vendredi 17 avril 2020

Jour 33 quand l'autre dort

Depuis le confinement, nous faisons la sieste mon époux et moi. Chaque jour après le déjeuner, chacun dans un fauteuil du salon, nous nous laissons aller au sommeil. Pendant 30 min en général, c'est plutôt bien programmé! Pas plus sinon on se sent un peu bizarre après, en tous cas moi!

Aujourd'hui je me suis réveillée la première, lui dormait encore dans son fauteuil
Je l'ai regardé, longuement, il me semblait bien présent, et absent à la fois: parti dans son monde auquel je n'avais pas accès. L'impression de ne pas vraiment le connaitre, et pourtant si! Son souffle régulier me rassurait, non il n'était pas mort! Ne riez pas, je pense toujours à cela pendant un court instant, quand je le vois plongé dans le sommeil!

Je le regardais et j'ai senti une bouffée de tendresse pour lui.

Ce n'est pas anodin d'accepter de dormir devant quelqu'un d'autre fût-ce son conjoint! On accepte de se rendre vulnérable, observé par l'autre: qu'est-ce que je pense de lui, de nous, de la vie surtout en ces moments où l'on pourrait se perdre dans le coma? quand je le vois dormir ainsi, abandonné?
Et quand c'est moi qui dors,  m'observe-t-il? si oui, que se dit-il? Ai-je une tête "moche"? A--t-il lui aussi de la tendresse pour moi, quand il m'observe,  si vulnérable?


16 commentaires:

  1. Je suis persuadée que ton conjoint déborde de tendresse quand il te voit endormie et il se dit aussi : "Elle respire, c'est bien, et j'espère encore pour longtemps. Sans ELLE, je suis perdu, oui, foutu !"

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    1. le confinement nous rapproche fort c'est vrai. Pas de violence conjugale à déplorer entre nous (sourire!

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  2. Un beau texte. Rempli d'amour et d'affection.
    Est-ce que tu lui as partagé ce que tu as ressenti ?
    Dormir ensemble est toujours une forme d'abandon.
    (Je n'ai pas ri, moi aussi parfois je guette sa respiration…)

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    1. tiens donc toi aussi!
      et cela se passe toujours avec un petit pincement au coeur: et s'il/elle ne vivait plus?

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  3. C'est ça, l'amour.
    Ce n'est pas que "regarder ensemble dans la même direction".
    C'est aussi se sentir suffisamment confiant pour abandonner toute défense.

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    1. ah ben ça me fait bien plaisir de te revoir ici: tu m'avais je crois déserté, en tout cas je me demandais où tu restais!!!

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  4. On a tellement besoin d'amour et de tendresse durant cette période difficile, encore faut-il arriver à se le dire ?!
    Quand les enfants sont bébé on guette leur respiration et puis ensuite quand on vieillit on guette la respiration de celui qui dort à côté de nous ;) ça m'arrive souvent.

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    1. encore une!
      donc je suis loin d'être la seule!
      Bisous chère Brigou!

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  5. Ton billet me parle. Moi aussi je fais la sieste avec ma femme. Je la regarde parfois dormir. Impression étrange…..Et souvent je pense à la mort !!

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    1. je n'ai jamais autant pensé à la mort que ces jours-ci: on dirait que je me familiarise avec elle!!

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    2. Moi, j'en ai un peu peur !!

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  6. Tendre billet, qui me parle tellement! Mon homme entravé par sa SEP se voit, lui, diminué. Moi je vois un homme à la fois pareil et autre, même caractère, une empathie tellement élargie! C'est bête à dire, mais je pense que tu peux comprendre, ce côté positif de la maladie. Ce qu'elle amène de profondeur et d'agrandissement de soi.
    En ce qui concerne la sieste, et l'abandon de soi devant l'autre, je te rejoins également. De même que cet amour absolu de tendresse qu'on éprouve envers celui dont on connaît tout depuis tant d'années, tous les visages, dans la joie le plaisir la douleur le chagrin la colère, cet autre qu'on a parfois voué aux gémonies et pour qui on ressent, devant la confiance de son corps abandonné au sommeil, une "bouffée de tendresse" qui explique tout, toute une vie commune, toutes les complicités, toutes les incompréhensions, tous les obstacles franchis ensemble. Une vie! L'amour.
    ♥♥♥

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    1. merci La Baladine,pour tes commentaires toujours si justes, vrais et tendres à la fois...

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  7. Je pense que nous sommes nombreux, nous les "vieux" couples, à être attentifs au sommeil de l'autre, à le regarder dormir et à déborder de tendresse. Un très joli billet, Coumarine.

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