samedi 30 octobre 2010

S'approcher du chant

Là-bas, le vent efface le chemin.

Vite... partir, fuir sans doute.
Mais les pieds se meuvent lourdement, et s'embourbent dans cette terre qui enterre...
Ce n'est pas une terre pour marcher avec le soleil dans les yeux et le cœur. avec les frissons de bonheur quand on respire la beauté.
Ce n'est pas une terre qui serait faite d'arbres et de buissons, de vendanges et de moissons, de récoltes et de pâtures, de crocus et de colza, de coquelicots aussi, pas oublier les coquelicots...
Ce n'est pas une terre de rencontres, une terre de partage.
Non.
C'est une terre de désert, qui se défile au large des rondeurs sans cesse redessinées par le vent.
Une terre qui brûle les pieds. Qui brûle toute espérance.
Où l'on s'enlise pour quarante jours de désolation...et peut-être plus
Bruits des hommes qui s'agitent, discutent, se battent
à moins qu'ils ne dansent? à moins qu'ils ne chantent?
Comment savoir? Tant de fois je me suis fourvoyée...

S'approcher du chant.

Il y a là une statue puissante
Muette, aveugle, sourde
Une idole...
Mes yeux affamés se fixent sur son regard vide, qui s'est creusé par des siècles d'attente
Mes yeux s'obstinent à le scruter et tentent un face à face.
Face à face stérile. Le Dieu est sans bouche. Sans nombril. Sans sexe.
Sans âme.
Mes regards ne s'accrochent qu'au brouillard
Doute, absence-présence

Je rêve de bras vivants
d'une parole habitée...
Et d'un regard bleu
Portrait8

mercredi 27 octobre 2010

Tuer le temps


Je lisais quelque part ces trois mots: je tue le temps
Tuer le temps, voilà qui m'interpelle...

Est-ce que tuer le temps, c'est faire n'importe quoi quand on s'ennuie? qu'on ne sait pas quoi faire d'intéressant? qu'on attend avec impatience que le temps s'écoule pour arriver -enfin- à demain, ou à plus tard?

Mais si on TUE le temps, il est mort alors, non?

Ah oui! on parle de temps mort. Le pauvre. Un temps où il ne se passe rien. Rien.
Un temps où on ne vit pas, un temps où le temps s'écoule entre parenthèses...

Par opposition aux temps forts, aux temps de la vie qui vit...

Je ne tue jamais le temps. J'ai trop de respect pour lui, même dans les moments où je pourrais avoir envie de gommer l'instant que je vis pour arriver plus vite à l'instant qui va venir, parce que ces moments sont difficiles...
Mes temps ne sont jamais morts, jamais.

Autrefois oui, je tuais le temps. Je ne pouvais faire autrement, du moins le croyais-je.
Quand j'étais petite fille et que j'attendais que mon enfance se passe, quand j'attendais d'arriver  enfin à la  vraie vie.

Mais j'ai compris depuis quelque chose d'important, que le temps n'aime pas qu'on le tue, qu'il se relève blessé ou moribond quand on le laisse mourir comme ça.
Et un temps moribond est un temps avec lequel on ne peut plus rien faire de bon... Il est passé, définitivement, amputé de  toutes ses possibilités. Et ça... c'est pas malin!



mardi 26 octobre 2010

Un moment de grâce



Je les ai vus jouer ça samedi...
Ma fille était au piano... son homme chantait
Et dans leurs yeux, d'une note à l'autre, coulait de la tendresse, dans un langage connu d'eux seuls
Et ils étaient beaux...
Il y avait de l'émotion, quelque chose de fort qui circulait dans la pièce...

dimanche 24 octobre 2010

A propos des projections

Suite à un échange sur un blog ami, je me suis posé ces questions


C'est quoi exactement faire des projections?



