dimanche 13 mars 2011

Dans la rivière verte

Quelqu'un au milieu de la rivière verte
Quelqu’un qui patauge.
Qui cherche le chemin, à droite, peut-être à gauche.
Qui trébuche. Qui tombe…
Elle est tombée, de l’autre côté du vert. Immergée, envahie.
Rongée par la vase.
Son ventre gronde
Au secours. Pas de respiration. C’est la fin.

C’est juste quelqu’un au milieu de la rivière verte
Qui a perdu les couleurs de sa vie
Qui cherche et patauge obstinément
Qui cherche son arc-en-ciel
Nue dans la vase, ça fait quoi ?
Jeune et vieille à la fois, dans l’eau qui rumine, ça fait quoi ?
Cela fait quelqu’un au milieu d’une rivière verte. Pas rouge.
Il n’y a pas de sang dans cette histoire
Juste de la vase
C’est peut-être pire
Ankylosée, paralysée, les jambes figées, raidies déjà

Elle n’a plus de voix pour crier des notes de soleil, do ré mi fa sol
Aplatie dans l’eau verte elle hoquète
Juste la présence en elle, forte, insaisissable pour tout dire
Qui frappe et cogne ses espoirs par delà

Une femme qui se questionne ne reste pas immobile
Elle se débat, elle crie
Elle travaille à sa naissance

39 commentaires:

  1. Il y a beaucoup de femmes qui un jour se retrouvent dans cette rivière verte.

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  2. Oui, je la trouve aussi très juste ton image de rivière de vase qui oblige à se débattre...
    tu finis sur une note d'espoir avec cette naissance.

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  3. Hum... drôle de texte...! ça me fout un peu l'angoisse cette histoire de vase, j'aime pas la vase, ça sent mauvais...Dis ça va...? Je me méfie de ce genre de texte, l'air de rien ça parle...
    J'ai posté ma commande ;)) je t'embrasse...

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  4. @les filles ;-))
    Oui, la vase sent mauvais
    oui elle paralyse
    oui il y a de quoi avoir peur

    La vase, c'est le pétrin dans lequel le monde est plongé, vase physique, politique (tant en France qu'en Belgique, la vase de l'âme au sens le plus large
    On se débat... on perd pied (moi du moins des fois)
    On perd espoir
    Et pourtant
    Quelque part je suis SURE, que si on y est attentif, si on reste coute que coute des "espérants", on peut "travailler à notre naissance"

    Julia...merci!

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  5. Ton billet me glace , car cette nuit j'ai rêvé que je tombais dans des sables mouvants,j'ai raconté ce rêve au petit déjeuner, comme pour m'en débarrasser, mais cette image est revenue fugacement toute la journée.Je me débattais, et je perdais pied. Comment expliquer ce sentiment étrange de "connexion" à une force obscure?...j'ai beau me dire que ce n'est qu'une coïncidence, elle est vraiment ahurissante.

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  6. @célestine...il y a parfois en effet de ces coïncidences...

    @mab...je suis plombée par les événements vois-tu...où que l'on se tourne... c'est l'enlisement!
    Je ne peux pas écrire "optimiste" pour le moment.
    désolée;-(

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  7. sortant de la vase
    une petite pousse verte
    ma main mes yeux s'y accrochent
    lueur d'espoir
    une fleur va éclore
    me retenir
    ne pas la quitter des yeux
    l'espoir
    naik

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  8. ohhhhhhhhhh naîk
    MERCI
    c'est beau ce que tu as écrit là
    Cela me correspond, c'est l'espoir dont je n'ai pas pu vraiment parler hier...
    (il me semble que j'ai rencontré déjà ton pseudo... mais je ne sais où: tu sembles ne pas avoir de blog...)
    Merci d'être venu ce matin ici...

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  9. Quelle angoisse, cette vase! En sortir seule, c' est difficile, elle t' agrippe d' en bas! Il faut une main ou une branche...

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  10. "Elle travaille à sa naissance"
    C'est porteur d'espoir

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  11. Travailler à sa naissance, je crois que c'est tout à fait le but de l'alchimie spirituelle, devenir ce que l'on EST. Un beau texte, merci.

