dimanche 30 septembre 2012

Un feutre à l'encre violette


Là maintenant j’écris dans mon cahier, mon précieux cahier, celui de tous les jours, celui de l’intime, de l’essentiel qui s’applique à recueillir mes premiers mots toujours intimidés.
J'empoigne mon feutre à l’encre violette. Je ne sais pas bien écrire dans une autre couleur. Pourquoi ? Je l’ignore. C’est une couleur douce, elle glisse sur le papier sans effort. Elle accompagne calmement mes brouillons de vie.

Devant moi, mon ordinateur est ouvert. Il patiente. Il attendra, car j’y transcrirai  plus tard les mots de mon cahier, dans deux ou trois jours: les mots que je confie au papier, ont besoin de faire un chemin solitaire. Puis plus tard sur le PC, ils s’ordonneront comme par miracle. Je leur laisserai la bride. Ils font toujours leur propre chemin de liberté, parfois inattendu. A croire que dans un recoin de mon bureau, ils se cachent et attendent que je les déniche pour s'agencer dans mon ordre intérieur. Souvent je lève la tête, quittant l’écran pour regarder sans les voir les objets qui m’entourent. Ils ont tous leur importance. Ils connaissent mes pensées, mes rêves, mes désirs.  J’ai ajouté aujourd’hui les premiers marrons ramassés pas loin de chez moi et qui signent l’automne.

Parfois mon PC rechigne à écrire tel mot que mon cahier avait accueilli sans problème. On dirait qu’il se renfrogne quelque peu puis hop!  voilà qu’il vient compléter et corriger les petits vides.

Mon lieu de vie le plus vital est mon petit bureau. Je suis là chez moi, dans le cocon de mon bien-être. J'y rassemble mes forces encore fragiles pour affronter l’extérieur. C’est là que je lis, que j’écris, que je rêve en regardant par dessus le toit, le ciel si bleu, si calme, du moins en cet instant précis 

lundi 24 septembre 2012

L'audition du docteur Fernando Gasparri

J'aime beaucoup présenter un auteur  devant un public venu pour le découvrir.
Mercredi passé, j'étais chargée d'interviewer ainsi  l'écrivain qui a remporté le prix Emma Martin, décerné  par l'AEB (l'association des écrivains belges).
Après plus d'un an d'absence due à la maladie, j'étais ravie de reprendre contact de cette manière avec l' univers littéraire.

Le lauréat, Giuseppe Santoliquido est un jeune auteur d'origine italienne qui a écrit un court roman, coup de coeur à l'unanimité du jury de l'AEB: "L'audition du docteur Fernando Gasparri".

L'interview m'avait demandé un peu de préparation, à cause de son thème qui plonge dans le Bruxelles de 1932. La crise financière, et la montée du fascisme un peu partout en Europe (avec son corollaire l’antifascisme), particulièrement en Italie avec Mussolini, est le contexte dans lequel se débat le héros du roman. Lui qui "refuse de faire de la politique", qui semble ignorer les mouvements de grève, y sera mené malgré lui, par sympathie pour un jeune couple italien, dont la femme devient sa patiente
L'auteur pose la nécessité (ou pas) de l'engagement social et politique.

Le roman est passionnant et la montée vers le dénouement, inexorable...

Mais pour le présenter correctement, j'ai lu le roman trois fois... ai pris des notes, ai relevé les passages significatifs, ai regardé sur le Net la vidéo de l'auteur interrogé à l'occasion du Prix première RTBF. Je l'ai aussi eu longuement au tél... lui posant déjà un certain nombre de questions...

Ce soir là, ce fut donc comme une discussion amicale. Je ne voulais pas d'un interview classique. Debout tous les deux, face au public, sans notes, nous avons ainsi échangé... je ne savais pas d'avance quelles questions je lui poserais, cela dépendait de ses réponses..
Ce qui semblait de l'improvisation était en fait (en tout cas de ma part) quelque chose de très réfléchi: je connaissais mon sujet, et lui aussi forcément

Ce fut riche et dense... Une fois l'interview commencé, tout trac chez moi disparaît, je suis complètement prise par le sujet, tout s’enchaîne.

Depuis l'auteur a obtenu un autre prix ( le troisième) pour ce même roman, c'est dire sa valeur... si vous avez l'occasion de le lire, ne le ratez pas, il vaut vraiment la peine



samedi 22 septembre 2012

La mort est un nouveau soleil (1)


Est-ce l'âge ou la maladie,  la vie m'apparaît parfois comme une entreprise bien difficile, une lutte perpétuelle, dure et sans merci
Ces guerres sans fin de l'homme contre l'homme me désespèrent...

Je disais à quelqu'un dernièrement, qui me regardait d'un air étonné: je suis prête à mourir.
Oui, je suis prête à mourir et même je n'ai pas (plus) peur de la mort!
Mes enfants désormais pourront se passer de moi, l'essentiel a été fait, je crois
Mon mari aussi pourrait continuer son chemin tout seul...

