vendredi 27 novembre 2015

Changement de cap

Devant le bâtiment des Cliniques universitaires, où je me suis rendue deux fois cette semaine, stationne un camion militaire, Avec bien sûr des militaires lourdement armés, selon la formule consacrée. Ils guettent impassibles, surveillent l'éventuel fauteur de trouble. Une seule entrée pour cet énorme bâtiment, les autres sont verrouillées. Nous sommes en alerte 4 (3 maintenant)
On passe la porte, et là on subit tous une fouille rudimentaire: ça va, pouvez y aller! Un merci, un vague sourire...
Finalement tout cela est relativement bon enfant!

Nous habitants de ce petit pays dont les disputes principales se réduisent à des mésententes et revendications linguistiques, nous devrons apprendre à vivre avec cette menace, ce danger potentiel, lattant.

Nous n'avons pas été habitués, comme bien d'autres pays à côtoyer cette méfiance, cette prudence inquiète, dans les rues, dans les bâtiments, les ambassades, mes musées etc
Nous avons vécu un bon 50 ans dans une Europe tranquille, joyeuse, consommatrice à outrance.
Les bombes et attentats, c'était toujours ailleurs, là-bas, loin au Moyen Orient, en Afrique, dans le Nord principalement. Ça se passait toujours ailleurs, les morts dans les rues...
Derrière l'écran de nos télés, on regardait tout cela atterrés, mais très vite rassurés que ce n'était pas chez nous!

J'ai l'impression que les choses sont en train de changer: le temps de l'insouciance est terminé. Il faudra tenir compte de tous les extrémismes qui de plus en plus explosent en nos contrées.

Et il n'y a pas que cela.
Il faudra aussi apprendre à vivre avec des gens qui viennent d'ailleurs, qui ont fui les atrocités de leur pays, il faudra vivre avec eux avec bienveillance, leur faire une vraie place, les accueillir dans nos écoles. Ce ne sera pas facile, ils ont une autre culture, religion, façon de voir les choses que nous. Et pourtant il faudra....pas d'autre choix, que cela plaise ou non... et pour beaucoup, ça déplaît...

Je pense à nos parents et grands-parents qui ont traversé la guerre et s'en sont sortis forts et droits malgré les horreurs qu'ils ont vécus. Ils ont reconstruit, et pas si mal que ça!

Pour nous donc, le défi est de taille. Je souhaite de tout mon coeur que nous puissions le relever avec toute l'humanité dont nous serons capables

Et parce que la menace fera partie de nos vies, nous pourrons nous recontacter avec nos valeurs essentielles.
Et nous pourrons rire et faire la fête de bon coeur, et nous serrer dans les bras en n'oubliant pas de nous dire : JE T'AIME


Edouard Boubat

20 commentaires:

  1. Tu vois , je me suis longtemps refusée à dire le mot "guerre " et pourtant , il va falloir nous habituer aux présences de militaires , aux craintes , aux entraides aussi , aux imprévus
    vendredi ma fille m'envoie un message " maman , je vais bien "
    elle avait du fuir son institut de formation , sa rue est bouclée , elle ne peut pas rentrer chez elle , fausse alerte , heureusement
    elle a eu peur ...
    peur des trains ,du métro , peur des gares
    elle vit comme toi dans une jolie ville , où les gens sortent , fêtent , trinquent
    les chalets de Noël vont ouvrir sur la Grand Place et il faudra continuer à sortir
    que de réalisme dans ton billet Coumarine , et que d'espérance , merci

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    1. le soir des attentats le président Hollande a prononcé aussitôt le mot "guerre". Par après il l'a martelé, plusieurs fois. Cela m'a dérangée. C'est un terme fort, trop fort à mon sens, plonge le monde dans un manichéisme dangereux. Il y a les bons, il y a les mauvais!
      Mais "les bons", ces pays bien installés dans leur confort des idées, se sont rendus coupables de négligence, se sont laissés détourner par des intérêts financiers et politiques peu reluisants

      Ta fille fait ses études à Bxl... la ville souffre en effet d'incessantes alertes à la bombe
      Et cependant elle commence à préparer Noël... extérieurement du moins, par les sapins, les chalets de Noêl
      Il faudrait une vraie conversion intérieure aussi

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  2. oui vivre avec un peu de peur, se rendre dans des lieux publics avec une légère crainte... mais y aller quand même.
    Hier soir dans ma ville une veillée était organisée où toutes les confessions étaient présentes, c'était bien.

