dimanche 20 juin 2010

coudre, découdre, écrire




J'ai retrouvé ces notes écrites il y a plusieurs mois lors d'un atelier- test que j'ai suivi: écriture-(dé)couture, mais aussi comme vous le lirez, réflexions sur les ressentis lors de cet atelier étrange...
Bon je retrouve ces notes  en mettant de l'ordre dans mes textes... je les mets ici, à tout hasard
(c'est long pour une fois...;-))

1. Le choix du vêtement

Cette veste à carreaux gris, (veste légère d’été) il y a longtemps que je l’ai.
Dix ans au moins. Elle vient d’un magasin qui n’existe plus et que j’aimais beaucoup.
Je l’ai portée régulièrement pendant 3 ou 4 ans, souvent. Très souvent.
Trop souvent sans doute. Parce que un jour, je l’ai disqualifiée, rangée au fond d’une armoire. Oubliée pendant cinq ans au moins.
Puis il y a deux ans, je la retrouve, elle m’apparaît comme neuve, elle me plait et je la porte à nouveau volontiers.
Je l’aime et je ne l’aime pas. Certes, elle s’assortit parfaitement à mon pantalon gris préféré. Mais elle manque de couleurs. De couleurs vives. Qui donnent de la lumière à mes yeux. Comme s’il me fallait toujours une certaine audace pour sortir de l’ordinaire, du classique. Pourtant le désir est bien présent de me démarquer, d’oser afficher ma singularité…

« Ne te fais pas remarquer ! »
L’injonction sommeille encore au fond de moi. « Arrête de te vanter! »
Du coup je me fais petite (moi qui suis petite de taille déjà !) me tais le plus souvent en « société » et j’écoute, j’écoute beaucoup. Façon de me faire aimer peut-être. Et puis, j’aime écouter. Les autres sont souvent passionnants quand on les prend la peine de les écouter vraiment. 

Donc cette veste je l’aime et je ne l’aime pas.
Raison sans doute pour laquelle je l’ai choisie pour cet atelier-test que j’ai suivi il y a quelques mois. (il fallait apporter un vêtement avec l’objectif de le découdre pour en faire autre chose…et surtout écrire à propos de chaque étape de cette démarche…)
En fait je l’ai prise très vite, sans passer en revue toute ma garde robe, sans accorder beaucoup de temps à un choix réfléchi. J’ai pris le vêtement qui me semblait le plus facile à découdre. J’ai cueilli rapidement un vêtement, pour en avoir vite fini sans trop me prendre la tête et faire ce qu’on me demandait, ne pas arriver les mains vides, pour sauver la face...

En fait j’avais pris deux vêtements faciles à découdre, cette veste dont j’ai parlé, et une blouse chemise achetée et quasi jamais mise : ce qu’on appelle un mauvais achat, coup de cœur d’un instant. Je crois que j’espérais de l’animatrice qu’elle tranche pour moi… Idiot n’est-ce pas, et pourtant là aussi révélateur de qui je suis parfois : ce désir  qu’on décide pour moi, parce que j’ai peur de faire le mauvais choix. Et en même temps cette rage de prendre seule mes décisions importantes
Oh la la, ce petit atelier qui semblait si "ludique" commençait à remuer plein de choses en moi. Je n’étais pas au bout de mes peines…

2. Le défilé
J’ai choisi finalement le vêtement auquel je tenais le plus (pas le mauvais achat) Car je pressentais que sinon j’allais passer à côté de l’expérience proposée. Et en effet!
Devant les autres participantes, nous enfilons le vêtement choisi et nous défilons devant les autres, tout en jetant un coup d’œil sur le grand miroir mis en bonne place pour nous admirer. Ou plutôt pour nous lamenter sur nos défauts et particulièrement sur nos fesses (trop grosses) et nos petits ventres…
Je fais comme les autres et je me retrouve sous les feux des regards, bon exercice de détachement par rapport à l’image de soi qu’on transmet aux autres. N’empêche, je prends soin de rentrer mon  ventre…

Quand A. enfile son jean, des souvenirs lui remontent. Elle se souvient d’un endroit précis, d’un événement précis de ses 17 ans. C’est un souvenir lumineux.
Je l’écoute étonnée et un peu (beaucoup) envieuse : je suis une albinos des souvenirs. Je me souviens très peu de mon passé, à fortiori de mon enfance. Mon livre « L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers » a été une tentative pour faire remonter les choses. Mais comme je parle essentiellement de ma grand-mère et de ma mère jeunes, j'ai réécrit leurs souvenirs que j’ai trouvés, entendus, lus, interprétés.
Donc bouffée d’envie par rapport à A. dont le visage s’éclairait lors de son « défilé » en jeans…Elle se souvenait…et cela lui faisait manifestement plaisir.
Est-ce important d’être en contact avec ses souvenirs ?
Est-ce que j’occulte systématiquement et inconsciemment des souvenirs qui risqueraient de m’être dérangeants ?
Mais je suis une grande fille maintenant, dont le deuxième versant de la vie est déjà bien entamé. On s’en fout des souvenirs dérangeants…je suis parvenue à vivre jusque maintenant, pourquoi je ne continuerais pas comme ça, avec ou sans souvenirs ?


