lundi 17 juin 2013

Le désir pressant d'absolu


Je remets ici un ancien billet que j'ai écrit en avril 2011.
Le relisant par hasard ce matin, je suis frappée par l'intensité de ces mots, exprimant une réalité tout aussi intense... 
J'ai beaucoup réfléchi sur le-comment-j'étais-les-mois-qui-ont-précédé-mon- accident-de-santé,
tentant d'y trouver des pistes pour comprendre...
Ce texte est pour moi très représentatif

Il y a en moi comme un élan incessant vers un absolu dont j'ignore tout et surtout comment le satisfaire. Parfois je me demande si je ne confonds pas ce désir si pressant d'absolu avec un piteux et lancinant vide existentiel, qui serait comme un panier sans fond que je ne parviens jamais à remplir... et pour cause!
C'est comme les deux côtés d'une même médaille. D'un côté le désir d'absolu, de l'autre la sensation de vide...

Cette aspiration incessante vers un "ailleurs", un "autre chose" est lancinante, elle se loge là quelque part dans ma poitrine et la sillonne d'éclairs qui me lacèrent et m'oppressent dans mes respirations. Autrefois c'était si violent que cela se transformait en angoisses qui me laissaient anéantie. Mais j'ai appris heureusement à laisser se décrisper le souffle, à le laisser descendre dans le ventre, ce qui me redonne la sérénité, me replace dans mon centre, et m'ancre dans l'ici et maintenant.

Cette sensation d'oppression n'est que la manifestation physique de quelque chose qui vient de très loin, une aspiration illimitée vers l'infini que j'espère et redoute en même temps tellement je la pressens violente...  et cela dans tous les domaines: aimer (infiniment),  être aimée (infiniment), réaliser de grandes choses dans les domaines qui sont les miens, vivre intensément des choses intenses., vivre des relations fabuleuses. Parfois c'est comme s’il y avait un hiatus fondamental entre ce qui se trame d'intense à l'intérieur de moi dans mes aspirations si fortes... et le fade, le tiède, le gris, le quelconque de l'extérieur (même s'il est pétri de violence ou de méchanceté intrinsèque).

Il y a des jours où je me sens en profonde connivence avec ma vie, où j'ai l'impression de coller au plus près de ce que je suis et de ce que je fais, à ces désirs si profonds, si intenses, si indicibles
Il y a des jours au contraire où ce désir d'absolu me dépasse, je me trouve comme devant une montagne impossible à gravir et j'ai une immense tentation de désespoir. Je me dis que je ne suis pas faite pour vivre, que je vis les choses de manière TROP inadéquate.

C'est très difficile à décrire tout cela, les mots qui me servent d'habitude, je les trouve bien pauvres pour décrire cette quête, cette faim jamais rassasiée.
Est-ce propre à l'être humain cela? Sans doute, mais je vois que d’autres ne se posent pas toutes ces questions, vivent tranquillement leur quotidien en s'en contentant et se moquent gentiment de moi et de ma sensibilité à fleur de peau.
On dit que je vis les choses trop intensément, on me plaint un peu, me disant que la vie ne doit pas être facile pour moi.
C’est vrai... je galère des fois

21 commentaires:

  1. Bonjour Coumarine.

    Ce texte me "parle" beaucoup...

    Je t'embrasse.

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    1. merci Suzame la fidèle, merci de réagir ;-))
      Cela ne m'étonne pas que ce texte te parle...
      Bonne journée, je t'embrasse

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  2. Je crois que c'est ce vide, cette frustration qui engendre le désir et peut conduire à la création. C'est quand même mieux que le désespoir . Je crois que si on avait tout, on ne ferait plus rien et on s'ennuirait mortellement.

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    1. oui je suis d'accord avec toi... ce sentiment de vide peut conduire à la création... c'est comme qd on se promène sur la crête, faut juste ne pas basculer...

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    2. Il faut juste ne pas basculer...

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    3. oui, parfois il faut vraiment lutter pour rester en équilibre...

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  3. Je traverse une zone de turbulences terrible, et ton billet exprime exactement ce que je ressens, si exactement que j'en frissonne. C'est peu dire que je suis époustouflée par une telle concordance d'âme! Au moment de basculer dans "autre chose" je m'interroge puissamment sur cette soif d'absolu qu'éprouvent certains êtres et qui est je crois, l'apanage des hypersensibles...
    Aujourd'hui, juste avant de lire ton billet, je tombe sur ce texte d'Aragon qui exprime aussi, a sa façon, cet incommensurable vide existentiel qui va de pair avec la soif d'absolu. Et ton billet est assez fort pour que je sorte momentanément de mon mutisme bloguesque.

    http://nuageneuf.over-blog.com/article-aragon-il-y-a-des-choses-que-je-ne-dis-a-personne-alors-118398709.html


    Je t'embrasse fort.

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    1. ah! Célestine
      Ce poème d'Aragon, hypersensible lui aussi, me parle infiniment
      Et sa façon d'écrire, hachée, saccadée, répétitive,désordonnée même, contribue à exprimer le désarroi dans lequel il se trouve
      Merci d'avoir mis le lien...
      Je t'en prie, tiens bon...
      Moi aussi je t'embrasse fort

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    2. Je viens d'aller à mon tour lire le poème d'Aragon.

      Ouh là. Merci Célestine.. Ouh là... tout celà je peux le dire, je le pense, je ne le dis pas.

