Je suis restée hier en arrêt devant cette phrase lue quelque part
"Il me parlait comme un père parle à son fils"
Il s'agit d'un homme qui se souvient des promenades trop rares qu'il faisait avec son père quand il était petit garçon
Et lors de ces moments à deux... le père lui parlait "comme un père parle à son fils"...
C'est comment cette façon de parler à son fils? Comment donc parle un père à son fils quand il lui parle "comme un père parle à son fils"? Tout est dit dans cette phrase et en même temps rien n'est dit.
L'homme s'en souvient pourtant, cela fait partie de ses souvenirs heureux.
Merveilleuse connivence, connivence unique de père à fils. Et de fils à père
Je vois une main d'enfant glissée dans la grande main du père, des regards qui s'échangent, confiants, quelques paroles du père pour montrer un arbre, un oiseau, un paysage, deux ou trois questions de l'enfant, deux ou trois réponses du père. L'homme et l'enfant qui s'arrêtent, regardent, écoutent, se sourient, construisent leur amour réciproque, solide, inébranlable. Un amour pour toujours...
"Il me parlait comme un père parle à son fils"...
Cette phrase exerce sur moi une véritable fascination...
J'y mets quelque chose de fort, quelque chose d'indicible pourtant
parce que la comparaison s'arrête là et ne dit pas concrètement COMMENT cela se passe un père qui parle à son fils.
Et pourtant tout se trouve dans ce bout de phrase, on comprend ce dont il s'agit, ou alors on le devine, au plus profond de son coeur
Oui en effet rien n'est dit et tout et dit !
RépondreSupprimerMoi qui suit un homme, je comprends tout de suite de quoi il s'agit, et je ne saurais peut-être pas trouver les mots justes...
Je pense à Kipling, Tu seras un Homme, mon fils...
Eh bien oui Coumarine je pensais justement convoquer Kipling aussi mais juste pour le symbole autour de l'exemple et de la stance, pour stimuler la constance dans l'effort et l'ascèse dans la discipline.
RépondreSupprimerChaque homme a, qu'il le sache ou non, à transmettre quelque chose à son fils, au delà des génes et de l'hérédité.
Mais c'est une affaire de témoignage et d'exemples, cela dépend étroitement du parcours de chacun, des valeurs à enseigner, des travers à stigmatiser, de la liberté à donner en exemple mais aussi de la nécessité d'inculquer en retour et comme à rebours une part de ce qu'on a reçu soit même.
On transmet ce que l'on peut, quand on peut, avec ces mots, ces difficultés, ces failles de l'histoire familiale comme de l'expérience de la vie, on n'évite pas toujours les écueils de la facilité et si on déblaie des pans entiers et comble des attentes, on laisse aussi des zones d'ombres, des mystères et des questions en suspens.
Quel serait le sens de tout dire et de ne pas permettre de chercher et d'entâmer cette quête personnelle presque perce neige !
J'ai un fils et j'essaie de lui transmettre ce qui est transmissible et accessible mais il y a l'indicible, comme une cible qu'on ne peut atteindre et un feu intérieur qu'on ne peut éteindre.
Au moment où je termine ce texte mon fils passe et vient m'embrasser, je me dis que ça serait bien de lui demander son avis aussi sur ce qu'il reçoit et comment il l'emploie, le met en oeuvre et le restitue, bref à quoi ça sert de parler ?
Merci Coumarine de ce thème difficile et j'espère que tu vas le mieux possible.
@Thierry... ce qui me touche dans ton commentaire, c'est le passage où tu parles de ton fils... il passe et viens t'embrasser... peut-être est-ce comme ça que les "paroles" passent... à travers l'affection reçue et transmise...
RépondreSupprimer@Manuel... ton commentaire me touche aussi parce c'est le premier sur ce sujet et il vient d'un homme... d'un père qui comprend ce que j'ai voulu exprimer...
C'est curieux d'ailleurs que les deux premiers commentateurs sont de hommes, j'en suis contente...
(bienvenue chez moi, Manuel)
"Où alors on le devine, du plus profond de son coeur..."; nourrir la présence, l'être-là, l'être-à-côté, ne pas chercher les mots, aller au-delà toucher l'indicible, lien de vie à vie, à nouer, défaire, refaire, incessamment...
RépondreSupprimerPortes-toi bien ...
Amitiés
forcement que les histoires d'histoires me touchent et la transmission par ce biais aussi.
RépondreSupprimerbisous à toi, dame Coum.
@zenondelle... oui tu parles d'indicible: je crois que ce langage-là celui du père qui parle à son fils, est AU DELA de toute parole...C'est d'une autre portée
RépondreSupprimer@Clairette... merci pour les bises, je les aime fort venant de toi ;-))
En même temps, c'est une chose étrange qu'un fils dise cela de son père.