3. On découd le vêtement
(pendant qu’on décousait, on écrivait au fur et à mesure ce qu'on ressentait)

Je commence par les boutons. Il y en a six. D’un seul coup plus de boutons. D’emblée la veste est caduque. Les boutons sont son ornement. Rien d’irréversible cependant. Je peux les recoudre. Mais zut, je déteste recoudre des boutons.
Tiens tant qu’à faire, je pourrais trouver des boutons fantaisie plutôt que ces gris monotones. Des boutons qu’on remarquerait par leur originalité…

Les boutons sont décousus, s’alignent devant moi sur la table. J’ai mal au cœur. C'est du gâchis, que je provoque moi-même!. Je prends un petit bout de chocolat noir. Je le suce. Il me console. 

Maintenant que j’ai commencé, envie d’aller vite. En finir avec cette œuvre de démolition. Zut alors, qu’est-ce qui m’a pris de participer à cet atelier-test de malheur?
J’essaie de me détacher de ce que je fais, de ne pas m’immerger dans mes gestes de « décousage », de rester en dehors, de m’observer en train de découdre, comme si je faisais une activité bizarre du  type d’un jeu un peu étrange, sans conséquence…

Je mets la veste à l’envers pour accéder aux coutures.
Cela me fait penser au titre de mon livre : L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers. Qu’y a-t-il donc à découvrir à l’envers de ma vie ?
Oups ça devient menaçant. L’émotion monte comme une houle, comme une vague. Gare au tsunami.

Je vieillis. Ma vie s’effiloche. Ca fait fouillis. Je tire sur les fils. Facile. C’est facile de défaire un vêtement. Facile de défaire une vie. 

Je me souviens… quand je suis rentrée de voyage de noces, ma mère avait fait ce travail de « décousage » de ma robe de mariée… Elle me l’avait offerte, puis quinze jours après : ma robe en morceaux.  Des bouts de tissus (soigneusement emballés sous  plastique) dont on n’a rien fait…Rien !
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Mais pas devant elle. Rien osé dire… merde alors, cette colère…Mais de quoi elle se mêlait...? 

Il y a là un très long fil que je prends soin de ne pas couper comme s’il s’agissait de ma vie. Doucement, tirer doucement. Ne pas le casser.

Finalement je découds sur l’endroit du vêtement. J’accède plus facilement aux points à découdre… Je suis revenue sur l’endroit…l’enfant est à l’endroit, et la femme ?

Oui, maman cousait. Elle avait une machine. Elle faisait des vêtements. Les siens. Les miens. Elle se débrouillait pas mal, sauf qu’elle n’écoutait pas mes préférences. C’est elle qui savait ! 
Moi qui ne voulais pas ressembler à maman, pendant des années, j’ai confectionné moi-même les vêtements de mes cinq enfants. J’en faisais des compliqués. Eux ils aimaient bien, ils faisaient leur commande, je m’exécutais. Ca m’amusait de créer, d’innover…
Puis j’ai arrêté du jour au lendemain. Fini. Terminé. Il ne faut plus me parler de coudre. D’ailleurs je n’ai plus de machine.

Je sens la résistance gronder en moi : c’est vraiment malin d’abîmer un vêtement auquel je tiens…quand j’écris, au moins c’est constructif, positif, enfin le plus souvent. Les gens aiment mes mots…

Il faut que j’avance plus vite. J'écris trop (ça alors!) Sinon je serai larguée par les autres, en retard, en arrière, en dehors, exclue. 
Souvent de peur d’être exclue, je m’exclus moi-même…

Je pensais faire les choses méthodiquement : une manche, puis l’autre. Mais je suis partie sur des chemins de traverse. Je ne sais plus la couture que je défais. Tout ça fait désordre. Je découds avec une certaine rage, pour aller plus vite, pour en avoir fini.

Ma veste ne ressemble plus à rien. C’est bon à jeter. C’est foutu. Je suis en colère. J’ai beaucoup de difficultés à perdre

J’ai commencé par le côté gauche, pourquoi ?

