lundi 30 juillet 2012

Le temps de prendre distance...

Transmis il y a deux semaines à l'éditrice qui a publié "L'enfant à l'endroit, l'enfant à l'envers", (éditrice que j'apprécie beaucoup) mon manuscrit sur l'histoire de la maladie de Horton qui me touche depuis un an, n'est pas retenu comme tel.
Il faudrait que je le retravaille, elle m'a écrit un très long mail à ce sujet. (Voilà une éditrice qui prend ses auteurs au sérieux!)

Mon récit, écrit quasi au jour le jour durant cette année, ressemble plus à un carnet de bord qu'à un récit de vie (le récit de vie n'est pas uniquement un récit mais une écriture "permettant un travail intérieur personnel"). Or, je me suis consacrée principalement à la narration de l'épisodique, intéressant, poignant par moment, bien écrit certes, mais pas suffisant.
"Comme si j'avais peur de pousser plus loin la porte et la découverte de mes émotions mais aussi des transformations qu'implique ce tournant de vie"


Oui, je suis déçue, j'avais pensé que...
Mais il me faut bien reconnaître qu'elle a raison. J'ai fourni un travail au premier degré, centré avant tout sur un journal de bord. J'ai soulevé des questions, mais n'y ai pas répondu pour moi-même. Or, plus que l'histoire d'une maladie, c'est cela qui est surtout intéressant pour le lecteur
Il me faudrait prendre mes distances maintenant, élaguer sérieusement* la première partie du manuscrit, pour entrer dans le second degré, ce qui ne sera possible que quand j'aurai davantage pris distance avec la maladie que je vis encore trop "le nez dans le guidon", avec ses hauts et ses bas. Ses courages et ses découragements.

L’occasion m'est donc donnée d'approfondir toute cette aventure pour en faire un véritable récit de vie.  Qui va plus loin qu'une simple narration, défi que je pense relever. Cela suppose une fameuse réécriture, mais d'abord de laisser reposer le texte. Cela me permettra de prendre suffisamment distance pour pouvoir l'insérer dans une réflexion moins "à fleur de peau"... 
(comme quoi il faut beaucoup travailler pour arriver à un travail accompli, je l'expérimente une fois de plus...)

* c'est cela qui est le plus difficile: "élaguer" c'est supprimer. Or ce que j'ai écrit, j'y tiens, j'y ai mis mon coeur, mes efforts, ma persévérance.
J'ai fait une "copie de mon texte, et je ne parviens pas (encore) à supprimer le trop anecdotique de la première partie
Ce que je raconte là je l'ai vécu, élaguer dans cette partie, c'est comme amputer une partie de moi-même
Mais je sais pourtant que c'est ça que j'ai à faire! D'ailleurs, j'ai fait souffrir de cette manière les trois auteurs que j'ai coachés lors de l'écriture de leur texte. Je sais donc que c'est pour un mieux
N'empêche ça fait mal...

samedi 28 juillet 2012

Pourquoi?

Voir me pose toujours un réel problème
Non pas sans le cadre de ma maison, que je connais, environnement rassurant
Mais dès que survient l'un ou l'autre de mes enfants/amis/connaissances/voisins, et que la conversation s'entame ou dès que je vais "à l'extérieur", voir suppose fixer mes yeux (mon oeil plus exactement!) et cela me cause une grande fatigue que je ne suis pas en mesure de gérer longtemps...

Je n'ai pas ce problème au tél, là je peux écouter et parler en fermant les yeux tout simplement

Même si les couleurs se révèlent à nouveau, l'oeil valide reste voilé, fortement par moments: "l'humeur aqueuse"  s'agglomère et forme nuage, qui voyage de ci de là, au cours de la journée
On pourrait opérer, mais le médecin me le déconseille, cette opération est plus "lourde" qu'une opération de la cataracte et comporte des risques. Je n'ai plus qu'un oeil, prudence donc! C'est bien ce que je pense aussi, et donc je ne peux que me résigner...

Il y a des moments où je suis complètement démoralisée, d'autant plus que les médicaments que je prends depuis un an à forte dose, s'ils contribuent à me "sauver" l'oeil qui me reste, ont rendu ma santé boiteuse

Voir les gens, recevoir ma famille, mes amis,  lire, écrire me demandent un énorme effort

Rester dans l'espérance que les choses s’amélioreront, que je serai surtout capable d'accepter ce coup dur qui m'a touchée si profondément dans ma vitalité fondamentale, n'est pas si évident. Il me faudra encore bien du temps pour y arriver je crois. Surtout que en ce moment bien plus qu'au début de cette "aventure" je suis dans la révolte (pourquoi ça m'est arrivé à moi, qui ai toujours été donnée aux autres, c'est injuste!)

J'aimerais tellement retrouver ma plume allègre, parfois poétique, parfois maniant du plus profond, la plume que j'aimais et qui était la mienne... Aujourd'hui je m'en méfie: elle s'est alourdie et peine à poser sur l'écran ou le papier les mots qui pourtant sont bien présents en moi, car je les entends derrière la porte qui piaffent mais qui se sont rouillés, alourdis, démoralisés...

