lundi 30 avril 2012

Quand le Petit Robert a tout faux...

On me dit  courageuse
Bien sûr ceux qui me disent ça, ne sont pas spécialement mes proches, par exemple celui qui vit avec moi. qui me voit au quotidien, qui doit supporter mes sautes d'humeur, mes redites inlassables sur l'évolution de ma vue, ou alors mon mutisme qui en dit long... 
Ceux qui me disent courageuse, ce sont ceux qui ont avec moi un contact sporadique, lors d'un contact téléphonique, d'une rencontre ponctuelle ou alors au travers du blog
Plus facile de sembler courageuse de loin, n'est-ce pas?
Or je ne me sens pas courageuse. Je perds courage trois fois par jour (au moins). Je râle, je peste, je rumine, je grogne, heureusement, le plus souvent face à moi-même seulement. Je devrais sinon, être insupportable

Mais au fond, c'est quoi être courageuse?
Le Robert m'apprend que courageux est celui qui a du courage...
Bien, mais encore?
Le courage: 1 Force morale; fait d'agir malgré les difficultés, énergie dans l'action (alors là je suis pas du tout courageuse, car je n'agis quasi plus, pas assez d'énergie, je range ma maison pendant 15 minutes, puis ouf! plus capable de faire encore quelque chose ;-(( Je ne cuisine plus beaucoup non plus. L'homme a pris un peu la relève. C'est curieux, j'étais sûre qu'il ne s'en sortirait pas. Ou difficilement. Et bien non! Les courses et préparer des repas simples, n'auront bientôt plus de secret pour lui. C'est bien! Si je disparais, je ne dois pas m'en faire......
.
2. Fait de ne pas avoir peur. Encore raté, j'ai peur, parfois très fort, peur quand j'imagine que l'oeil qui me reste va lui aussi succomber à Horton (quel méchant çui-là!), ou quand je doute de retrouver un corps énergique, le corps d'avant la maladie, et bien d'autres peurs encore

3. Force devant le danger ou la souffrance... oups encore raté!  je me sens parfois si vulnérable, si découragée, au bord des larmes 

Cherchons ailleurs.. voyons, voyons...

- être courageuse, serait-ce ne pas (trop) se plaindre? Se taire sur ses problèmes et écouter ceux des autres, qui y trouveront on l'espère un certain réconfort ?
Aux mari et enfants, s'ils me posent une question sur le "comment ça va?", en général je réponds, mais pas en détails, juste l'essentiel en veillant à les rassurer
Au fil des mois, j'ai commencé à en avoir réellement marre de parler de ma santé, pffffffff. Ça devenait monotone et répétitif... Alors on parle de tout et de rien, ils me disent que j'ai une bonne voix, une bonne tête, ça doit être vrai, je ne m'entends pas, je me vois à peine et j'aime qu'ils me parlent d'eux, je suis attentive car tout ne tourne pas rond toujours, oh lala non! de quoi réellement s'en faire parfois!

- être courageuse, est-ce vivre chaque minute en la savourant à fond, par exemple comme un morceau de chocolat noir, qui fond petit à petit dans la bouche? (j'adore!)
Et regarder en face les minutes plus difficiles, en croyant qu'elles disparaîtront comme les nuages dans le ciel mouvant?
Une minute de vie vécue avec intensité, est un cadeau précieux, j'en ai bien conscience!
Je suis le plus souvent dans cette posture-là, même dans les moments de découragement, je pense alors à ceux  qui luttent bien plus douloureusement que moi, pour une issue incertaine,  et je ne me donne pas le droit de sombrer. 
Ce serait malhonnête il me semble. Et si j'ai des moments où je sombre, cela ne dure jamais bien longtemps. Il y a en moi un petit ressort qui me fait me relever. C'est mon caractère, j'ai de la chance


25 commentaires:

  1. Courageuse.
    C'est ce que je pense aussi de toi à travers tes écrits.
    Certes, nous ici, nous ne te fréquentons pas au quotidien dans la vraie vie, mais ce que tu nous "montres" ne laisse aucun doute.

