Tracassée je suis par cette histoire du petit chaperon rouge
Et par la question de Alainx que vous pouvez lire dans les commentaires au billet précédent.
Comment les femmes vivent-elles cette histoire de fillette envoyée par sa mère dans la forêt dont toutes les mères savent bien que les forêts cachent un loup potentiel, un grand méchant, très méchant loup qui mange les enfants (et les grands mères, mais ça c'est secondaire dans l'histoire, l'héroïne est bien la fillette
La mère du chaperon rouge avait-elle tant de choses urgentes à faire qu'elle a éprouvé le besoin d'envoyer dans ce lieu de haute insécurité, une enfant innocente, légère et court vêtue? (non ça c'est dans un autre conte, je dois confondre ;-)))
Et en plus, consciemment ou non, elle l'habille d'un vêtement rouge de chez rouge, càd bien voyant, qui ne peut pas passer inaperçu, et qu'on ne perd plus de vue, dès lors qu'on l'a aperçu! Et qui fait de l'enfant une proie facile pour tous les prédateurs à l'affut des gentilles petites filles innocentes, légères et court vêtues (zut pardon je me trompe encore une fois ;-))
A se demander si cette mère n'a pas le désir inconscient de se "débarrasser" de sa fille. (oups! qu'ai-je dit là?)
Ou alors le désir de la fourrer dans les mains d'un prédateur. Les mères, faut le dire ont très souvent les yeux dans leurs poches quand leur petite fille est "prédatée" par le loup qui habite dans la forêt voisine, et même tellement voisine que le loup habite parfois très très près de la maison, carrément! (oui je sais, re-oups!)
Bon on va dire que cette mère est une femme très gentille, qui se préoccupe de sa propre mère, la pauvre elle est malade et seule dans une maison isolée à la lisière de la forêt. Alors n'écoutant que son bon cœur (!): elle pense à lui faire parvenir des petites douceurs, galettes et autres petits pots de beurre qui sont particulièrement efficaces pour guérir les vielles mères malades, tout le monde sait ça!
Et puis elle pense peut-être que sa vieille mère préfèrera voir le joli minois de la fillette plutôt que son minois à elle, plus si joli que ça ... tant d'incompréhensions relationnelles séparent parfois les mères et les filles!
Pas d''hommes dans cette histoire, sinon les chasseurs dans une des versions du conte: pas de grand-père, pas de mari, pas de frère, pas de fils... Rien qu'un loup! Qui séduit l'enfant, qui la "dévore", puis va dévorer la grand-mère...
J'avais lu en son temps "Une faim de loup" de Anne-marie Garat, essai psychanalytique et littéraire sur cette histoire. Elle en donne cette interprétation-là et je me souviens en avoir été fort bousculée, m'y être "reconnue" en quelque sorte. De même dans ce petit conte de Guillevic, pourquoi donc m'a-t-il frappé autant sinon par le
"C'était moi. J'ai eu très peur"
Ce conte fait résonance à bien des combats en moi: la difficulté relationnelle que j'ai toujours eue avec ma mère, la méfiance inscrite en moi vàv de l'homme que j'ai pendant bien longtemps considéré comme un prédateur. mon histoire n'y étant sans doute pas étrangère...
ouf, chère Coumarine, tant de choses dans ce billet, de vérité et encore de vérité. Je vais simplement te retranscrire ce que m'a dit ma bonne-maman hier :
RépondreSupprimer"Ma chérie, cette Nicole Versailles est absolument délicieuse, et toi aussi de m'avoir offert son livre -imagine la vois éraillée d'une charmante dame de plus de nonante ans...- Elle a une écriture absolument ravissante et délicieuse. Je ne sais comment elle arrive à voir les choses comme elle les voit. Elle est si amusante et originale. Grâce à elle et à toi, j'ai passé un moment inoubliable". Quant à maman, elle attend sans doute ses prochaines vacances pour que je lui mette le livre dans ses bagages... Merci pour elles.
@Delphine.... cette Nicole Versailles n'est pas vraiment délicieuse
RépondreSupprimerenfin pas tout le temps! par exemple dans ce billet ci, elle ne l'est pas du tout
Comme tu l'as lu, je suis amère et presque hargneuse dans ce billet
Si encore j'étais rigolote...
