mardi 29 avril 2014

C'est un jardin, extraordinaire... comme le chantait Charles


 Samedi en petit groupe, nous sommes allés visiter le Keukenhof (près d’Amsterdam)
C'est un immense parc dédié pendant trois mois aux fleurs de printemps, spécialement aux tulipes, reines incontestables de ce pays et de ce bel endroit de nature... Mais dès l'entrée du parc, une foule pas possible, pire que dans les grandes surfaces au moment des fêtes! Me voilà tenant la manche de mon homme pour ne pas le perdre, oups! pire qu'un enfant!
Tout le parc est amoureusement aménagé, dans des brassages de fleurs et de couleurs... les pelouses sont vertes et tendres... les coins romantiques abondent, les expositions de fleurs spécifiques (les amaryllis par ex) sont présentées avec originalité et créativité. Un régal pour les yeux, et plein de bonne idées pour de futures  déco 

Hélas, des bouts de pelouse piétinés, au mépris des pancartes demandant de les respecter!
Mais c'est plus fort qu'eux, les gens ont besoin de prendre LA photo de leur joli sourire, derrière un merveilleux massif de tulipes ou autre fleurs. Un pas en dehors des sentiers ne porterait pas à conséquence, mais des milliers par jour, et rebelote les jours suivants... quel dommage!

Et comme toujours, les touristes du bout du monde ou de pas loin, qui admirent ces spectacles magnifiques derrière l'écran de leur smartphone, mitraillent à longueur de journée : pas un cm de cette nature n'est épargnée! Ils rentreront avec de vrais catalogues de fleurs numériques, mais leurs yeux n'auront pas cligné un instant pour admirer en VRAI les beautés qui s'offrent à eux!

Et un peu partout, des jeunes et moins jeunes, fatigués d'avoir marché quelques mètres, se sont confortablement installés sur tous les petits murets qu'ils ont pu trouver et se perdent dans la contemplation de leur smartphone, tête baissée, complètement perdus dans leur monde, l'un à côté de l’autre, mais pas ensemble...
C'est au travers de la technologie qu'ils découvrent le monde, qu'ils échangent avec leurs semblables
J'ai lu quelque part ce matin que les cerveaux étaient en train de s'adapter à cette nouvelle façon de voir le monde, courte rapide et incisive...





vendredi 25 avril 2014

satané bruit de fond

Depuis quatre jours, les voisins pile en face de chez nous, ont entamé des travaux d'envergure
Cela tape, cela grince, cela cogne, les machines ronflent et vibrent...

Je savais que ces travaux devaient débuter bientôt, ils étaient programmés. Mais ce n'était encore qu'un avis affiché dans leur jardin ... prouvant qu'ils avaient l'accord de la commune!
Mais tant que rien ne commence, on peut ignorer les ennuis

Là maintenant on y est! Et comme il s'agit d'une cave que l'on creuse, et d'une véranda que l'on installe, je crains fort que ces travaux ne durent au minimum deux mois, ou trois, ou quatre, on sait comme ça fonctionne dans le bâtiment!

Le bruit me dérange, je n'entends plus que ça! L'hyperacousie n'est pas loin!
De plus, tout ce petit cirque débute à 6h trente du matin: les ouvriers s’interpellent, les portières de la camionnette claquent, la rue tout entière s'agite après un réveil plutôt brutal
Je me lève en général vers 8h. Jour après jour être privée d'une heure de sommeil, cela me pèse!

Je me suis dit ce matin, que si je continuais comme ça, j'allais franchement me crisper, entrer dans une tension morale et physique, pas piquée des hannetons!
Après tout, quoi de plus normal que ces travaux... C'est pour un mieux, c'est pour un plus, du moins on peut l'espérer!

Rien à faire,  dans ma vie quotidienne, et cela pour un bon bout de temps, il y aura ce bruit de fond incessant, l'ingrate chanson des machines et des travaux. 
Je ne peux rien y changer, c'est comme ça!

C'EST COMME CA!

Il y a juste moi qui puis tenter d'intégrer ce bruit dans ma vie quotidienne, et l'accepter
Me détendre...

Une de mes filles souffre pour le moment d'un acouphène qui se déclenche  surtout la nuit, l’empêchant de dormir.
Elle me dit: plus j'y pense, plus j'écoute le bruit de mon acouphène, plus il s'amplifie...

Bien sûr là est le problème pour elle comme pour moi, intégrer le bruit dérangeant de telle façon qu'il fasse partie de la vie. L'accueillir sans stresser...

Cela ne durera que deux ou trois mois en ce qui me concerne... que sont trois mois dans une vie?

Bref. On dirait que je m'applique à l'acceptation. Bon exercice: on a toujours besoin d'une petite acceptation, pour s'exercer dans de plus conséquentes...quand tout ne se déroule pas forcément comme on l'a rêvé...





mardi 15 avril 2014

Une alerte

La maladie de Horton dont je souffre est une maladie auto immune
Elle est sous contrôle, mais elle n'est pas guérie et ne le sera jamais!
Je viens une fois de plus d'être confrontée à cette réalité que j'ai tendance à occulter

Depuis une semaine, les examens sanguins ne sont pas bons... le taux de CRP  (inflammation dans le sang) qu'on contrôle avec soin  depuis août 2011 remonte... et ne semble pas s'arrêter de grimper
Inquiétant il faut bien le dire!

