mercredi 23 juin 2010

Voir la vie en bus ;-)

Depuis début juin, suite à la construction d'une crèche dans notre quartier, la circulation a été complètement déviée: pendant la durée des travaux estimée à un an, les bus sont détournés, grimpant désormais notre petite rue tranquille, paisible, calme, sereine...
Ils proviennent de l'avenue au bas de notre rue, tournent prudemment pour y entrer (notre rue, pompeusement baptisée avenue n'est pas large), puis prennent leur élan, vroum vroum, passent devant chez nous vrouuuum vrouuuum en ébranlant quelque peu la maison, ralentissent à nouveau pas loin au premier carrefour vroumpfffffhiiiiiiiiiiiiiiii, et redémarrent en force pour aller jusqu'en haut vrrrrrrrrrrrroummmmmmm!

De six heures du mat jusque minuit.


Parfait: il faut bien que travaux se fassent, et que riverains de ma rue s'y fassent...
D'ailleurs on a pas le choix, vous pensez bien.

Je me souviens de ma tête quand j'ai lu la circulaire nous mettant au courant: j'avais lu que les travaux, c'était jusque fin 2010. Six mois donc à supporter vaillamment les désagréments du bruit.
La circulaire était écrit en flamand. Je comprends et lis cette langue, mais j'avais mal vu, il fallait lire fin 2011

Je reconnais que j'ai eu un instant de panique: allais-je pouvoir supporter ça pendant un an et demi?
Bon je me dis: cool tu n'as pas le choix.
Ou bien tu le supportes pas bien et tu te rends malade. Or franchement, il y a d'autres motifs pour se rendre malade, celui-ci n'en vaut pas la peine (sauf qu'il s'ajoute à d'autres trucs, mais bon, passons!)

Ou bien tu décides consciemment que puisque c'est comme ça, et bien, ce bruit et ces bus feront partie de ton paysage pendant ces 18 mois.
Point à la ligne.
C'est là ce que j'ai décidé
(mais il fait beau et chaud, les fenêtres sont grandes ouvertes, et les bus qui grimpent me surprennent encore à chaque fois)
Photo Coumarine

dimanche 20 juin 2010

coudre, découdre, écrire




J'ai retrouvé ces notes écrites il y a plusieurs mois lors d'un atelier- test que j'ai suivi: écriture-(dé)couture, mais aussi comme vous le lirez, réflexions sur les ressentis lors de cet atelier étrange...
Bon je retrouve ces notes  en mettant de l'ordre dans mes textes... je les mets ici, à tout hasard
(c'est long pour une fois...;-))

1. Le choix du vêtement

Cette veste à carreaux gris, (veste légère d’été) il y a longtemps que je l’ai.
Dix ans au moins. Elle vient d’un magasin qui n’existe plus et que j’aimais beaucoup.
Je l’ai portée régulièrement pendant 3 ou 4 ans, souvent. Très souvent.
Trop souvent sans doute. Parce que un jour, je l’ai disqualifiée, rangée au fond d’une armoire. Oubliée pendant cinq ans au moins.
Puis il y a deux ans, je la retrouve, elle m’apparaît comme neuve, elle me plait et je la porte à nouveau volontiers.
Je l’aime et je ne l’aime pas. Certes, elle s’assortit parfaitement à mon pantalon gris préféré. Mais elle manque de couleurs. De couleurs vives. Qui donnent de la lumière à mes yeux. Comme s’il me fallait toujours une certaine audace pour sortir de l’ordinaire, du classique. Pourtant le désir est bien présent de me démarquer, d’oser afficher ma singularité…

« Ne te fais pas remarquer ! »
L’injonction sommeille encore au fond de moi. « Arrête de te vanter! »
Du coup je me fais petite (moi qui suis petite de taille déjà !) me tais le plus souvent en « société » et j’écoute, j’écoute beaucoup. Façon de me faire aimer peut-être. Et puis, j’aime écouter. Les autres sont souvent passionnants quand on les prend la peine de les écouter vraiment. 