Benoit Colsenet

dimanche 8 juillet 2012

Un certain nombre de livres...

On m'a demandé de faire partie du jury du prix Emma Martin, octroyé par l'AEB (Association des Ecrivains Belges)
Cette année le prix récompensera un roman ( belge, of course)
Une journée d'hésitation, et puis j'ai accepté

Comme beaucoup d'entre vous, j'aime lire, mais évidemment des livres que j'ai choisis moi-même (parfois grâce aux avis de mes amies blogueuses-lectrices!) et qui seront censés me plaire. Et si ce n'est pas le cas, je les abandonne sans aucune arrière pensée. D'ailleurs j'ai encore une P.A.L (pile à lire) bien chargée, ce n'est que maintenant que je peux recommencer à lire sans trop de problème...

Donc durant l'été 17 romans attendent ma lecture attentive. S'ils m'ennuient un peu, beaucoup, complètement, il ne m'est pas possible cette fois de les abandonner en route. Hé non! Il faut que je sache de quoi ils parlent, et comment ils en parlent.  Le jury se réunit fin août pour octroyer le prix...
Il y a un risque certain que sur les 17, il y en ait l'un ou l'autre auquel je n'accrocherai pas du tout, que je devrai me forcer de lire jusqu'au bout (éventuellement à la façon je feuillette et puis c'est tout!)

Pourquoi avoir accepté alors?
Parce que j'aime faire partie d'un jury littéraire, j'aime ces discussions parfois passionnées, chacun défendant son livre préféré, à coups d'arguments raisonnés, bien sûr, pas pour défendre le chouchou qu'on connaît personnellement. Il faut pouvoir justifier sérieusement son choix, pas se contenter d'un: "j'aime parce que... euh... j'aime..."

J'ai commencé par le roman qui se trouvait en haut de la pile, après avoir feuilleté les autres, histoire de lancer ma machine de lecture...
Mission remplie! Lu jusqu'au bout! OUF! Parce que pour moi, c'est bof, et même bof bof (parfois on se demande comment des éditeurs s'y prennent pour  publier des romans bof qu'on oubliera dès la dernière page...)

J'ai entamé hier un deuxième roman... ahhhhhhh! c'est tout différent, celui-là j'aime beaucoup!

Bon je peux pas donner trop de précisions ici et maintenant concernant ces livres... (j'aimerais bien pourtant!) car je pourrais bien sûr me faire taper sur les doigts pour favoritisme...



vendredi 6 juillet 2012

Un passé périmé

Est-ce que j'avais envie de revoir tous ces gens?
Oui et non!

Oui parce qu'ils ont fait partie d'une tranche importante de ma vie: j'ai participé longtemps à ce groupe, j'en ai beaucoup reçu,  je suis curieuse de les revoir  et de mesurer ce qu'ils sont devenus (depuis le temps, 15 ans environ, ils ont vieilli, ça c'est sûr, comme moi ;-))

Non parce j'y ai beaucoup laissé de moi-même, je m'y suis brûlée en fait (je peux dire ça  avec le recul...)
Il y a eu le "dévouement" que je leur ai consacré, un dévouement sans compter, exagéré sans doute, qui m'a dévorée par moments
Il y a eu la fascination que j'ai eue pour le responsable du groupe; J'ai accompli des taches juste pour lui faire plaisir, cela ne s'appelle pas liberté d'une adulte responsable, mais bien dépendance... J'ai mis du temps à m'en rendre compte, et alors... j'ai fui, hop! disparue la petite Coumarine si gentille...

Je considère avec le recul que l'apport reçu dans ce groupe, ne vient pas contrebalancer ce qui m'a fait du tort, ce qui m'a empêchée de devenir une personne autonome, de prendre mon élan personnel (par exemple dans l'écriture, que j'ai mise pendant tout ce temps entre parenthèses...)

Je ne veux donc pas revoir ces gens: ils font partie des pages que j'ai tournées, définitivement. Je ne souhaite pas retourner dans cette popotte de petits potins centrés sur le passé et échanges de nouvelles tout en observant la tête qu'a l'autre devant soi et se réjouissant de constater qu'il/elle a bien plus vieilli que soi

Mon mari est donc parti tout seul ce matin à l'enterrement de l'un d'entre eux. Je sais qu'il y aura énormément de monde, cette personne avait pris une grande place dans le groupe, beaucoup voudront être présents à la cérémonie. Je sais qu'on va s'inquiéter de mon absence...

J'ai hésité pendant deux jours, cherchant la bonne décision pour moi, sachant que prendre une option, c'était renoncer à l'autre et que je n'aurai plus beaucoup d'occasions de les revoir tous rassemblés (à mon enterrement peut-être ;-))

J'ai opté: ce que j'ai à vivre se trouve désormais devant moi, je veux quitter la nostalgie d'un passé périmé


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