- Quelle serait la différence avec: donner un avis contradictoire?
- Toute relation, toute communication ne plongent-elles pas automatiquement les personnes dans la projection (du type chacun voit midi à sa porte...? selon son histoire de vie, ses opinions...)
- Fait-on des projections de manière "normale", habituelle? ou plutôt uniquement dans un moment de conflit? La projection serait donc un mécanisme de défense et plus ou moins proférée sur un ton agressif ou ironique. On discuterait dans un conversation normale, mais on ferait des projections dans un moment de conflit où l'on se sentirait en danger. 
- dire à quelqu'un qui donne son avis, qu'il fait des projections, cela ne risque-t-il pas de le décourager à continuer le dialogue, clôturant ainsi la discussion et laissant les deux partis dans une grande (ou petite) frustration?
- réaliser que l'on fait des projections n'est-ce pas un chemin de longue haleine? Que pas mal de monde ne commence jamais?
- sachant que nous faisons tous plus ou moins des projections, n'est-ce pas la mort de tout dialogue possible? La communication entre deux "ego" serait-elle impossible? 
- Ne vaut-il pas mieux tenter un dialogue sincère tout en sachant qu'aucune communication n'est parfaite, et contient en elle-même ses propres névroses, ou plutôt les névroses de chaque participant? 
- les mots alignés sur un écran ne conduisent-ils pas à faire davantage de projections que quand on échange avec une personne dont on voit les yeux, les gestes, les hésitations, les soupirs, le ton de voix... bref tout le non-verbal...

- ou n'est-ce pas l'inverse? (davantage de projections dans la réalité, car sur l'écran, le fait d'écrire permet de prendre distance éventuellement?


jeudi 21 octobre 2010

Laisser en soi couler le souffle

"Comment m'ouvrir, that's the question! M'ouvrir le coeur, m'ouvrir la tête, m'ouvrir le regard... peut-être d'abord m'ouvrir le corps, clé de tout le reste [...]. C'est terriblement laborieux. Je suis ouvert comme une équerre: tous mes angles sont étroits, aigus, alors qu'une relation harmonieuse au monde les voudrait larges, ronds, généreusement élastiques. J'ai les muscles, les tendons, les nerfs tendus comme des câbles. Sans compter toutes sortes de misères corporelles qui rendent ardue la simple présence."

Patrice Van Eersel, La source blanche, Le livre de poche

Je me retrouve dans ces mots. Alors que consciemment je voudrais que mon corps soit détendu, ouvert au monde, ouvert à la présence, à la conscience, à tout bout de champ, je réalise les tensions (les angles!) qui se sont installées en moi, et que consciemment il me faut dénouer...
Tant de noeuds sont en moi qui brisent l'élan vital et qui bloquent la circulation de l'énergie, celle de l'amour vivifiant (qui donne et qui reçoit), de la présence profonde à moi-même, de la créativité qui s'accroche à tous ces noeuds, à tous ces angles en s'y emmêlant!
Là tiens au moment où j'écris, je prends conscience des contractions que j'entretiens inconsciemment dans mon ventre (par ex)... Je décontracte, je continue ce que je suis en train de faire, mais deux minutes plus tard, je réalise que je suis à nouveau dans cette tension contracturée... (ce n'est pas une tension courageuse vers l'avant, mais une tension qui devient douloureuse à force de stagner)

Est-ce que être capable de relaxer son corps en profondeur, mène à plus de présence à soi?
Celle qui permet entre autres, de rester conscient de ce qui va, de ce qui ne va pas, de ses faiblesses dans sa manière d'aimer (par ex), de ses reculs devant l'effort, de ses aspirations profondes?
Pour ma part, oui je le crois.
Laisser  librement en soi , couler le souffle, le courant d'eau vive, respirer l'instant présent dans toute sa densité...
Rester dans la conscience de sa capacité de vie

Un merci chaleureux à Gwenaëlle, à Fabeli, à Daniel Simon, pour leurs notes de lecture au sujet de  "Les dessous de tables"

mardi 19 octobre 2010

Intolérance

Mes mots sont paralysés... ils restent coincés en travers de la gorge
Car que dire? comment parler de ce qui se passe en Belgique, le pays qui est le mien?