    Je t'embrasse Coum'

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  2. Je me demande si le courage est quelque chose que l'on peut dire de soi-même. Que l'on peut s'attribuer. C'est quelque chose qui est vu par les autres. Libre à eux d'avoir leur propre perception.
    Et puis, ce n'est pas « identitaire ». Enfin il me semble…
    On peut pas tellement dire : JE SUIS courageux/se. Comment on dirait je suis un homme/une femme.
    On peut dire : J'AI EU du courage dans telles circonstances. Ce qui n'est pas tout à fait la même chose que « je suis » Et c'est souvent a posteriori qu'on se reconnaît avoir eu du courage.
    En revanche, on dit : j'ai la volonté de m'en sortir. La volonté : cette capacité de mobiliser des énergies pour un but précis, cela me semble un trait identitaire de l'humain. Quelque chose qui ne nécessite pas quoi que ce soit de « surhumain ».
    Et ce n'est pas la même chose que le courage.

    Alors peut-être que quand on dit que l'autre est courageux, c'est que l'on pense que soi-même on n'aurait pas la force et la volonté d'agir comme lui en pareille circonstance. Ce qui généralement n'est pas démontré...

    Question de mots ?
    Peut-être… À voir…

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  3. Souvent , quand une personne souffre , le premier mot qui nous vient c’est « courage «
    Parfois dit de manière banale , mais ce courage , que signifie t’il ?
    Tu fais une analyse juste
    Se plaindre , se taire ?
    Parler de la souffrance, dire , oui , dire quand on n’en peut plus , quand le raz le bol est là , c’est légitime
    Et l’entourage ? Il peut aussi tenter de faire diversion , parler d’autre chose , faire le pitre , pour tenter de divertir
    Il n’y a pas de recette
    Un force en toi est palpable à travers tes mots , c’est bien ton homme qui a pris le relais culinaire
    Je sais que tu continues à t’inquiéter pour tes proches , forcement , c’est indéniable , tu compatis aux tracas des tiens , tu es tellement liée à eux tout comme ils sont liés à toi
    Tu m’aides encore mieux à comprendre ce combat face à l’imprévisible maladie
    Merci Coumarine

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  4. le courage n'empêche pas de prendre ses jambes à son cou quand on en a marre de rester sous un mille-feuilles toujours plus épais de nuages
    le courage n'étouffe pas, que du contraire, la rage de passer trop longuement par des tunnels inter-minables, d'entendre des mensonges supposés jouer le rôle d'emplâtres, de n'entendre comme réponses à ses questions que les échos des questions

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  5. On peut être courageux plusieurs fois par jour...le chocolat noir aidant c'est certain... bises

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  6. Je sens au fond de toi une force de vie très profonde et vive malgré les moments de fragilité et de désespoir que tu avoues. Je compatis de tout mon coeur avec beaucoup d'admiration

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  7. Je n'utilise pas le mot "courageux", j'utilise le mot "fort". Je pense aux parents du petit Noé, et je dis souvent qu'ils sont forts. Forts dans le sens où, malgré les difficultés, malgré la fatigue, malgré le découragement parfois, ils continuent d'être là, et de se battre. N'est-ce pas ce que tu fais, toi aussi, Coumarine ?...
    Je t'embrasse très fort.

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  8. Quel que soit le mot, tu fais face et c'est déjà énorme.

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  9. Le courage, c'est accepter d'être soi, tel que l'on est.

    Cesser de se comparer et aux "mieux lotis" et au "moins bien lotis".

    Cesser toutes ces batailles comparatives ; car même le moins bien lotis des moins bien lotis a le droit d'être lui, d'être heureux d'être lui.

    Être ce qu'on est, et brûler toutes ces images de "ce qu'on devrait ou voudrait être".

    Accepter ses manques de courage, ses baisses de moral, ses déprimes, les vivre tels qu'ils sont, et même s'en nourrir.

    Être.

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  10. Quelqu'un me disait souvent - "tu as beaucoup de courage!" Ahurie, je répondais: "moi? Du courage? Mais je n'en ai pas du tout ... - je pensais que je faisais les choses sans courage, parce que je devais les faire, tout simplement!"

