mercredi 3 juin 2015
Un petit peuple courageux
Hier, comme tous les mardi et jeudi, je me rends dans la vaste salle de kiné de "mon" hôpital. Je viens là pour mieux contrôler mon équilibre: en effet entre les moments où je penche à droite et où je chancelle, je cherche ce précieux équilibre, mis à mal par la perte de l'oeil gauche. Je ne vous raconterai pas en quoi consistent les nombreux exercices qu'on me fait faire, ce n'est pas l'objectif de ce billet. Mais quand on me demande de danser sur un gros ballon, je n'oserais jurer que je reste stable ;-)
Dans la salle, autour de moi, il y a du monde, plein de monde, des patients et des kiné, des instruments de torture, des espaliers, des contrepoids etc. Beaucoup se relèvent d'un AVC qui leur a paralysé un côté du corps, ou davantage. J'observe tous ces gens qui s'acharnent à travers la douleur à retrouver un peu de mobilité. Ils transpirent, ils s'obstinent, ils se découragent parfois. J'observe aussi tous ces kiné, femmes et hommes, jeunes pour la plupart, qui accompagnent les efforts des patients, ils sont là, à les encourager, à les féliciter pour un centimètre de mouvement retrouvé.
Cet endroit n'est pas un lieu "facile", il y a des efforts, des douleurs, des découragements, des larmes parfois.
Mais c'est un lieu porteur: moi qui ai juste à retrouver un certain équilibre, à fortifier les muscles mis à mal par la prise de corticoïdes, j'y fais des exercices de confiance en mon corps. Car c'est au fond ça que j'ai surtout perdu: avec les pertes d'équilibre, la peur de tomber et celle de me faire heurter par les "dangers" venus de gauche et que je ne perçois plus à temps.
Me trouver là, dans cette salle booste mon courage. Bien plus que de me rendre chez un(e) kiné travaillant à la maison, dont je serais, pendant la séance, l'unique patiente.
Depuis à la maison, j'accomplis avec entrain l'un ou l'autre exercice, en pensant à ces gens qui travaillent en ce moment même dans cette vaste salle de kiné, confiants qu'ils ont dans leurs mains un petit bout de leur guérison possible.
C'est un petit peuple courageux et "espérant"
oui, courageux!
RépondreSupprimerTon témoignage me fait penser au fils d'un ami, devenu hémiplégique suite à une grave chute: malgré ses nerfs sectionnés il garde espoir, et de temps en temps il lui semble "sentir" quelque chose dans les jambes...
oui, courageux!
et toi aussi, Coumarine :-)
oui il a raison de garder espoir. Je vois dans la salle de kiné des gens très courageux et déterminés qui parviennent à des résultats inespérés. Mais il faut du temps. Si les nerfs se réveillent tout espoir est permis
SupprimerIl faut lire le livre de Claude Pinault, atteint comme mon mari d'un Guillain-Barré, mais plus gravement. Il a mené une lutte de plus d'un an pour récupérer ses nerfs détruits
J'y ai passé 3 ans de ma vie, tous les jours, 3 fois par jour en internat....
RépondreSupprimerPuis il y a quelques années : 6 longs mois ....
j'en ai soulevé de la fonte !!!
si j'eus été un type "normal"( et pas un dégénéré... ) j'aurais pu concourir pour "Monsieur Muscle"....
;-)
C'est pas juste.... je continue à me déglinguer....
"Le monde il est pas juste"
(c'était la minute Calimero....)
non Alain nous sommes atteints "injustement"... certains plus que d'autres et je sais que tu as eu ton lot (encore maintenant!)
SupprimerMais la force est en toi, cette force intérieure dont on n'a pas idée de l'intensité
Même si elle baisse un moment, elle est là, pr^te à se réveiller
Je t'embrasse, Calimero, on a parfois besoin de trouver une oreille attentive et compatissante qui accepte qu'on soit Calimero!
J'imagine tous ces efforts... Une amie très proche (et très chère) a fait un AVC il y a une quinzaine d'années. Elle avait 37 ans. Nous allions marcher quelques minutes par jour, ensemble. Elle cramponnée à mon bras, persuadée qu'elle allait tomber et moi la rassurant, l'encourageant, la félicitant. Difficiles ces moments. Entre mon amie et moi, même si des km nous séparent maintenant, est un lien solide...
RépondreSupprimerCourage, amie Coumarine ! Je t'embrasse.
tu as été une véritable amie pour ton amie, Agnès!