Bien sûr tout n'est pas encore "en ordre" dans ma vie, j'ai des projets à terminer, des armoires à ranger, des choses à clarifier dans certaines de mes relations
C'est important de clarifier, ce mot revient souvent sous ma plume dans mon journal intime... je le constate avec amusement: CLARIFIER, rendre plus CLAIR (épousseter les yeux opaques de mon âme...)
Clarifier c'est m'avancer vers plus de sérénité, on dit "mourir en paix"
J'aimerais mourir en paix, ayant accompli ce qu'il me faut accomplir
Et là, je n'ai pas terminé encore...

Peut-être vivrai-je encore quelques années, mais j'ai intégré le fait que la mort (MA mort) fait partie de la vie (MA vie), qu'elles s'emmêlent inextricablement, et qu'il est inconscient de vouloir les séparer, de les considérer comme deux entités à part, dont bien sûr et le plus souvent, on fait semblant que la mort ne nous concerne pas.
Je ne sais ni le jour, ni l'heure, mais en quelque sorte je suis prête.
Je le serai davantage quand j'aurai clarifié ce qui reste encore en suspens.
Et d'accepter que la mort fait partie intrinsèquement de la vie, de ne plus craindre d'y penser de peur de l’attirer, de la considérer désormais comme une possibilité pour aujourd'hui même, me permet de vivre l'intensité de chaque instant...

(1) c'est le titre d'un livre du docteur Elisabeth Kubler Ross qui a  côtoyé énormément de mourants

lundi 17 septembre 2012

Le pseudo, petite face cachée de soi...

Mon pseudo Coumarine, je l'ai imaginé sur un coup de coeur.
J'aimais la musicalité du mot, et le mot "marine" m’emmenait dans l'infini des grands espaces. J'étais dans le roulis des vagues qui viennent lécher le sable, dans les embruns des côtes plus sauvages, ou même dans le vent qui parfois coupe le souffle. A la fois tendre et fougueuse, je me sentais Coumarine...
Par après des blogueurs m'ont fait remarquer que la coumarine était de la mort aux rats, donc du... poison! Je suis tombée de haut! Quelle idée de me donner un pseudo qui risquait de me saboter, de jeter le discrédit sur mes mots. Aucune envie de jouer au personnage maléfique...
Il me fallait donc changer de pseudo. Mais cela me dérangeait vraiment : je m'étais mise à l'aimer ma Coumarine.
Puis des recherches sur G*ogle m'ont appris que la coumarine entrait dans la composition de médicaments (1)
J'étais sauvée. Je pouvais être Coumarine sans peur et sans reproches...(2)

(1)La coumarine est un anticoagulant. Qui aurait cru que 7 ans après avoir crée mon blog j'allais devoir prendre mon comprimé  quotidien d'anticoagulant. Ce médicament contribue à me "sauver", c'est amusant. Et donc je tiens plus que jamais à mon pseudo
(2) Ceci est un extrait du livre que j'ai consacré aux blogs: Tout d'un blog, éditions Couleurlivres, 2008, p.21

Si vous le désirez, mettez en guise de commentaire comment vous avez choisi votre pseudo
Y êtes-vous attaché?
En avez-vous changé? Avez-vous plusieurs pseudos, suivant le ou les blogs dont vous êtes l'auteur?
Merci de nous confier un bout de vous-mêmes

mardi 11 septembre 2012

Que sont les blogueurs devenus...

A la recherche d'un billet écrit sur mon premier blog, j'en ai relu quelques uns et surtout les commentaires qui y étaient attachés
Étrange
Je suis toujours Coumarine et j'écris toujours mes petites paroles, depuis huit ans bientôt
Mais les lecteurs ou plutôt les commentateurs ont changé...
... ils ont disparu, sont partis sous d'autres cieux ou ont changé de pseudo
Ce soir j'ai la nostalgie de certains que j'appréciais beaucoup, me demandant ce qu'ils sont devenus
C'est vrai tous les blogueurs le diront, des liens se créent par delà les mots écrits, lus et commentés

Certains parmi les lecteurs autrefois fidèles ont totalement disparu
Bien sûr ils n'ont pas à avertir quand ils décident de ne plus venir, ou de quitter le monde des blogs
Mais en moi ça fait un petit vide quand je pense à certains

Il arrive que d'autres, qui étaient devenus silencieux, je les retrouve à nouveau au hasard d'un commentaire, et c'est comme un petit choc de bonheur qui tilte en moi... je suis heureuse comme quand on retrouve un(e) ami(e) perdu de vue depuis longtemps...