Donc cette veste je l’aime et je ne l’aime pas.
Raison sans doute pour laquelle je l’ai choisie pour cet atelier-test que j’ai suivi il y a quelques mois. (il fallait apporter un vêtement avec l’objectif de le découdre pour en faire autre chose…et surtout écrire à propos de chaque étape de cette démarche…)
En fait je l’ai prise très vite, sans passer en revue toute ma garde robe, sans accorder beaucoup de temps à un choix réfléchi. J’ai pris le vêtement qui me semblait le plus facile à découdre. J’ai cueilli rapidement un vêtement, pour en avoir vite fini sans trop me prendre la tête et faire ce qu’on me demandait, ne pas arriver les mains vides, pour sauver la face...

En fait j’avais pris deux vêtements faciles à découdre, cette veste dont j’ai parlé, et une blouse chemise achetée et quasi jamais mise : ce qu’on appelle un mauvais achat, coup de cœur d’un instant. Je crois que j’espérais de l’animatrice qu’elle tranche pour moi… Idiot n’est-ce pas, et pourtant là aussi révélateur de qui je suis parfois : ce désir  qu’on décide pour moi, parce que j’ai peur de faire le mauvais choix. Et en même temps cette rage de prendre seule mes décisions importantes
Oh la la, ce petit atelier qui semblait si "ludique" commençait à remuer plein de choses en moi. Je n’étais pas au bout de mes peines…

2. Le défilé
J’ai choisi finalement le vêtement auquel je tenais le plus (pas le mauvais achat) Car je pressentais que sinon j’allais passer à côté de l’expérience proposée. Et en effet!
Devant les autres participantes, nous enfilons le vêtement choisi et nous défilons devant les autres, tout en jetant un coup d’œil sur le grand miroir mis en bonne place pour nous admirer. Ou plutôt pour nous lamenter sur nos défauts et particulièrement sur nos fesses (trop grosses) et nos petits ventres…
Je fais comme les autres et je me retrouve sous les feux des regards, bon exercice de détachement par rapport à l’image de soi qu’on transmet aux autres. N’empêche, je prends soin de rentrer mon  ventre…

Quand A. enfile son jean, des souvenirs lui remontent. Elle se souvient d’un endroit précis, d’un événement précis de ses 17 ans. C’est un souvenir lumineux.
Je l’écoute étonnée et un peu (beaucoup) envieuse : je suis une albinos des souvenirs. Je me souviens très peu de mon passé, à fortiori de mon enfance. Mon livre « L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers » a été une tentative pour faire remonter les choses. Mais comme je parle essentiellement de ma grand-mère et de ma mère jeunes, j'ai réécrit leurs souvenirs que j’ai trouvés, entendus, lus, interprétés.
Donc bouffée d’envie par rapport à A. dont le visage s’éclairait lors de son « défilé » en jeans…Elle se souvenait…et cela lui faisait manifestement plaisir.
Est-ce important d’être en contact avec ses souvenirs ?
Est-ce que j’occulte systématiquement et inconsciemment des souvenirs qui risqueraient de m’être dérangeants ?
Mais je suis une grande fille maintenant, dont le deuxième versant de la vie est déjà bien entamé. On s’en fout des souvenirs dérangeants…je suis parvenue à vivre jusque maintenant, pourquoi je ne continuerais pas comme ça, avec ou sans souvenirs ?


3. On découd le vêtement
(pendant qu’on décousait, on écrivait au fur et à mesure ce qu'on ressentait)

Je commence par les boutons. Il y en a six. D’un seul coup plus de boutons. D’emblée la veste est caduque. Les boutons sont son ornement. Rien d’irréversible cependant. Je peux les recoudre. Mais zut, je déteste recoudre des boutons.
Tiens tant qu’à faire, je pourrais trouver des boutons fantaisie plutôt que ces gris monotones. Des boutons qu’on remarquerait par leur originalité…

Les boutons sont décousus, s’alignent devant moi sur la table. J’ai mal au cœur. C'est du gâchis, que je provoque moi-même!. Je prends un petit bout de chocolat noir. Je le suce. Il me console. 

