lundi 3 octobre 2011

Bilan

Voilà plus d'un mois et demi que je suis quasi hors circuit. Dans un grand état de fatigue. Incapable même de donner quelques miettes de mots aux canards de "mon" étang, mangés qu'ils sont tout aussi vite avant même qu'ils n'aillent se cacher au fond de l'eau...
Je n'imaginais pas un seul instant que ces deux mois seraient aussi durs à vivre.
Au début de mon aventure, les deux ou trois billets que j'ai écrits l'ont été avec un courage qui m'a étonnée moi-même et que beaucoup d'entre vous avez souligné: fière de moi que j'étais; heureuse de vos mots positifs: quelle Coumarine quand même, hein!

Mais voilà! j'ai crâné!... Seule façon pour moi de survivre. Et c'est aussi dans mon tempérament de crâner
J'ai lutté comme une tarée. J'ai cru pouvoir aller au delà de mes possibilités, allant à contre courant de ce que mon corps me dictait et me permettait. Je n'ai pas écouté ses mises en garde...

Persuadée qu'au bout d'une semaine, j'aurais fait un deuil exemplaire (admirable!)
Persuadée qu'en quelques jours de plus (à peine!) je récupérerais mon tonus et ma joie de vivre. Et hop! C'est ce que je voulais et espérais au plus profond de moi.

Mais ce n'est pas du tout ce qui se passe. Les choses avancent sans doute (parfois j'en doute quand je fais de terribles pas en arrière), des pas d'éléphant pesant! Le midi et le soir me voient vidée de mes énergies, capable seulement de m'écrouler sur mon lit et de dormir dormir dormir...
Combien de temps encore vivre comme ça à moitié?

Je reconnais que ma lutte quasi désespérée pour aller coute que coute de l'avant témoigne d'une chose: je n'ai pas encore accepté. Pas vraiment. pas du tout même!
Pas encore accepté le tsunami qui en deux jours de temps m'a privé de l'oeil gauche. Pas encore accepté le traitement draconien qui, s'il m'aide à garder l'oeil qui me reste, me met à plat les 80% du temps..

Non! Je n'ai pas accepté! Pire je suis dans le déni!  Dans le "c'est pas possible", je vais me réveiller de ce cauchemar! Quelques jours encore et la vilaine grippe sera guérie!
Je me souviens des étapes du deuil établies par Elisabeth Kubler Ross: (source Wikipédia)
1- le déni
2- la révolte, la colère
3- le marchandage
4- la dépression
5- l'acceptation
Je suis tout à la fois dans le deni, la révolte, le marchandage, et la dépression!

Je ne fais que me dire que ce n'est pas possible. Que je vais me réveiller de ce mauvais rêve, qu'un matin (de préférence aujourd'hui;-)) tu verras ma vieille, tu ouvriras les yeux et oh! miracle, tu reverras tout comme avant.. (tu parles..)
Je nie l'évidence. Les médecins ne m'ont pas caché que non, madame, non! il ne faut pas croire au miracle: votre oeil est aveugle. Définitivement. Point à la ligne. C'est simple non?

OUPS!

La révolte s'exprime chez moi par des flots de larmes que je ne maitrise pas et qui surgissent de mes yeux encore endormis au réveil. Mon inconscient se souvient avant que je ne sois consciente.
Alors je me sens "obligée de crâner" pour ne pas trop montrer au mari combien je suis triste (en colère). Je veille à le protéger, ainsi que mes enfants d'ailleurs...

Quant au marchandage, vous voulez savoir? Et bien je discute avec Celui-là, d'en haut). Je lui demande des comptes. Ils ne sont pas piqués des vers. J'en parlerai pas ici... ce n'est pas le lieu... mais c'est MOI qui suis gagnante, j'aime autant vous le dire...

(la suite cet AP... vous allez vous fatiguer (hum hum- ou alors c'est moi...
mais revenez, j'ai pas fini du tout du tout!!!

20 commentaires:

  1. Chère Coumarine... Je t'admire. Si. Je t'admire d'avoir le cran, le courage et l'honnêteté de dire ici dans quel état tu es, comment tu vis ce qui t'est arrivé il y a presque deux mois. Merci pour ce témoignage, qui me touche énormément.
    Je crois au pouvoir de la prière. Alors puisque je ne peux rien faire d'autre, je vais prier pour toi. Pour que tu parviennes à accepter ta nouvelle vie, que tu puisses y voir un avenir. Ta vie est simplement différente de celle qu'elle était avant. C'est facile à dire, je sais... Bon courage.

