jeudi 4 avril 2019

Un jour tu as su -enfin- ce que tu avais à être
et tu t'y es mise, patiemment.
Autour de toi, mille voix pour te hurler leurs demandes aiguës
leurs conseils prétendant tout savoir mieux que toi.
Tu n'as plus écouté, tu t'es bouché les oreilles
seule façon d'entendre la seule voix qui compte
celle qui parle au plus profond de toi

Il était tard, la pluie giclait sur les fenêtres
dans un bruit têtu et féroce
Mais toi, la nerveuse, étrangement calme, tu restais là
à contempler ta vie devenue soudain plus large que l'océan
Tu étais simplement passée de l'autre côté du miroir
celui où Alice rencontre ceux qui lui parlent en vérité
même si leurs mots sont parfois de mystère
surtout s'ils le sont!

Tu étais tranquillement déterminée à affronter désormais
l'unique chose qu'il était capital pour toi de faire
déterminée à sauver le seul endroit de ta vie
sur lequel tu avais encore prise.
Il te suffisait d'être là
de parler s'il le fallait
de te taire s'il le fallait
de regarder les gens s'agiter comme des pantins
en te disant qu'il n'est pas nécessaire de participer à toute cette folie
pour t'immerger dans les eaux de ta NAISSANCE

peinture de Léon Spilliaert


19 commentaires:

  1. Voilà elle est au bon endroit: à sa naissance.Naturellement un accouchement ne se fait pas sans douleur. Mais après le premier cri c'est la vie qui est là.Et tout le monde s'embrasse et dit : toutes mes felicitations.

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    1. "c'est la vie qui est là"
      oui et il convient de la cultiver comme quelque chose de très précieux!
      Bonne journée, chère Charlotte

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  2. J'aime énormément ce texte. Il me parle.
    Il est d'une grande justesse et rend compte d'un cheminement.
    Tu dis l'essentiel en peu de mots et de manière poétique.
    Ce que je ne sais pas faire.
    C'est un texte puissant et dense.

    Le retour d'une « certaine » Coumarine…
    après un long temps d'épreuve
    comme une nouvelle naissance en effet.
    Évoquer « les eaux de ta naissance » en montre la permanence au long d'une vie.
    Peut-être ne serons-nous jamais que des naissances successives.
    Certainement même.

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    1. ça me fait plaisir que tu aimes ce texte. Il est sorti de moi, quasi malgré moi, comme quelque chose de fort et de puissant! Et j'étais "étonnée" de le relire
      Bonne journée Alain

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    2. Bonjour Coum,
      moi aussi j'aime ce texte, j'aime énormément ce texte. Quand je l'ai lu hier, j'aurais pu écrire la même chose qu'Alain, alors je n'ai rien écrit.
      Ensuite j'ai lu la note d'Alain. Et là aussi j'ai été soufflée et je n'ai rien écrit non plus.
      Ah! De l'émotion de vous deux le même jour!
      Coum', j'aime la réponse que tu as faite à Alain. Elle me parle :-)
      Il m'arrive parfois, mais rarement, que les mots sortent en un flot et que je n'aie même pas besoin de ré écrire 10 fois le texte comme je le fais TOUJOURS. Et quand je relis, je me dis: "Qui a écrit ça?"
      La nouvelle Coum, apparemment! :-)
      J'aime bien quand tu te parles à toi-même, en fait. Au risque de te faire rougir jusqu'aux oreilles, tu m'as fait penser à Etty, un passage en particulier, que je vais tâcher de te retrouver.
      Bon week-end à vous deux, je vous embrasse.

      PS Merci à Alain pour la "combine" qui me permet de ne pas démontrer que JE NE SUIS PAS UN ROBOT! Combien de fois ne commente je pas à cause de ça ?
      Smouiiiiiiiiiiich!

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    3. "L’essentiel est d’être à l’écoute de son rythme propre et d’essayer de vivre en le respectant. D’être à l’écoute de ce qui monte de soi. Nos actes ne sont souvent qu’imitation, devoir supposé ou représentation erronée de ce que doit être un être humain. Or la seule vraie certitude touchant notre vie et nos actes ne peut venir que des sources qui jaillissent au fond de nous-mêmes."
      Etty

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    4. et la raison pour laquelle te lire a fait écho à des mots d'Etty (ou alors c'est l'inverse :-))

      "Ton imagination, tes émotions intérieures, etc, sont le grand océan sur lequel tu dois conquérir de petits lambeaux de terre, toujours menacés de submersion. L’océan est un élément grandiose, mais l’important, ce sont ces petits lambeaux de terre que tu sais lui arracher. (…) Si tu continues à te griser et à te délecter de tous tes remous intérieurs, tu n’es qu’une chiffe molle et une bonne à rien.
      Ne perds pas de vue la terre ferme, et cesse de gigoter impuissante au milieu de l’océan !"
      Etty, Une vie bouleversée

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    5. chère Ambre, j'attendais ta venue...
      que je te fasse panser à Etty me flatte énormément: tu sais que moi aussi ses écrits sont mes livres de chevet, que je prends au hasard : et je tombe à coup sûr sur le passage qui va me nourrir!
      Oui être à l'écoute de ce qui monte en soi, est un exercice salutaire qui permet bien des fois de corriger le tir de notre vie
      J'écoute "ce qui monte en moi", tous les soirs, au moment de plonger dans le sommeil: ce n'est pas une réflexion sur ce qui a fait ma journée, c'est une plongée dans le plus profond de moi, et qui m'apporte le plus souvent l'apaisement
      Merci d'avoir pris la peine de commenter longuement!