Maintenant que j’ai commencé, envie d’aller vite. En finir avec cette œuvre de démolition. Zut alors, qu’est-ce qui m’a pris de participer à cet atelier-test de malheur?
J’essaie de me détacher de ce que je fais, de ne pas m’immerger dans mes gestes de « décousage », de rester en dehors, de m’observer en train de découdre, comme si je faisais une activité bizarre du  type d’un jeu un peu étrange, sans conséquence…

Je mets la veste à l’envers pour accéder aux coutures.
Cela me fait penser au titre de mon livre : L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers. Qu’y a-t-il donc à découvrir à l’envers de ma vie ?
Oups ça devient menaçant. L’émotion monte comme une houle, comme une vague. Gare au tsunami.

Je vieillis. Ma vie s’effiloche. Ca fait fouillis. Je tire sur les fils. Facile. C’est facile de défaire un vêtement. Facile de défaire une vie. 

Je me souviens… quand je suis rentrée de voyage de noces, ma mère avait fait ce travail de « décousage » de ma robe de mariée… Elle me l’avait offerte, puis quinze jours après : ma robe en morceaux.  Des bouts de tissus (soigneusement emballés sous  plastique) dont on n’a rien fait…Rien !
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Mais pas devant elle. Rien osé dire… merde alors, cette colère…Mais de quoi elle se mêlait...? 

Il y a là un très long fil que je prends soin de ne pas couper comme s’il s’agissait de ma vie. Doucement, tirer doucement. Ne pas le casser.

Finalement je découds sur l’endroit du vêtement. J’accède plus facilement aux points à découdre… Je suis revenue sur l’endroit…l’enfant est à l’endroit, et la femme ?

Oui, maman cousait. Elle avait une machine. Elle faisait des vêtements. Les siens. Les miens. Elle se débrouillait pas mal, sauf qu’elle n’écoutait pas mes préférences. C’est elle qui savait ! 
Moi qui ne voulais pas ressembler à maman, pendant des années, j’ai confectionné moi-même les vêtements de mes cinq enfants. J’en faisais des compliqués. Eux ils aimaient bien, ils faisaient leur commande, je m’exécutais. Ca m’amusait de créer, d’innover…
Puis j’ai arrêté du jour au lendemain. Fini. Terminé. Il ne faut plus me parler de coudre. D’ailleurs je n’ai plus de machine.

Je sens la résistance gronder en moi : c’est vraiment malin d’abîmer un vêtement auquel je tiens…quand j’écris, au moins c’est constructif, positif, enfin le plus souvent. Les gens aiment mes mots…

Il faut que j’avance plus vite. J'écris trop (ça alors!) Sinon je serai larguée par les autres, en retard, en arrière, en dehors, exclue. 
Souvent de peur d’être exclue, je m’exclus moi-même…

Je pensais faire les choses méthodiquement : une manche, puis l’autre. Mais je suis partie sur des chemins de traverse. Je ne sais plus la couture que je défais. Tout ça fait désordre. Je découds avec une certaine rage, pour aller plus vite, pour en avoir fini.

Ma veste ne ressemble plus à rien. C’est bon à jeter. C’est foutu. Je suis en colère. J’ai beaucoup de difficultés à perdre

J’ai commencé par le côté gauche, pourquoi ?

Résistance des points autour du col. (Ni-col-e. Cou-marine) Je râle. Envie de couper à travers tout , de trancher une bonne fois…De trancher quoi ? Je respire pas bien.
Tout-à-coup miracle « ça » lâche. Grande respiration. Je peux continuer sans saloper tout

Le travail avance plus vite, je deviens experte en démolition programmée.

