mardi 25 février 2014

quelques objets "misérables"...



"Même un milliardaire fou et stupide qui peut tout s'acheter, il n'y a que quelques objets auxquels il tient vraiment et ce sont des misères. Dans les moments de déréliction, il va demander du secours à trois fois rien. Ce qui est bouleversant, c'est qu'un enfant va demander du secours à un ours en peluche, qu'un milliardaire va emporter avec lui à l’hôpital un objet misérable qui lui apportera du réconfort, parce qu'il lui aura été offert par quelqu'un de cher. Dans les moments critiques, les valeurs se renversent.

Christian Bobin "La lumière du monde"

Et pourtant, il y a dans ma maison tant et tant d'objets inutiles auxquels je ne tiens pas, accumulés au fil des ans, au fil des envies et de ces coups de coeur qui ne durent qu'un instant. Tant de choses achetées parce que je me figurais que j'en avais besoin, ou que j'en aurais besoin un jour. Tant de choses conservées parce que... ça peut toujours servir! et que ça ne sert jamais...
Lisant ce passage de Bobin, j'ai songé avec amusement que dans mes épisodes hospitalisation où je luttais pour garder mes yeux, j'avais emmené pour me donner du réconfort:

- une peluche douce et tendre qui me caressait la joue dans les instants angoissants et douloureux, que je cachais aux yeux des soignants qui entraient dans ma chambre... voyons voyons, une grand mère aurait dû puiser ses forces dans son for intérieur, non? Et pas dans un objet de bébé!

- un mp3 sur lequel ma fille avait enregistré des chants paisibles de Taizé, qui  calmait mes détresses et mes angoisses... : je pouvais m'ancrer dans cette musique paisible, c'était un véritable baume pour mon âme. Il y a des psaumes qui sont magnifiques et très réconfortants...

- mon cahier dans lequel au fil des heures je notais mon essentiel

En repensant à cela, je me demande pourquoi je ne suis pas capable aujourd'hui de me séparer de tout ce superflu qui m'encombre et que je n'emporterai certes jamais dans mon cercueil!...





35 commentaires:

  1. Parce que tu es reliée à tous ces objets, et que chacun d'entre eux vit à travers ta présence. Il n'y a rien à retirer.
    Bobin est un écrivain des franges; il écrit le bord du vide. Et on ne passe heureusement pas sa vie au bord du vide; derrière, il y a la plaine, les chemins et tous ces arbres; des objets; c'est juste derrière...

    Nat

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    1. Bonsoir Nat
      Bobin est en effet un écrivain de la simplicité la plus pure possible: il se réjouit d'une simple fleur, des chemins de traverse, des arbres que le vent s'amuse à balancer
      Il s'est détaché au max des objets superflus, de ceux qu'aime la société de consommation et d'obsolescence
      Je sais pour ma part que j'ai TROP accumulé...

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  2. On a tous des centaines voir plus d'objets auquels on tient sans trop savoir pourquoi...mais ils ont tous une petite histoire qui nous rappelle la notre et c'est avec eux tous que l'on avance...vers la vie

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    1. Bonsoir Manou
      il y a les objets auxquels on tient, et ceux qu' on acquiert comme ça, sans véritable nécessité
      c'est de ceux-ci dont je voudrais me distancer...

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  3. L'autre jour à la radio, ils interviewaient une dame qui "coachait" les gens pour les aider à se débarrasser du superflu... moyennant finance, bien entendu :-)

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    1. amusant Walrus... faut pas demander si garder à outrance est une pulsion qu' il serait important de "soigner"
      Mon mari est du genre "je garde TOUT"
      Je pourrais peut-être l'envoyer chez cette coach!

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    2. Oh, mais elle vient à domicile et t'accompagne dans cette douloureuse séparation !

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    3. mais tu vois, Walrus le plus conservateur des deux est l'Homme. Il est littéralement incapable de se détacher et donc accumule de façon incroyable
      Cela porte un nom cette "manie" là..