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    1. ce sera notre quotidien désormais, Adrienne
      Mais nous pourrons continuer à oeuvrer vers plus de paix, vers plus d'amour
      Et chanter, danser, manger toutes les bonnes choses que Noël nous prépare...

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  3. L'Occident dans son ensemble joue avec les allumettes depuis bien longtemps, et on s'étonne d'avoir mis le feu...L'insouciance était quand même très relative, non ? Les attentats, ça fait des dizaines d'années qu'il y en a, on se demande même si ça s'est arrêté depuis 1945, ça fait des années que l'impérialisme américain sème sa terreur économique sur le monde. En septembre 2001, une Coumarine ou une Célestine américaine a sûrement écrit sur son blog que c'était la fin d'une époque d'insouciance...mais les gens oublient. Le plan vigipirate, par exemple, a été mis en place en 1981, qui s'en souvient ? la guerre entre Israël et la Palestine finit par déborder jusque chez nous, c'est logique. La géopolitique est un jeu de stratégie géant où les populations subissent les décisions des "grands" de ce monde...
    C'est pourquoi j'aime aussi beaucoup la fin de ton billet. Dire je t'aime, s'aimer les uns les autres, voilà le seul vrai message (et il n'est pas religieux. Il est humain, profondément humain)
    Ce message-là va peut-être un jour faire force, quand les désastres entraînés par la surconsommation et la guerre nous auront tous mis au bord de l'abîme.
    En attendant, vivons, et unissons nos gouttes d'eau pour le défi climatique prochain, le seul vrai problème qui, à mon sens, devraient nous faire trembler de trouille...en n'oubliant pas que la peur des peuples, qui les paralyse, est certainement voulue par certains, sans faire aucunement du complotisme.

    Bises réalistes mais optimistes
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. PS: Boubat, quel excellent choix ! J'adore.

      ¸¸.•*¨*• ☆

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    2. Depuis des années, on ferme les yeux sur tous les signes avant-coureurs que tu épingles ds ton commentaire. N'empêche, dans nos pays d'abondance, on n'a jamais vécu le quotidien difficile de L'Irak, de la Lybie (pour donner deux ex...)

      Quant à Boubat (je l'ai découvert quand j'ai appris avec admiration que Bobin et lui avait œuvré ensemble à un recueil photos.textes
      J'en ai parlé sur mon blog des cent mots

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    3. Quel commentaire éclairé tu as fait là Célestine ! kéa

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    4. Je partage ton analyse, Célestine.

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  4. Il y aura des nuits, il y aura des jours, il y aura des crépuscules multiples où les mères serreront leurs enfants dans leurs bras, où les hommes poseront les armes. Et où des oiseaux venus de loin effleureront les cimes de grands bois.

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    1. Vertumne, quel bonheur de te voir ici: tu es un des plus vieux blogueurs, dont certainement les plus anciens se souviennent!
      Je me souviens que tu étais poète et je lis en effet que ta façon de répondre à ce billet est simplement poétique.
      J'aime tes mots...
      merci d'être venue ce soir: je me sentais un peu seule ici!