    Et elle me répondait: "IL faut parfois BEAUCOUP de courage... Pour avoir un TOUT PETIT PEU de courage ! "

    J'aime bien ce paradoxe... Qui relativise aussi les choses. Dont je te fais cadeau o;) c'est une des meilleures choses que je puisse écrire.

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  11. Sinon, j'aime bien la réflexion d'Alain (et j'ai lu tous les autres commentaires chaleureux aussi), le courage n'étant pas en soi une valeur identitaire, effectivement. Ca me rappelle aussi ce que m'avait dit un médecin, à propos du cancer, "on ne se bat pas contre une maladie -dont on ignore l'issue d'ailleurs-" simplement, on se soigne. On fait ce qu'on doit faire. Et c'est vrai qu'on passe par une mosaïque d'émotions, et de réactions, et c'est vrai que savourer quelques bons moments -fussent-ils courts, mais répétés, ça, c'est vraiment précieux...

    Je t'embrasse avec un soupçon de parfum de muguet pour embellir ta journée ...

    Et je trouve ça formidable, ce mari qui s'est mis à cuisiner o:)))

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  12. Mais bien sûr que tu es courageuse! Tu le dis toi-même "quand je sombre, ça ne dure jamais longtemps". Pour moi, c'est ça le courage. Continuer à avancer...
    En ce premier mai, je t'offre un brin de muguet porte-bonheur...

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  13. Le courage c'est d'affronter la vie, telle qu'elle se présente.
    Si tu n'étais pas courageuse tu serais au fond de ton lit à attendre des jours meilleurs. Et c'est loin d'être le cas. Craquer, ce n'est pas manquer de courage. C'est être humain.
    T'envoie un brin de muguet, ça ne peut pas faire de mal !

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  14. Je dirais qu'être courageux, c'est ne pas se dégonfler. Y aller même si la trouille vous tord les boyaux, ne pas céder à la tentation de se terrer au fond de son lit, affronter les choses. Pas forcément avec panache, non juste ne pas reculer, continuer à avancer et c'est déjà beaucoup

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  15. Avoir du courage n'implique pas d'être Superwoman !
    D'ailleurs, elle n'en a pas besoin, elle, elle sait tout, est invincible, a tous les pouvoirs et jouit d'une parfaite santé.
    Non, tu n'es pas Superwoman, juste un être humain avec tes failles, tes faiblesses, tes moments de doute, de peur et de lassitude. Tes humeurs et tes états d'âme. Mais tu ne te contentes pas de subir en gémissant, tu cherches à apprendre quelque chose de ce qui te tombe dessus, tu restes attentive aux autres et tu utilises un de tes points forts - l'écriture - pour avancer, et aussi dans l'idée de partager avec d'autres, de leur apporter un soutien s'ils connaissent le même genre de difficultés...
    Pour moi, oui, c'est une attitude positive et courageuse, ça.
    Je te souhaite de bons moments chocolat, et d'autres pamplemousse et d'autres papillon bleu, et bien d'autres encore pour t'aider à continuer ta route, Coumarine.

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  16. Ce mot "courage" m'embête... Quand on dit à une personne "Courage" c'est parce qu' on se dit:"La pauvre elle n'est pas encore sortie de l'auberge" .
    Parfois l'expression "Bon courage" ironise sur la décision( forcémént mauvaise)prise par la personne...
    Ensuite on peut être courageux dans certaines corconstances et pas dans d'autres. Le seuil de tolérance à la douleur ( physique ou mental est différent pour chacun de nous.
    Tout çà pour te dire que je comprends que tu en as parfois bien ras le bol, que du petit Robert on s'en fout... Il y a un autre, un grand à consulter sur qui tu peux compter.

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  17. En préambule, je note qu'Hermione et moi avons eu en ce premier mai le courage de venir commenter ici ;)
    Plus sérieusement, courage en ce moment m'évoque deux choses, la chanson de la Grande Sophie et surtout son clip "Du courage, du courage, du courâ-â-â-ge, que j'adore, et le courage dont Sarko nous a rebattu les oreilles depuis des mois. Je ne voudrais pas faire de politique ici mais j'espère que dimanche soir il aura le courage d'affronter la défaite ...