Ben voilà! c'était comme ça aujourd'hui
Demain est un autre jour, et je redeviendrai comme d'hab...pas s'en faire!
@delphine encore...
RépondreSupprimermerci pour ces mots... ils me touchent
je suis comme tout le monde: par moments remplie de doutes
Alors merci, vraiment merci
Je suis vraiment heureuse que ta grand-mère a apprécié mon livre... vraiment...
Coumarine ... on ne se ressemble pas, mais là où on se ressemble, on dirait qu'on s'est superposées. Ou encastrées.
RépondreSupprimerBien sûr j'ai aussi eu une relation difficile avec ma mère, avec la chance d'avoir eu trois ans, ses trois dernières années, pour effacer le mauvais et savourer le bon jusqu'à plus soif. Il ne me reste d'elle que le bon. Je me souviens du mauvais, mais il a perdu tout pouvoir de me faire mal. J'ai mal à elle quand je pense que parfois elle m'a envoyée dans le bois avec ma mini-jupe rouge et des tranches de steak saignant pour ma mère-grand sachant que le loup était peut-être de sortie.
J'ai mal à elle car quels pouvaient donc bien être les abîmes de sa soufrance pour qu'elle se dise qu'il n'y avait, après tout, qu'une faible chance pour que le loup soit à jeûn ou même éveillé?
Quant aux hommes, brrr, je ne les ai pas très bien traités, ces affreux chasseurs!
Mais tu sais, quand on regarde le petit film qui nous montre marchant dans les bois et faisant des pieds de nez au chasseur ... alors que nous avons, finalement, survécu, on peut rire de bon coeur!
Bonjour Coumarine ,
RépondreSupprimerHier soir je t'ai lue et je t'avais écrit un commentaire . Le texte " votre commentaire a été publié "s'affichait au bas de l'écran alors que je ne voyais pas mon texte apparaître . Il a dû prendre une autre direction .
C'est pas bien grave .
Entre-temps nous sommes un jour plus loin ...et j'espère que tu te sens mieux aujourd'hui et que tes nuages intérieurs se dissipent au fur et à mesure que le temps passe . Le soleil brille dehors , alors je me suis dit que tu allais aller à l'étang pour te requinquer .
J'aime beaucoup le témoignage d'Edmée et sa petite histoire de pied de nez au chasseur ...c'est bien vrai , nous avons survécu ...et on peut en rire de bon coeur , maintenant !
Bisous et bon week-end .
Pas plus cruel, pervers et terrifiants que les contes pour enfants mais ils adorent et ne se posent pas de question, le grand plaisir c'est d'avoir peur.
RépondreSupprimerHELLO les filles
RépondreSupprimerj'ai bien dormi
je vais mieux (cette semaine j'ai été très fort "dérangée")
et cet AP je vais à la zinneke parade
(Julie et Delphine, si vous avez l'occasion, faut pas rater ça!!!!!!!!
Tu devrais réécrire une "psychologie des contes de fées" à ta sauce !!! Bettelheim serait sans doute ravi qu'une femme donne son avis !
RépondreSupprimerEn tous cas.... moi j'adore !!!
Bon WE !
Comme Liath, ton billet me ramène à "La psychanalyse des contes de fées" de Bruno Bettelheim qui me passionna il y a qq décennies!
RépondreSupprimerQuel symbole ce sacrifice de la mère qui livre son petit chaperon rouge! sadisme féminin? femme qui veut se passer des hommes? Le masculin est vu par les femmes (fille, mère, grand-mère) comme un loup dévorant. Pourquoi y a t il LA barbe bleue et LE petit chaperon rouge ?
Les contes proposent de nous délivrer d'une mère phallique toute puissante. Et pourtant n'est-elle pas aussi une mère bienveillante?
@liaht... ouf! tu me rassures...suis toujours un peu effrayée quand je me laisse aller à ma "sombritude". Et pourtant elle est bien là présente en moi!!!!
RépondreSupprimertu me donnes une idée: "analyser" les contes à "ma" façon; oups ça risque de pas être piqué des vers!!
@marie-madeleine... c'est vrai qd même quand on y pense: cette mère fait semblant de pas penser qu'il peut y avoir un loup dans cette forêt!
et dis donc c'est vrai ta remarque: au sujet des genres LA barbe bleue et LE chaperon rouge...
