samedi 14 septembre 2013

petite histoire inutile...

la femme a faim
elle a faim depuis la nuit des temps
elle sait bien le vide que creuse en elle cette faim qu'aucune nourriture ne peut combler

elle a bouffé plus qu'il ne faut... en vain. elle y a gagné des kilos vilains, mais la faim est là, qui guette dans l'ombre, prête à rejaillir en force une fois la digestion terminée
elle a changé de nourriture, a essayé tous les trucs en "isme", pas de chance, la faim déchire son ventre de plus belle

alors elle a bouffé des médicaments, des monceaux de médicaments, des coupe-faim, des coupe-vie, en veux-tu en voilà... elle s'est senti mal, presque mourante
alors elle a cessé de manger pensant que la faim dans sa nudité la mettrait en contact avec... avec quoi au fond?

peine perdue

la femme a faim, elle a faim plus que jamais
alors elle a essayé de nettoyer un peu sa vie, comme une forcenée elle a gratté, brossé... puis à bout de souffle elle a regardé autour d'elle avec plus d'acuité, a respiré les arbres en pleurs de pluie, a marché lentement dans le parc solitaire, a regardé de tous ses yeux et a vu...

elle a vu la vie à l'envers
elle a aimé, et la faim dans le ventre a commencé à s'apaiser

alors elle a pris dans son sac, un morceau de chocolat noir et s'est régalée
en se léchant les babines...
la femme est entrée dans une ère de grande simplicité

photo Coumarine

32 commentaires:

  1. C'est bien ça : pas manger plus, manger mieux !
    Et le chocolat c'est le summum.
    Bises.

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  2. cette sensation de faim ou plutôt une envie de se remplir pour compenser ce sentiment de vacuité intérieure ! joli texte, très signifiant... Amitiés Coumarine. Heureuse de me retrouver chez toi.

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    1. voilà! cette faim éternelle et infernale
      J'ai écrit ce texte en pensant à qu'un de mon entourage (et à moi aussi en quelque sorte...;-))

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    1. grand merci Bonheur du Jour, de prendre la peine de me l'écrire...

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  4. Chez moi, les histoires se terminent aussi un peu comme ça... par un morceau de chocolat !
    J'aime beaucoup ton billet ! Merci Coumarine !

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    1. Tiens donc Naline, tu es une inconditionnelle de chocolat? de chocolat noir? noir de noir?

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    2. Noir, bien sûr ! Et le plus noir possible :-)

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  5. En lisant la petite histoire inutile (pas inutile du tout)je dirais le passage de l'ombre à la lumière. Maty

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    1. oui Maty, c'est exactement ça, de l'ombre à la lumière, de l'endroit à l'envers...c'est une notion que j'aime bien..

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  6. Le besoin de se remplir sans éprouver réellement de faim.. rien de tel qu'un morceau de chocolat pour l'apaiser.
    Bon dimanche Coumarine.

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    1. cette faim dont je parle est essentiellement l'aspiration vers ... l'infini?le pas cerné en tout cas
      Bonne journée à toi Brigou

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    2. J'avais bien compris comme ça ;)

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  7. Gourmandise de la vie et satiété jamais trouvée
    pas repue, pas revue, pas rompue !

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  8. Tchocoatl, après Popocatépetl

    Dans son évocation mythique
    De ce remarquable Mexique
    Notre bon JMG le Clézio
    A sans doute porté bien haut
    Les valeurs et symboles Aztèques
    Mais a défaut de pastèque
    On ira chercher dans la cabosse
    Tout ce qui ne va pas en carrosse
    Et de cette fève du cacaotier
    On rira comme Parmentier
    Ce ne sera pas du hachis
    Pas plus d’ailleurs que du gâchis
    Car on peut, tout à la fois boisson
    Et sauce, friandise et glaçon
    Confectionner des variétés
    Très complètes, jusqu’à satiété
    Alors si le volcan vomit
    Sa lave brune et dense
    On se frotte déjà la panse
    Pas celle qui est honnie
    On s’agite les barbillons
    En pensant aux poissons
    De la maison Pillon
    C’est presque la pamoison
    Quand vers Bernachon
    Se tournent nos mines de bouchon
    La déglutition s’annonce sévère
    Car ce n’est seulement à revers
    Qu’il faut préparer notre foie
    A ces met, entre tous, de roi
    Car si la grasse gourmandise
    Passe pour un sacré péché
    Le chocolat passe pour une épée
    Qui passe au défaut de friandise
    Dans les mailles de la cuirasse
    Outre ses vertus anti dépressives
    Il enchante le palais et déplace
    Par ses saveurs complexes et lascives
    Les galantes salivaires
    Mettant en émoi tout nos sens
    Par sa subtile essence
    Il trouve avec parfaite aisance
    Le chemin de notre coeur
    Et sert de royale pitance
    La où on ne voyait que beurre
    Et ce cacao nous fait tomber dans le lac
    Du plaisir, du supplice et du vice
    Tant en apparence il semble lisse