Il fait beau et chaud. Les autres se sont mises au soleil. Je fuis le soleil. Est-ce que je fuis la vie ? Je suis en dehors du groupe, la seule restée à l’intérieur. Elles bavardent je me tais, je suis avec mes mots qui sortent de moi à profusion. La solitude ne me dérange pas, je la recherche.

La manche droite maintenant. Je suis droitière. Il ne restera rien de moi. C’est ma main droite qui écris, qui assume la vie quotidienne…

J’essaie d’agir comme dans un état second, pour prendre distance de mon énervement
Tant pis pour cette veste. J’irai m’en acheter une autre. Je me ferai ce cadeau

L’objectif de cet atelier est de transformer, de faire autre chose.
Aucune idée de ce que je pourrai faire de ces morceaux. Pas de créativité, suis juste bonne à écrire.
Si je recouds cette veste telle qu’elle était, je recommence le passé tel qu’il était. Je ne me donne aucune chance de changement
Mais le changement m’inquiète. Je préfère souvent rester dans le connu, dans la facilité, m’en tenir à ce que je connais, que je sais qui fonctionne ;

Quand je vois cette veste réduite en ses morceaux, j’ai mal au cœur. 

Regarder vers aujourd’hui. 
C’est décidé : j’irai acheter un nouveau vêtement, je me ferai plaisir gratuitement (enfin, façon de parler…)


vendredi 18 juin 2010

Diabolo, euro et vidéo

Il a douze ans. C'est l'ainé de mes petits fils.
Il est en période d'examens. Alors, libéré dès l'examen terminé, il est venu passer la journée chez nous.
Avec l'objectif de préparer l'examen de lundi (qui est justement le  français, chouette je pouvais lui donner un coup de main!)
Toute une journée à nous deux (à trois avec son grand-père au moment du repas)

On a parlé. On a échangé. Il connait plein de choses, particulièrement dans les domaines dans lesquels il a grandi: la technologie dans toute sa splendeur (IPod, ITeach, et chépatoukoi
Il a des choses à nous apprendre. Il nous en a appris d'ailleurs. Il est vif et intelligent...

Il avait trois ans en 2001 lors de l'introduction de l'euro. Il nous disait ce midi qu'il ne réalisait pas la "valeur" de l'argent belge d'avant l'euro. Ça ne représente rien pour lui. Il ne connait que l'euro...
Voilà qui  nous a semblé bizarre, l'argent belge nous a accompagnés durant tant d'années... Et il fallait faire une véritable gymnastique de l'esprit quand on passait la frontière pour s'adapter à d'autres monnaies...
Encore maintenant, pour les gros montants, nous convertissons en argent belge pour nous faire une opinion du coût de la transaction...

De même pour l'ordi et les portables. Un monde sans ces objets est impensable pour lui...

Je ne parle pas souvent de mes petits enfants... Mais aujourd'hui, d'avoir passé cette journée rien qu'avec lui, et bien, c'était bon. Il revient lundi, de nouveau lui tout seul...je m'en réjouis!
Le voilà, qui s'adonne aux joies du diabolo: vous verrez qu'il est super doué...

Il est musicien aussi  et bien sûr sportif 
C'est un enfant sensible et intelligent (mais peut-on encore dire que c'est un enfant à 12 ans?)
Et vous savez ce qui me fait très plaisir? c'est un lecteur qui dévore... il lit à la vitesse de l'éclair, beaucoup, beaucoup. Et du coup, il a un vocabulaire qui souvent m'épate...


mercredi 16 juin 2010

Ligne d'horizon

Là-bas, très loin, sur la ligne de l'horizon, que tu n'aperçois pas tellement elle est loin et cachée par les prétentions des hommes sérieux, (genre villes, bâtiments, tours), ou celles de la nature (genre montagnes, vallées, collines et forêts...)
Là-bas donc très loin, exactement sur la ligne de l'horizon, tout se confond, tout a soudain la même importance, càd une importance zéro. Ou alors une importance cent pour cent. Dépend du point de vue.
Moi je dirais une importance zéro. miniminiminimini si tu préfères...