Les deux peuples qui composent mon pays, ne se supportent plus (ne se sont jamais vraiment supporté, trop différents, culture latine pour les uns, culture germanique pour les autres), s'accusent mutuellement de tous les maux (chômage, trous dans les caisses, insécurité, je fais bref), et se révèlent particulièrement inaptes au dialogue. Lamentable bras de fer. Le fossé se creuse de plus en plus, et avec lui l'intolérance...

Le peuple lui constate effaré, que ses hommes politiques se battent comme des chiffonniers pour défendre LEUR précieux point de vue. Les partis francophones ne parviennent même pas à s'entendre entre eux comment veulent-ils présenter un semblant de cohésion devant les Flamands? Ceux-ci sont empêtrés dans leur besoin nationaliste maladif qui provient de vieilles querelles et surtout du mépris d'autrefois des "riches" francophones pour les "pauvres" flamands. C'est vrai ils en ont bavé, il faut le reconnaître.. ! Mais les temps ont bien changé; les riches et les pauvres sont des deux côtés désormais. Pourtant, impossible pour eux de  digérer ce mépris d'autrefois: il leur faut se positionner, se faire respecter, défendre coute que coute ce qu'il considère comme LEUR sol flamand, leurs droits flamands.. Force est de constater que leur sol flamand parle aujourd'hui français, ce qui les irrite au plus haut point. La revendication nationaliste n'a pas diminué, s'est exacerbée, au contraire.
Ce qui est gravissime c'est que la solidarité entre ces deux peuples n'existe plus. C'est le moment du chacun pour soi.
De la rupture...
Je crois qu'on y arrivera irrémédiablement. La crise que nous traversons si elle est résolue, laissera insatisfaits les uns ET les autres... D'autres crises surviendront. Plus tard. Dans la prochaine décennie. De crise en crise, il faudra peut-être bien réaliser que ce pays comme tel, n'a pas d'avenir.

Je sais, je vais faire hurler les amoureux de l'entité Belgique... Je crois sincèrement qu'elle est moribonde.. que si elle vit, elle est entretenue artificiellement. Oui, il y a une certaine culture belge, un esprit belge (il est bon vivant, aime la fête), de bonnes bières belges, des blagues belges (hum hum) et d'autres bonnes choses en Belgique, mais il n'y pas UN peuple belge, uni et solidaire, pour le meilleur et pour le pire...

Ce qui est triste, c'est que LES GENS normaux (pas les extrémistes bien sûr, il y en a des deux côtés) sont capables individuellement de s'entendre, il y a de réelles amitiés entre les flamands et les francophones. Mais les politiques se battent (j'allais dire à mort!) pour défendre des droits qui semblent tellement dérisoires, pour ne pas dire risibles, quand on prend un peu de hauteur pour considérer cela...

En attendant le pays est paralysé depuis quatre mois. Oh! les gens ne s'en rendent pas trop compte. Les affaires courantes sont traitées. Mais les dossiers et les affaires importantes, celles qui touchent l'enseignement par exemple, sont mises sur le côté... en attendant des jours meilleurs
Ce qui immanquablement conduira à des crises sociales, des grèves dans quelques mois...

Je regarde dans le pays voisin... je vois... ce n'est guère mieux, c'est même affolant!
Et je me demande pourquoi les manifestations conduisent immanquablement à des vandalismes et des violences urbaines de plus en plus graves...

samedi 16 octobre 2010

Un feu ardent

NON! 
Je ne suis pas qu'une personne douce et attentionnée, comme j'en donne semble-t-il l'image à Antigone, à Aifelle, à d'autres peut-être (Clara, Alainx, Delphine, Pascale)...(MERCI au passage Aifelle, pour ta belle note de lecture..)