Résistance des points autour du col. (Ni-col-e. Cou-marine) Je râle. Envie de couper à travers tout , de trancher une bonne fois…De trancher quoi ? Je respire pas bien.
Tout-à-coup miracle « ça » lâche. Grande respiration. Je peux continuer sans saloper tout

Le travail avance plus vite, je deviens experte en démolition programmée.

Il fait beau et chaud. Les autres se sont mises au soleil. Je fuis le soleil. Est-ce que je fuis la vie ? Je suis en dehors du groupe, la seule restée à l’intérieur. Elles bavardent je me tais, je suis avec mes mots qui sortent de moi à profusion. La solitude ne me dérange pas, je la recherche.

La manche droite maintenant. Je suis droitière. Il ne restera rien de moi. C’est ma main droite qui écris, qui assume la vie quotidienne…

J’essaie d’agir comme dans un état second, pour prendre distance de mon énervement
Tant pis pour cette veste. J’irai m’en acheter une autre. Je me ferai ce cadeau

L’objectif de cet atelier est de transformer, de faire autre chose.
Aucune idée de ce que je pourrai faire de ces morceaux. Pas de créativité, suis juste bonne à écrire.
Si je recouds cette veste telle qu’elle était, je recommence le passé tel qu’il était. Je ne me donne aucune chance de changement
Mais le changement m’inquiète. Je préfère souvent rester dans le connu, dans la facilité, m’en tenir à ce que je connais, que je sais qui fonctionne ;

Quand je vois cette veste réduite en ses morceaux, j’ai mal au cœur. 

Regarder vers aujourd’hui. 
C’est décidé : j’irai acheter un nouveau vêtement, je me ferai plaisir gratuitement (enfin, façon de parler…)


37 commentaires:

  1. Ouh, comme ce billet me parle :-). Je retrouve ce souci majeur, à plus de 50 ans encore, de ne surtout pas me faire remarquer. Préférer les couleurs vives mais ne pas les oser parce qu'à coup sûr, on me remarquera, rester dans les gris, noir, blanc, beige; ne pas me raconter, écouter les autres qui, comme tu le dis, sont passionnants à écouter; préférer qu'on décide pour moi, parce que j'ai peur de faire les mauvais choix (et ça, ça s'aggrave avec l'âge); et puis, et puis, j'avais oublié qu'on portait le même prénom :-)

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  2. Bonsoir
    tellement estomaquée à la lecture de ce billet que je reste sans voix, mais avec un noeud au creux de l'estomac. il faut que je creuse tout cela.
    Une troisième Nicole ( qui déteste son prénom et ne parvient pas à en changer).

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  3. @Myosotis...je ne savais pas que tu te prénommais Nicole..(tu sais que j'ai bcp de peine à "ouvrir" les commentaires chez toi?)

    @Nicole...c'est une billet assez perso... trop je me dis... oups!!
    Je ne déteste pas (plus) mon prénom.Mais je préfère qu'on m'appelle Coumarine ou Coum
    Me sens vraiment bien dans ce pseudo!

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  4. Il est très beau cet article. Très fort. Mais très beau. Très fort et très beau.

    o:)

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  5. Je ne sais trop ce que j'aurais fait... Je pense que j'aurais aimé tout simplement parce que j'ai souvent transformé des vêtements quand j'étais jeune fille. Pour mon plaisir. J'ai même fait un bikini avec une robe... je trouve que c'était un des plus jolis que j'aie jamais eu!

    Maintenant ... j'ai souvent la sensation - pas agréable du tout - de ne pas avoir trouvé "mon" style. Et ça vient d'où? Ma maman! Classique, grande prêtresse du classique, de l'indémodable, du chic et sobre. Moi, bien sûr, je ne voulais surtout pas ressembler à ma mère (que j'accusais, oh fille impitoyable, d'avoir mal mené sa vie. Moi j'allais faire tellement mieux, tralala..)

    Alors j'ai eu tout ce qui crevait l'oeil, en vêtements. Je me promenais en jeans de velours framboise, le nombril à l'air, les yeux charbonneux à la Twiggy, avec un petit pull fait main de points et couleurs différents. J'ai porté des jupes indiennes, des vestes afghannes qui puaient le troupeau de biques, des ceintures de cow-boy, des sabots suédois, des pulls andins, des robes marocaines... tout.

    J'aime toujours les couleurs et l'ethique ... sur les autres. Je suis revenue au classique!!! Ah ah! Moins strict que ma maman, les jeans sont là, et un bijou navajo, je ne dis toujours pas non, mais oui... classique, mesdames, maman avait raison :)

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  6. Je suis fascinée... à la fois par le thème de l'expérience en elle-même et par ton récit des chemins de traverse.
    Je crois que cette histoire de vêtement cousu, décousu, recousu va accompagner ma journée...
    Envie d'en découdre ???!!!