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  2. De l'analyser (de ton esprit sagace) puis de l'exprimer (de ta plume incisive) ne peuvent que t'aider, chère Coumarine.
    Ce qui n'aide pas par contre, ce sont les effets secondaires de la cortisone, mais il n'y a pas le choix, n'est-ce pas ?
    Fais-toi bien suivre durant ton traitement et ne précipite pas le sevrage.
    Courage et meilleures pensées d'un ex "peau rouge" (tribu des Gros-Ventres).
    Pour le marchandage, n'hésite pas à en mettre une couche, de toute façon, Lui, c'est comme Belgacom : il ne répond jamais (normal, faudrait déjà qu'il écoute pour ça).

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  3. Oui tu es courageuse Coumarine, déjà d'arriver à exprimer tout çà sans faux-semblant. Et oui ce qui t'es tombé dessus est difficile à avaler et ne peut pas se faire en une semaine. Un traitement aussi paralysant, c'est vrai que c'est pénible. J'espère de tout coeur que cette phase ne s'éternisera pas trop, et j'attends la suite ..

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  4. manoudanslaforet3 octobre 2011 à 15:49

    Je t'admire ma chère Coumarine, que tu ais des moments de découragements me semblent logiques mais ton courage et ta force de vivre prendront le dessus, j'en suis sure !!!! Moi même en ce moment je vis une période difficile mais rien comparé à toi je t'embrasse

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  5. Pour ma part, je ne sais pas si je te souhaite bon courage - car du courage tu es as - Je te souhaiterais plutôt de continuer dans cette démarche de vérité que tu engages à plusieurs niveaux

    . vérité avec toi-même
    . vérité montrée « ici »
    . vérité avec ton entourage et ta famille.


    Cela fera surgir ce que j'appelle, si tu le permets, la « Coumarine d'après ».

    Il y a encore du chemin…
    Il suffit d'avancer pas après pas.

    J'ai souvent observé, - outre ses propres résistances, - que les résistances viennent toujours du milieu proche ( conjoint, enfants, amis, famille…), qui n'apprécie guère que « l'autre change », et espère, plus ou moins consciemment, le retour à la situation "d'avant…"
    Là aussi, chacun aura à faire sa propre évolution… Mais là-dessus en n'a guère de pouvoir…

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  6. oh là là !!! comme c'est difficile tout ça !! je crois aussi que le fait de dire les choses, d'en parler ici avec cette vérité ne peut que t'aider : step by step !!! de tout coeur avec toi, je t'embrasse.
    Carole

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  7. Coumarine, ce que tu vis est normal, même si, de tout mon être, j'ai envie de t'épargner cette "normalité". Car la maladie qui t'a saisie de plein fouet n'est pas normale, elle! Merci de partager avec autant de noble simplicité ces moments de combats et de détresse, tu ne peux imaginer à quel point ils me touchent. Je t'embrasse bien fort

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  8. Il y a la volonté et je sais que tu en plus que pourvue, et la réalité... Cette dernière à l'air de s'en foutre de ta volonté, chacune suit sa propre route apparemment indépendantes ce qui t'anéantise. Comme il est dur d'apprendre que l'on ne domine rien du tout, que tout ce que l'on croit n'est que de l’esbroufe... Mais je le sais, c'est pour cela que je te l'écris, sans en avoir l'air, tu t'adaptes, ta volonté s'adapte petit à petit à ta nouvelle réalité... Le monde qui t'entoure se réorganise, ainsi que ton corps, et cela prends du temps, beaucoup du temps, plus que ce que ta volonté t'autorise à imaginer. Mais tu es sur la bonne route, et je t'embrasse.

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  9. Je crois que tu as raison de lutter et c'est tellement normal que tu souffres. Que faire? je mettrai un cierge pour qu'un peu de lumière vienne jusqu'à toi, on ne sait jamais

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  10. en te lisant , je comprends encore mieux , ce besoin de lutte , mêlée de rage et d'espoir
    Espérer , quand même , coute que coute
    Combien de temps encore ce traitement qui t'assomme , des semaines , des mois ?? tu le sais , y'a t'il une échéance
    Pas le choix , il faut le garder cet oeil , c'est un lourd prix à payer , tout ça tu le sais , mais malgré tout ,c'est dur à vivre

    Je ne sais pas si vraiment quand la vie bascule ainsi , on peut accepter comme ça , donner l'illusion , ça renforce , ça évite aussi l’apitoiement de l'entourage
    raconte Coumarine , Crache ta rage , je t'assure , ça nous aide à comprendre un peu , pas autant qu'il faudrait ..
    Je sais ..
    je t'embrasse , je pense très souvent à toi dans mes journées

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  11. à Jeanne et à ceux qui se posent la question
    Le traitement, c'est pour 18 mois, si tout va bien...