Enfin SI! Je le suis!
Mais pas que....

Je suis un feu ardent, qui bat la chamade, dans des rythmes fous,  parfois désordonnés et même détraqués,  qui se bat contre les moulins à vents, qui gémit, qui rougeoie, qui se désole, qui désespère parfois, qui accuse sans paroles, du moins dans mes propos anodins, ceux que je dis avec le sourire aux voisins, aux gens de mon ordinaire, et même aux proches. Ici. Ailleurs. Le plus souvent...
Je donne bien  le change j'imagine...
Quand ça déborde de partout, alors j'écris, une histoire, une nouvelle. Et ces histoires ne sont pas piquées des vers. Elles viennent gratter là où ça fait mal. Elles forcent à réfléchir. Elles me libèrent je crois, de mon trop-plein de douceur. De cette rage qui s'accumule incognito en moi. Des déceptions devant la stupidité des hommes. De l'émotion qui déborderait en larmes si je les laissais librement couler. Vaut mieux écrire des histoires de ce type que se creuser un bon petit cancer, pas vrai?

Alors ça éclate de partout, dans des mots un peu fous, parfois même cyniques 
Puis c'est comme un OUF. 
Je redeviens accessible à mes sourires intérieurs. Je soupire. Mille kilos de questions incessantes, d'angoisses récurrentes, tombent comme des chiffons inutiles.
Je redeviens la douce et attentionnée que je n'ai pas cessé d'être.
Celle qui vient écrire ici, le plus souvent...
Là où elle montre sa douceur. Où c'est ce qu'on attend d'elle...
Enfin c'est ce que je crois. L'autre, l'égoïste, la cynique, la raciste, l'emmerdeuse, la râleuse, la jalouse, la sosotte (OUI! tout ça!) celle-là, vaut mieux qu'elle se terre dans un petit coin de son PC
Elle ferait peur, qui sait!

 Peinture Ibara

mercredi 13 octobre 2010

Je procrastine...un peu...beaucoup...

Comme toujours quand j'ai mené à bien un projet d'écriture (actuellement mon recueil de nouvelles "Les dessous de tables"), je me sens comme dans une zone frontalière de moi-même...
Je suis encore un peu dans l'écriture qui m'a pris deux ans environ, qui s'est tellement collée à moi que j'ai une réelle peine à la laisser aller. Non que je me préoccupe tellement du sort de ce livre... je laisse (un peu trop) faire les choses, c'est un quasi désintérêt...
Non c'est pas vraiment ça dont il s'agit. La vérité c'est que je n'aime pas me vendre, j'aurais l'impression de mendier, de me prostituer, ou alors de me vanter. (Je me souviens encore des injonctions de mon enfance: ne te vante pas!) 
Alors que je pourrais voir les choses complètement différemment: j'ai quelque chose de bon, de bien (même si certains textes sont "difficiles") à proposer aux gens, pourquoi cette impression de devoir "mendier" pour qu'ils acceptent de le recevoir?


Le livre fait pourtant son petit bonhomme de chemin. Surtout sur le Net. Dans le réel, je ne sais pas. Je fais confiance à mon éditeur et son diffuseur, tout en sachant que c'est un petit éditeur belge et que ... les Belges ne dépassent pas vraiment les frontières.
Sauf grâce au Net. Grâce aux lecteurs de mon blog qui me suivent, aiment mes billets, et donc prennent contact avec moi ou commandent le livre via le site de Memory press..


