mercredi 14 juillet 2021

Sur la route de l'exode

 Voici quelques notes que mon frère ainé a écrites pour parler du 12 ou 13 mai 40: cela ressemble fort à ce que Alain écrit aujourd'hui sur son blog: j'en suis toute tremblante


"On annonce que Ypres doit être évacuée . Ma famille se prépare donc à partir

(moi je ne suis pas née encore...il écrit des souvenirs de quand il avait 5 ans; c'est donc un enfant qui s'exprime, avec sa compréhension d'enfant!)

A quatre nous prenons la route. A pied.

Ou allons-nous?

Bien plus tard j'apprendrai que le but de maman était de rentrer à Bruxelles, au plus vite. Mais il n'était plus question d'emprunter les voies normales, habituelles, directes. Plus de trains, plus de trams, plus d'autocars. Toutes les routes vers le centre du pays étaient désormais encombrées de fuyards et de soldats.

La seule direction à prendre était celle du nord de la France, toute proche. Mais par où?... par quel itinéraire?

A partir du moment du départ, mes souvenirs se mêlent à ces terribles images d'exode, souvent vues depuis au cinéma: le film "Jeux interdits" est sans aucun doute celui qui traduit la mieux ce qu'a pu vivre et ressentir un petit garçon de mon âge

Les routes sont encombrées de jeunes, de vieux, d'isolés, de petits groupes, de familles avec enfants et animaux. Les uns vont à pied, d'autres poussent un vélo sur lequel il est impossible de rouler tant il est chargé de bagages entassés. Certains poussent ou tirent des brouettes ou des charrettes à bras tout aussi surchargées

.(..........)

Tout le monde se presse et pourtant la marche est lente, surtout pour ceux qui vont à pied et qui, à tout moment doivent faire place à ceux qui en voiture tentent à coups d'avertisseur, d'avancer plus vite...
Bien souvent, on les retrouvera quelques km plus loin, avec un pneu crevé impossible à réparer, à cours d'essence, ou ayant versé dans le fossé.

(à suivre éventuellement)



5 commentaires:

  1. Je n'ai guère plus à dire que ce que j'ai dit à AlainX. Il est important de reprendre le fil de son histoire, le fil passé, pour le rattacher au présent, et recoudre les déchirures qui font manque. C'est une émotion bouleversante, mais salutaire.

    RépondreSupprimer
  2. C'est impressionnant quand même lorsqu'on pense à l'ampleur de cet exode.
    L'estimation est de 8 à 10 millions de personnes soit un quart de la population française de l'époque.
    Cela en fait quand même des gens traumatisés par ces événements.

    Si l'on déplace notre regard sur aujourd'hui… en 2020 : 55 millions de personnes ont fui leur propre pays pour diverses raisons majeures.
    Et certaines femmes ou hommes politiques en France voudraient qu'en 2022 on débarrasse la planète de tous ces gens.
    En 1940 aussi certains voulait débarrasser la planète de bien des populations.

    RépondreSupprimer
  3. Je suis née dans une région qui a accueilli des réfugiés, mosellans entre autres. Je n'ai pas souvenir de récits concernant ce pan d'histoire mais une solide amitié est née entre mon père et une famille, leurs enfants seront mes témoins de mariage. De la guerre, je ne connais que la privation de nourriture et le nom de boche que mon père a utilisé jusqu'au bout.
    Comme Alainx j'ai fait le rapprochement avec ce que vivent tant de personnes, tant d'enfants actuellement.

    RépondreSupprimer
  4. Je pense la même chose que Sylvie
    même si douloureux, il me semble important que des mots soient posés sur cette période qui fait partie de la grande Histoire mais aussi de l'histoire familiale de chacun
    Le cahier de ton frère est précieux ! je n'ai aucune trace écrite par qui que ce soit de cette période
    Merci de ce partage, Coum

    RépondreSupprimer
  5. Une époque terrible. Notre génération a bien de la chance. Elle n'a pas connu la guerre !

    RépondreSupprimer

un petit mot à dire?