RépondreSupprimerLa norme est pourtant qu'un père parle à son fils comme un père parle à ses enfants (à ses filles aussi, j'espère). Donc si cet homme fait cette allusion c'est qu'il a connaissance d'autres circonstances, les siennes ou celles de personnes qu'il a connues qui n'ont pas toujours cette connivence de la relation père-fils. J'y ressens l'expression d'un certain manque.
Enfin, je cherche peut-être midi à quatorze heures ...
Bonne soirée, Coum !
@saravati...tu écris:
RépondreSupprimer" si cet homme fait cette allusion c'est qu'il a connaissance d'autres circonstances, les siennes ou celles de personnes qu'il a connues qui n'ont pas toujours cette connivence de la relation père-fils. J'y ressens l'expression d'un certain manque."
Qui sait si tu n'aurais pas raison? va savoir...
Y aurait-il un parallèle à dire "comme une mère parle à sa fille" ? ... Je suppose que oui, même si la communication, la façon de dire est sûrement différente, je crois qu'un homme apprend des choses d'homme à son fils, parce que la femme ne sait pas faire, et vice-versa... Sinon cela signifierait que les personnes de sexe opposé ont les clés pour se comprendre parfaitement... Non ?
RépondreSupprimer@Rêva... ton commentaire est intéressant
RépondreSupprimeron pourrait se poser la question de savoir si la phrase "comme une mère parle à sa fille" a le même impact
C'est sans doute bizarre et je ne sais pas dire pourquoi, mais pour moi, c'est non
Oui sans doute peut-il y avoir une certaine connivence affectueuse entre une mère et sa fille adulte
Mais je ne ressens pas cette connivence dans entre une mère et sa petite fille, comme chez un père et son fils
C'est de l'ordre de l'indicible, je ne peux expliquer ça
Et sans doute est-ce lié à mon histoire perso...
"Il me parlait comme un père parle à son fils"
RépondreSupprimerle père ouvre le monde à son fils, il parle de conquête et d'aller de l'avant ; la mère parle de rejoindre le plus profond de l'intérieur.
Il me semble aussi que de mère à fille, il y a complicité mais aussi rivalité, je me trompe peut-être (aucune expérience personnelle) en disant que c'est moins exarvcébé entre un père et son fils.
Quant à moi, j'écrirais : comme un père n'entend pas sa fille... mais c'est une autre histoire.
Coumarine, je t'embrasse.
C'est curieux mais j'y vois plus le regret d'un fils à qui son père n'a pas assez parlé ou pas du tout
RépondreSupprimerComment se fait la transmission d'un père à son fils? Passe-t-elle toujours par les mots? est-on toujours conscient de ce que l'on tranmet ? Je ne crois pas
RépondreSupprimermoi aussi, je lis du regret. et puis je suis d'accord avec Gazou. on ne sait pas toujours ce que l'on transmet. Et comment une mère peut-elle parler à son fils quand le père est absent ??? famille en désordre, adolescence en désordre... les mots ne servent plus à rien j'ai l'impression. oh là là ... je ramène tout à moi, c'est pas bien. Bonne journée Coum.
RépondreSupprimer@Mab... c'est curieux le ressenti que chacun a à propos de cette phrase... je serais assez tentée de croire que tu n'es pas dans le faux...
RépondreSupprimer@k., gazou, nicole... finalement chacun lit et imagine une réalité en rapport avec ses propres ressentis, ses souvenirs aussi...
Je retrouve dans vos mots des choses qui me touchent
Un père qui "n'entend" pas ou peu sa fille...
Je me dis que ce texte tout petit tout simple, doit éveiller pas mal de choses en chacun(e) d'entre nous
«Comme un père parle à son fils»... Comme s'il y avait un schéma sûr, un modèle à suivre. Mais le mode d'emploi n'est pas écrit!
RépondreSupprimerCette phrase dit la frustration face à une image.
J'ai un fils (adulte aujourd'hui), quand son père était en pleine rivalité avec lui (genre qui pisse le plus loin), à le provoquer à ski ou au plongeoir... Quand, maintenant, le père quinquagénaire le prend comme confident,où est la vraie parole du père?
Je n'aime aucune des généralisations sur le rôle du père (comme de la mère)!
La parole d'une père pour un fils est singulière... comme l'est celle d'un père pour sa fille, d'une mère pour sa fille, d'une mère pour son fils.
RépondreSupprimerCe sont des échanges singuliers parce qu'ils renforcent une identité sexuée, ou l'enrichissent d'une différence. Il y a une idée de "transmission" identitaire...
Je ne saurais dire comment cette parole se transmet, mais je sens qu'elle est "unique" et, pour cela, irremplaçable.
@Natacha... c'est vrai, tu as raison, ce n'est pas utile de faire des généralisations sur les rôles du père (et de la mère) qui figent n'importe quelle réalité
RépondreSupprimerUn père et un fils qui peuvent avoir une parole d'homme à homme dans le respect de chacun, je trouve ça beau!
