samedi 2 mars 2019

C'est moi... et ce n'est pas moi !

Je vis.
Je mange, respire, marche, accomplis au jour le jour les gestes ordinaires de ma vie ordinaire.
J'attends le métro, monte dans le métro, marche dans la rue, rencontre l'une ou l'autre personne, anime mes ateliers. Je fais au jour le jour ce que je dois faire.
Je lis, j'écris, je réfléchis sur ma vie, sur ce que je vis, j'écris penchée sur mon cahier, ou bien droite devant mon PC.

Je suis dans ma vie, au jour le jour, complètement immergée dans cette journée.
Je ne me vois pas.
Je suis à l'intérieur de moi. Ma voix, je l'entends dans ma tête. Je sais quand je souris, quand je ris, quand je baille, mais je ne me vois ni rire, ni sourire, ni bailler
Je vais vers l'autre. Je l'embrasse, me serre dans ses bras, prends un enfant sur les genoux. L'autre me regarde. Il me voit. Il voit que je suis bien ou mal coiffée, maquillée ou non, il voit mon dos, il voit mes fesses. Je vois ses yeux qui me regardent et me sourient, étonnés ou taquins, ou indifférents, ou distraits.
Moi, je ne me vois pas. Certainement pas mon dos, encore moins mes fesses. Juste le devant de mon corps quand je baisse la tête. Je me vois de l'intérieur de ma tête...

Soudain, tout change...
Je suis devant mon miroir de la salle de bain (Il est de bonne composition celui-là, par contre celui du coiffeur, il ne m'aime pas, oh non!)
Je vois là une personne. Une femme. D'un certain âge, avec des rides et des sillons. Avec un sourire, et des yeux que l'on dit pétillants.
Je sais bien que c'est moi. Je n'en doute pas une minute.
Impression étrange d'être projetée soudain en dehors de moi, en dehors de mon corps, de mon visage, à m'observer comme je le ferais de n'importe quel vis-à-vis.
C'est moi, c'est bien moi. Pas de doute. Et... ce n'est pas moi...
A l'intérieur je me sens différente de ce que je vois dans le miroir. Celui-ci m'emprisonne dans une image de moi que je ne suis pas sûre de reconnaître. Là je suis cadrée, je ne dépasse pas les limites de ce corps que j'aperçois dans mon reflet
A l'intérieur de moi, au contraire, je me sens parfois si immense, sans frontières, sans frein, je peux partir et vagabonder où bon me semble, sans que nul ne le soupçonne. Je peux partir dans l'infini de mes espaces intérieurs, et je ne m'en prive pas...ou au contraire, me recroqueviller dans un tout petit coin de ma tête lilliputienne toute petite toute petite. Ça dépend des jours. De mon humeur, chagrine ou joyeuse.
Mais tout est possible à l'intérieur de moi.
Le miroir me rappelle à l'ordre de ma taille, quelconque, objective, pas de rêve, pas de fantasmes, la réalité, le concret, le direct, le cerné.
Je suis moi et je suis moi, et ce sont deux personnes différentes


19 commentaires:

  1. Le miroir ne révèle pas tout de nous, comme l'iceberg une partie est cachée et nous appartient .. rien qu'à nous !

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  2. C'est difficile de commenter un tel billet, tant il y aurait à dire.
    En réalité, le « ce n'est pas moi » c'est toujours moi quand même…
    Le moi est une sorte d'organe qui nous permet de sentir la réalité, laquelle est toujours subjective.
    Le sentiment du moi est toujours présent. Sauf que nous n'acceptons pas toujours sa réalité en tant que telle. On clive très vite. On restreint les perceptions qui ne nous plaisent guère. On installe des impressions retranchées. On en survalorise d'autres.
    On se regarde dans la glace et on se sent tellement moche que l'on dit « ce n'est pas moi ». (L'inverse peut être vrai aussi… je suis trop beau/belle sur cette photo : ce n'est pas moi)
    Mais nous n'avons qu'un seul moi qui se présente sous divers « états du moi ».
    Le plus difficile est d'objectiver. Et par rapport à quoi d'ailleurs ?
    Bon, j'arrête de ramener ma fraise…

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  3. Bonjour Coum, juste pour que tu saches que je t'ai lue. Et que comme souvent, je reviendrai lire avant de commenter.
    Bon dimanche à toi ♥

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  4. Il y a l'apparence et ce que nous sommes vraiment. Parfois l'apparence nous permet de nous protéger de notre jardin secret….

