inquiète
Chère Suzame, je crois en effet que c'est différent quand on attend "pour soi" et quand on attend avec un enfants malade
SupprimerL'adulte que je suis a appris à faire de ces attentes des moments positifs... tant mieux pour moi!
Mais aller aux urgences avec un enfant malade...le taux de stress est bien différent...bien plus douloureux...bien plus angoissant...
Je t'embrasse
J'ai moi aussi connu cette ambiance de l'attente, mais bien que je l'aie fréquenté une bonne vingtaine de fois, je ne me rappelle plus de la couleur des sièges de la salle d'attente. Ce doit être l'âge, ma vie tourne au gris ;-)
RépondreSupprimercomment tu ne te souviens plus de la couleur de ces sièges?
SupprimerTu sais je fréquente d'autres salles d'attente dans cette clinique, et là les sièges sont uniformément gris.. tiens! je me demande pourquoi?
Très émue par ce billet si personnel et finalement si universel dans ce qu'il révèle : notre besoin de lien social, notre besoin d'être reliés les uns aux autres pour apprendre, construire, partage. ENSEMBLE.
RépondreSupprimerC'est ce qui manque cruellement à notre société. "Moins de biens plus de liens!"
oui c'est très fort le ressenti de ce billet.
je me dis aussi qu'il est bien "dommage" que toujours ce besoin de lien se manifeste le plus et se réalise et s'assouvisse souvent, dans des circonstances "dramatiques" ou douloureuses...
Tu "devrais" oser aller vers ces gens, leur poser des questions.. :) je ne pense pas qu'ils en soient offusqués :)Mais au contraire que ce rapprochement ne peut qu'être bénéfique pour tous! :)
je t'embrasse :)
Mais Julie, entamer une conversation, oui je le fais... pas toujours mais souvent...
SupprimerC'est justement cela que j'aime dans ces moments
Il faut dire que je n'ai plus de douleurs, juste des inquiétudes (minimes) à propos de l'oeil rescapé ;-))
Et bien c'est chouette :) Je ne portait pas de jugement :)
SupprimerJe me reconnais beaucoup dans ce que tu dis de ta façon d'attendre dans les salles d'attentes "médicales"
moi aussi ça m'arrive de parler dans ce genre de lieux parce que souvent il y a une ambiance d'angoisse si palpable que ça me stresse alors je parle et je souris aux autres, ça détend l’atmosphère! :)
Mais ça m'arrive aussi souvent de me taire et de seulement observer :)
Ton texte m'a intéressé, par contraste si je puis dire ainsi.
RépondreSupprimerAyant beaucoup fréquenté le type de lieu que tu indiques, et ceci dès l'âge de 12 ans, je réalise que je suis totalement hermétique aux autres dans ces circonstances.
Probablement que cela remonte aux horreurs que j'ai vu entre 12 et 14 ans, lorsque nous allions au CHR de ma région, quelque peu en groupe et procession (6 ou 10 copains du Centre du rééducation, amenés avec "la camionnette" du Centre, un "tolé" Citroen complètement pourri !!), pour y faire des radios ou d'autres examens.
On attendait des heures dans l'entrée des urgences, qui ressemblaient à l'entrée d'un garage de réparations automobiles !!
On voyait arriver en ambulances des gens ensanglantés, de type algérien, qui venait de se faire agresser par les "bons français" ou qui avait été victime de « ratonnades » contre ces "salauds de bougnoules", telles qu'on en voyait en France au moment de ce qu'il est convenu d'appeler pudiquement « les événements d'Algérie »
Face à ces horreurs qu'on nous mettait sous les yeux (et je te raconte pas les cris et les hurlements…) Je me suis totalement blindé à la souffrance des autres en milieu hospitalier.
Ça me dure toujours.
Lorsque j'ai patienté pour mon opération récente, j'ai vécu cette totale indifférence.
Comme quoi, à chacun son vécu…
SupprimerCe que tu as vécu n'est en effet pas comparable avec ce que j'évoque ici...
Tu t'es blindé... et je comprends si bien qu'un enfant de 12 ans ait pu trouver de cette façon une façon de survivre à ces atrocités
(tiens dans ton livre, tu n'évoques pas du tout ce que tu racontes ici....)