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  7. Quelle expérience enrichissante, jamais je n'aurais eu l'idée de transcrire tout ça et pourtant il s'en passe des choses dans ma tête quand je couds-découds.

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  8. Surprenante expérience que nous donnes à suivre pas à pas. On est à la fois sur la table, avec ta main qui tient les ciseaux et dans ta tête qui guide ta main qui écrit.
    J'ai été très émue par le récit du décousa(pa)ge de ta robe de mariée. je trouve ça très violent pour la jeune mariée.
    La mienne, de robe, confectionnée par ma maman, est toujours rangée au grenier. je n'ai jamais "pu" la ressortir.

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  9. J'ai lu avec passion , jusqu'au bout ce très beau récit , cette allégorie
    Ta robe de mariée , comment ne pas s'effondrer en larmes devant un tel geste , en morceaux , dans un sac ....Mon dieu
    Je suis un peu comme toi , prise entre l'envie de changer , mais de ne pas être trop voyante , de peur d'être jugée
    J'ose la couleur quand même
    Je souris , il y a deux jours , une copine est venue , et je lui ai sorti deux vetements que je ne mettais plus
    elle a tout de suite plein d'idées pour les transformer , coupant sans hésitation , et on riait , c'était drôle à voir
    J'aime ta façon d'analyser les choses , cette histoire que l'on enterre parfois , ces choses dans lesquelles on se sent prisonnières
    Merci , belle mais difficile expérience que tu nous racontes

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  10. Combien de vêtements, dans ma garde robes sont restés tels que je les ai achetés ? Je pourrais les compter sur une main. Il faut savoir que pour trouver un vêtement à ma taille je devrais chercher dans les 14 ou 16 ans. Quand j’avais cet âge-là, j’étais priée d’user les robes portées depuis 1 an ou 2 par ma petite sœur (deux ans plus jeune que moi mais bien plus grande!).
    Lorsque j’ai commencé à m’acheter moi même mes vêtements, ma réaction a été de fuir les rayons pour enfants. La taille du vêtement m’importe peu. Il m’arrive même d’acheter du 46 ou 48. Ce qui m’attire surtout, ce sont les coloris ou le grain du tissu. Bien souvent, avant de quitter la boutique, je vois déjà ce que deviendra la robe ou le pantalon.
    Pour moi un vêtement est bien plus qu’un tissu pour couvrir le corps humain. Que d’émotions et de sentiments représente chacune de ces pièces. Elles ont toutes leur histoire !

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  11. @Pivoine...j'ai vécu l'expérience à fond...je crois d'ailleurs avoir été la seule à conscientiser à ce point ce que je vivais.Pour moi il est clair que c'est parce que j'ai l'expérience du journal intime

    @Edmée... curieusement je fais le chemin inverse, j'ose enfin être plus originale dans ma manière de m'habiller, j'ose les couleurs, les modèles moins classiques, encouragée d'ailleurs surtout par mes enfants
    C'est amusant que tu te sois "alignée" sur les gouts de ta maman, après avoir si longtemps résisté...!

    @liaht, le but de cet atelier que j'avais accepté de "tester" était de refaire, transformer un vêtement. Mais aussi de conscientiser et d'écrire à propos de toutes les étapes. Je crois être la seule à avoir autant écrit au moment du décousage, j'ai alors vécu des choses très fortes que j'ai laissées venir. Par après pour refaire qqch avec le vêtement décousu, je n'ai pas pu... je crois que moralement j'étais à terre. Je devrais faire une photo du vêtement décousu pour le montrer tiens...

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  12. @mab... oui il se passe plein de choses dans nos têtes quand on coud et on découd...
    Je déposais à tout moment le découseur pour empoigner mon stylo, les mots se pressaient, ainsi d'ailleurs que les sentiments qui surgissaient comme une fontaine...je ne m'attendais pas à cela!

    @fabeli... la violence de mes sentiments de colère à propos de l'épisode "robe de mariée" ne m'est revenue avec cette acuité qu'à l'occasion de cet atelier. Ce fut très fort: il m'a fallu digérer ça..
    Les robes de mariée de mes filles, elles les ont conservées comme un trésor précieux...