Certains je ne les reverrai jamais hélas et ils me manqueront longtemps encore
Marie-Aude  me reste très présente, et chaque fois que je vois un champ de colza, je suis remuée en pensant à elle, à ses mots toujours si intenses...
photo Marie-Aude

vendredi 7 septembre 2012

Un simple coup de frein dans le métro

Hier dans le métro, beaucoup de monde, je suis debout, je me tiens à une main courante
Il y a de l’appréhension en moi comme chaque fois que je quitte le cocon de ma maison
Il faut dire que je vois parfaitement (enfin, on va dire ça comme ça!) la page du livre que je suis en train de lire
Ainsi que l'écran et les lettres qui s'y affichent. Ça va je me débrouille!
Mais dès que je m’aventure dans le monde extérieur, je suis amputée d'une bonne partie de ma vue. Il me faut faire un immense effort pour rester ancrée dans ce que je devrais et suis sensée voir pour me sentir à l'aise
Cela me demande un très gros effort, qui me laisse anéantie de fatigue,  et découragée.

Pourtant pas d'autre solution que de me frotter à la réalité, de braver de temps en temps ce monde extérieur qui me donne tant de fil à retordre. Je n'ai pas le choix, c'est me condamner à une amputation cruelle de ma vie que de rester dans mon cocon

Hier donc je suis dans le métro, debout et je subis les arrêts brusques d'une conduite hachée et nerveuse
Soudain coup de frein inattendu et je suis projetée contre la paroi. Je sens à l'impact du choc sur l'avant bras,  ma peau qui se déchire...
Oui! ma peau au fil des mois et des médicaments est devenue très fragile. Sans même me cogner, les avant bras et les jambes s'étoilent d'hématomes, parfois aussi larges que des flaques d'eau sur un trottoir!
Bref
Hier donc je suis projetée sur la paroi du métro 
Aie! je pressens la petite catastrophe. Et en effet le sang coule d'un hématome d'un beau bleu foncé instantanément provoqué par le coup
Je m'essuie confusément avec un mouchoir en papier propre
mais je vous dis pas les regards des gens...
Tous ces hématomes que je cache pourtant avec des manches trois quart, feraient penser à...
J'ai vu ça dans le regard des gens. Interrogation suspicieuse...
Peut-être que tant que j'ai ces hématomes géants, tant que je ne verrai pas plus clair, je suis condamnée à rester chez moi? ou juste à m’aventurer au marché pas loin?
Je me prends à rêver au retour des manches longues, des bas foncés...

Hier dans le métro j'ai été à deux doigts de me mettre à pleurer
de rage
de découragement
Une jeune m'a invitée à m'asseoir, merci à elle...

Pourquoi est-ce que je raconte ça ici?
Pour moi. Parce que cela me fait du bien d'en parler. En espérant être comprise. Comprendre que je ne me plains pas, que je n'ai aucun besoin de pitié facile, que je sais très bien que chacun a ses souffrances et que la mienne, après tout n'est que ce qu'elle est.
Mais être comprise, pour pouvoir alors affronter tous ces petits évènements d'une vie parfois difficile

mardi 4 septembre 2012

Vingt ans maximum


Ce billet est né d'une conversation que j'ai eue ce midi avec mon fils, sur une terrasse au soleil...


Vingt ans, c'est l'âge limite!
Les couples aujourd'hui tiennent vingt ans maximum.
Puis besoin incoercible d'aller admirer ailleurs le vert de l'herbe
C'est la crise de la quarantaine: si je le fais pas maintenant je le ferai jamais!
Quoi?
Me réaliser en faisant de nouvelles expériences, en sortant des chemins tracés et monotones

Donc un couple tient grosso modo vingt ans...

Parce que voyez-vous il n'y a plus rien d'enthousiasmant dans l'amour qu'on se porte, plus rien qui surprenne. Où sont la fantaisie et les rires du début, où sont l'insouciance et la légèreté de la vie? Que sont devenus les rêves et les projets?
Il y a les courses qu'il faut faire, envie ou pas envie
Le ménage toujours à recommencer.
Il y a les soucis des enfants, du boulot, du dodo...
Et surtout, surtout, quand on passe aux toilettes après le(la) bien-aimée, il y a le rappel odorant qu'il (elle)appartient bien à l'univers des gens qui mangent et puis qui font caca
Nul n'y échappe
Mais dans une relation nouvelle, on gomme cet aspect des choses, on est un pur esprit, juste pipi, c'est le maximum qu'on s'autorise...
Et les papouilles ne s’embarrassent ni des poubelles qu'il faut sortir tous les lundis, ni des mauvaises herbes qu'il faut arracher, ni des chaussettes, caleçons et autres petites culottes sales, ni haleine chargée au réveil. On ne pète pas, on ne rote pas, non jamais, jamais!
Les papouilles s'échangent dans les resto, avant le grand déballage passionné  et les gémissements à l'avenant

Donc vingt ans!
Et quand on commence à en avoir marre du bassement matériel, quand ni le désir, ni l'amour, ni même l'affection ne semble plus être au RV, alors on va lorgner une herbe plus verte
On s'installe dans cette nouvelle aventure, tout feu tout flamme
Et... que pensez vous qu'il se passe au bout de ... disons cinq ans (peut-être moins)?

Les odeurs aux toilettes sont toujours les mêmes ;-))

 Magritte