Là-bas, plus rien n'est véritablement sérieux, tout a pris une dimension miniature et ludique: la politique (surtout celle de la Belgique), les revendications syndicales, salariales, amicales, verticales, horizontales, triomphales et animales, les défis communautaires, linguistiques, plantureux et désastreux et puis aussi les maladies et les petits inconforts, les trucs et les bazars qui encombrent le quotidien, les objets inutiles, les objets utiles, les maux de dents, les petites fourmis, les gros éléphants, et finalement  moi et moi et moi et encore moi..
Tout tout tout petit(e) sur la ligne de l'horizon...

photo prise sur le Net

Mais juste devant, on peut enfin prendre la peine de contempler le coucher de soleil, les vagues audacieuses ou sereines, la plaine qui tremble et s'incline devant les blés et les coquelicots
Tout ça et encore bien d'autres choses...

Edit 22h51: voici une photo que Damien vient de m'envoyer et que j'aime beaucoup aussi merci Damien



lundi 14 juin 2010

On va parler de cerf-volant..

Je suis la colère qui plane sur les océans, dans les tempêtes et les remous, et se cogne aux orages et aux vents les plus sauvages.

Je suis le hurlement qui gronde dans les profondeurs de la terre et ravage ses territoires. Une force de feu, une force de sang qui gicle. Je suis la lave qui déboule des hauteurs et change en cendre chaque objet périmé.

Je suis le torrent qui dévale trop vite des pistes et craque à chaque tournant, cassant sa fougue dans les plaines immobiles, emportant dans sa force vive tout l'accumulé.
.
Je suis le balai impitoyable de tous les désordres inutiles, qui casse les fenêtres pour laisser s'envoler les mille papiers déchirés. Je suis l'envol de l'inutile, le vent de joie du léger, de l'aéré.

Je suis le cerf-volant coloré de l'été qui parjure les lieux encombrés et moisis.
Et ce cerf-volant s'en va respirer tout là-haut, le ciel bleu et sa liberté

photo trouvée sur le Net


Vous voulez savoir comment est né ce texte?
Il est né d'un "trop plein" ce matin devant le désordre accumulé par un mari que j'aime beaucoup, qui a toutes les qualités, sauf... qu'il garde TOUT, incapable qu'il est de trier, de jeter ou de donner l'inutile.
C'est dans sa nature, il a été éduqué comme ça. Il fait quelques efforts puis replonge dans sa manie de tout garder. Et bien sûr, interdiction pour moi de toucher à ses affaires
Alors moi plutôt que de pester (par ex dans ce blog, autocensure oblige) sur ce mari insupportable (si tu me lis chéri, ou un des enfants, je t'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup, pas s'en faire hein...!), j'essaie de mettre en mots le ressenti (pas le factuel, que je viens pourtant d'expliquer en trois mots cinquante, pardon chéri j'aurais pas dû, ne m'en veux pas steplè) donc je parle uniquement de ce que je ressens devant ce désordre qui s'accumule, lentement mais sûrement au fil des années.
Juste des ressentis, par des mots qui, s'ils parlent de colère, usent pour cela de la métaphore,  pour parler aussi de la légèreté espérée qui me fait penser au cerf-volant.

Croyez-moi ou pas, écrire dans la métaphore allège bien des lourdeurs, et mon sentiment d'impuissance.
Les mots me mènent sur d'autres chemins..., c'est indéniable...

vendredi 11 juin 2010

Une main droite gauche...