Mais maintenant, il est temps que je passe à autre chose, à l'écriture du roman que je couve au secret de mes rêves, écrit d'ailleurs au chaud de la couette au jour le jour. Mais rien sur le papier encore...
Je ne parviens pas à m'y mettre. Je procrastine... C'est amusant d'ailleurs. J'ai toujours plein de conseils à donner aux "écrivants" de mes groupes ou à ceux que je coache, qui souhaitent se mettre "sérieusement" à écrire et...  je ne les applique pas à moi-même... ça m'énerve!
Je passe beaucoup de temps à gérer l'après- recueil, les mails et tout ça, bon d'accord c'est vrai...mais ça ne suffit pas à expliquer!
Il se passe que je recule de commencer parce que.... j'ai peur..
Peur de m'y mettre pour du vrai et pas simplement dans mes bonnes intentions. Peur oui. Et si "ça" ne venait pas? Et si la suite ne s'enclenchait pas? Et si je tombais en panne au bout d'un mois? Et si.... et si...
Donc pour ne pas affronter ces peurs de face, je cale, je me réfugie derrière de fallacieux prétextes ou excuses dont je ne suis même pas dupe... 
Demain est toujours le meilleur jour pour commencer... ;-))

Mon fameux chapitre sur l'autocensure dont j'ai parlé ici, j'ai à le remanier quasi du tout au tout. Il paraît que j'ai traité le sujet de manière trop théorique, or "ils" auraient voulu que je fasse comme dans "Tout d'un blog", que l'essai s'appuie sur un témoignage personnel...
Mais là aussi je freine des quatre roues... comment libérer une écriture personnelle dans un livre qui sera publié, alors que mon sujet doit traiter de l'autocensure dans "L'écriture de l'intime". Vous voyez le dilemme?

Merci à Pascale pour son billet qu'elle consacre à "Les dessous de tables"
Merci à Delphine pour la première partie de son billet qu'elle y consacre aussi
Vous savez les filles... ça me fait plaisir, je vous le dis comme c'est!!!



dimanche 10 octobre 2010

Let me back inside

Vendredi dans l'après-midi, je reviens des courses. La radio est allumée et l'animateur parle de Freddie Mercury le chanteur de Queen. Je connais le nom. Je ne connais pas son histoire. J'écoute, je n'ai rien d'autre à faire, j'en ai pour dix minutes de trajet...
L'animateur rappelle qu'il était malade du sida et qu'il savait qu'il allait mourir 
J'apprends aussi que très peu de temps avant sa mort, il a tenu à chanter sa dernière chanson: "Mother Love". 
Qu'il n'y est pas arrivé jusqu'au bout, la dernière strophe a été interprétée par un membre du groupe. (Si vous écoutez, cela s'entend...)
La chanson est passée ensuite sur antenne. Et j'ai été fortement émue...
Bien sûr la mélodie induit en elle-même cette émotion
Mais ça n'explique pas tout
Dans sa chanson Freddie Mercury s'adresse à sa mère et lui fait cette demande poignante:
Mama pleaseLet me back inside"
Peu de temps avant de mourir, il chante ce désir de retourner dans le cocon  maternel doux et tendre, pour y vivre son passage, vers une deuxième naissance peut-être...
A la fin de la chanson, on a l'impression que toute sa vie s'enroule à l'envers... vers le cri du nouveau -né...
En écoutant cette chanson et surtout les paroles, j'ai été touchée bien plus que je n'aurais pu l'imaginer au départ. Rentrée à la maison j'ai cherché à la réécouter. encore et encore...





[.................]
J'ai marché trop longtemps dans ces rues vides 
J'en ai eu assez de ce même jeu obsolète 
Je suis un homme du monde et ils disent que je suis fort 
Mais mon coeur est lourd, et je n'ai plus d'espoir 

Dehors au coeur de la ville, dans le monde glacial 
Je ne veux pas de pitié mais juste une place où me cacher en sécurité 
Maman, je t'en prie, laisse-moi revenir à l'intérieur 

Je ne veux faire aucune vague 
Mais tu peux me donner tout l'amour que j'attends 
Je ne peux pas le recevoir si tu me vois pleurer 
J'ai envie de paix avant de mourir 
Tout ce que je veux, c'est savoir que tu es là 
Que tu vas me donner tout ton tendre... 
Amour maternel 

Mon corps me fait souffrir mais je ne parviens pas à dormir 
Mes rêves sont les seuls compagnons qu'il me reste 
Quelle sensation quand le soleil se cache 
Je retourne chez moi vers mon tendre 
Amour maternel

mercredi 6 octobre 2010

Variation sur un conte



Il était une fois une jolie petite fille, sa mère en était folle, et sa grand-mère plus folle encore. Un jour, sa mère, ayant fait des galettes, lui dit :
« Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. » Et la petite fille partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui habitait dans un autre village….