@Pierre.. merci de venir donner ici ton avis d'homme et de père...
Tu redis toi aussi combien chaque "parole" de père (de mère) est singulière
Oui je crois que ça se sent qd une parole qui s'échange est "unique" et donc irremplaçable
Cela se sent comme une intuition profonde, je crois
Parler pour signifier et montrer la voie ou juste ouvrir la porte.
RépondreSupprimerParler pour exemplifier des signaux et décrypter des situations.
Et puis montrer sans rien dire, cligner de l'oeil et puis sourire.
Notre corps aussi parle et dit de nous en situation.
Que se joue t il à certains moments rares si ce n'est la continuation de la chaîne qui transmet de pére en fils quelque secret (plutôt de fabrication que de famille) .
Mais parfois sans mots ni gestes l'indicible est là qui passe.
Hier j'avais préparé un gros com qui n'est pas passé et c'est difficile de retrouver deux fois les mêmes mots pour dire cette joie de pouvoir expliquer et donner sa vision, de partager, de commenter et d'accompagner vers l'autonomie et l'action, de faire marcher la machine héroïque à fabriquer du rêve et des idéaux.
Mais transmettre des valeurs, pas toutes viriles d'ailleurs, des attentions et des maximes, ce n'est pas rien, ce n'est pas inutile, mais il faut choisir ses moments pour être audible.
@Thierry... j'aime beaucoup ce commentaire, surtout tout ce que tu dis en première partie
RépondreSupprimerJe remets ici ce qui me frappe fort:
"Et puis montrer sans rien dire, cligner de l'oeil et puis sourire.
Notre corps aussi parle et dit de nous en situation.
Que se joue t il à certains moments rares si ce n'est la continuation de la chaîne qui transmet de pére en fils quelque secret (plutôt de fabrication que de famille) .
Mais parfois sans mots ni gestes l'indicible est là qui passe.
OUI parfois un clin d'oeil, et quelque chose d'important passe
J'aime aussi cette notion de "secret" de bon secret qui peut passer même sans parole d'un père à son fils...
Quand la parole, quand le silence se font injonction alors la violence et la tornade se déchainent et ravagent les filles et les petits enfants de leurs enfants.
RépondreSupprimeralors il faut rompre cet engrenage pour que les générations ne soient plus dévastées.
Même si le père n' a pas trop "formulé" quand ses fils étaient enfants, la communication verbale peut s' installer plus tard, à l' âge adulte, avec une belle complicité.
RépondreSupprimerLes 2 coms de nicole 86 me parlent fort...
Moi aussi, j'y vois plutôt du regret et, pour tout dire, une communication un peu idéalisée, quelque chose qu'on voit au cinéma ou dont on parle dans les livres; dont on se fait tout un monde et une très haute idée mais qui n'existe pas vraiment dans la réalité...
RépondreSupprimerEst ce qu'il y a vraiment une façon pour un père de parler à son fils ??? Je suis un peu dérangée par cette simple phrase qui laisserait supposer qu'il y a une bonne et une mauvaise façon de parler à ses enfants, de transmettre...
RépondreSupprimerEt du coup, je me dis que le ressenti du fils, qu'il exprime d'une manière un peu stéréotypée, est tout simplement sa manière de reconnaitre qu'il a eu un père qui répondait à ses attentes à lui...
Comme MON père a parlé au fils que JE suis... Une reconnaissance mutuelle en quelque sorte !
@liaht... non il n'y a pas UNE façon pour un père de parler à son fils. Je suppose que pour celui qui a écrit cette phrase, il y avait une façon POUR LUI
RépondreSupprimerC'est son ressenti à lui qu'il décrit dans cette phrase...
Et pourquoi à moi cela m'a parlé à ce point... et bien je devrais m'interroger là dessus...
@Pascale... oui c'est ça: cette phrase parle je crois, de la communication entre un père et son fils d'autant plus idéalisée qu'elle devait sans doute être presque inexistante
@nicole... je ne sais qu'ajouter à tes commentaires (appréciés de Pierrot bâton)
Tu évoques surtout la relation entre un père et sa fille, dans laquelle parole et silence peuvent également être meurtriers...
@Pierrot bâton.. oui la communication verbale PEUT s'installer à l'âge adulte mais elle sera d'autant plus difficile à survenir qu'elle n'a pas eu sa place dans l'enfance...
La communication peut aussi s' instaurer autrement que par les mots, je pense. Partager des jeux, apprendre des gestes, tout ça est également vecteur d' amour.
RépondreSupprimerSecrètement, j’attendais ces moments où le père appelle le fils pour lui dire l’expérience de sa vie, le secret, l’ancienne peine, le bonheur.
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