SupprimerMarcher à son pas, l'accompagner, l'encourager... difficiles moments sans doute, mais riches de tendresse humaine
Je t'embrasse aussi
"Mais quand on me demande de danser sur un gros ballon, je n'oserais jurer que je reste stable ;-) "
RépondreSupprimerDemande donc au médecin qui t'a demandé d'aller voir l'équilibriste de monter sure le ballon...
tiens donc le Gout, j'ai pensé à toi en écrivant ce billet...
Supprimertu sais pourquoi?
;-))
J'aime beaucoup l'image du petit peuple courageux. Cela me fait penser aux "Hobbits" de la saga de Tolkien ;-)
RépondreSupprimerLes petites fourmis qui travaillent dans l'ombre, jamais mises en valeur par aucun coup de projecteur médiatique, les infirmières, les kinés, tous les gens de terrain qui se collettent avec la misère et la souffrance...
Des gens formidables, plein d'investissement personnel, de compassion, de dévouement, et là, on se prend à espérer de l'espèce humaine.
J'aime ce que tu dis de ce lieu "porteur". L'amour prend bien des formes, et là, c'est une circulation d'énergie entre les êtres qui semble faire des miracles.
je t'embrasse
¸¸.•*¨*• ☆
je regardais encore aujourd'hui combien tous ces jeunes kinés ont de la patience et de la chaleur humaine
SupprimerOui, ce sont pour la plupart des gens simples, qui ont à coeur de bien faire leur travail!
Et puis... ça te rappelle que vous êtes plusieurs à vivre ces incertitudes mêlées d'espoir, qui se nourrissent d'efforts constants. Les progrès des uns sont aussi le signe pour les autres que le "mieux" est possible.
RépondreSupprimerCourage et je t'embrasse!
exactement... être plusieurs à "travailler", même si on ne travaille pas ensemble, cela aide énormément: on y trouve de courage quand le découragement guette
SupprimerMerci Edmée
Bonjour Coumarine,
RépondreSupprimerj'ai la chance de ne pas connaitre ces lieux "porteurs", mais je me suis souvent dit que je n'aurais pas le courage de faire ces efforts . Et étrangement, alors que la question d'une opération suivie d'une rééducation se pose, il y a quinze jours, je tombe par hasard sur une vidéo qui montre une moniale en train de tisser de superbes étoffes et là : "pour pouvoir faire comme elle, ça vaudrait le coup !"
Merci pour ce billet pétri d'humanité vivante
pourquoi donc Nicole, crois-tu que tu n'aurais pas le courage de faire ces efforts?
SupprimerSe voir progresser de jour en jour, même si ces progrès sont minimes; donne beaucoup de courage et de motivation
Parfois on est au pied du mur, comme tu sembles l'être aujourd'hui, je gage que tu n'hésiteras pas (plus) à faire les efforts d'une rééducation...
Je pense à mon mari qui sitôt opéré du cœur pédalait sur son vélo.
RépondreSupprimerOui, ça vous demande beaucoup de courage.
Bravo.
voilà! il a eu ce courage et il a sans aucun doute récupéré très vite (comme mon mari!)
SupprimerUn bel hommage à tous les battants et les soignants !
RépondreSupprimermerci Naline ;-))
SupprimerAyant eu une opération à cœur ouvert, je connais les salles de rééducation. J'y ai trouvé beaucoup de réconfort et y ai vu des gens dans un état encore pire que le mien.
RépondreSupprimerOui au peuple courageux !
Cela me donne aussi du réconfort, quand je vois dans un état lamentable qui, au fil des jours retrouve un peu de leur autonomie
SupprimerMerci de ton passage ici
Petit peuple courageux et bien souvent silencieux, trop!
RépondreSupprimerah! ça, ils ne font pas la une des médias, c'est sûr!!
SupprimerUn petit peuple courageux, combattant, qui vous redonne espoir en vous démontrant que tout est possible. C'est un bien bel hommage !!
RépondreSupprimermerci Florinette ;-))
SupprimerAu fait, je t'ai répondu.
RépondreSupprimerNe te mets pas martel en tête.
Ecoute toi, n'écoute pas les autres.
Ne panique pas. Lance toi !
le gout... je te réponds demain
Supprimerdéjà je te dis merci
Ce que tu dis du groupe en physiothérapie résonne très juste pour moi. Comme ce que tu écris de l'écriture! Je me retrouve bien dans tes textes (et depuis des années). Continuons!
RépondreSupprimeroh! Natacha! si contente de te revoir par ici; Je me suis souvent posé la question de comment tu allais
SupprimerMerci de ton petit signe