Moi je suis simplement curieuse des autres, c'est une façon de passer le temps, et aussi une façon d'a^tre au calme...
Difficile de faire un commentaire sur ce qu'on n'a pas vécu soi même.
RépondreSupprimerJe voulais juste te dire que c'est un très beau billet plein de sensibilité.
merci Charlotte...
Supprimer(j'ai lu ailleurs que tu avais le cafard avec ta fille partie de la maison...?)
ton texte est très beau, positif et ce, malgré tout ce qui t'est arrivé ! tu as l'art de transformer l'ambiance de ces lieux d'inquiétude en lieu de rencontres, d'observation, de compassion parfois ; s'oublier pour penser aux autres ! quelle abnégation de ta part.
RépondreSupprimerje te l'ai déjà dit, tu es vraiment une belle personne ! tu nous enrichis et nous fais penser autrement, merci.
Je t'embrasse
ohhh loulotte tu me fais là un bien beau compliment...
Supprimermerci!!
Sincèrement, pour le moment, je pense souvent à toi. Je ne suis que banalement dasn l'attente d'une opération du 2ème oeil, et pourtant, les (petits) désagréments (passagers d'ailleurs, du moins je lespère), me font me dire que dans certains cas, ce n'est pas de courage dont les personnes font preuve, mais je le pense, d'héroïsme. Evidemment, on n'a pas le choix, alors, quand je lis ce que tu écris, chapeau. En même temps, être médicalisé, c'est vrai qu'on s'y fait et que même là-dedans, on peut vivre des moments intéressants... Pendant l'attente, je n'arrive à me concentrer sur rien, mais après la visite, souvent, je vais "souffler" à la cafeteria... C'est bizarre, le lien à un hôpital... Parfois, cela devient presque un lien affectif. Je crois qu'on s'en passerait bien, note, mais bon, on n'a pas le choix, alors, tu as raison... Autant miser sur l'humain... Sur la part d'humain. Enfin, je ne sais pas si je me suis bien exprimée, mais j'ai fait de mon mieux o:)
RépondreSupprimerBen oui Pivoine tu t'es très bien exprimée ;-))
SupprimerOui, je me suis attachée à la clinique où je suis suivie depuis un an et demi. Je commence à la connaître bien, je connais pas mal de médecins aussi
Je me sens quasi chez moi ;-))
Et je recherche absolument les moments "intéressants" comme tu les appelles...
Courage... tu seras heureuse quand tu auras été opérée de l'autre oeil... tu sais déjà comment ça se passe maintenant, tu sais que il n'y a pas de quoi stresser...
J'aime beaucoup ton billet, même si je n'aime pas me retrouver dans ce sous-sol. La prochaine fois que j'irai, je penserai à ton billet, à ton lieu de ressourcement !
RépondreSupprimerBelle fin de semaine, Coumarine !
Merci Naline... à bientôt;-))
SupprimerJ'aime aussi ton billet pour ce qu'il fait passer de leçon.
RépondreSupprimerune leçon de vie, alors, ça je veux bien;-))
SupprimerComme j'aime ton article
RépondreSupprimerFaire de ses salles d'attente où l'on est obligé de se rendre périodiquement, en faire des lieux de ressourcement, quelle bonne idée ! Et l'attente paraît tout de suite moins longue et en plus elle est enrichissante
en fait j'ai au fil du temps,de plus en plus besoin de ce moment d'attente, et donc je ne cherche pas à le rendre moins long... je suis presque déçue qd je suis reçue tout de suite;-))
SupprimerEh bien , si ce n'est pas de la positivité, ça, je ne m'appelle plus Célestine...une magnifique façon de retourner les choses pour en tirer de l'énergie, en faisant de ce lieu froid et désincarnée le petit théâtre de ta rédemption progressive.
RépondreSupprimerJe t'♥
ah! Célestine, comme tu dis bien les choses...
SupprimerComment fais-tu ces petits coeurs qui viennent ponctuer tes commentaires?