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  5. Ah ! Coumarine l'être humain est toujours au fond, peut être sans le vouloir, indifférent à tout ce qui peut advenir ailleurs, sauf quand ça le touche de prés, car alors il voit de plus prés ce qu'il ne voyait pas ailleurs. J'ai vécu en Algérie, j'y vis encore, et bien ! je souffre de ce qui s'était passé en France au bataclan et ailleurs, mais pas ici, plus ici, j'ai l'impression qu'on a traversé une période noire, et puis on a fini par ne plus y penser.En Algérie les attentats, ça n'attire plus grand monde, les médias en particulier et les terroristes le savent, alors il faut le faire là où ça peut faire de bruit, de publicité.Je crois que la vraie guerre c'est celles des médias, des images.Ce qui me fait mal, c'est que je me dis, qu'on aurait pu éviter que cela se déroule aujourd'hui dans d'autres pays, si les politiques en France ou ailleurs avaient sérieusement compris le danger de la nébuleuse.On pensait alors qu'en Algérie, c'était la guerre civile. Non ce n'était pas une guerre civile, c'étaient des terroristes armées contre des civils désarmés. La seule protection qu'on avait, c'était l'armée et quelques patriotes que l'Etat avait armés aussi. En Occident on accusait l'armée algérienne de fomenter les troubles, alors que nous petit peuple on savait d'où venait le danger, la nébuleuse islamiste télécommandée de certains pays du Golfe, mais personne ne nous prenait au serieux, il y' a trop de dollars en jeu. A mon triste avis, c'est exactement le même scénario qui se déroule aujourd'hui, il y'a le golfe, le pétrole, les islamistes( les mêmes ingrédients et tout le bataclan.).
    Bonne soirée Coumarine

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    1. merci Bizac, vraiment merci
      Tu apportes un autre éclairage sur cette situation. Cet éclairage m'effraie un peu si tu compares ce qui s'est passé en Algérie au scénario qui se déroule ici
      Tout ne serait-il qu'une question de dollars? de fric?
      Dur dur...
      Continuer à croire en la beauté du monde quand même, c'est faire un acte de foi un peu (beaucoup) audacieux
      Ton commentaire est secouant, mais il m'interpelle
      Merci pour cela!

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  6. Elles sont justes tes paroles... et comme tu as raison, tolérance et amour, acceptation de l'autre...

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  7. "Il faudra aussi apprendre à vivre avec des gens qui viennent d'ailleurs"

    Depuis tout petit et partout dans le monde, sauf exception plus que rare, on vit avec des gens venus d'ailleurs.
    Que ce soit à Bruxelles, Paris, les capitales européennes ou ailleurs, on vit avec des étrangers.
    Il n'y a que les crétins pour s'effrayer que "globalement dans le monde, y plus de sept milliards d'étrangers !"
    Sauf pour la Chine ou l'Inde pour lesquels il n'y a que plus de cinq à six milliards d'étrangers.
    Donc, soit rassurée, on a l'entraînement...

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    1. le goût, je vois que je ne t'ai pas répondu. Désolée
      on a bcp d'étrangers à BXL, c'est comme Paris sans doute une ville pluriculturelle
      Et donc oui, on a l'entrainement!

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  8. Tu as écrit un très beau et bon billet qui traduit si bien mes pensées et sentiments. J'ai aussi souvent pensé à mes grand-mères qui ont chacune traversé deux guerres . Je les toujours admiré mais aujourd'hui, je ressens un peu plus leur force, leur courage,, leur détermination

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    1. merci Miss Zen
      Je pense aussi à ces grands parents qui ont vécu une ou deux guerres
      J'aime ce que tu dis sur leur force, leur courage...

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  9. Combien de temps passés sans menaces, sans troubles, sans tueries guerrières, sans bombardements; tant d'histoires que nos aîeux nous racontaient quand nous étions adolescents..et poyurtant, eux ont vécu dans ce climat de terreur de peur.Je l'ai entendu avec mes interviews lors de la réalisation de mes films sur la seconde guerre Mondiale. Et pourtant, ils me disaient qu'il n'espèraient plus jamais cela...les histoires d'humanités ne sont-elles pas cycliques? Voila notre peur qui se réinstalle : https://youtu.be/rUH0kKdbDI0

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