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  4. Bonsoir Coumarine
    En effet les objets ont une histoire qui sont comme des appuis sur notre chemin de vie et qui ont pour fonction de nous rassurer. Pour beaucoup de gens en Solitude, ces objets remplissent souvent un vide béant, et en cela ils sont si utiles. Je pense à ces petits animaux ou poupées sur la poutre de la cheminée d'une vieille dame. Et ce milliardaire sur son lit d'hôpital qui cache un misérable objet au creux de sa main...
    Il est vrai que lorsque l'on se trouve (dans les deux sens du terme) dans une cellule d'un monastère, comme on se sent bien détaché de ces mêmes objets... Alors comment faire... peut-être laisser faire la Vie.

    Bien amicalement

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    1. est-ce l'état de solitude qui fait qu'on s'attache ainsi aux objets? Besoin de se rassurer? de se sentir entouré, donc en sécurité?
      Amicalement aussi

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  5. La "simplification" est une technique de développement personnel qui recentre les êtres sur leur essentiel. Poussée à l'extrême on obtient le dépouillement monacal: des murs blancs, quelques objets , tous utiles aux tâches essentielles et aux besoins vitaux. Entre les deux, il y a nous, qui avons entassé des bric-à-brac de petits objets qui nous attachent à notre passé,et une furieuse envie de faire un grand vide pour se sentir respirer vers le renouveau de l'avenir.
    Le grand nettoyage de printemps permet de se délester du surplus à échéance régulière. Comme un ours qui ébroue son pelage poussiéreux à la sortie de l'hiver...
    Allez, élimine deux trois trucs qui datent!

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    1. parfois je me laisse prendre par la couverture d'un livre... il m'attire et je ne peux résister, je l'achète
      Rentrée chez moi et le feuilletant, je suis déçue
      Me demande comment j'ai pu acheter ce livre....
      Et c'est comme ça que je me retrouve avec des paquets de livres inutiles...
      ;-))

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  6. Merci Coumarine, pour cet article qui me parle. En ce qui me concerne, j'essaie de me délester depuis quelque temps d'objets qui me semblaient autrefois indispensables, à commencer par les livres : je distribue autour de moi régulièrement ceux que j'ai lus et qui m'ont plu. Mais je continue à en acheter de nouveaux...
    A propos de livres, je vois que tu en as publié un chez Thebookedition. Je viens d'y publier un recueil de nouvelles et je suis assez contente du résultat... Amitiés. Danielle.

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    1. Bonjour Danalyia
      Oui je sais pour ton recueil de nouvelles, j'étais dans ta liste d'envois...
      Et je n'ai pas réagi... parce que je suis hésitante
      Je me souviens de ta belle écriture (pardon je ne te lis plus guère à présent, j'ai perdu bcp contact avec la blogosphère)
      Ainsi donc tu as mené à bien un recueil de nouvelles... pas si facile
      Mais l'important c'est que tu sois fière du résultat!!

      ...

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  7. il semblerait que nous soyons nombreux à avoir ce problème ;-)
    avec le déménagement, je dois me séparer d'un tas de choses et ce n'est pas évident... ce qui me consolerait, c'est que les objets dont je dois me défaire servent encore à quelqu'un

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    1. oui un déménagement est une épreuve salutaire pour ranger, trier, jeter, donner...
      Me demande comment on fera quand il nous faudra partir d'ici (je l'ai dit, c'est surtout mon mari qui accumule...

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  8. http://lyflol.blog.lemonde.fr/comment-jai-vide-la-maison-de-mes-parents/

    Cette semaine, j'ai déposé à la Trocante la soupière et la vaisselle héritées de mes grands-parents...Mon conjoint, plus pragmatique et moins sensible aux objets que moi, me dit que je ne vais pas m'obliger à dîner dans ce service démodé que je n'ai pas choisi moi-même !
    ...Et puis un jour, il faudra vider la maison de mes parents, pleine de collections de chouettes, de cuivres, de soldats de plomb, et autres cassettes VHS !... Nids à poussières mais cela représente tant de temps passé à chercher l'objet rare, et du temps partagé aussi lors de chaque fête, noël ou anniversaire pour "enrichir" les collections... et l'Amour qui allait avec.

    Pour l'instant, ces objets que tu conserves font partie de ton quotidien à toi. Si certains t'encombrent, c'est qu'ils ne te sont pas utiles alors il suffit juste de trouver à les donner, les vendre ou les jeter... C'est cette démarche là qui me semble plus te / nous poser problème, non ? ... Ne pas gaspiller, parce qu'on a ça dans notre éducation...

