lundi 1 octobre 2018

des acouphènes, parfois

Elle a beaucoup cherché. D'ailleurs elle cherche encore...

Elle a beaucoup cherché dehors, à l'extérieur. Et elle y a trouvé bien des choses, de tout, de rien, des choses qui s'achètent, qui s'ajoutent, qui se collectent, se collectionnent, qui s'offrent aussi parfois.

De tout, il y a vraiment de tout à l'extérieur. Il n'y a qu'à choisir, à prendre ou à laisser. Il y a toujours de nouvelles choses à cueillir sur les étals du monde, du neuf, de l'inédit, du performant, du laid, de l'inutile.

Alors elle est allée de l'un à l'autre, faisant son marché dans ce multiple, ce varié, ce changeant.
Tourbillon incessant...ça passe, ça casse, ça vient, ça meurt...
Voilà c'est ça ...ça meurt: rien ne dure, ni les gens, ni les choses, ni les états d'âme, ni la jeunesse, ni l'aujourd'hui.
Demain est toujours un autre jour. Hier il y avait de quoi pleurer (ou l'inverse), il y a de quoi rire aujourd'hui (ou l'inverse). La sable est mouvant,  les nuages passent et se lassent, la vague est mourante ...
Mourante, c'est le mot...
Si elle s'accroche à "dehors" elle finit par s'évanouir, se gommer dans le tellement multiple que tout finit par se cogner, par se nier...

Alors elle a timidement posé le pied à l'intérieur, dans le centre du centre
A commencé la descente profonde vers le plus profond d'elle-même
A eu peur de se perdre dans les méandres de ses contradictions, car il y fait noir bien souvent, les repères se perdent, les acouphènes se déclenchent puisqu'il n'y a plus d'autres bruits que ses bruits intérieurs

Tentation de revenir vers l'extérieur pour noyer les acouphènes dans les bruits rassurants du clinquant...

Chaque matin trop souvent, elle se réveille pour s'en aller ailleurs, partir, se quitter...
Et sa maison intérieure reste vide, en manque, en attente, déracinée, transplantée de lieu en lieu, de lien en lien.

Fermer les yeux un moment. Un long moment.
Cesser de scruter le reflet qu'elle offre d'elle aux autres et dont elle attend qu'ils lui disent qui elle est : mais qu'est-ce qu'ils en savent, après tout... elle seule a la réponse, pour peu qu'elle quitte le miroir trompeur

Fermer les yeux. Un long moment
Entamer la descente. Avec les acouphènes qui se déclencheront
C'est le prix à payer pour trouver son propre trésor intérieur



25 commentaires:

  1. Simplifier, accepter, accueillir les bruits tant intérieurs qu'extérieurs. Ne pas lutter contre. Le silence alors surgira…..La paix est à ce prix !

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    1. Bonjour Coum, bonjour Daniel,
      accueillir les bruits intérieurs, je trouve que c'est très difficile!

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    2. on peut le faire quand on se met en état de méditation: et cela fait beaucoup de bien. Cette attitude "repasse" mon âme

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    3. Quelle jolie expression : cette attitude repasse mon âme!
      Moi, c'est quand j'ai le plus besoin de me mettre en état de méditation que je n'y parviens pas ! ;-)

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  2. En lisant ton billet, je pensais aux chambres sourdes où le chahut intérieur se développe de manière angoissante...
    https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Chambre-sourde-Personne-ne-peut-y-rester-plus-de-45-minutes-546793

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    1. Isoler quelqu'un de la lumière et du son, est un supplice considéré comme « light » car cela ne laisse pas de traces…
      C'est la démonstration que l'être humain est fondamentalement relationnel, tant avec lui-même qu'avec l'extérieur.

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  3. C'est probablement une erreur de croire qu'il faudrait (et même qu'il soit possible sans danger) de choisir entre le soi et l'intérieur de soi, et le soi et l'extérieur du soi…
    nous ne sommes pas constitués biologiquement de cette manière.
    Tout est sans cesse relation à chaque seconde : De soi à soi, de soi à l'autre, de soi à l'environnement, de soi avec son intériorité, etc.
    On a toujours la tentation d'une sorte de manichéisme…
    enfin, il faudrait développer… mais c'est en gros !

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    1. en fait, je ne pense pas être sujette à la tentation du manichéisme, même si je comprends bien ce que tu veux me dire
      J'ai le sens des nuances, trop parfois!
      Comme les arbres en ce moment qui nous donnent toutes leurs nuances de feu, de rouille
      (oh! que j'aime ça!)