♥♥♥
Supprimertout simple: ALT+3
ouiiiiiii j'ai vu ton message, Célestine
SupprimerMAIS;;; j'y arrive pas
Tu as sans doute un Mac?
ou alors je suis bouchée de chez bouchée; c'est peut-être ça!!!
bises à toi
il y a même des salles d'attentes comme des sous-marins
RépondreSupprimeren plongée continue
pas de lumière naturelle, de brefs messages codés et qui tournent en rond par hauts-parleurs
pas de public
parfois un professionnel, toujours en uniforme (avec, il est une certaine variété dans les couleurs, les coupes et les tissus)
peu d'aller si peu retours
toujours un livre, un fort volume sans être pour autant pessimiste
l'une ou l'autre horloge doivent s'ennuyer mais il faudrait lever la tête pour les regarder dans les yeux
aucune odeur non plus
en résumé : pas un chat, ni un enfant (ouf sauf cata), ni un soupirail
Absent tant de temps de la blogo... ainsi tu te trouvais en plongée continue dans un sous-marin sans lumière...
SupprimerJe m'en doutais bien sûr et j'attendais de tes nouvelles
Les horloges chez toi, omni présentes... j'en ai vu encore une sur un de tes récents billets: j'allais te demander de pouvoir "l'emprunter"...
Toi aussi, Coumarine, tu dis très bien les choses et tu les vois d'une façon originale et positive que je t'envie un peu, car, pour avoir également beaucoup fréquenté les hôpitaux ces derniers mois, j'y ai surtout ressenti la solitude de tous ceux que leurs faiblesse jettent là sans crier gare. On est toujours seul quand on souffre, surtout, me semble-t-il, à l'hôpital et ce, malgré la compétence et la gentillesse des infirmières, l'efficacité des médecins. C'est le système qui veut ça : des soins performants, mais un patient (si bien nommé !) chasse l'autre et la sophistication des techniques n'aide pas à humaniser la relation. J'en ai d'ailleurs fait une série de photos que tu as sans doute vues sur mon profil FB. Je t'embrasse, chère Coumarine !
RépondreSupprimerPS. Le petits coeurs : tu tapes < et directement après 3, cela fait <3
Bon, ben, c'est raté : pas de petit coeur. Sur FB, en tout cas, c'est comme ça. Ici, je ne sais pas :-)
Supprimeroups j'arrive pas non plus à mettre ces petits coeurs...Peut-être est-ce dû au PC? on verra!
SupprimerOui chère Mamilouve, je me souviens de la série de photos que tu as faites sur ces lieux d’attente, que tu as bcp fréquentés ces derniers temps!
Je t'embrasse aussi
J'ai la larme à l'oeil là maintenant. Pourquoi exactement, je ne sais pas trop. Il ne s'agit pas de tristesse, pas du tout. Plutôt de la chaleur humaine qui me touche d'une façon que je ne peux décrire. Moi lorsque je vais à la clinique, je me trouve quand même chanceuse comparativement à d'autres qui sont si souffrants et si désespérés. J'ai un traitement, d'autres n'en ont pas, y'a rien pour les soulager. Ça c'est difficile à voir.
RépondreSupprimerah! kéa... c'est bizarre, je pense souvent à toi...
Supprimeret je partage tout à fait ce que tu dis:
- j'ai un traitement qui contrôle parfaitement la maladie!
- ce dont je souffre n'est pas comparable avec ce que souffrent d'autres...oui je dis comme toi:je suis chanceuse!!!
Oups ! j'ai oublié de signer ci-haut.
RépondreSupprimerkéa
tu as eu raison de revenir, j'aime savoir que c'est toi ;-))
SupprimerLes blessures, la souffrance, les "sales" coups du sort rapprochent et créent des liens. Je me rappelle lorsque j'allais voir mon petit-fils à l'hôpital... et je comprends ce que tu veux dire, Coumarine.
RépondreSupprimerJe t'embrasse fort.
merci Françoise, je t'embrasse fort aussi
SupprimerTu as vu, plus haut, je t'ai expliqué pour les cœurs...
RépondreSupprimerBisous printaniers aujourd'hui♥
Quel beau billet! Je fais souvent des salles d'attente un lieu d'apprentissage, j'en profite pour lire ou méditer mais jamais un centre d'épanouissement. Sous ta plume vivante s'allument les lumières de la vie de chacun. Merci
RépondreSupprimer