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  5. Un billet qui me parle, Coumarine. Certains jours, ou matins, je me regarde dans le miroir, et je me dis : mais qui es-tu, toi ? On se regarde parfois à la va-vite, et puis le jour où l'on se regarde d'un peu plus près, on a du mal à se reconnaître. Cela a ce même effet également lorsqu'on se regarde sur les photos, on a parfois du mal à se reconnaître. Mon frère me disait parfois qu'il ne me reconnaissait pas sur les photos, que ce n'était pas moi, lui qui me connaissait si bien, et dont j'aimais le reflet qu'il me renvoyait. Enfin bref, un sujet qui me parle beaucoup, Coumarine. Merci !
    Je t'embrasse fort.

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  6. Et je rajoute qu'à l'intérieur de moi aussi, je me sens bien au-delà de ce que l'on peut voir de moi, et qu'il y a des horizons immenses et non cadrés, des horizons à perte de vue !
    :-)

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  7. Ce texte est magnifique. C’est une première chose.
    Ensuite, je crois imaginer ce qu’en tu veux dire...
    Ce texte me parle également. Malheureusement.
    Parfois je vis ce que tu décris. Et puis, le plus souvent, je me dis: « on s’en fout! ».

    Hey, Coumarine? Déjà, les autres ne te voient pas comme tu te vois toi: nous sommes nos plus durs juges à ce sujet.
    Et puis, finalement, « on s’en fout » non?
    N’est-on qu’un corps?

    Tu es magnifique Coumarine. Magnifique !

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  8. Valéry Giscard d'Estaing préconisait la suppression des miroirs une fois un certain âge... Moi avec les années je me regarde de plus en plus dans le miroir ! Certains renvoient une image flatteuse , d'autres au contraire se montrent plus cruels. Cela dépend de leur exposition face au soleil ou dos à celui çi.J'ai donc le choix. Les deux me conviennent.Mais le mieux ,c'est d'être dans le noir le soir dans son lit avec tous les rêves possibles...

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  9. Merci de vos commentaires... ils me sont précieux!
    Je ne peux pas vous répondre dans le détail à chacun de vous
    Car j'ai un travail important à terminer, qui me prend du temps et de la concentration
    Je vous en parlerai dans pas longtemps (enfin... si ça vous intéresse!)
    Merci pour votre présence amicale;-)

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  10. Bien sûr que ça nous intéresse! Enfin, moi, OUI!
    Plein de courage, alors! Travaille bien :-)

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    1. merci Ambre
      Je réponds à ton mail dès que je le peux, càd... bientôt!!

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  11. Un sentiment que je connais bien et qui est superbement retranscrit. Très joli texte.

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    1. bonjour Landrynne
      Je te vois écrire sur les suggestions de Mel, et j'aime ce que tu écris
      Merci pour ce commentaire positif qui me fait du bien!

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  12. Dans le miroir, oui, mais est ce qu'il t'arrive aussi de ressentir ceci "Impression étrange d'être projetée soudain en dehors de moi, en dehors de mon corps, de mon visage, à m'observer comme je le ferais de n'importe quel vis-à-vis.", autrement que dans un miroir ?

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    1. Bonsoir Pastelle
      Je comprends bien ce que tu veux dire, mais non je n'éprouve pas ce sentiment de dissociation, ou alors parfois mais rarement au bord du sommeil
      Je suppose que tu dois éprouver cela: peux-tu nous en raconter plus?
      Est-ce un ressenti positif, ou négatif?

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    2. Jusqu'à aujourd'hui, je pensais que tout le monde était pareil, que tout le monde éprouvait cela... Positif ou négatif je ne me suis même pas posé la question tant je pensais que ça faisait partie du lot. Ni l'un ni l'autre en fait, juste amusant parfois. :)
      Tu n'es que la seconde personne à qui je demande. Je vais poursuivre mon enquête. Je te tiendrai au courant. ;)

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  13. Quelle idée de penser qu'un miroir nous dit ce que nous sommes !
    Comme disait je ne sais plus qui "les miroirs feraient mieux de réfléchir avant de nous renvoyer notre image".
    Quoique, ce n'est qu'une image et les images ne sont pas la réalité, c'est bien connu.
    J'aime mieux l'autre, celui qui a écrit "les miroirs nous renvoient nos images telles qu'ils les reçoivent mais ne les reçoivent pas telles qu'elles sont."
    (ce n'est pas verbatim mais l'essentiel y est, ma mémoire me fait parfois défaut...)

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    1. merci Le Gout
      Non! les images ne sont pas la réalité, elles sont souvent MIEUX que la réalité, à condition que nous les laissions parler de nous... dans lee vrai ou dans le faux...
      Qui d'ailleurs peut dire ce qui est vrai et ce qui est faux?

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  14. Je te laisse travailler ...
    Bonne fin de semaine.

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