C'est une alerte, et il faut bien en tenir compte.
Donc à mon corps défendant, je suis obligée de reprendre de la cortisone, et pas qu'un peu... ;-((

C'est ça... où le risque de perdre l'autre oeil...
ou de faire une artérite dans un autre endroit de mon corps 

Pas envie
Mais pas envie non plus de reprendre de la cortisone avec les effets secondaires qui m'ont tant fait souffrir, et dont je n'ai pas fini encore de payer les dégâts Il est vrai que j'en ai pris des doses très très élevées)

Juste le choix de me plier à un mal (la cortisone), pour un bien (le contrôle de l'artérite temporale)

Ce n'est pas facile. Je vais puiser dans le fond de mon corps ce qu'il me reste de courage et d'énergie

Hier, en apprenant la nouvelle, j'avais le coeur au bord des larmes, larmes de très grand découragement
Je sais cette fois comment ce sera quand je serai à nouveau sous la coupe de madame cortisone, je ne le sais que trop bien...
Même si les doses d'aujourd'hui ne sont pas à comparer avec celles d'autrefois

Je digère peu à peu cette nouvelle indigeste:
Ainsi ce matin je suis capable d'écrire ce billet sans débordement de sentiments
Simplement dire où j'en suis
Fragile, mais reprenant lentement courage

Il y aura des hauts et des bas, je le sais
Mais je sais aussi qu'il y a de la vie encore en moi et devant moi!

 


photo Coumarine





dimanche 13 avril 2014

Une affaire de "bons sentiments"

Je lis ceci quelque part sur le Net:
"j'hésite à lire ce roman, à cause des bons sentiments obligatoires..."

Je m'interroge: les bons sentiments sont-ils "méprisables", à fuir par les adultes intelligents que nous sommes, à qui on ne la fait pas, pour lesquels la réalité est bien sûr dans le registre du réalisme- noir- bien- corsé,  pour ne pas parler de cynisme?
Faire preuve de maturité suppose-t-il qu'on ne se laisse pas prendre par les "bons" sentiments? (les sentiments tout court?)

Et d’abord, c'est quoi les bons sentiments dans une oeuvre littéraire ou artistique?

Sont-ce les sentiments qui font pleurer, qui émeuvent, qui rendent tout flapi, qui dégoulinent de partout,   parce qu'on a vu ou lu un truc ultra dur avec par ex  un enfant handi ou un jeune qui va mourir, un père et sa fille qui se réconcilient après des années de silence, un mec qui défend la veuve et l'orphelin au travers de plusieurs épreuves qui font pleurer dans les chaumières?

Il y a de ça évidemment, une histoire de bons sentiments est une histoire douloureuse, qui  finit bien avec force émotions...
Mais est-ce méprisable?
Celui qui se laisse prendre par une telle histoire, est-il un con, un niais? Doit-il cacher son émotion pour ne pas qu'on le juge? Doit-il se défendre de lire ce livre, de voir ce film pour ne pas se laisser prendre dans les filets de ces bons sentiments?

Quelle est la frontière entre un livre profondément sensible et un livre à bons sentiments?

La fin? Çà finit bien (bons sentiments) ou mal (roman réaliste et intelligent)? Ou alors la manière dont il est écrit (avec pas,  peu ou beaucoup d'humour, moqueries ou dérision malgré le sujet émouvant...?)
L'histoire à bons sentiments est-elle une histoire qui est "morale"?

Je ne sais ce que vous en pensez mais je serais curieuse de le savoir ;-))

mercredi 2 avril 2014

Acouphènes


Elle a beaucoup cherché. D'ailleurs elle cherche encore...
Elle a beaucoup cherché dehors, à l'extérieur. Et elle y a trouvé bien des choses, de tout, de rien, des choses qui s'achètent, qui s'ajoutent, qui se collectent, se collectionnent, qui s'offrent aussi parfois.

De tout, il y a vraiment de tout à l'extérieur. Il n'y a qu'à choisir, à prendre ou à laisser. Il y a toujours de nouvelles choses à cueillir sur les étals du monde, du neuf, de l'inédit, du performant, du laid, de l'inutile.

Alors elle est allée de l'un à l'autre, faisant son marché dans ce multiple, ce varié, ce changeant.
Tourbillon incessant...ça passe, ça casse, ça vient, ça meurt...
Voilà c'est ça ...ça meurt: rien ne dure, ni les gens, ni les choses, ni les états d'âme, ni la jeunesse, ni l'aujourd'hui.
Demain est toujours un autre jour. Hier il y avait de quoi pleurer (ou l'inverse), il y a de quoi rire aujourd'hui (ou l'inverse). La sable est mouvant,  les nuages passent et se lassent, la vague est mourante...
Mourante, c'est le mot...
Si elle s'accroche à "dehors" elle finit par se diluer, se gommer dans le tellement multiple que tout finit par s'entremêler, par se confondre, par se nier...

Alors elle a timidement posé le pied à l'intérieur, dans le centre du centre
A commencé la descente profonde vers le plus profond d'elle-même
A eu peur de se perdre dans les méandres de ses contradictions, car il y fait noir bien souvent, les repères se perdent, les acouphènes se déclenchent puisqu'il n'y a plus d'autres bruits que ses bruits intérieurs.
Tentation de revenir vers l'extérieur pour noyer les acouphènes dans les bruits rassurants du clinquant...

Chaque matin trop souvent, elle se réveille pour s'en aller ailleurs, partir, se quitter...
Et sa maison intérieure reste vide, en manque, en attente, déracinée, transplantée de lieu en lieu, de lien en lien.
Fermer les yeux un moment. Un long moment.
Cesser de scruter le reflet qu'elle offre d'elle aux autres et dont elle attend qu'ils lui disent qui elle est : mais qu'est-ce qu'ils en savent, après tout... elle seule a la réponse, pour peu qu'elle quitte le miroir trompeur
Fermer les yeux. Un long moment
Entamer la descente. Avec les acouphènes qui se déclencheront. C'est le prix à payer pour trouver son propre trésor intérieur

A quoi sert de se procurer le multiple, si on ne trouve pas l'unique...
L'unique en soi.