    On m'a dit aussi que le cerveau apprendrait à s'adapter à la vision monoculaire... faut minimum 6 mois pour ça...

    Je me sens incapable de répondre à chacun en particulier, mais je vous dis mERCI: vos commentaires me font un bien immense
    Pardon d'aller si peu vous lire aussi(commenter surtout)...ce temps reviendra je l'espère très bientôt

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  12. nous ne sommes pas tous égaux dans le deuil, certaine mettent 24 heures à digérer toutes les étapes, d'autres des mois... mais elles sont là ces étapes et c'est bon de savoir qu'un jour au bout il y aura l'acceptation.

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  13. Tu sais Coumarine, le propre de l'être humain, c'est qu'il s'adapte. Il s'adapte pour son bonheur (parfois pour son malheur).
    Je te souhaite de t'adapter pour ton bonheur.

    Comme dit Alainx, la "Coumarine d'après" va arriver.
    Elle sera un peu différente, enrichie de tout ce quelle aura vécu par son problème de santé, et elle continuera à nous permettre de croire dans la Vie quand rien ne va plus.

    Si, si... chez toi je puise de l'espoir, l'envie de vivre, l'envie de me battre, l'envie de me "réveiller".. même si ce n'est pas tous les jours évidents.

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  14. que te dire qui ne soit pas banal pour celle qui ne vit pas ton drame ! car ce qui t'arrive est pour toi seule, seule pour y faire face, pour accepter l'inacceptable et pour lutter.
    Tu forces mon admiration par ton courage, ta sincérité, ta mise à nu, , je ne peux pas dire : je vais prier pour toi car il y a longtemps que je ne sais plus le faire, mais sache seulement que je pense très fort à toi.

    je t'embrasse fort ; amicalement

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  15. Déjà j'ai été admirative de la rapidité avec laquelle tu es revenue nous adresser quelques mots, nous expliquer.
    Et là je suis admirative de ta sincérité.
    Mais c'est normal de craquer dis...
    Tant que tu es là pour le dire, c'est à chaque fois un grand pas.
    Un deuil en une semaine, rhooo...
    Et pour le marchandage, à l'occasion fais en une note. ;)
    Affectueusement. ♥

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  16. Un petit mot Coumarine pour dire que je comprends ta révolte,je la partage je connais ce drame personnel. Et ce matin je me posais la même question : comment puis-je accepter une situation qui a commencé en 2005. Je suis atteinte de rétinite pigmentaire...
    en ce moment je le vis difficilement car l'avenir est inéluctable...je puise un peu de ton courage. Je te remercie Coumarine.

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  17. J'ai envie de vous dire ce mystère: les miracles existent, pour les non-croyants aussi, ce ne sont pas nos demandes précises qui sont réalisées, mais quelque chose d'autre qui arrive, du doux et de l'éblouissant. Patience! Vous êtes entourée de plein de lumignons sur le Net, comme moi, tous vous veulent du bien!

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  18. Peut-être, en dehors de la perte de cet oeuil, c'est l'appréhension de perdre aussi l'autre. Et je comprends tout à fait cette angoisse.Dans les sondages, la vue est le sens qui compte le plus. Et puis la fatigue qui rend les choses encore plus tragiques.
    L'humain est ainsi, il s'attache à ce qui lui est donné sans connaître sa chance. Pour moi, cela dit me qu'il faut toujours avoir en vue le pire pour pouvoir encore mieux savourer ce qui est au présent.Souvent nous ne savons pas.
    C'est bien de dire les choses telles qu'elles sont, ensuite elles sont moins lourdes. Plus qu’accepter (qui pourrait avoir la connotation de se résigner), je parlerais de constater. Ensuite, on voit ce que l'on peut faire avec ce constat.
    Bravo Coumarine pour cette franchise. Je t'embrasse.

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  19. La maladie est une dictature. D'autres vivent en démocratie, encore heureux. Même s'ils n'e; sont pas conscients...
    Alors, cette dictature ? Certains collaborent. D'autres font le gros dos. Mais d'aucuns résistent (ces masculins sont uniquement grammaticaux).
    Résister ? Ne jamais abdiquer de sa dignité. Envers et contre tout.
    Jusqu'au bout !
    Ne pas quitter cette étoile n'abrège pas les souffrances, ne protège pas des déceptions, ne rend pas plus léger le poids des soins, n'explique pas les mondes qui s'écroulent.
    Mais notre dignité personnelle, la vouloir si haut et si belle que la maladie ne puisse jamais y toucher, la dégrader, la ronger.
    Cette étoile-là s'éteindra certes après nous, mais au moins elle nous aura guidé dans les pires tourmentes.

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  20. une pensée à travers l'espace
    la colère, la révolte
    oui bien sûr
    touchée

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