    Il cache la noirceur de ses desseins
    Dans des impressions de tablettes
    Et de ces sombre dessins
    Il a toutes les épaulettes
    On a plagié les abdominaux
    La où il n’y a qu’animaux
    Et dans les jolis emballages
    Que nos grand-mères ouvraient
    Crissait le papier d’aluminium
    Mais en même temps se dévoilait
    Ces images qui couvraient les pages
    De ces innombrables albums
    Poulain ou Cémoi
    C’est toujours l’émoi
    Noir délicieux à croquer
    Ou blanc avec du lait
    C’est un trésor de bienfaits
    Il nous fait encore craquer
    Y a-t-il conduite plus addictive
    Que ces manies tendrement affectives
    En pâtes molles à tartiner
    On ne va pas le débiner
    Dans toutes ces barres coupe faim
    Il nous fait aussi du bien
    Faut il qu’européen
    On le coupe de graisse végétale
    Pour que l’amateur soudain
    A toutes jambes détale
    Voila que Paques sonne
    Il n’ y a plus personne
    Pour se souvenir que riche
    En cacao on s’entiche
    D’un mystère ancien
    Qu’on ne connaît pas bien
    Haro sur les baudets
    Qui de Bruxelles ou d’Angleterre
    Vont dénaturer ce produit de la terre
    Qui nous élève au ciel
    Aussi sûrement que pot de miel
    Exigeons que fourré ou confit
    On respecte ce noble produit
    Déjà tant maltraité
    En pilules ou dragées
    Non ce n’est pas l’hallali
    Et juste avant d’aller au lit
    On peut savourer en douceur
    Ce qui fait notre bonheur.

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    1. ça alors Thierry... fameux éloge du chocolat...
      je retiens ton dernier vers, qui m'enchante:
      "Et juste avant d’aller au lit
      On peut savourer en douceur
      Ce qui fait notre bonheur."

      ;-))

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  9. C'est un texte fort Coum'.
    Comme le chocolat noir :-)

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    1. merci Suzame
      tu aimes aussi le chocolat noir, on dirait?

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    2. Non je n'apprécie pas trop le chocolat noir. C'est trop amer.
      J'ai besoin de douceur.

      Mais ton texte lui, je l'apprécie.

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  10. texte magnifique, merci, c'est un billet de force et d'espérance pour aujourd'hui, un peu triste dehors et dedans, et pour tous les jours à venir.

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    1. bienvenue da costa que je ne crois pas connaître encore...
      Oui j'aimerais que ce billet soit compris comme un billet d'espérance

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  11. J'aime beaucoup ta façon de raconter l'histoire de cette femme qui a toujours faim..et qui, un jour, se met à nettoyer sa vie et trouve la bonne nourriture pour elle...J'ai lu aussi tes textes précédents et je suis heureuse pour toi...Ce voyage t'a donné un nouvel élan...Hâte-toi de faire éditer ton nouveau livre...moi j'ai hâte de le lire
    Le même jour, j'ai entendu cette phrase deux fois
    IL FAUT RENONCER AU RENONCEMENT
    Le matin, c'est une amie qui me l'adressait et le soir j'entendais le romancier Yannick Haenel à la télévision et j'ai eu la surprise de l'entendre dire la même phrase, je me suis dit que ce n'était pas un hasard, qu'il fallait que je me la répète souvent et j'ai envie de te la dire aussi
    Bonne soirée coumarine

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    1. "IL FAUT RENONCER AU RENONCEMENT"
      ah! oui! gazou...cette phrase m'atteint fort!
      C'est exactement ce que j'ai besoin d'entendre aujourd’hui
      MERCI

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  12. J'aime la dernière phrase.
    Entrer dans la simplicité est une discipline exigeante et une ascèse du bonheur.

    Cela m'a rappelé un propos de mon maitre à penser :
    "vous n'êtes pas encore assez simplifié..."

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    1. "être simplifié",entrer dans la simplicité...je ne sais pas encore exactement ce que cela signifie pour moi, en ce moment de ma vie
      Je pressens juste que ce serait important

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  13. "vous n'êtes pas encore assez simplifié..."

    J'aime bien cette phrase. Cela me fait penser à une autre. Arnaud Desjardins disait que son maître (j'aime pas ce mot-là... mais... je ne sais pas lequel autre choisir), alors son maître disait : "Poor Arnaud, you're so miserable" alors que lui, Arnaud, se croyait à l'apogée. Éventuellement il a compris ce que ça voulait dire : "pas encore assez simplifié". kéa

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