jeudi 21 mars 2013

après... ce sera une petite pause...


Je passe par des moments difficiles
Comme tout le monde finalement...
comme vous qui me lisez

Je vais bien plus profondément dans l'analyse de ce que je vis, grâce à mon cahier perso, dans lequel j'écris chaque jour que dieu fait
Est-ce que cela m'aide cette écriture quotidienne qui n'a pour seule intention que de cerner mes ressentis, au plus précis possible? Etre consciente de ma vie, peut-être afin de mieux la vivre...? Vivre de manière plus responsable parce que plus consciente...

Je ne sais pas
Mais je sais que je ne peux plus m'en passer, que plus d'une fois au cours de la journée, je pense à mon cahier, au RV qui m'attend, aux mots que j'écrirai à partir du petit post-it qui me rappelle ce qu'il serait important que je développe

Quand j'écris ainsi, je suis d'abord dans le plus quotidien, je dirais le plus terre à terre, emberlificotée, parfois nouée dans les liens de mes questionnements ou/et de mes joies. J'écris au plus près du moment présent, sans aucune attention ni à mon style, ni à mon orthographe, ni même à la lisibilité... Normalement je ne relis pas, sinon des mois plus tard pour voir si évolution il y a...
Le plus souvent, une idée nouvelle, parfois étrange surgit, à mon grand étonnement... soudain la page s'agrandit comme mon regard, quand quittant mon cahier, je regarde au loin: c'est grand, c'est large,  c'est loin (attention, j'ai pas dit lointain!) c'est inconnu, tour à tour enthousiasmant et effrayant!

Mes yeux font des siennes... le valide me dit zut, il se voile...une fois de plus...
il me faudra un traitement au laser... j'aimerais qu'il ait lieu le plus rapidement possible, mais je suis condamnée à la patience

Il m'est difficile de continuer à alimenter mon blog... le moral n'y est pas vraiment


Bon printemps à vous. Vous avez vu ce matin l'explosion de couleurs des crocus? 

mardi 19 mars 2013

Supprimer les mots superflus... pas facile!

Je viens d'écrire une nouvelle, contente de l'avoir terminée...
C'est une commande en fait. Cette nouvelle doit faire partie d'un recueil de nouvelles sur un thème précis que je ne dévoilerai pas ici. Recueil qui doit être édité au Québec.
(oui oui, on vient me chercher de loin! J'étais la première étonnée je reconnais! Le Net efface les frontières, les amoureux de la langue se trouvent partout! c'est chouette!)

Donc revenons à ma nouvelle: elle devait contenir max 3500 mots
Pas beaucoup ça... je les avais vite dépassés
Plus de 5000 mots: ce qui donc était beaucoup trop!
Au travail!  j'entame un nième relecture
(Oui, écrire c'est surtout relire et corriger... un boulot que j'aime bien, qui ne me dérange pas)

Et me voilà donc les yeux fixés sur l'écran à tenter de supprimer 1500 mots
Sans pour autant nuire au sens, à la spontanéité du texte

1er essai: environ 1000 mots disparaissent dans les méandres de mon ordi (pas de panique  j'ai fait une copie de la première mouture, on ne sait jamais!!)

Ce n'est pas assez, je dois supprimer davantage...

Jamais agréable de sabrer dans un texte qu'on a mis du temps à composer avec soin... dur dur
Dire que je donne cela comme conseil aux participants de mes ateliers d'écriture: ne garder que l'essentiel, être capable de supprimer tous les mots superflus...

et bien je le redis, ce n'est pas si facile: notre petit ego tient à TOUS les mots!
Mais ce qui reste alors, c'est l'essentiel, l'intense, le dense...


jeudi 14 mars 2013

Un noble souci!



Dans mes mails ce matin j’ai trouvé
un message d’une grande importance :
un chef islamiste assurément bien inspiré
prétend qu'il faut les couper proprement
toutes les petites choses qui dépassent
du sexe féminin qu'il rêve lisse et sans péché

Dans la chaleur de son pays
il prétend que ces choses ont une odeur incommodante
pour le fin gourmet qu'il a toujours été.
Il est soucieux, voyez-vous des mystères secrets
de la femme voilée qu’il prétend 
cacher tout entière aux yeux lubriques des hommes.

C'est assurément un souci qui l'honore
de veiller de cette manière si délicate
à l'hygiène de ces femmes encapuchonnées
Plus de bouton d'amour, plus de papillons sauvages
Juste un trou banal pour les besoins de son pénis

Cher Homme, la femme de votre pays
vous en sera –éternellement- reconnaissante !


texte inspiré de cet article
http://www.essentielle.be/actu-people/tunisie-un-depute-qualifie-lexcision-doperation-esthetique-66246.html
et écrit cette semaine pour Kaléïdoplumes, un forum d'écriture

jeudi 7 mars 2013

La chute

Ce matin, ont lieu les obsèques d'une dame que je connais sans la connaître
Je pense à elle, je pense surtout à la cause de sa mort: une "bête" chute


J'ai repensé à un épisode de la vie de ma grand-mère maternelle que je n'ai jamais connue, elle est morte à 42 ans

Je vous en donne ici la lecture: c'est un extrait de mon livre L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers (éd. Traces de vie, 2008) (toujours disponible, si vous le désirez...)



