J'avais je crois environ 10 ans.
Sur les ondes de la radio, (oui! il n'y avait pas encore la télé à la maison!) j'écoutais avec passion une émission enfantine. J'ai oublié aujourd'hui de quoi elle était faite, mais je sais que je ne l'aurais ratée pour rien au monde.
En ce temps-là le poste de radio trônait dans la salle à manger. (Pas de petite radio personnelle, de tablette ou de PC portable, je suis d'un autre temps.) Pas d'intimité donc pour écouter cette émission que j'adorais, dont j'attendais avec impatience la suite du feuilleton, de semaine en semaine. Je m'accrochais au poste et plus rien n'avait d'importance!
Un jour, pour je ne sais quelle bêtise d'enfant, je fus punie.
Et ma mère avait trouvé LA punition qu'elle savait m’atteindre au maximum : INTERDIT d'écouter la radio!
Je connaissais déjà sa décision depuis deux ou trois jours et je n'en dormais plus, je cherchais par tous les moyens à fléchir son courroux, à la faire changer d'avis. Peine perdue! Je me cognais contre un mur de béton. Aveugle, sourd.
Le jour dit, j'ai erré comme une âme en peine devant le poste de radio, suivant ma mère partout où elle allait, la suppliant en larmes de me permettre d'écouter mon émission favorite, de me donner une autre punition, mais elle est restée inflexible!
Elle était capable de cette cruauté: choisir la punition la plus douloureuse pour moi et s'y tenir!
Elle savait combien j'étais accro à l'émission, elle n'a pas cédé!
Je réfléchissais à ce petit événement ces jours-ci en m'interrogeant sur l'impact qu'il avait eu pour moi.
Je réfléchissais à ce petit événement ces jours-ci en m'interrogeant sur l'impact qu'il avait eu pour moi.
Je pense que c'est à partir de cet épisode qui semble tellement anodin, mais qui m'a ébranlée très profondément, que j'ai commencé une rébellion silencieuse. J'ai appris à me taire, à ne plus manifester mes enthousiasmes, à rentrer en moi-même, à juger silencieusement.
Surtout ne plus montrer à cette mère que je jugeais cruelle, combien je tenais à certaines choses... parce que c'était-là forcément que j'allais être atteinte.
Sans doute croyait-elle bien faire, je ne sais... elle a dû bien voir dans quel état je m'étais mise!
En tout cas je n'ai jamais agi de cette façon avec mes enfants. J'ai toujours préféré le dialogue. Je n'ai pas fonctionné à la punition. Ou alors, choisie en connaissance de cause, en accord avec eux..
EDIT
Ma mère était une femme très dépressive
On ne savait pas trop sur quel pied danser
Parfois dans l'indifférence la plus totale
Parfois dans des attitudes rigides, incomprhensibles qui ne nous rendaient pas la vie facile
Ma mère était une femme très dépressive
On ne savait pas trop sur quel pied danser
Parfois dans l'indifférence la plus totale
Parfois dans des attitudes rigides, incomprhensibles qui ne nous rendaient pas la vie facile