mercredi 6 octobre 2010

Variation sur un conte



Il était une fois une jolie petite fille, sa mère en était folle, et sa grand-mère plus folle encore. Un jour, sa mère, ayant fait des galettes, lui dit :
« Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. » Et la petite fille partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui habitait dans un autre village….

La petite fille parcourut des champs immenses, entra dans des forêts impénétrables, cueillit au passage mille et un coquelicots pour incendier son courage, et après des mois et des années d’errance, arriva enfin devant la maison de sa grand mère.
Elle entra avec précaution: elle avait la clé de cette maison dans la poche la plus profonde de son cœur. Mais là sur le lit, l’attendait un spectacle qui lui arracha aussitôt des litres de larmes, car si sa mère-grand était folle de l’enfant qu’elle était encore il y a peu, elle aimait tendrement elle aussi, cette vieille femme qui si souvent l’avait prise sur ses genoux, lui racontant des histoires merveilleuses, comme celle d’un petit prince amoureux d’une fleur. C’était une vraie grand-mère, une grand-mère d’amour…
Mais là, elle était morte depuis longtemps, toute desséchée sur son lit. Elle souriait aux étoiles, elle semblait connaître déjà les secrets de l’insondable et lumineux mystère...

La jeune fille après avoir beaucoup pleuré, se coucha sur le lit de fortune qui se trouvait là, dans un coin de la chambre.. Elle ferma les yeux et s’endormit, brisée par le chagrin, rompue par la fatigue, ses pieds nus ensanglantés par les ronces et les pierres du long chemin qu’elle avait parcouru.
___

Elle dort la jeune fille d’un profond sommeil et elle rêve. Son rêve est celui de l’amante ardente, de la femme charnelle et sensuelle qu’elle est devenue à son insu au bout de toutes ces années d’errance. Elle sourit, elle est heureuse, elle pense au bien-aimé qui achèvera de l’éveiller à elle-même …

Et dans son rêve, elle est déjà femme royale, habillée d’or et de beauté.





N.B. Un grand merci à Clara qui a fait ici une belle note de lecture sur mon livre "Les dessous de tables"

18 commentaires:

  1. Un joli début de conte ou de nouvelles

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  2. C'est normal d'être fatiguée après un long voyage, il n'est pas étonnant d'avoir quelques griffures sur les mollets quand on a enjambé les ronces, c'est naturel de perdre sa grand-mère et de la pleurer, les grands-mères ne sont pas éternelles, il est plus remarquable d'avoir traversé ces épreuves sans avoir rencontré le loup.

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  3. Personne ne nous avait jamais dit que le petit Chaperon avait grandi et était devenue cette Belle au bois dormant... On raconte vraiment des histoires aux enfants! :-)

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  4. @mab... peut-être cette histoire s'achève-t-elle là? sans qu'elle ne rencontre jamais son bien-aimé...?

    @Berthoise... en fait elle a rencontré le loup, et même plusieurs, je crois bien, tout le monde sait que les loups guettent les petites filles qui s'aventurent dans la forêt...mais ce conte-ci, qui se veut positif, passe cela sous silence...;-))

    @Gwenaëlle... bienvenue ici...oui on raconte des histoires, mais pas n'importe quoi finalement: une Belle au bois dormant (selon Klimt je l'ai pas dit), avec son beau sein dénudé (j'en ai pas parlé non plus dans ce blog con-ve-na-ble...)qui rêve qu'elle rencontre celui qui l'éveille à son destin de femme...
    oui allez, c'est sans doute une histoire, mais pas pour enfants, je dirais....

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  5. Un joli conte, pas si innocent que ça, qui fait rêver avant que la réalité ne vienne fracasser les rêves... La vie, quoi !

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  6. J'ai lu, l'été dernier, le livre "Femmes qui courent avec les loups". Tu l'as sans doute lu, Coumarine ?
    Ton conte m'y fait penser, car il est dit dans ce livre que tous les contes ont une signification, entre autres l'histoire du petit chaperon rouge.
    Ton petit chaperon rouge à toi a sûrement son histoire, mais nous n'en saurons pas plus...
    Belle fin de journée à toi, Coumarine.

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  7. Merci pour cette variation qui me semble décrire un parcours initiatique. ET c'est tellement bien écrit qu'on peut le lire comme une simple histoire nostalgique ...

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  8. Ariaga...c'est en effet un parcours initiatique, avec entremêlé l'histoire d'une mère qui envoie sa fille dans une situation où elle va rencontrer le loup. L'histoire complète que j'avais écrite était bcp plus "hard"... mais voilà, je me suis autocensurée.;-))

    OUI Françoise... ce livre est mon livre de chevet... j'en ai parlé sur mon blog au moins deux fois...Annick si tu passes par ici... elle le sait bien!
    Je l'ai invitée à le lire...

    @liaht, ce n'est pas une "gentille histoire"... non!

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  9. Un beau clin d'oeil à Klimt !
    Belle soirée, Coumarine !

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  10. j'aime beaucoup la deuxième partie...
    Qui dit bien ce qu'il en est de l'éveil complémentaire de l'homme par la femme et de la femme par l'homme...
    (Même si, évidemment, tu t'es positionnée du côté de ton sexe...)

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  11. @Naline... oui, cette peinture de Gustav Klimt m'a inspirée

    @Alain... oui j'ai essayé de faire passer cela dans le songe de la jeune fille qui devient femme, dans sa peine capacité d'être femme ardente

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  12. Un tableau de Klimt pour parler du petit chaperon Rouge qui va voir sa grand-mère ?
    Et pourtant c'est tout à fait ça..J'espère qu'elle n'a pas rencontré que des loups ?

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  13. Je passe Coumarine.
    Je passe tous les jours.
    Je lis.
    Je suis là.

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  14. @gazou... il y a le bien-aimé aussi, qui l'éveille à elle-même, dans son âme et dans son corps...

    @Annick... suis contente alors...;-))

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  15. Je ne sais pas, j'oscille entre deux phrases qui ont bercé mon enfance : "tire la chevilette, la bobinette cherra" et "Ca sent la chair fraîche ici". Un peu effrayant tout ça, surtout avec les lunettes de l'adulte qui vit dans le réel et non l'imaginaire (enfin, pas toujours). J'espère que son rêve se concrétisera et que le prince charmant pansera ses plaies de toute la douceur de son amour.

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  16. @Delphine...ce conte, on se le demande est-il bien destiné aux enfants? On peut se poser la question...

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  17. oh ma Coum quelle jolie adaptation, certes un peu morbide, du conte de notre enfance. C'est toi, cette jeune femme sensuelle, n'est-ce pas? Toi dont les blessures ne sont pas toutes refermées et qui exprime si bien ce que tu ressens.
    désolée de n'être pas plus présente sur les blogamis en ce moment, je passe une période un peu difficile.
    Je t'embrasse
    Célestine

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  18. @Célestine... oui j'ai lu que tu passes des moments difficiles...
    merci d'être venue ce matin...

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