    @Jeanne... tu as lu mes mots avec "passion" dis-tu: tu me rassures, j'avais peur que je ne me livre un peu trop.
    Je crois que (comme pour les autres lecteurs qui viennent ici et que je lis à mon tour) qu'il y a des points communs dans la façon d'appréhender le monde...raison pour laquelle nous nous apprécions...;-))

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  13. @anonyme... merci pour ce témoignage. Devoir parter les vêtements d'une soeur ou d'un frère pour les "user" c'est aussi violent... difficile de trouver son identité..
    Si je te comprends bien, tu transformes les vêtements à ta guise, comme tu vois qu'ils pourraient devenir?
    (en général, je ne réponds pas aux anonymes... si tu reviens, je te demande de signer (de n'importe quel pseudo, je l'apprécierais vraiment. Merci

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  14. Si tu savais comme je me retrouve dans tes mots, Coumarine...

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  15. Heureusement que tu les as retrouvés, c'est très intéressant. L'organisateur de l'atelier ne manque pas d'imagination.

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  16. Quelle expérience... je me demande comment tu as pu la supporter sans craquer... L'histoire de la robe de mariée est tout à fait insoutenable: j'aurais pété un plomb.
    Je crois que pour supporter une telle expérience il aurait fallu apporter un vêtement dont on veut se débarasser et qui était destiné à la poubelle.
    Enfin le récit de ton expérience est tout à fait passionnant; Il a la force d'un thriller qui fout les boules au ventre à la gorge à ne pas dormir de la nuit.
    Petite anecdocte perso sur ma robe de mariée:J'en ai décousu la bordure dentellée pour décorer le voile du berceau de mon premier bébé.Et un jour, après avoir servi de déguisement ! à mes filles qui aimaient beaucoup jouer à la mariée je l'ai donnée ...

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  17. Merci pour la réponse à "l'anonyme"! Non et non
    je ne suis pas anonyme!! Simplement j'ai eu un problème pour remplir la case: "nom:URL"
    Je voulais signer: Le Creuset

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  18. J'ai dévoré ton texte... Quelle démarche fascinante! Au début, je me suis demandée si c'était réel ou si c'était un texte métaphore, comme le cerf-volant. Et plus j'avançais, mieux je te voyais, assise, face à ta veste étalée sur la table devant toi, ton découseur à la main, la feuille et le stylo sur le côté (j'ai beaucoup d'imagination!) Et en parallèle, moi aussi je pensais: tiens, qu'est-ce que j'aurais pris comme vêtement, moi? Ah oui mais il faut vraiment le mettre en pièces, ouh la alors, non peut-être pas ce vêtement-là...
    Et puis ta mère... et la mienne...Nous les filles et nos mères... soit on veut tout faire comme elles, soit on veut absolument s'en démarquer, non? J'ai rejeté le maquillage, le vernis à ongles, le ménage à outrance, ce n'est même pas une façade, tous ces trucs là m'exaspèrent vraiment alors qu'ils ont tant d'importance pour ma mère.
    Cette histoire de robe de mariée, c'est une sorte de tradition? C'était pour ne pas "gâcher"? Ma mère n'a jamais su coudre, sa robe de mariée était restée bien emballée dans la boîte d'origine, et puis un jour, lors d'un déménagement, il y a eu une erreur d'aiguillage, ma mère ne savait plus où donner de la tête et, à un déménageur qui demandait si ce carton-là était à mettre dans le tas pour la poubelle, elle a dit oui! Pourtant, nous avons toujours ri de l'événement et nous nous racontons souvent l'anecdote en souriant.

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  19. Chère COumarine, ton texte ne paraît ni trop long ni trop intime. Du sur mesure pour tes lecteurs! Il relate avec beaucoup de finesse l'évolution de ta pensée qui suit les différentes étapes du décousage. Oh oui, les souvenirs sont une véritable richesse! Et oui, découdre rend nostalgique et enrage aussi, lorsqu'il faut s'acharner. J'aime tellement coudre qu'ironiquement, mon beau-père m'a offert un dé en argent. J'ai poliment rendu une machine à coudre à ma belle-mère sous prétexte qu'elle était cassée; il semble qu'elle fonctionne très bien, cette antiquité. Pourtant j'étais sincère. Mais là n'est pas la question. Tu as décousu, tu as saccagé, effiloché, décomposé une veste que tu aimais et tu as contemplé ta vie qui s'en allait... Et si tu faisais quand même la deuxième partie de l'expérience: celle de recoudre, reconstruire et recréer avec les morceaux épars? Cela donnerait un pendant lumineux à la dimension douloureuse de la première expérience?

    PS: Pourrait-on demander à Edmée de nous montrer des photos de sa jeunesse hippie?

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  20. Quelle étonnante expérience, cette déconstruction de vêtement !
    Découdre... cela me rappelle des souvenirs d'enfance. Mon grand-père maternel était tailleur et notre plus grand bonheur était de l'aider à enlever le faufil une fois qu'il avait mis le dernier point à un manteau ou une veste. C'était une grande fierté pour moi de pouvoir supprimer ces grands points blancs et de contribuer ainsi à son travail. Et depuis, j'ai gardé le goût et le plaisir de la couture. Il ne manque que le temps...
    Belle soirée, Coumarine !

