vendredi 26 avril 2013

Je me donne une bonne conduite


Je n'ai plus conduit depuis août 2011

Le médecin m'avait dit que 6 mois en général sont suffisants pour que le cerveau s'adapte à la vue monoculaire, parfois plus...

Mais fin de l'année 2011, je suis loin d'être habituée, je dois d'ailleurs lutter pour garder la vue claire à l'oeil rescapé

En Janvier 2012, je prête ma voiture à mon fils. Elle poirotait là, en attente dans le garage, en train de se rouiller...Je le vois donc partir avec MA voiture, le cœur un peu serré... me demandant quand... et si....

L'autre samedi soudain, je me dis que ça suffit ! Si je n'essaie pas, si je ne vainc pas ma peur, je me condamne à ne plus conduire. Au moins il faut que j'essaie!

J'ai l'autorisation du médecin... donc QUI m'empêche de conduire prudemment sur un petit trajet de rien du tout,  sinon mes freins, sinon ma peur? Sinon ma conviction que je n'y arriverai plus jamais?

L'autre samedi matin donc, on va faire les "grandes courses" mon mari et moi... et je dis et me redis: ça suffit!

Lui, après avoir rangé les sacs dans le coffre, s'installe tranquillement côté passager!

OUPS ma tête! Je lui demande s'il plaisante...

Il m'avait prise au mot!

J'ai longuement hésité, une minute au moins: c'est long une minute quand il faut prendre une décision qui engage/ Si je ne saisis pas l'opportunité maintenant, je ne la saisirai jamais!

Le coeur battant, je me suis installée au volant, j'ai réglé les paramètres... et j'ai doucement démarré. 
Doucement...

Ouf je connaissais encore les gestes (encore que ce n'est pas ma voiture, mais celle de mon mari!)

Tout s'est bien passé: c'était un trajet court, pas très fréquenté...

Autre chose sera d'aller en ville en pleine heure de pointe!

Le dimanche, nouveau petit trajet de rien du tout, mais IMMENSE pour moi
Le coeur dilaté d'avoir pu vaincre ma peur et cette impression collante que je ne pourrais plus jamais, non ce n'est pas possible, il faut d'abord que je retrouve la vue des deux yeux (oui j'attends le miracle de l'impossible!!)

Je tire mon chapeau à mon mari qui a cru en moi plus que moi-même, qui n'a pas tremblé pour sa "belle" vieille voiture, et qui m'encourage sur le chemin de la reconstruction

C'était il y a déjà une semaine... depuis je n'ai plus osé me mettre derrière le volant...;-((
Cela reviendra... je l'espère


vendredi 12 avril 2013

pourquoi, mais pourquoi donc?

Mon billet précédent m'a menée à bien des réflexions: en voici quelques unes
- certains blogueurs dont je me souviens du pseudo (nous nous lisions et commentions mutuellement il y a déjà quelques années, mais je les avais oubliés, pardon pardon!) sont revenus ici pour me mettre un commentaire d'ailleurs bien intéressant. Je ne savais pas que ces blogueurs écrivaient encore! je ne savais pas surtout qu'ils venaient encore me lire. C'est donc comme une apparition...bien agréable!  je me demande comment ça se fait que ces blogueurs savent que le billet que je publie va les intéresser, au point de venir mettre leur commentaire... curieux les couloirs du Net, en fait pas si secrets que ça!
Je suppose que les flux servent à ça, encore faut-il ne pas avoir été effacée de ces flux...

- certains blogueurs reconnaissent qu'ils ont tenu plusieurs blogs, soit l'un à la suite de l'autre (après suppression)  soit ensemble. Les blogs tenus ensemble traitent de sujets différents et les lecteurs de l'un ne s'intéressent pas à priori aux sujets traités par l'autre.. dans ce cas il faut avoir du temps  pour tenir deux blogs (ou plus!) en même temps...pas toujours facile, on s'essouffle sur l'un ou sur l'autre...
Quant au blog que l'on supprime pour en recommencer un autre ailleurs... pourquoi fait-on ça? Veut-on recommencer une autre vie dans un monde meilleur? Veut-on au contraire pouvoir se mettre à râler sur tout et sur rien sans être cataloguée comme la blogueuse à bons sentiments? Ne se reconnaît-on plus dans le blog précédent et veut-on l'effacer pour recommencer à zéro, en mieux, en plus libre?. Veut-on se donner l'illusion d'une nouvelle vie, d'un blog plus intéressant, qui recueillera plus de lecteurs, plus de suffrages, plus de commentaires, plus de ... tout?.
Est-ce pour soi que l'on recommence? ou pour mieux se positionner face aux lecteurs  Mieux écrire? faire un blog plus littéraire, avec de plus belles photos?
Est-on "reconnu" dans ce nouveau blog, par son style d'écriture par exemple, par sa façon de traiter les sujets  et que fait-on dans ce cas?