T’en souviens-tu ? Dis, t’en souviens-tu ?

La guerre est finie. Tes enfants sont revenus. La ville se reconstruit lentement. La vie a continué dans cette simple famille ordinaire : le père, la mère, le fils et la fille.

C'est un dimanche à la campagne. Il y a là, encore immobile sur la route, une carriole tirée par deux chevaux. Le père piaffe d’impatience, ou alors ce sont les chevaux, on ne sait pas trop. L’air est électrique. Les chevaux sont nerveux. Ou alors c’est le père, on ne sait pas trop. Le père brandit déjà le fouet. Le fait claquer dans l’air. Mais l’air est à l’orage. Lourd, inquiet, nerveux. Les deux enfants sont montés dans la carriole. Ils sont excités, ils rient, se taquinent, s’asticotent... Les chevaux piétinent, impatients. Les sabots cognent sur la terre desséchée. Le fouet virevolte, frappe l’air qu’il déchire… L’homme est énervé, il attend sa femme qui comme toujours est en retard.

La voilà enfin ! Elle court, elle vole, elle s’envole, la robe légère soulevée par le vent. Le vent qui s’est fait violent. La mère s'apprête à monter à son tour pour rejoindre ses enfants sur la plage arrière de la carriole, quand soudain les chevaux s'ébranlent, frappés sèchement par le fouet du père...la mère tente de s’arrimer, mais elle trébuche. Brutalement. Choc du corps qui tombe mais reste accroché à l’arrière de la carriole qui continue impitoyablement d’avancer.
Les enfants voient leur mère traînée par terre. Le temps s’écoule au ralenti. La carriole  continue d’avancer comme si de rien n’était. Rires suspendus. Terrifiés, glacés par la peur, le garçon et la fille entendent leur mère crier de douleur et supplier le père d'arrêter cette  carriole. Ils crient aussi. ARRETE PAPA... Hurlements. Le cœur qui bat la chamade. Douleur. Les chevaux s’immobilisent enfin. Le père, la mère, le fils et la fille sont figés dans cet étrange silence qui suit toujours le tohu-bohu des catastrophes.

C'est alors que la fillette entend les paroles que sa mère prononce comme dans un souffle: "cette chute causera ma mort". L'enfant a douze ans. Deux ans plus tard, alors qu’elle semblait depuis longtemps remise de cet accident, la mère "tombe" malade, sombre dans la dépression, commence à perdre l'usage de ses jambes, doit s'aliter de plus en plus souvent, laissant sa fille prendre en charge le ménage et les soins à la malade. L'enfant n'a que quatorze ans...

Cette femme qui a chuté si lourdement, c'est toi Eugénie, t’en souviens-tu ? C’est toi qui as fait cette prophétie de malheur. C’est toi qui, au moment de cette chute, n’avais plus que quelques années à vivre. Pressentais-tu déjà que tes jambes te fausseraient compagnie, qu’elles capituleraient devant le mal qui te rongerait et provoquerait ta mort ?
Ma mère m'a raconté cet épisode qui l’a sûrement marquée d’une   empreinte indélébile, peu de temps avant sa mort, alors qu’elle-même était âgée et malade et que je tentais de lui poser les ultimes questions pour  mieux comprendre son histoire, mon histoire. Je ne sais pas si elle a jamais raconté ce souvenir à d'autres que moi. Mes frères par exemple. La pudeur empêche parfois de poser les questions essentielles et d’en donner les réponses. La pudeur au sein d’une  famille ordonne bien souvent le silence.
Mais ce que je sais, c'est qu'elle m'a raconté cet épisode de son enfance avec des larmes dans sa voix de personne âgée...Oui, j’en suis sûre, elle a dû être très frappée par ce qui s'est passé là, en ce jour lointain de son enfance. Et  les paroles de sa mère  ont dû résonner  en elle comme une prédiction maudite.[...]

Le jour de cette confidence à laquelle je ne m’attendais pas, je l’ai vue émue, les larmes au bord du cœur. Elle s’est retenue en balayant rapidement ce souvenir d’un mot fatigué : « tout cela est vieux, tout cela est du passé ». Et bien sûr, ce qui est passé, on n’en parle plus. A quoi cela sert-il de remuer de vieilles histoires ? Pourtant  cet épisode a conditionné tellement de choses dans la génération des femmes que nous formons : Eugénie, ma mère et puis moi, leur petite-fille et fille…

Ai-je assez parlé à mes enfants et particulièrement à mes filles, de ce qui constitue la trame de leur Vie ?