    Bonne journée, Coum, toujours très déclencheurs d'idées et d'actions, tes billets !
    Bises

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    1. et toi Cathy tu dis toujours des choses qui me parlent!
      oui on a été éduqués à ne rien gaspiller, mais c'est devenu comme une "maladie" chez certains
      Tu vois, c'est ce que je voudrais éviter à mes enfants... trier et ranger la maison de leurs parents. Pour cette raison que je presse l'Homme de s'y mettre... hélas en vain jusqu'à présent
      Et je me refuse à toucher à SES affaires!

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  9. Il y a quelques temps , j'ai aussi écouté des chants de Taizé , c'est vraiment beau , apaisant ..
    je les ai chantés autrefois en grande assemblée , ça fait partie des moments denses , cette fameuse communion , et oui , je pense que ça donne la foi , la confiance dans les moments de doute et de grande solitude
    On amasse tous des choses , ça fait partie de nos tiroirs de vie , et puis un jour , on se décide , allez , je trie
    et on y remet autre chose
    je ne pourrais pas vivre dans une caravane non plus
    Tiens , j'ai les livres de Nicole V sur mon bureau , jamais je ne me séparerai de ces trésors là ;)
    et nos blogs , on fait comment pour les garder , grr ...
    Bonne journée Coumarine

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    1. dans la détresse de mon hospitalisation, dans la peur de perdre la vue, dans la difficulté à accommoder à la vision monoculaire... ces chants écoutés comme un leit-motif, sans cesse répétés, m'apaisaient énormément
      Aujourd'hui que j'écoute l'un ou l'autre de ces refrains les souvenirs me remontent et j'ai les larmes aux yeux
      Bonne journée à toi aussi, chère Jeanne
      (merci pour les livres de Nicole V... tu as raison de les garder.;-))...

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  10. On se laisse encombrer, c'est vrai Coumarine... Je ramasse des cailloux. J'aime les cailloux, les champignons des arbres, les bouts de branches avec lichen...les livres aussi. C'est ce que j'aimerais emporter. Mais rien que les livres, déjà... Impossible !

    Belle journée, chère Coumarine. Je pense à toi. Fort.

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    1. ohhhh Agnès, j'aime aussi ramasser des cailloux que je choisis avec soin...
      De la fenètre de la clinique je voyais les arbres se balancer, ils me disaient que mon oeil rescapé tenait toujours le coup
      J'aime les arbres, pour l'apaisement qu'ils procurent! J'ai pu voir souvent sur FB que tu partages cet amour...
      Merci Agnès pour ton passage ici

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  11. C'est bientôt le printemps. Ce sera le moment de faire le grand nettoyage ! Alors n'hésite pas à faire le vide. Cela peut servir à d'autres. Personnellement je ne garde pas grand chose, sauf, comme toi, des objets qui ont une valeur affective, chargée de souvenirs.

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    1. c'est vrai Daniel, au printemps, on fait le grand nettoyage...
      c'est amusant quand même cette habitude...!!!

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  12. Chacun est différent . Moi je me débarrasse avec joie de tout ce que je n'aime pas ou plus, vieux, inutilisé.J'ai toujours aimé déménager, commencer quelque chose de nouveau,jeter le vieux, prendre du neuf du frais...ne pas toujours refaire la même chose, savoir bousculer ses habitudes,passer à autre chose ... Changer d'avis ou d'idées à la dernière minute, s'adapter à la situation changeante, ne pas rester fixée sur ses idées etc...Il n'y a aucune certitude ( sauf cellle de notre mort) ...Mais je radote et m'emporte je ne sais où . Bonne journée à tous

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    1. j'aimerais Charltte pouvoir me débarasser de tout le vieux, l'inutilisé
      Mais l'Homme de ma vie garde TOUT!!
      "s'adapter à la situation changeante, ne pas rester fixée sur ses idées etc...Il n'y a aucune certitude"

      Là je te rejoins cent pour cent!!

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  13. Bonjour Coumarine, je garde beaucoup de choses dont je ne me sers plus mais qui me rappelle tellement de choses. J'ai un vieil ours en peluche habillé avec un vieux pyjama dont je ne me séparerais pour rien au monde (et pourtant, il n'est pas doux). Les peluches dans les hôpitaux me rappellent beaucoup de choses comme quand j'avais 6 ans, j'ai eu la scarlatine. On m'a mise à l'hôpital (à cause que c'est une maladie contagieuse) et on ne voulait pas me laisser mon chien en peluche. Mon papa pleurait. C'est traumatisant. Bonne journée.