- qu'est-ce qui fait qu'on écrit sur la durée? Est-ce une question de caractère? De persévérance (c'est mon cas)? Une question de temps qu'on a, ou pas, ou plus, à y consacrer? Est-ce que l'enthousiasme du début finit toujours par s'atténuer? Est-ce que les difficultés de la vie nous éloignent de la motivation de continuer à écrire?

En voilà des questions... plus celles auxquelles vous me ferez penser ;-))

dimanche 7 avril 2013

blog abandonné...

Cela fait plus de huit années que je tiens ce blog de Coumarine
Pendant 5 ans j'étais sur canalblog, puis je suis passée à blogspot, tout simplement parce que je n'aimais pas l'afflux des pub qui envahissaient ma page

Mais peu importe, je voulais vous parler d'autre chose
Vous ne le savez peut-être pas, quoique je l'ai laissé deviner parfois: j'ai eu bien des fois l'envie de décrocher. Je l'annonçais comme une pause, mais parfois je disais que... cette fois, désolée, c'était fini!

Pourtant je reprenais toujours après un temps plus ou moins long, pas tellement long d'ailleurs....
Je suis quelqu'un de profondément persévérant il faut dire...

Qu'est-ce qui fait que je persévère, contre vents et marées? Pourquoi continuer à écrire ici? 
Qu'est-ce que ça m'apporte?
Le contenu de mes Paroles est bien différent du contenu de mon carnet personnel, dans lequel tous les soirs je remplis deux pages. Cette écriture personnelle, j'en ai besoin. Elle est exclusivement pour moi, ne s'adresse à personne, elle m'aide à voir clair sur le chemin de ma vie, et Dieu sait si j'ai besoin de voir clair ;-))

Ici, c'est différent bien sûr. Je mesure mes mots, je reste discrète sur bien des sujets, ma vie de famille par ex. Le blog n'est pas un carnet personnel comme je l'ai cru naïvement au début, quand je n'étais pas lue.

De temps en temps des blogs que je lisais assez régulièrement, se ferment. C'est inattendu,  ce n'est pas annoncé, ou alors rarement! Je suis là, perplexe devant une page muette, une page qui s'est refermée sur celui/celle qui la tenait... Pourquoi? Mystère... Tout est possible et j'ai appris à ne plus me poser des questions inutiles, à supprimer le blog de mes liens avec juste un brin de nostalgie (un gros brin parfois, quand j'aimais vraiment beaucoup le contenu du blog...)

Mais il y a aussi des blogs qui sont comme abandonnés, comme des jardins en friche... plus de nouveau billet depuis un certain temps. Que se passe-t-il? Pourquoi ce silence? Si j'appréciais ce blog, je le garde obstinément dans mes liens ou mes flux, espérant... je ne sais pas moi, un réveil  après un long sommeil. Cela arrive parfois: un billet, plus deux et c'est reparti!
Mais parfois juste après les mots qui font croire au réveil du blog, le billet suivant ne vient pas. Ce n'était qu'un sursaut après un sommeil sans doute définitif

Tiens, je me pose une question
Si vous deviez déserter votre blog... annonceriez-vous votre départ? Fermeriez-vous votre blog sans aucune explication? ou le laisseriez-vous à l'abandon dans la vaste Toile, peu à peu oublié de tous et d’abord de vous-même?

Pour ma part, c'est évident que j'avertirais de la fermeture de mon blog. Ou alors il faudrait que j'en sois  vraiment incapable... et alors mon blog flotterait sur la toile, au gré des courants et des vents, comme un  petit bouchon  inutile...

photo prise sur le Net

mercredi 3 avril 2013

Témoigner...



Je reprends petit à petit le témoignage que j'ai à coeur d'écrire sur l'aventure de la maladie auto immune qui a débuté en août 2011... bientôt deux ans... déjà!
Ce n'est pas facile: ai-je assez pris distance avec mon vécu alors que je suis encore dans le traitement, pour longtemps encore ?
Ecrire sans avoir le nez dans le guidon, pour garder un point de vue plus large, dédramatisé, réfléchi, oserais-je dire serein?
Mais rester assez investie dans mon récit pour ne pas écrire des mots sans âme, détachés de mes ressentis...