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  12. non je n'ai pas de blog.... je vais chez TJ, reveries nocturnes, feuilles, et d'autres que j'ai abandonné car je n'y trouvais pas le petite pousse verte.je telis très regulièrement mais ose rarement écrire, je ne sais pas bien :) naik

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  13. C'est un accouchement qui se prépare mais un accouchement douloureux et difficile...
    Faudrait d'abord l'aider à se dégager de la vase verte de la rivière.
    A t-elle déjà perdu les eaux?
    Faudrait faire appel à une sage femme.

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  14. @Pierrot Bâton...oui il faut de l'aide...la promesse d'une fleur dont parle Naïk

    @NarB... oui je le voulais comme ça!

    @Ariaga... devenir ce que l'on est... c'est un travail qui n'est jamais terminé...merci de ton passage

    @naïk... tu vois, heureusement que tu as osé mettre ton commentaire... il est venu au bon moment...et je t'en remercie!

    @Charlotte... mais oui, c'est un accouchement, et ce n'est pas facile
    Une sage femme, ou de sages personnes pour aider à la vraie naissance... oui, il y en a...

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  15. On ne renaît qu'en ôtant le plus de moisissures possibles, çà, j'en suis sûre, et l'écriture aide drôlement à cette renaissance quand on n'y met aucun garde fou..

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  16. Comme NaÏk je te te lis souvent , même si je n'écris pas . Si ce soir je tapote mon clavier , c'est peut-être parce que tes mots sont gris , tristes , sombres . Ils sentent le découragement , l'essoufflement ... Le monde qui ne tourne pas rond est pesant , c'est vrai, Désespérant même! mais n'oublie pas de regarder ton jardin qui accueille chaque jour un bout de printemps en plus . Quoiqu'il arrive la Vie est forte , très forte :)) Clémentine B.

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  17. @Ella... je suis persuadée de cela... que l'écriture aide à la renaissance...

    @Clémentine B....merci de mettre un petit mot
    Oui je vis des moments pas évidents et donc mes mots sont sombres...
    Oui aussi la Vie est forte...malgré tout...
    (tu n'as pas de blog?)
    vraiment merci d'avoir passé la barrage des commentaires...

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  18. Ce texte me parle tellement. Il décrit ma vie jusqu'à l'âge de 35 ans. Vraiment.
    Et un jour j'ai rencontré un être dont la lampe était allumée. Son plaisir, allumer les lampes qui veulent être allumées.
    J'avais si soif... J'ai tendu mon coeur et ma lampe s'est allumée. Et comme dans les publicités qui font "si cliché", il y a eu dans ma vie avant 35 ans et après. J'ai maintenant 67 ans et je prends grand soin de garder allumé la flamme de ma lampe. Une détermination m'habite, une joie aussi.
    Ton texte, pour moi n'est pas noir il est porteur de grande conscience et d'un grand espoir de lumière. Maty

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  19. Ton texte est très dur, presque olfactif. Mais tu arrives dans le nauséabond de la mort à faire naître un parfum de fleur.
    Tout de même Coum, t'y es allée fort avec ces images de putréfaction...
    Mais j'aime beaucoup que tu aies osé avec talent à parler du combat de la vie.
    Oui, car en fait, c'est un peu ça, la métaphore est certes "dérangeante" mais elle est magnifique de réalité.
    J'espère juste que t'es pas dans la vase...
    Je t'embrasse
    Li

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  20. @Maty... comme quoi, on ne peut jamais savoir l'écho qu'un texte peut avoir chez les lecteurs...
    Je te remercie d'être venue écrire que:
    "Ton texte, pour moi n'est pas noir il est porteur de grande conscience et d'un grand espoir de lumière."
    Et merci surtout pour ton témoignage...

    @Li... c'est drôle parce que si j'ai écrit vase... il me semble n'avoir pas écrit sur la putréfaction,
    Mon intention était plutôt de parler de l'emprisonnement, de l'impuissance dans laquelle on peut se trouver coincé(e)
    parfois même malgré soi!
    Tu as lu le commentaire précédent (de Maty) il est l'exact opposé du tien
    Cela me laisse rêveuse de voir combien on peut "recevoir" un texte de manière si différente
    Bonne journée à toi, Li

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  21. La vase... une odeur de fin du monde... un bruit de lente succion... un contact froid et collant... le dégoût et la peur de se laisser engloutir...
    Et l'énergie du désespoir, celle qui permet d'échapper à l'engloutissement nauséabond à condition de le vouloir vraiment...

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  22. @liaht oui, nous vivons tous ça à certains moments "la peur de se laisser engloutir"
    Résister, à condition de le vouloir, vraiment, oh! oui!