Je suis droitière
Ma main gauche est gauche.
Comme celle d'un petit enfant qui ne peut encore manier avec adresse, ni le stylo, ni un outil, ni un couvert, ni... rien du tout!
Ma main gauche est empotée, ne sait pas bien faire les choses.
Toutes ces choses si utiles dans la vie de tous les jours
Pour introduire la clé dans la serrure par exemple, ce n'est pas si évident: il faut tourner à l'envers...enfin, pas comme je suis habituée, dans un geste fluide et naturel.

Que ma main gauche soit si gauche, cela m'énerve un peu. Et même très fort quand ma main droite n'est pas opérationnelle, pour cause de fracture par exemple.
Je l'accuse alors d'être de mauvaise volonté, je la soupçonne de me saboter. Je la presse d'aller plus vite, tandis qu'elle hésite et cherche le bon geste, le geste efficace, qui me satisfera!

Je suis droitière
Si j'étais gauchère, ma main gauche serait loin d'être gauche. Elle serait ma main adroite, tandis que la droite serait ma main gauche, ma main mal-adroite

C'est fou ça... gauche, droite, c'est finalement important, non?

photo prise sur le net


Et pourtant, c'est curieux mes deux mains, la gauche comme la droite sont toutes les deux capables de caresser ou masser quelqu'un que j'aime. Elles sont toutes les deux adroites, attentives
Mes deux mains sont bonnes et douces et chaudes.
Gauche, droite, finalement ça n'a pas d'importance quand il s'agit d'aimer 

mercredi 9 juin 2010

Ma chambre intérieure

Ma chambre intérieure est un lieu de pauvreté.

Oh! parfois je me raconte des histoires, je suis très douée pour cela!
Des histoires dans lesquelles je me prends au sérieux. Très.
Et j'emploie alors des mots compliqués, je fais des sourires élégants, j'ondule des hanches pour avancer parmi les gens, je les regarde au dessus de leur tête, je parle en langage codé...

Mais je sais qu'alors, je quitte ma chambre intérieure, celle où je suis en contact avec moi, la moi "vrai de vrai",  pas celle du miroir, pas celle qui vit à la périphérie d'elle-même. Il me faut juste accepter d'y descendre, loin des artifices, des déguisements, du double langage, de la langue de bois, des moues méprisantes, des silences tronqués.

Ma chambre intérieure est un lieu de pauvreté.
pas une pauvreté-misère
mais une pauvreté-densité
J'y suis complète et sereine, j'y suis vivante


sculpture de Jean Goor

lundi 7 juin 2010

Demain, promis juré

Qu'est-ce qui est le plus important:
tenir une décision?
ou la prendre?

Peut-être que tenir une décision (surtout sur la durée, ou tant qu'elle est d'actualité) n'est difficile que parce qu'on ne l'a pas prise vraiment...?

Par exemple prendre une décision qu'on se soupçonne incapable de tenir... ben on voit ce que ça va donner...!
ou prendre une décision pour le fun, pour épater la galerie, parce que se sent obligé(e)...

Par exemple, pour moi, tout bêtement j'ai pris la décision depuis tout un temps d'aller marcher tous les jours au moins une demi heure!
C'est une bonne décision, bonne pour moi, pour mon corps, pour ma santé mentale. Elle n'est pas irréaliste (sauf quand il pleut trop fort, mais il y a toujours moyen de trouver un moment entre deux nuages), elle est d'actualité (important pour moi qui suis beaucoup assise de bouger mes petites fesses...)

Mais voilà...quand je suis occupée, je veux dire plongée tête et âme dans mon occupation, prise complètement et désireuse de continuer, alors cela m'est très dur de décider de lâcher tout pour remplir mon contrat
Je me trouve de bonnes excuses dont la plus évidente est: pas le temps aujourd'hui, mais demain, demain sans faute, promis, juré! 
Et demain ...oh lala je fais quoi quand je serai plongée dans mes trucs et mes bazars?

Peinture Léo DeWachter