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  21. @Françoise, je crois que nous avons bcp de choses en commun, en effet...

    @Walrus... oui mais j'ai trouvé que l'animatrice prenait des risques: ce n'était plus vraiment un atelier "couture" mais travail sur soi
    Je n'ai rien contre, mais ce n'était ni prévu, ni programmé...

    @charlotte...tu sais, j'ai vécu des choses fortes lors de cet atelier, parce que j'ai joué le jeu... je ne le regrette pas, comme chaque que je vais au bout d'une expérience...
    Il fallait prendre un vêtement auquel on tenait... pas destiné à la poubelle. Pour vivre l'expérience plus à fond...c'est ce que j'ai fait;-)

    Le creuset...merci d'être revenue...

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  22. @Pascale...à propos de ma robe de mariée...je ne sais pas pour quelle raison memère a décousu cette robe, puis la donnée au nettoyage
    mais moi en rentrant de voyage de noces, j'en ai pleuré (mais pas devant elle, j'aurais dû sans doute)
    Je crois que c'est par souci d'économie, pour refaire un autre vêtement avec ces pièces de tissu
    Elles sont restées en l'état...
    Merci de me lire mais surtout de me dire que tu as trouvé mon récit passionnant

    @Delphine...ma veste à carreaux gris est toujours en morceaux... je n'ai rien reconstruit de nouveau avec ces bouts de tissu
    MAIS je reconstruis quand j'écris... c'est ma façon d'éclairer ma vie...

    @Naline...merci de nous donner ce souvenir d'enfance, que je découvre comme une petite pépite...merci!

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  23. Moi je dis bravo à votre talent d'écriture. Vous avez su nous transporter là où vous vouliez, ce n'est pas donné à tout le monde...

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  24. @pommeliane...merci pour votre appréciation, elle me fait plaisir;-)

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  25. Super atelier ! (arghhh je n'ose toujours pas aller à l'atelier d'écriture de ma bibliothèque : ça fait 2 ans que les thèmes ne me "parlent" pas du tout !)

    J'ai eu un écho (entre autres) sur la robe de mariée et l'acte saccageur (pardon ..) de ta maman ! Quelle idée !!!

    Ma maman tente toujours de "m'offrir" des vêtements. Souvent trop grands (elle m'a toujours vu comme "la grosse" de la famille .. charmant !), souvent à côté de la plaque... Moi aujourd'hui je n'achète que des vêtements coup de coeur. Et puis il y en a qui me suivent depuis euh ... 20 ans ! (ah ce fameux pull vert que personne n'aime ..)

    Cette veste à carreaux : est-ce celle qu'aime Coumarine ou qu'aurait aimé la maman de Nicole ? Aurait-elle pu la porter ?

    En tout cas, une veste en moins dan ton placard qui laissera la place à une autre, que tu auras choisie, et que j'espère tu aimeras au moins autant que cette veste grise !

    gros bisous Coum' !

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  26. en voilà une question qui me perturbe:
    à propos de la veste à carreaux en question
    Je pense que c'est davantage une veste qu'aurait aimé la maman de Nicole
    Oh! Line...dommage que les thèmes de ton atelier d'écriture ne te parlent pas (plus) Tu as du talent pur écrire, je te l'ai dit si souvent...
    (hihi le fameux pull vert...;-))
    Je t'embrasse la Miss

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  27. A mon tour de tourner autour du pot et de ne pas savoir quel commentaire écrire à propos de ton billet pourtant remarquablement cousu, si j'ose dire! C'est que vois-tu, la couture et la découture sont pour moi aussi nébuleuses que de l'hébreu. Elevée par une mère allergique à la moindre aiguille (à coudre, s'entend, car elle était tricot jusqu'au bout des ongles, et avait réussi à me mettre dans la tête une sorte d'antagonisme, de choix improbable entre le tricot et la couture, au moins aussi crucial que Rolling Stones contre Beatles ou Brassens contre Brel)élevée, donc, disais-je , dans cette aversion pour les ourlets, les surjets, les broderies, les festons, les points d'abeille ou de bourdon, je n'ai jamais réussi à coudre autre chose que des rideaux tout droits ou des torchons, et encore, une fois tous les trente six du mois!
    Je trouve tellement de jolies choses très bien cousues par les autres, dans le commerce, que l'idée de m'y coller ne m'effleure même pas. J'ai appris il y a deux ans que l'on pouvait tourner un col de chemise, j'en suis restée baba au rhum!
    Je comprends néanmoins le sens caché de cette opération toute en symbole de la déconstruction patiente d'une veste, ayant lu ton livre "l'enfant à l'endroit..." ce texte en est un des prémices. Il procède de la même recherche mentale de ton explication originelle, et à cet égard, même en étant une tare totale en couture, j'ai apprécié sa finesse et son écriture subtile. Ton écriture.
    Bises
    Célestine