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  4. Une « descente en soi-même » un peu angoissante, en fait, à cause de ce silence déclencheur d'acouphènes...
    Chercher dehors autre chose que le futile, le mercantile, se raccrocher aux arbres, aux beautés du monde pour installer sa paix absolue...
     •.¸¸.•*`*•.¸¸✿

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    1. "Chercher dehors autre chose que le futile, le mercantile, se raccrocher aux arbres, aux beautés du monde pour installer sa paix absolue."
      Bien sûr c'est là une démarche équilibrée et à laquelle je m'applique tous les jours

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  5. Quel joli texte, qui pousse à la réflexion!

    C'est curieux (pour moi) que tu assimiles les bruits internes à des acouphènes. J'aurais tendance à les trouver plus rassurants que gênants. Mais je crois que j'ai la chance infinie d'être bien dans ma peau, en toutes circonstances. A l'aise avec moi-même, avec mon corps. Il est clair que ça aide à garder l'équilibre avec le monde. Vivre en harmonie avec son corps est une chose irremplaçable, je crois, qui permet d'appréhender tout ce qui lui est extérieur sans angoisse superflue.

    Mais il est vrai que nous sommes toujours un peu (très) pris entre un désir d'amplitude lumineuse, et tout ce qui doit être fait au quotidien...

    Voilà du moins ce qu'il m'inspire :-)

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    1. Cela me plait que ce texte pousse à la réflexion, c'est ce que j'espérais!
      Contrairement à toi,c'est pour moi une lutte de chaque instant pour me sentir bien dans mon corps... c'est comme ça depuis 7 ans surtout
      C'est un travail de tous les jours
      Ce texte veut simplement exprimer de manière MÉTAPHORIQUE les difficultés que je rencontre tant à l'extérieur, qu'à l'intérieur. Je pensais que mon texte serait plus clair...

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    2. C'est bien ce qu'il me semblait avoir compris. Mais on ne peut jamais être sûre de rien... Je conçois d'autant mieux tes difficultés qu'elles rejoignent (même si les causes sont différentes) celles de mon homme. Se sentir bien dans un corps qui vous échappe est mission quasi impossible, à chaque instant recommencée. Vivre à ses côtés, te lire me font goûter plus intensément l'immense privilège qui est le mien d'avoir un corps sur lequel je peux compter, et me font oublier de me plaindre pour les petits bobos tels qu'un rhume ou un peu d'arthrose.
      Je t'embrasse fort

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    3. MERCI à toi, cela fait du bien de se savoir comprise...je pense souvent à toi et à ton homme, à Alainx aussi
      Ma vie dans ce corps qui est devenu le mien, est difficile
      ET POURTANT je suis heureuse dans le fond de moi-même
      Comme toi d'ailleurs je mesure ma chance.La maintenant, je voix par mon vélux (ça existe aussi en France?) les arbres qui lentement s'habillent en habits d'automne... et c'est beau, si beau!!!

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    4. oui oui, on a des Velux en France ;-)
      Enfin, pas moi! ;-)

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  6. Je trouve aussi ce texte très joli! Mais contrairement à La Baladine j'ai compris que tu souffres vraiment d'acouphènes...

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    1. non pas du tout! je ne souffre PAS d'acouphènes...
      c'est juste une formule du type métaphore, une façon d'écrire donc... voilà!

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    2. @ Coumarine c'est tant mieux! Le doute était permis, c'est tout :-)

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    3. Oui, tant mieux Coum! Et navrée La Baladine, parfois je comprends tout à l'envers!

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  7. Oui, il peut y avoir des acouphènes mais il y a aussi cette musique comme si une troisième oreille existait et avait la faculté de l'entendre. Celle-là est un genre de véhicule qui mène directement au pays de la plénitude. Je me pratique à l'écouter… quand j'y pense ! kéa

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    1. Ah oui, j'oubliais, ton texte si beau Coumarine, une perle. kéa

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    2. chère kéa... oui tu mets le doigt sur qqch devenu très précieux pour moi: ma vue tronquée m'a permis de développer très fort mon sens de l’ouïe, jusqu'à souffrir d'acousie pour certains bruits
      Et au delà de ça, l'intuition s'est développée très fortement en moi

      Merci d'apprécier mon texte aussi

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  8. Je trouve ton texte angoissant, enfermant.
    Je ne souffre pas d'acouphène. Par contre j'entends le bruit de mon coeur quand je me mets dans un étant de relaxation, amplitude, ouverture et le coeur qui s'exprime calmement.

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