Intéressant!!
Je ne te sens ni amère ni hargneuse. C'est juste une réflexion normale devant ce conte aux aspects intrigants. J'ai lu pas mal de livres de psy sur les relations mère-fille et elles sont bien souvent cruelles (les relations et les mères ...). La mienne m'a donné aussi une peur infernale des prédateurs (forcément tous les hommes) sans être protectrice pour autant.
RépondreSupprimerBonjour Coumarine
RépondreSupprimerje suis heureuse de retrouver après une absence qui m'a semblé longue et courte à la fois. trop longue et trop courte. Je m'en expliquerai dans un prochain billet. Pour l'instant, je reprends doucement contact, un par un, avec mes amis de la blogosphère, et je trouve chez toi un sujet magnifique et grave, qui m'a fait penser à un livre incontournable de ma formation d'instit. Il s'agit de "Psychanalyse des Contes de fées" de
Bettelheim. Il insiste sur la nécessité pour un enfant d'écouter ces contes censés s'adresser à son inconscient et préparer sa sexualité future. Un livre qui, comme le dit Liaht (je m'en aperçois après coup) me ramène à de vives polémiques autour de ce livre et de ses concepts. Car il est certain qu'une interprétation n'est jamais unique, par définition, et que l'on n'est pas obligé de voir du sang menstruel dans la couleur du petit Chaperon, ni un sexe mâle derrière le crapaud dégoûtant de "la princesse et la grenouille".
Chacun voit midi à sa porte dit le proverbe. ou à quatorze heures pour certains...
Mais tu expliques ça très bien dans ton précédent billet sur Guillevic. Une chose vraie, c'est une chose que l'on ressent comme vraie.Il y a donc un peu plus de six miliards de vérités sur terre. Et parfois, on parvient à réussir l'exploit de se mettre d'accord sur une vérité qui devient alors universelle. Mais c'est si rare...
Célestine
Pffff en me relisant, je m'aperçois que j'ai encore la tête dans les étoiles...que d'erreurs de syntaxe, un vrai désastre! enfin tu as compris l'essentiel!
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que je sais depuis que je suis née avec un sexe de fille que celui çi sera l'objet de désir de prise, de possession,de pénétration, d'imposition de pouvoir... de l'autre masculin...
RépondreSupprimerC'est une intime conviction qui remonte à ma nuit des temps.
Maintenant qu'est ce que je fais depuis que je suis née avec cette connaissance quasi marquée au fer rouge dans mon inconscient ?
Je négocie? j'apprivoise? j'éduque ?ou encore j'attaque? je séduis ?je ruse ? je fuis?etc
Il y a tant d'attitudes possible . Chacun a la sienne : souvent plusieurs et parfois contradictoires à la fois.
Les mères (comme le prétend la rumeur publique) sont parait-il tout douceur et câlins... Bon! Admettons! Mais de la mère du Petit Poucet (C'est elle qui propose d'abandonner tous les gamins dans la forêt...) en passant par Mme Lepic, l'infâme Driscoll ou Folcoche, etc,etc... il ne manque pas d'exemples pour dire le contraire...
RépondreSupprimerAprès tout la marmaille c'est des empêcheurs de vivre tranquille! Un petit "chaperon" en moins c'est un peu de liberté en plus. Et nourrir un animal sauvage mal aimé c'est vachement écologique et récompensé par la SPA!
Amitiés.
Le petit chaperon rouge n'a pas volé son destin. Elle n'a pas écouté, elle a désobéi. Sa mère a fait preuve d'une grande confiance en lui permettant, d'aller comme une grande, seule à travers bois. Mais pour pouvoir jouir de sa liberté et de son indépendance, il faut respecter des règles de base, suivre le droit chemin, ne pas écouter n'importe qui. Il me semble qu'elle était prévenue, cette fichue gamine. Et elle n'a rien respecté, comme une sale gosse qu'elle est. Bourrique ! Bien fait ! Voilà ce qui arrive quand on trahit la confiance qu'on met en vous. Rien que des gros soucis et beaucoup de chagrin pour cette pauvre maman qui est toute seule maintenant.
RépondreSupprimerBon trêve de plaisanteries. C'est longtemps comme ça que j'ai vécu cette histoire, depuis j'ai un peu grandi.