      Ouh là.. merci Aragon.. Je ne l'écris pas non plus. Ne sais pas.
      Ouh là.
      C'est un cri.
      C'est un cri. Un cri de mutitude.
      Un cri qu'hier soir je portais irrépressiblement muet au fond de mon âme, au fond de ma gorge.

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  4. Voilà un texte qui me parle aussi..J'ai aussi soif d'absolu...J'aimerais changer les choses, faire autre chose de ma vie...Mais, je me dis "n'est-il pas trop tard, au moment de franchir une nouvelle dizaine ?"..
    J'ai l'impression de passer à côté de mon vrai moi, j'aurai envie d'entreprendre des choses, mais, toujours ce satané temps qui passe..Alors, je laisse "pisser", j'ai l'impression que ma vie est finie...Je suis frustrée et ce n'est pas bon..C'est mon mari qui en pâtit, mon entourage aussi..
    Je n'ose même pas écrire des mots tels que les tiens..

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    1. non juju, ce n'est pas bon ni pour soi, ni pour l'entourage de vivre dans la frustration
      Essaie de ne pas passer à côté de ta vie, c'est tellement dommage...
      Est-ce uniquement une question de temps? Ou est-ce là une excuse que tu utilises pour te donner bonne conscience?

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  5. Chère Coumarine,

    Mon Dieu comme ce texte me parle aussi, écrit en plus en avril 2011, là où tout a dû commencer pour moi également...
    Le début d'un burn-out, les événements qui prennent une allure inquiétante, une couche de problèmes se rajoutant à une autre, jusqu'au jour où le verdict tombe :
    "Vous avez un cancer"...

    Et puis un an d'arrêt, pour retrouver l'envie d'avoir envie, la conscience d'exister, le bonheur de vivre...
    Et trouver des ressources en Soi, sans se préoccuper trop du monde qui tourne mal parfois, ou des autres qui ne ressentent pas les choses comme soi.

    Au-delà de nos différences, rencontrer sur le chemin des personnes extraordinaires, merveilleuses simplement de par ce qu'elles vous donnent en partage.

    Merci à l'Ecriture de nous permettre d'exprimer tout cela : là est le lieu de la Rencontre avec ces personnes douées d'une sensibilité qui leur confèrent des antennes peut-être plus longues que ceux qui vivent sans se poser trop de questions.

    La vie n'est pas toujours facile, je galère aussi, mais j'avance malgré tout, avec toi, amicalement, sincèrement et solidairement.
    Bonne journée chère Coum
    Je t'embrasse, merci pour ce partage.

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    1. merci chère Cathy pour ton long commentaire... nous avons bien des points en commun...
      Je crois comme toi quel'écriture nous est une sacrée chance, nous conduit sur les chemins de nécessaires prises de conscience
      Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans elle
      Bon courage à toi...je t'embrasse

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  6. C'est rare de se sentir en parfaite connivence avec soi.

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  7. Bonjour Coumarine

    oui il y a écho et rémanence
    il y a des mots et cette impermanence
    pour moi 2011 a mal commencé dès le 14 février
    partir en vrille et ne plus pouvoir pousser la trille
    une vie de fadeur qui vous étrille et entre déception et frustration le désir du changement pour se donner de l'air
    se retrouver, se mettre à couvert.
    Après d'autres péripéties signes d'impéritie ou pas , le corps a comparu après l'esprit , la mise entre parenthèse n'était pas mais presque une mise bas, du neuf, de l'énergie et de l'envie en sont ressortis et depuis je ne me débat plus et avance sans trop de questions, un autre job et un autre environnement pour éviter le ronronnement, et surtout des études qui dopent les neurones.

    Merci de ce beau témoignage vibrant , je t'embrasse

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  8. On est rarement heureux, mais nous avons en nous une force incroyable de survie. Là je suis devant les infos... la boue, les maisons écroulées des gens désespérés, l'horreur 150 maisons devenues inhabitable.
    Cela me rappelle une histoire: raconté par Palmade ... que je me suis souvent racontée moi-même. Tes soucis, ton problème ou des bras très très longs, très très lourds qui traîneraient par terre toute ta vie ?? Alors choisit LOL
    D'accord c'est pas un commentaire réconfortant... Bises

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  9. Face au désir pressant d'absolu, il ne peut y avoir, pour n'en pas souffrir, que l'infinie acceptation de son inaccessibilité permanente. L'absolu est une crête, l'acceptation est l'espace qui lui est indispensable pour advenir. Parce que l'absolu n'est pas à portée de main, ou pas immédiatement, ou pas durablement. C'est quand on le voudrait là, au présent et en permanence qu'on souffre de son absence. L'absolu est fugace et c'est aussi ce qui le rend si précieux.

    Je t'embrasse, Coumarine.

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  10. Un très beau texte, qui me touche beaucoup.

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  11. Ce texte me parle beaucoup, moi aussi je vacille souvent entre le besoin d'absolu et le sentiment de vide, la sensation d'être inadaptée à la vie

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  12. merci à vous de votre passage... ce texte touche certains très fort et en laisse d'autres plus indifférents...
    Il faut dire que c'est aussi un défi littéraire pour moi d'exprimer dans des mots des ressentis pas si faciles à décrire...

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  13. Candide touché, Candide coulé...

    Oserais-je dire que de mon point de vue, tu me sembles furieusement normale ?

    ;o))

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