Je lis ceci quelque part sur le Net:
"j'hésite à lire ce roman, à cause des bons sentiments obligatoires..."
Je m'interroge: les bons sentiments sont-ils "méprisables", à fuir par les adultes intelligents que nous sommes, à qui on ne la fait pas, pour lesquels la réalité est bien sûr dans le registre du réalisme- noir- bien- corsé, pour ne pas parler de cynisme?
Faire preuve de maturité suppose-t-il qu'on ne se laisse pas prendre par les "bons" sentiments? (les sentiments tout court?)
Et d’abord, c'est quoi les bons sentiments dans une oeuvre littéraire ou artistique?
Sont-ce les sentiments qui font pleurer, qui émeuvent, qui rendent tout flapi, qui dégoulinent de partout, parce qu'on a vu ou lu un truc ultra dur avec par ex un enfant handi ou un jeune qui va mourir, un père et sa fille qui se réconcilient après des années de silence, un mec qui défend la veuve et l'orphelin au travers de plusieurs épreuves qui font pleurer dans les chaumières?
Il y a de ça évidemment, une histoire de bons sentiments est une histoire douloureuse, qui finit bien avec force émotions...
Mais est-ce méprisable?
Celui qui se laisse prendre par une telle histoire, est-il un con, un niais? Doit-il cacher son émotion pour ne pas qu'on le juge? Doit-il se défendre de lire ce livre, de voir ce film pour ne pas se laisser prendre dans les filets de ces bons sentiments?
Quelle est la frontière entre un livre profondément sensible et un livre à bons sentiments?
La fin? Çà finit bien (bons sentiments) ou mal (roman réaliste et intelligent)? Ou alors la manière dont il est écrit (avec pas, peu ou beaucoup d'humour, moqueries ou dérision malgré le sujet émouvant...?)
L'histoire à bons sentiments est-elle une histoire qui est "morale"?
Je ne sais ce que vous en pensez mais je serais curieuse de le savoir ;-))
Merci pour ce billet Nicole !
RépondreSupprimerJ'écris dans mes histoires les bons sentiments (j'en suis fier !) et j'adore lire/voir les bons sentiments au cinéma. :)
Pff, je crois qu'il faudrait une note entière pour te répondre;)
RépondreSupprimerJe ne suis pas d'accord pour dire que histoire "qui finit bien" = sentimentale et celle qui "finit mal" = réaliste : dans la vie, il y a les deux, simplement, c'est toujours pareil, on remarque moins ce qui n'est pas douloureux !
Pour en revenir aux histoires de "bons sentiments", je pense que c'est là aussi que se trouve l'art de l'écrivain/du cinéaste : ne pas donner l'impression d'appuyer sur ce qui fait pleurer, tout en le faisant quand même si c'est le sujet de l'histoire...mais en finesse, quoi ! En fait, je crois que pour moi, c'est une question de nuances : "film plein de sensibilité" est plein de sentiments, mais pas forcément que des "bons". Une question de fin (but), aussi : il y a raconter du bon sentiment juste pour faire pleurer dans les chaumières (dans un film, si possible en le soulignant de violons, tu vois le truc-et faire du fric au passage, de préférence), ou pour des raisons autres (dénoncer, raconter une expérience, partager...ce qui n'empêche pas de faire de l'argent (ce n'est pas un mal en soi, je veux dire), mais sans que ce soit forcément le but principal)
Et puis, il y a bien évidemment et simplement une question de goût de la part du lecteur !
je pense que ceux qui laissent des comm' sur le net écrivent souvent n'importe quoi ;-) LOL ;-)
RépondreSupprimer(et qu'il faudrait en effet d'abord définir ce que cette personne entend par "bons sentiments"... de plus, elle ne dit pas qu'elle recherche de la "haute" littérature, il n'est dond pas exclu que bons sentiments = bonne littérature ;-))
Grave question !
RépondreSupprimerY a de quoi faire :
http://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2008-4-page-489.htm
T'as tout lu ?
Qu'en penses-tu ?
(Je rigole !)
Je crois que la personne qui a écrit cette phrase sur le net, veut garder sa liberté de penser plutôt que d'être obligée d'adhérer au moule de notre société qui nous rabâche sans arrêt d'avoir de bons sentiments envers autrui. Ex : Il faudrait avoir de l'indulgence pour les petits truands, avoir de la compassion pour les criminels. Tendre la main à ceux qui ne pensent que profiter des autres .... Je crois que dans un roman où on cherche à innocenter, trouver des circonstances atténuantes, disculper, blanchir quelqu'un qui a porté atteinte à autrui ou qui a commis un crime, ne peut pas attirer de "bons sentiments". L'auteur qui cherche à tout prix à rendre sympathique son héros nous oblige à le suivre dans des "bons sentiments obligatoires" et tout le monde ne peut pas y adhérer. Pas assez de place pour développer cette vision des "bons sentiments".
RépondreSupprimerJe suppose que l'expression est directement reliée à la comparaison :
RépondreSupprimerbonne littérature / mauvaise littérature.
mettre en scène des personnages "gentils" dégoulinants de miel et de sucre, avec une intention apologétique ou moraliste, c'est à mes yeux exaspérant... (idem pour les mauvais films...)
Ue personnage "construit" est tout en nuance, vivant à la fois le meilleur et le pire, merveilleusement crapuleux et détestablement bon comme du bon pain... sensible et aimant le soir avec son amant(e), cynique et froid je jour avec ses employés...
Bref ! "normal" !!
:-)
Ah manque juste une chose au tableau : LE TALENT de l'écrivain !
C'est quoi les "bons sentiments" ? Tu poses justement la question : est-ce méprisable ? Je ne le pense pas. J'en veux pour preuve des ouvrages comme "Grâce et dénuement" d'Alice Ferney ou "Corps et âme" de F. Conroy.
RépondreSupprimerEn revanche, est-ce "les bons sentiments" qui font le bon livre ? Le résultat pourrait aussi être mièvre, "à l'eau de rose".
j'ai parcouru n diagonale le lien que renseigne Walrus!
RépondreSupprimerNon je n'ai pas lu complètement, car c'est long...
Mais suffisamment pour relever que les "bons sentiments" sont convenus et mièvres...
Je crois en effet que tout dépend de comment le sujet est traité
Il y a des "bons sentiments" qui font une belle et sensible littérature, d'autres qui écoeurent, et qu'on rejette avec dégout
Il ne faut surtout pas mépriser les "bons sentiments" qui, en effet, dans notre société aveugle font figure de niaiserie. Je dirais au contraire qu'un livre qui véhicule les bons sentiments mérite d'être lu s'il est écrit :intelligemment, sans concession à la facilité et sans tomber dans l'eau de rose. La mièvrerie en est exclue. Et si au lieu de "bons sentiments", on disait "sentiment", tout simplement. Je n'ai pas dit "sentimental", le terme dans un film ou dans un livre avertissant en quelque sorte qu'il s'agit presque exclusivement d'une histoire d'amour souvent conventionnelle. Définir un livre à sentiments? je dirais que le héros est "vrai", mélange d"inévitables travers, mais dans l'ensemble sincère, capable de se dominer sans être un mec ultra-fort, sensible aux autres et affrontant la sujet du livre avec un certain courage.
RépondreSupprimerChère Coumarine, je ne sais pas si j'ai répondu à ta question, mais j'ai fait de mon mieux...
Bisous,
Lorraine