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  18. Je viens vous remercier pour vos commentaires intéressants. Peut-être allez-vous être déçus, mais je ne peux pas répondre à chacun, malgré mon désir
    Je souhaite la bienvenue à ceux qui viennent ici pour la première fois
    Je vous embrasse, tous aussi différents que vous êtes et qui se voit au travers de vos mots

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  19. Je ne sais pas ce que c'est qu’être courageux. Mais je te lis et je prends note. C'est tout et c'est déjà beaucoup, merci. :)

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  20. Il y a tant à dire sur un billet de Coumarine! C'est si profond et si subtil, ce que tu soulèves là.En premier lieu, question de langage, de sémantique: Courage vient de coeur, et moi je pense que tous les êtres humains en sont pourvu: il faut une sacré dose de courage pour continuer à vivre sur un bout de caillou minuscule perdu dans l'univers, coincé entre deux néants, celui d'avant la naissance et celui d'après la mort. En sachant que l'on n'est qu'un corps bien fragile, et en connaissant toutes les calamités qui sont suspendues au-dessus de nos têtes en permanence. Et même pour décider de quitter de son plein gré cette vallée de larmes, il en faut du courage.
    Je suis d'accord avec Alain: la volonté, voilà le maître-mot. Et tu en as à revendre, cela ne fait pas l'ombre d'un doute.
    Je t'embrasse.♥♥♥

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  21. je reviens après trois semaines où j'ai "joué à la mamie", et je te retrouve ce soir ; lorsque mon mari a eu son cancer et que nous lui disions courage, nous sommes près de toi, il répondait, je suis seul à lutter même si c'est important d'être entouré ; LE COURAGE c'est cela, LUTTER, chaque jour qui passe est un jour de gagné, ne pas se résigner, j'écris cela mais "je ne suis pas à ta place et personne ne l'ait"; je pense que d'en parler comme tu le fais, c'est énorme, j'allais écrire, je ne sais pas si j'en aurai l'énergie, alors, Coumarine, je te dirai simplement, je t'admire et t'embrasse. Tu es un modèle pour nous tous.

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  22. je reviens après trois semaines où j'ai "joué à la mamie", et je te retrouve ce soir ; lorsque mon mari a eu son cancer et que nous lui disions courage, nous sommes près de toi, il répondait, je suis seul à lutter même si c'est important d'être entouré ; LE COURAGE c'est cela, LUTTER, chaque jour qui passe est un jour de gagné, ne pas se résigner, j'écris cela mais "je ne suis pas à ta place et personne ne l'est"; je pense que d'en parler comme tu le fais, c'est énorme, j'allais écrire, je ne sais pas si j'en aurai l'énergie, alors, Coumarine, je te dirai simplement, je t'admire et t'embrasse. Tu es un modèle pour nous tous.

    (je ne pouvais laisser le texte d'avant avec une faute aussi grosse, excuse moi (personne ne l'est)

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  23. Encore une fois, je vous dis juste merci de votre venue ici, de vos commentaires, tous intéressants!
    Des raisons familiales m'éloignent du net pour le moment. C'est la raison de ma réponse globale... je suis désolée

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  24. Robert ne peut toujours avoir raison. Ta maladie est une épreuve, vécue sur la longueur et ce que tu décris me paraissent être de formidables exemples de courage.
    Est il plus facile d'encourager lorsque l'on est loin et "anonymes" ? Difficile de répondre. Je crois que tu viens toucher là au plus profond : notre propre rapport à la maladie, ce qu'elle nous renvoie et souvent aussi, notre rapport à la maladie qui reste tabou dans notre société.
    Te lire me donne du courage et me permet d'apprécier un quotidien qui me pèse parfois... Il y a ici, entre les lignes, un réservoir d'énergie.
    Je t'embrasse

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  25. Le mot courage vient de "coeur", n'est-ce pas l'essentiel? L'amour (de soi, des autres, de la vie) est difficile. Le coeur peut avoir des réserves insoupçonnables.
    Mes "encouragements", plein d'affection.

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