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    6. oups! penser à Etty, bien sûr
      Mais cette erreur n'en est pas vraiment une: en effet Etty panse nos vies, la tienne, la mienne, celle de tous ceux qui acceptent de se pencher sur ses mots

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  3. Whouha!
    Alors là j’aime beaucoup !
    Ne pas écouter les autres. Savoir en soi-même de quoi on a besoin. Et y plonger!
    J’aime!

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    1. merci beaucoup Val
      ça me fait plaisir que toi aussi tu aimes mon texte et que tu prennes le temps de me le dire...;-)

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  4. Quel beau, beau texte.
    Simple, profond et si vrai.
    La vie dans toutes ses possibilités, dans toute sa splendeur. maty

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  5. Quand on est "plus jeune" et qu'on n'écoute pas les autres, on nous accuse souvent d'être têtue et obstinée. Mais on continue comme on peut, parce qu'on ne sait être autrement. Et puis enfin arrive l'âge "respectable" où admet qu'on avait raison... Même nous parce que soudain, on réalise que tout est à sa place, enfin!

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    1. quand on réalise (dans les tripes) que tout est à sa place, comme tu dis si bien, ce n'est pas pour autant que in n'y a plus de souffrances... juste que "tout est à sa place"
      Merci Edmée ;-)

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  6. "La seule voix qui compte, celle qui parle au plus profond de toi"... J'aime beaucoup ton texte Coumarine et en particulier cette phrase. Se détacher de tout. Etre en harmonie avec ce que l'on aime, et ce que l'on est vraiment, avec sa personnalité propre, son chemin de vie, ses aspirations, ses souffrances mais aussi tous ses espoirs. Se persuader que rien d'autre n'a d'importance, assumer sa naissance, et se diluer dans la mer.

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    1. bonsoir Chloé, ton passage ici me fait grand plaisir...
      Se détacher de tout oui, mais tout en aimant tout profondément, gratuitement, de manière non possessive
      Merci à toi

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  7. "Un jour tu as finalement su / ce que tu avais à faire, et tu t'y es mise, / alors que les voix autour de toi / hurlaient sans cesse / leurs funestes conseils - / alors que la maison entière / s'était mise à trembler / et que tu sentais les vieux fers / à tes chevilles. / "répare ma Vie!" / criait chaque voix. / Mais tu ne t'es pas arrêtée.
    Tu savais ce que tu avais à faire, / alors que le vent / de ses doigts raides, / fouillait les fondations mêmes – / alors que la mélancolie / était atroce.
    Il était déjà assez tard, / la nuit tempêtait, / et la route était jonchée de branches / tombées et de pierres. / Mais petit à petit, / comme tu laissais les voix derrière toi, / les étoiles se sont mises à briller / à travers le manteau de nuages, / et une voix nouvelle, / que tu as lentement reconnue / comme la tienne, / t'a tenu compagnie / tandis qu'à grands pas / tu pénétrais de plus en plus profondément / le monde, / déterminée à faire la seule chose que tu pouvais faire, / déterminée à sauver / la seule vie que tu pouvais sauver."
    Mary Oliver, traduction de Olivier Colette, L'éveil des sens, 2005, éditions les Arènes, p. 344-345.

    Votre joli texte, Madame, me paraît très proche de ce poème de la poétesse Mary Oliver, The Journey, dont on ne trouve pas de traduction française du recueil original, Dream work, paru en 1986. L'on peut cependant en trouver une traduction dans des livres traduits de l'anglais où ce poème a dûment été cité.

    Ce poème est repris dans plusieurs sites anglophones. En voici un, qui cite expressément ses sources : https://owlcation.com/humanities/Analysis-of-Poem-The-Journey-by-Mary-Oliver

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    1. Bonjour Lorenzo
      Je crains un peu que votre commentaire ait un arrière gout de critique: j'aurais donc plagié cette poète que je ne connais pas... un peu l'anglais et encore!
      Mais je suis allée à sa découverte avant de vous répondre et j'ai trouvé de fort jolies choses: elle me plait beaucoup!
      J'ai relevé ici quelques mots qui me parlent :

      Une personne que j'aime m'a donné
      une boîte emplie de ténèbres.

      Il m'a fallu plusieurs années pour comprendre
      que cela, aussi, était un cadeau.

      Bonne fin de journée à vous, Monsieur!

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