Pourquoi témoigner?
Pour moi d’abord. Dès le premier jour d’hospitalisation, dans le plus intense de ma déconfiture, au plus fort du tsunami qui me tombait dessus, au travers des larmes qui m’inondaient le cœur, j’ai écrit.
J’ai écrit comme une automate, d’une écriture quasi illisible dans un carnet sans forme, empoigné au hasard au moment de rassembler quelques effets, j’ai écrit au jour le jour, pour tenir bon, pour éponger le trop plein, pour garder contact avec la réalité.

Pendant plusieurs mois, au fil des alertes et des hospitalisations,  je suis restée au plus près de ma douleur, tant physique que morale, j’étais dans le terre à terre de ce qui m’arrivait, c'était la seule façon pour moi de m’en sortir…
Puis insensiblement j’ai pris distance : que faire avec ce paquet de… j’allais écrire, de linge sale ? Il y avait là une trace de ma lutte quotidienne, j’en racontais toutes les péripéties, mais cela n’allait pas plus loin, je portais peu de réflexions sur cette étrange aventure.
Alors j’ai contemplé le champ de mon combat, j’ai tenté de sortir de la gadoue, j’ai respiré plus largement pour retrouver mon souffle. Halètements, respirations, comme une femme sur le point d’accoucher. Tout cela m’occupait à plein temps, pas trop l’occasion d’aller plus loin, de dépasser le cap des simples anecdotes du quotidien.
Mais je savais que raconter « ça », ne serait qu’un début. Il me faudrait un jour franchir la barrière du confortable dans la souffrance : car oui, il y a là du confortable quand raconter les choses, au plus serré de leur réalité, risque de devenir répétitif, de me plonger dans la monotonie déprimante d'un quotidien douloureux. Aller plus loin, oser les questions, chercher des réponses, tenter de voir plus clair si possible, c’était risquer gros, je le sentais… c’est ma vie ni plus ni moins qui pouvait basculer, et non plus seulement ma santé.

Témoigner aussi pour les autres…
On a tous à apprendre de la maladie, celle qui sort de l’ordinaire: on se croit hors d’atteinte. Autrefois, malgré divers problèmes physiques, parfois prégnants, ce fut mon cas quand je regardais avec compassion des gens autour de moi,  gravement malades, en bénissant je ne sais quel ciel que ce genre de tuile ne m’était pas arrivée et, je l’espérais, ne me tomberait jamais sur le crâne. Ouf ! ça n’arrive qu’aux autres, c’est bien connu…
Il me fallait témoigner aussi pour expliquer un peu la maladie qui m’a atteinte et qui se soigne obligatoirement sur le long terme. Et qui devra être surveillée pour toujours. Expliquer que la perte de l’œil ou le spectre de la possible cécité n’est que la pointe de l’iceberg et que le combat se situe dans d’autres profondeurs…

Il y a beaucoup de récits de femmes touchées par le cancer du sein. Celles qui à leur tour sont atteintes disent avoir besoin de lire des témoignages à ce sujet. Elles y retrouvent leur lutte, leurs peurs, mais aussi leurs victoires, leur chemin pas à pas, courageux et déterminé. C’est un vrai réconfort, on reçoit des autres, parfois de parfaites inconnues, une sorte d’itinéraire de route, dans lequel on peut s’engager, puisque d’autres l’ont fait avant ! Route difficile, mais qui ne sera pas forcément négative, bien au contraire. Tant de gens disent avoir appris beaucoup de leur épisode maladie. Et qu'ils ne sont plus le/la même…

Pour moi il en a été un peu différemment : quand j’ai voulu à mon tour fréquenter un forum, lire un récit qui m’en apprendrait plus sur la maladie de Horton, j’ai rencontré le vide. Oui bien sûr, des sites expliquaient en long et en large l’aspect médical, mais aucune personne en chair et en os qui la vivait. Cela m’aurait été utile, je l’ai regretté.
De même, dans ma clinique bien-aimée, il y a un Espace Bien-Etre pour les malades du cancer, sponsorisé, où des soins esthétiques, diététiques, conseils divers sont dispensés gratuitement pour aider ces femmes à franchir le cap.  Je m'y suis adressée, j'ai dit que j'étais patiente dans cette  clinique, j'ai parlé de la maladie au long cours dont je souffrais, j'ai demandé si je pouvais moi aussi bénéficier de ces massages et autres bonnes choses qui font tant de bien. Et bien ce fut non! Je n'entrais pas dans "les normes" question prise en charge. OK  je comprends bien, n'empêche j'étais triste, je me suis sentie seule!

De là ma décision de reprendre et de revoir les mots de mon précieux cahier du début, de relire soigneusement les pages et les pages que j'ai écrites par la suite... d’en éliminer beaucoup, d’en ajouter d’autres, d'en forger un récit.
De là mon désir de raconter une histoire qui est la mienne, mais dans laquelle d’autres pourront se reconnaître…