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  28. je crois que j'aurai souffert..à ton atelier...
    mais ce matin je m'interroge..je couds..mais des bidouilles comme je dis..pour faire plaisir aux autres..
    et hier.;enfin j'achète du tissus vraiment pour moi.en sachant vraiment à quoi chaque pièce va servir..;étrange...plaisir égoïste...pour une nouvelle Co..
    moi aussi j'ai modifié mon prénom..et j'aime beaucoup quand on m'appelle Co..
    ouh lala...je vais penser à ton texte toute ta matinée

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  29. Suspendue à tes lèvres ou plutôt attentive à chaque mot, chaque étape! Quelle belle écriture mais aussi quel atelier merveilleux! C'est une thérapie, dis? où as-tu dégoté ça?
    ça me parle et me fait vibrer....j'ai décousu ma vie, je me scrute dans le miroir, je change, et je repars!

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  30. Encore un comm... car j'y pensais hier soir.N'as-tu pas eu un moment l'idée de ne pas obéir à cette consigne que je trouve finalement très bizarre... surtout qu'il s'agissait de découdre un vêtement aimé...
    Connaissais-tu la consigne avant d'aller à ton atelier?
    Cad l'as tu fait en préconnaissance de cause et d'effet possible?

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  31. La robe de mariée décousue...
    C'est vrai que ce geste de découdre la robe de mariée de sa fille apparaît à première vue étrange. Mais à y réfléchir, est-ce qu'inconsciemment, cette tache n'est-elle pas le symbole de "construis ta vie"
    La robe de mariée offerte et choisie par la mariée et sa maman représente ce qu'elles ont construit ensemble pour arriver vers ce jour
    important pour elles deux.
    Le geste de "découdre" la robe est peut-être la façon de dire avec ce même tissu, avec ce que je t'ai donné, construit ta propre robe, ta propre vie.
    Oh la la! Je me prends un peu la tête, on n'y comprend peut-être rien, mais moi je me comprend!
    Bravo pour ce beau texte de partage d'atelier
    " d'écriture-couture"!

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  32. @Célestine... ben maintenant je suis comme toi, je préfère écrire que coudre...et donc j'achète les jolies choses pas chères dans les magasins aux moments des soldes
    Mais découdre un vêtement... essaie et note au fur et à mesure ce que tu es en train de vivre...je t'assure que c'est TRES instructif!

    @Co...j'ai vue que tu faisais de bien jolies choses avec ton a^me et tes doigts créatifs..
    Ah! se faire plaisir à soi toute seule...!!!pas QUE pour les autres...;-))

    @marie-madeleine... c'était un atelier pilote auquel on m'a demandé de participer pour le tester. Un atelier pas vraiment de couture, comme tu peux l'imaginer, mais un atelier de travail sur soi. Via la déconstruction d'un vêtement et la reconstruction de quelque chose d'autre à la place (que moi, je n'ai pas pu faire...). A chaque étape, prendre conscience de l'enjeu, du ressenti...
    Ce fut très fort pour moi... et ce que j'écris ici sont simplement mes notes prises lors de l'atelier

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  33. @Charlotte, lis ma réponse à marie-madeleine
    Non je n'ai pas voulu "désobéir" à la consigne, car j'ai accepté de jouer le jeu. J'étais là pour ça: tester l'atelier
    Par après j'ai longuement écrit à l'animatrice pour lui donner mes impressions. Par exemple que la phase "reconstruction" n'était pas assez longue (l'atelier n'a duré qu'un seul jour, maintenant il dur deux jours...)
    Cela se passe dans les Ardennes belges, si cela intéresse quelqu'un, il ou elle peut me contacter

    @Framboise... en revenant de voyage de noces, et découvrant ma robe en pièces, ce fut très dur...
    Puis j'ai oublié... c'était le mieux à faire!
    Le souvenir est revenu en force lors de cet atelier...
    Alors ma mère n'est plus là pour que je l'interroge à ce sujet. Je suppose qu'elle n'a pas pensé à mal. Je suppose...

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  34. Pleins de réflexions me viennent à lecture de ta note.
    D'abord, je remarque cette phrase : "Pas de créativité, suis juste bonne à écrire." : Nan mais ça va pas d'écrire des choses pareilles ? Ecrire, c'est pas de la créativité, peut-être ?

