lundi 25 janvier 2021

Le devoir du Gout (de Lakévio)

 




En voyant « Le pêcheur à la ligne » de Renoir, m’est venue une question. 
Mais que peuvent-ils bien penser, l’un et l’autre.
Ou l’un ou l’autre.
L’une ?
L’autre ?
Tentez donc de pénétrer leurs pensées d’ici lundi.
Je vais m’y efforcer aussi.
À lundi…



Le jeune homme habitait une campagne envahie par les bouses de vaches, les crottins de chevaux et  les montagnes de déchets qui attendaient dans un coin de la ferme l’appétit des cochons  mangeant comme des porcs…

Ludovic dans sa campagne d’odeurs âcres et fortes s’obstinait à imaginer ce que serait sa vie si les vaches cessaient ne fût-ce qu’un instant, de ruminer devant lui les rêves qu’il ne pourrait vivre que quand il serait un grand garçon. Grand comme son Papa qui s’en allait à la ville tous les samedi pour vendre les œufs de la ferme et parler vaches avec ses copains.

Tous les soirs depuis qu’il avait douze ans, Ludovic était au rendez vous de ses rêves, dans la grange de la petite ferme familiale…

Mais un jour, une vraie fille du bord de mer lui est apparue : c’était une sirène…ohhh qu'elle était belle! Avec des seins...! je vous dis pas! 

Mais non ! ce fut une femme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Même dans sa joie robe de coton fleuri elle était tout-à-fait quelconque. Jolie, sans doute,  mais quelconque.

Il s’en est accommodé. Que voulez-vous qu’il fasse d’autre ?

Au moins, elle ne bronchait pas quand il pêchait... elle ne dérangeait pas le poisson!


lundi 11 janvier 2021

le 63ème devoir de Lakévio du Goût

Depuis un certain temps, je fais toujours le même rêve: il y a une rue déserte, c'est un petit village aux maisons très colorées, et je me trouve là au milieu de nulle part, au milieu de personne.
D'un côté il y a le début de la forêt, une forêt profonde dans laquelle il ne ferait pas bon de se perdre. C'est une forêt de grands méchants!
Et de l'autre, comme je viens de vous le dire, il y a ces quelques petites maisons dans une rue complètement déserte.
 

Et je dois choisir: traverser pour entrer dans la forêt menaçante, ou rester du côté de ces maisons qui se ressemblent, que leur couleur vive n'habille d'aucune gaîté

Choisir c'est renoncer dit-on...

Mais je n'ai jamais le temps de choisir, le réveil m'arrache à ma vision et me laisse tremblante, comme si j'avais échappé à un terrible danger.

jeudi 7 janvier 2021

Il est temps de risquer le Vivant!


 

Encore un jour,

appliquée à toucher l’excès

je vertige de vivre.

 

Femme en qui la mémoire s’interroge

je recense les espaces de lumière

les commencements d’aurores

et je recouds consciemment

les déchirures extrêmes…

les cicatrices s’effilochent

et se diluent au fil du temps.

 

Encore un jour à moi

ce sera peut-être le dernier

ne t’attarde pas à l’inutile

et s’il faut que pour renaître

ta plume s’applique à l’inédit

laisse-la franchir les parapets

laisse-la quitter le fil funambule

plonger à gauche dans les champs de lavande

et rouler à droite dans les parfums du soleil.

 

Laisse-toi ma toute belle

te couler dans l’herbe vagabonde

laisse tes seins se gorger de caresses

laisse ton corps déserter le cruel

ne rentre pas dans les rangs des pantins :

la ronce ou l’insecte sournois

n’ont pas de prise sur les voyageurs

quand ils se lestent du  poids

de leurs bagages rouillés

 

Viens! Il est temps de risquer le Vivant !