@Aifelle...oui comme toi, j'ai lu pas mal de livres sur ce sujet difficile dans l'espoir de mieux comprendre les jeux et les enjeux
RépondreSupprimerMerci de ta visite...
@Célestine... contente de te revoir et très curieuse d'en apprendre plus long sur "ta disparition"
Dans ton message je relève qu'il n'y pas d'interprétation unique en effet..ce qui touche une personne laisse une autre indifférente et vice versa
Bonne reprise douce dans la blogosphère ;-))
@Charlotte... il me semble mais je peux me tromper, que ce que tu fais surtout, c'est de ne pas te laisser faire... tu sais ce que tu veux et tu le fais savoir!!!(sourire)
@Papa de Lili..je vois que tu me rejoins pas mal dans le fait de casser un peu le mythe de la mère parfaite... hé bé! suis donc pas seule ;-))
@Berthoise... tu m'as fait rire... en prenant tout le contre pied de l'explication que j'ai tentée
Après tout, cette version officielle est peut-être la seule bonne!!
Tu vois Coumarine, j'ai lu ton billet hier, et puis par moment, dans la journée, j'ai pensé à celui-ci...il m'a obligée à regarder comment je voyais ce conte...et à vrai dire j'y vois une mère certes un peu inconsciente de laisser partir sa petite fille seule, (mais moi-même habitant la campagne je suis partie souvent seule chez les uns et les autres, sans avoir le sentiment que ma mère me laissait me jeter dans la gueule du loup)mais je vois surtout une histoire de mise en garde vis à vis du loup. La mère n'est peut-être pas assez présente, la grand-mère malade n'a rien vu venir, mais c'est une recommandation à la prudence, une manière de dire de ne pas faire confiance aux apparences, une demande de méfiance, de faire attention, de vigilance...le petit chaperon rouge s'est laissé berné par les paroles du loup...voilà un peu l'état d'esprit dans lequel je me trouve quand je raconte cette histoire à ma petite fille...il est assez éloigné du tien qui semble être dans le jugement négatif du comportement de cette mère...ainsi on peut voir en lisant les commentaires, que chacun colore ce conte d'après sa propre histoire...et aujourd'hui par rapport à cette histoire je peux dire que si je n'ai pas eu de problèmes de cet ordre là avec ma mère, j'ai bien souvent été trop naïve, et je me suis laissée berner, j'ai souvent fait plus confiance aux autres que j'en avais en moi-même, j'ai bien souvent manqué de discernement...mais la vie n'est-elle pas un grand apprentissage? Bon dimanche Coumarine et merci pour cet espace que je prends chez toi pour parler de moi!
RépondreSupprimer@Josiane... merci pour ton commentaire, toujours très intéressant... tu as raison de "profiter" de mon espace...
RépondreSupprimerTes mots me font penser à la notion de confiance: si complexe finalement
Je pense à en (re)parler prochainement
Bonne journée ensoleillée
Argh, la relecture que vous faites du conte me fait froid dans le dos. En particulier parce qu'au fond, vous avez sûrement raison. Faut-il absolument psychanalyser les événements que ces contes nous racontent et qui bercent notre enfance ? S'ils ne sont pas pris au premier degré, c'est à dire, comme une façon ludique de faire passer un message de prudence, nous pouvons en effet y trouver bien des déviances et autres mauvaises motivations profondes et cachées. En faisant une telle exégèse, ne sommes-nous pas en train de prêter à l'auteur des intentions qu'il n'avait pas ? Je m'interroge...
RépondreSupprimer@Gicerella...oui bien sûr mon billet est "forcé", écrit en quelque sorte pour faire réagir
RépondreSupprimerMais les contes font partie AUSSI de l'inconscient collectif, ce bric à brac de tout ce qui traine dans la mémoire ancestrale, les peurs les plus profondes, les angoisses les plus existentielles...
C'est intéressant (amusant) parfois de lire ces contes avec ce regard là!
Merci de donner ton avis
Suite à mon commentaire sur le billet précédent, voilà le lien vers la BNF, page du petit chaperon rouge :
RépondreSupprimerhttp://expositions.bnf.fr/contes/gros/chaperon/index.htm
@La mère Castor, MERCI pour le lien, que je vais lire maintenant avec bcp d'intérêt
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