    Ensuite, quel atelier et quel récit ! Je sais quel vêtement j'aurai pu choisir pour faire cet atelier. Mais je ne sais pas ce que j'en aurai fait une fois décousu. Moi aussi, je suis nulle en créativité, et en plus, je n'écris même pas !;)(je ne couds pas non plus, remarque)

    Enfin, l'histoire de la robe de mariée...Ben mince alors...Je comprends le principe de découdre la robe pour essayer d'en faire un truc "remettable", mais alors, ne pas t'en parler avant de le faire, ne pas te demander ton avis...ça, c'est dur !

    Bises, Coumarine

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  35. @sel...euh dans mon esprit écrire est tellement "normal" que je le voismême plus comme dela créativité
    Mais tu as raison bien sûr...
    Pour la robe de mariée, le geste de maman était habituel chez elle: faire les choses à sa manière sans m'en parler. Je répète que je VEUX croire que elle croyait bien faire...

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  36. oh là là, je viens de lire ton post... et me voilà toute bizarre.

    C'est ton souvenir à propos de robe de mariée, là, du coup ça m'en fait remonter un aussi du même acabit. Pfff.

    Quand j'avais 16 ans, j'ai eu un petit ami italien, mon premier "vrai" amoureux. Il habitait à Milan et moi en Belgique, on ne se voyait qu'à l'occasion des vacances, mais intensément, et on s'écrivait tous les jours ou presque. Ca a duré deux ans, une belle relation. Bref.
    On était partis durant les deux mois de vacances ensemble, rien que nous deux. Il m'avait emmenée de randonnée en découvertes (il était guide de haute montagne et alpiniste, et j'adore la montagne), on avait campé dans des endroits magnifiques, fait l'amour à côté des torrents... bref, le rêve. En nous quittant pour le retour au bercail, il m'avait donné une de ses chemises que j'adorais, une vielle chemise à carreaux verte (j'adore le vert aussi) qui sentait bon son odeur, mais un peu déchirée de ci de là.
    J'ai passé des soirées entières à la repriser, cette chemise, moi qui n'avais jamais tenu une aiguille dans ma main. Des heures à réparer amoureusement les déchirures pour pouvoir la porter moi. C'était une sorte de fétiche, de doudou.
    Ma mère m'avait bien évidemment vu faire, et connaissait toute l'histoire.

    Un jour, j'étais partie je ne sais plus où pendant un jour ou deux, et quand je suis revenue chez moi et me suis dirigée vers l'évier de la cuisine pour me laver, qu'est ce que j'ai vu pendre au milieu des "loques" et des torchons ? Un bout de tissu à carreaux verts provenant de la chemise en question.
    Ma mère n'avait rien trouvé d'autre que d'aller chercher la chemise dans ma garde-robe pour la déchirer et en faire des torchons...
    J'ai éclaté en sanglots et en rage, je l'aurais tuée. Même mon père, qui n'intervenait jamais dans rien, lui a dit "t'aurait pas dû faire un truc pareil".
    Et elle de prétendre qu'elle ne savait pas que j'y tenais, que c'était qu'un vieux truc abîmé et qu'elle savait pas que ça me ferait ça...
    Mensonge évidemment, énorme mensonge, c'était une manière de m'atteindre, de me faire mal.

    Aujourd'hui je pense comprendre un peu le pourquoi de ce geste hautement symbolique, elle était vraiment mal dans sa vie à ce moment là alors que moi je vivais une belle histoire, on était pas proches du tout l'une de l'autre, et la fin de l'adolescence se passait plutôt difficilement entre nous. Elle a probablement voulu m'atteindre, me faire payer mon insolence et mon bonheur, ma jeunesse à peine en fleur, une sorte de rancoeur... je ne sais pas.
    Ca a définitivement cassé certaines choses entre nous, qui ne se sont jamais resoudées.

    Ouf.
    Eh bien Coum, ça fait du bien de sortir une grosse pilule comme ça... ton post m'a donné l'occasion d'accoucher d'un souvenir douloureux, et ton décousage a fait des petits :-)

    Désolée si j'ai fait long, et sinon, bravo pour l'auto-analyse lors de cet atelier et merci de l'avoir partagée.

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  37. @Tinuviel...
    Je viens de lire ton message; je trouve que tu as vécu là un acte d'une très grande cruauté...
    Bien sûr, avec le recul tu es capable de t'expliquer le pourquoi de l'attitude de ta maman...et tant mieux, tu es apaisée semble-t-il!
    Non ton commentaire n'est pas trop long:je suis toujours émue quand un quelqu'un se sent à ce point en confiance pour confier quelque chose d'important
    Je vibre très fort à ton souvenir: il rejoint le mien...

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