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  23. Je vous dis au revoir pour une période indéterminée ! Portez vous bien

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  24. expérience du bourbier, du marasme... se laisser engloutir mais par quoi ? je me demande si c'est pas un effet de notre pensée, de notre mental qui crée les eaux glauques de notre propre noyade ??? quelques fois je me demande. Je t'embrasse.

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  25. @thierry, prends soin de toi...à bientôt!

    @Miss K... "les eaux glauques de notre propre noyade"... c'est sûr que bcp de choses se passent dans notre mental, on peut "regarder" les choses autrement finalement, sous un autre angle...
    Je t'embrasse aussi

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  26. Ton texte me parle vraiment beaucoup.

    Moi, avec les huit années terribles que j'avais passées, et dont tu sais ce qu'elles ont été, j'empreintais la métaphore du torrent, terrible torrent, pour être précise.
    Mais j'avais, au dessus de ma tête, une branche bien solide, à laquelle m'attacher, et à laquelle je me cramponnais, comme une malade. L'accouchement, effectivement, fût long. Mais la renaissance, elle, fût proportionnelle, alors, ça valait bigrement la peine.

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  27. Ce qui me frappe, c'est sa terrible solitude…
    Elle se débat toute seule.
    Elle n'appelle personne.
    Elle ne crie pas « au secours »…

    Elle est pourtant en grand danger !

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  28. Aaaaaahhhhhhhhhh... la rivière verte! Toujours présente à mon esprit, toujours...
    Bises à toi, Nicole!

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  29. @Françoise Salpi... tant mieux pour toi si tu avais une branche solide à laquelle t'accrocher pour ne pas sombrer ;-))

    @Alain... elle ne pense pas à appeler au secours c'est vrai... pourquoi? je ne sais pas. Peut-être est-elles habituée à devoir se débrouiller toute seule?

    @Sabine.... ;-))
    euh, je suis Coumarine ici.....;-))

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  30. Pour moi c'est l'histoire du Japon que j'ai lue dans ton histoire. Et nous sommes tous, toutes, écrasés par l'ampleur de cette catastrophe. Comment être léger, en ce moment ?

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  31. La Femme est certainement habituée à se débrouiller toute seule.

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  32. @Pastelle...oui il y avait de ça, bien sûr, le Japon et ses drames sont très présents en moi.

    @Suzame...je crois en effet que ce doit être quelque chose de cet ordre-là

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  33. si tu parlais du Japon, alors cela n'a rien à voir avec une manière de penser ou un état d'esprit : c'est une réalité et on ne la changera pas en changeant notre façon de voir, ce serait un déni... dans ce cas mon com était idiot...

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  34. @Miss K...mon texte est écrit dans la métaphore. J'avais juste devant les yeux une photo de Nan Goldin, (une femme dans une rivière verte) à l'origine d'un texte d'Olivier Cadot, tu connais?)
    Je me suis laissée écrire à partir de cette photo, j'ai laissé venir ce qui venait
    Sans savoir moi-même où j'allais, rien de contôlé, écriture à l'instinct
    Alors c'est sûr que le lecteur un peu décontenancé (ou pas...) lit un texte de ce genre avec sa propre sensibilité... et chaque lecteur a la sienne, donc interprète le texte différemment
    Mais tu sais tout ça aussi bien que moi
    Donc ton commentaire n'a rien d'idiot... ilm'a interpelée, je me suis posée des questions à partir de lui, pas sûre de bien le comprendre...
    J'aime quant à moi lire des commentaires qui mènent la réflexion plus loin, comme le tien et la plupart de ceux que j'ai la chance de lire ici
    Merci d'être revenue

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  35. Il y a si longtemps que je ne suis pas venue! c'est terrible et beau,

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  36. @Marie-Madeleine... oui à la fois terrible, mais à la fois beau...
    quel paradoxe!!

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  37. Coum, je parlais de putréfaction végétale, où les plantes se meurent en se mélangeant entre elles formant une sorte de colle dans laquelle on s'englue.
    J'ai bien compris la fleur qui piuvait en naître et s'en dortir, s'élever de toutes ses forces.

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  38. @Li... ce mot "putréfaction" m'a sauté à la figure! Il m'a fait peur...terriblement!
    En fait, ce texte me fait peur...
    Si tu savais la violence qu'il y a en moi...

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