dimanche 13 juillet 2014

punition

J'avais je crois environ 10 ans.
Sur les ondes de la radio, (oui! il n'y avait pas encore la télé à la maison!) j'écoutais avec passion une émission enfantine. J'ai oublié aujourd'hui de quoi elle était faite, mais je sais que je ne l'aurais ratée pour rien au monde.

En ce temps-là le poste de radio trônait dans la salle à manger. (Pas de petite radio personnelle, de tablette ou de PC portable, je suis d'un autre temps.) Pas d'intimité donc pour écouter cette émission que j'adorais, dont j'attendais avec impatience la suite du feuilleton, de semaine en semaine. Je m'accrochais au poste et plus rien n'avait d'importance!

Un jour, pour je ne sais quelle bêtise d'enfant, je fus punie.
Et ma mère avait trouvé LA punition qu'elle savait m’atteindre au maximum : INTERDIT d'écouter la radio!

Je connaissais déjà sa décision depuis deux ou trois jours et je n'en dormais plus, je cherchais par tous les moyens à fléchir son courroux, à la faire changer d'avis. Peine perdue! Je me cognais contre un mur de béton. Aveugle, sourd.
Le jour dit, j'ai erré comme une âme en peine devant le poste de radio, suivant ma mère partout où elle allait, la suppliant en larmes de me permettre d'écouter mon émission favorite, de me donner une autre punition,  mais elle est restée inflexible!

Elle était capable de cette cruauté: choisir la punition la plus douloureuse pour moi et s'y tenir!
Elle savait combien j'étais accro à l'émission, elle n'a pas cédé!

Je réfléchissais à ce petit événement ces jours-ci en m'interrogeant sur l'impact qu'il avait eu pour moi. 
Je pense que c'est à partir de cet épisode qui semble tellement anodin, mais qui m'a ébranlée très profondément, que j'ai commencé une rébellion silencieuse. J'ai appris à me taire, à ne plus manifester mes enthousiasmes, à rentrer en moi-même, à juger silencieusement.

 Surtout ne plus montrer à cette mère que je jugeais cruelle, combien je tenais à certaines choses... parce que c'était-là forcément que j'allais être atteinte.

Sans doute croyait-elle bien faire, je ne sais... elle a dû bien voir dans quel état je m'étais mise!

En tout cas je n'ai jamais agi de cette façon avec mes enfants. J'ai toujours préféré le dialogue. Je n'ai pas fonctionné à la punition. Ou alors, choisie en connaissance de cause, en accord avec eux..


EDIT
Ma mère était une femme très dépressive
On ne savait pas trop sur quel pied danser
Parfois dans l'indifférence la plus totale
Parfois dans des attitudes rigides, incomprhensibles qui ne nous rendaient pas la vie facile

jeudi 10 juillet 2014

moments d'éternité

Tant de fois déjà, elle a éprouvé tout au fond de son âme, le passage d'une étincelle fulgurante, qui la laissait  sans force, tremblante, le coeur battant comme à l'approche d'un extraordinaire qu'elle pressent si présent en elle ...
Comme si tous les morceaux de son être s'étaient en un moment rassemblés dans une harmonie sans nom
Profonde. 
comme un orgasme puissant.
Dans ces moments elle se sent habitée par une puissance de vie inimaginable, une étincelle divine
Comme si elle était habitée par plus qu'elle-même, tout en se sentant en même temps dans sa plénitude d'être

Comment se fait-il que cette gouttelette d'énergie cosmique ne se manifeste que trop rarement, et qu'elle doit  affronter la plupart du temps la monotonie automatique des petits faits et gestes d'une vie sans relief, ou alors si peu?  
Elle se demande depuis trois ans, maintenant que sa vie s'est coincée dans un quotidien devenu étriqué bien malgré elle, si elle pouvait provoquer de tels moments de grâce, de plénitude
Est-ce que ces moments ne sont pas par définition impermanents, s'écoulant comme une eau limpide entre des doigts qui songeraient en vain à la retenir?

Telle est sa quête en ce moment.

Mais elle croit de plus en plus que quand elle ressent son coeur sur le point de se gonfler de cet intense désir de vivre, il lui importe de se laisser faire, de se laisser rassembler par ce feu bienfaisant, d'interroger son plus intime afin de savoir si elle est en adéquation avec sa vie, avec ce qu'elle est
et de reconnaître que c'est ça le bonheur


mercredi 2 juillet 2014

Où sont mes souliers?

Où sont me souliers?
ceux-là qui s'aventurent un peu partout sur les sentiers de ma vie?
ceux qui tiennent fermement à mes pieds trop hésitants pour ne pas se tordre?

Je ne sais dans quel coin de ma tête je les ai fourrés
pieds nus je ne peux pas avancer, ni même démarrer

Quand je mettrai la main sur mes bons vieux souliers
alors je les regarderai avec reconnaissance

Mais les regarder de cette manière ne suffit pas!
alors je les enfilerai, le gauche, puis le droit, je n'hésiterai pas.
ou juste un peu...
car on ne sait jamais, si j'avais changé de pointure, si j'avais deux chaussures droites, ou l'inverse?

Mais les enfiler ne suffit pas
alors avec appréhension mais sans trop réfléchir,  je ferai un premier pas
puis un autre
et un autre encore
le mouvement se sera enclenché et la vie suivra