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    1. merci Dasola d'être venue un peu raconter ton vécu d'enfant!
      Cela me touche beaucoup!

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  14. Ne pouvoir se départir de ce qui nous embarrasse est un problème et le contraire aussi. Moi j'ai de la difficulté à supporter de ne pas savoir exactement tout ce qu'il y a chez moi. Il faudrait que j'aie l'inventaire dans ma tête de tout ce qu'il y a dans chaque boite, chaque armoire, chaque tiroir... tout l'temps, ce qui est impossible évidemment. kéa

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  15. Il n'est pas essentiel d'affronter la souffrance les mains vides, chère Coum. Le réconfort d'objets proches du coeur est un adjuvant dont il serait dommage de se passer. Par contre, oui, que d'autres objets inutiles ne conservons-nous pas! Quand je suis allée habiter chez Florence, j'ai sacrifié plus d'un bibelot par manque de place...et j'ai constaté que je n'y ai plus pensé une seule fois. Mais mon carnet de notes est toujours bien là, comme le tien, chère Coum.
    Je t'embrasse,
    Lorraine

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    1. ah! Lorraine quel bonheur de te voir déposer un commentaire ici!
      C'est très vrai ce que tu dis... pour la plupart des objets dont n ne voudrait jamais se séparer... on y pense pas la plupart du temps...
      Mais le carnet hein Lorraine... le carnet... celui là est vital!

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  16. Je crois que cela ne se discute pas, Coumarine. Tant que ces objets t'apportent quelque chose et que tu hésites à t'en débarrasser, garde les, c'est que ce n'est pas encore le moment de t'en défaire.
    Moi-même, j'ai commencé du tri depuis que je ne travaille plus. Je pensais que ce serait facile de faire du vide, mais non, ce n'est pas si facile que cela. Alors, je mets encore de côté. On verra d'ici quelques temps...

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    1. mais moi je ne demanderais pas mieux que de m'alléger, c'est mon Homme qui n'e veut pas encore parler de laisser son bazar (brol en belge!!)
      Je t'embrasse

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  17. "je me demande pourquoi je ne suis pas capable aujourd'hui de me séparer de tout ce superflu qui m'encombre"

    l'important est de trouver ta réponse pour aujourd'hui… Pourquoi tu préfères vivre encombrée que libre ? C'est que tu y trouves plus avantages qu'inconvénients.
    On se désencombre quand le Désir est suffisamment puissant…
    Enfin, c'est mon expérience personnelle. J'étais un terrible « conservateur affectif ». Je savais pertinemment que ce que je gardais ne pouvait servir strictement à rien concrètement… Il m'a fallu attendre un certain déclic intérieur. Quelque chose entre le respect de ma dignité, la honte de ces conneries, et la pensée du bordel qu'avait laissé mon père en mourant… Et où il a fallu des semaines, des mois, pour trier ce qu'il fallait vidanger et ce qu'il fallait garder.

    Virer l'inutile et le superflu m'a donné de l'espace intérieur et à même eu des conséquences positives sur ce que j'appellerai « ma vie spirituelle ». Je comprends parfaitement le dépouillement monacal, comme un aboutissement. D'une certaine manière, j'y aspire.
    Cela me prendra encore du temps, ce n'est pas fini, il y a encore des choses qui vont passer à la poubelle. Les vrais attachements ne sont pas aux objets sur lesquels on s'est projeté. Les vrais attachements sont des liens intérieurs. Quand on a compris ça, on se déleste… Enfin, je parle pour moi…

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    1. Je suppose que d'avoir écrit ce billet me raconte que je suis de plus en plus tentée de me défaire du superflu!
      Mais il y a mon mari!!!
      Alors lui c'est une cata! Il garde tout tout tout!
      J'imagine volontiers que virer l'inutile a dégagé de la place, une place intérieure pour "ta vie spirituelle"
      C'est d'ailleurs ce que je pressens fortement
      Je peux juste ranger trier, jeter ce qui me concerne!
      OK... c'est déjà beaucoup!

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