La petite fille parcourut des champs immenses, entra dans des forêts impénétrables, cueillit au passage mille et un coquelicots pour incendier son courage, et après des mois et des années d’errance, arriva enfin devant la maison de sa grand mère.
Elle entra avec précaution: elle avait la clé de cette maison dans la poche la plus profonde de son cœur. Mais là sur le lit, l’attendait un spectacle qui lui arracha aussitôt des litres de larmes, car si sa mère-grand était folle de l’enfant qu’elle était encore il y a peu, elle aimait tendrement elle aussi, cette vieille femme qui si souvent l’avait prise sur ses genoux, lui racontant des histoires merveilleuses, comme celle d’un petit prince amoureux d’une fleur. C’était une vraie grand-mère, une grand-mère d’amour…
Mais là, elle était morte depuis longtemps, toute desséchée sur son lit. Elle souriait aux étoiles, elle semblait connaître déjà les secrets de l’insondable et lumineux mystère...

La jeune fille après avoir beaucoup pleuré, se coucha sur le lit de fortune qui se trouvait là, dans un coin de la chambre.. Elle ferma les yeux et s’endormit, brisée par le chagrin, rompue par la fatigue, ses pieds nus ensanglantés par les ronces et les pierres du long chemin qu’elle avait parcouru.
___

Elle dort la jeune fille d’un profond sommeil et elle rêve. Son rêve est celui de l’amante ardente, de la femme charnelle et sensuelle qu’elle est devenue à son insu au bout de toutes ces années d’errance. Elle sourit, elle est heureuse, elle pense au bien-aimé qui achèvera de l’éveiller à elle-même …

Et dans son rêve, elle est déjà femme royale, habillée d’or et de beauté.





N.B. Un grand merci à Clara qui a fait ici une belle note de lecture sur mon livre "Les dessous de tables"

dimanche 3 octobre 2010

Mes valeurs

Chaque fois que je suis allée jusqu'à la mer, j’ai  regardé les vagues qui dansaient.
Parfois, elles venaient doucement lécher mes pieds nus, puis repartaient aussitôt vers le large dans leur mouvement perpétuel.
D’autres fois, elles grimpaient haut... très haut, coléreuses et bruyantes, avant de  retomber dans un fracas d'écume rageuse
Et j'ai tellement aimé les vagues que j'ai voulu un jour en ramener une à la maison.
 Pas pour moi non, pour la partager avec les autres, la famille, les voisins, les amis.

J’ai crié : regardez mes vagues, comme elles sont belles! Regardez! Elles lèchent les pieds nus, elle grimpent haut dans le ciel en colère... regardez mes vagues comme elles dansent...
Mais la famille, les voisins, les amis m’ont  regardée avec des yeux déconcertés
J'avais juste ramené de l'eau... Rien qu'un peu d'eau qui glissait au travers de mes doigts offerts...

Cette petite histoire évoque à ma manière la valeur omniprésente qui a animé et anime encore chacune de mes journées, chacune de mes nuits : une valeur qui ne se capture pas dans des statistiques, ou dans des contenants formatés, étiquetés, qui ne se mesure ni en chiffres, ni en volume, ni en rendement, ni en efficacité.

C’est l’amour qui a coloré tous mes engagements, du moins je l’ai voulu comme ça, ardemment, même si parfois je me suis trompée de cible, même si parfois j’ai ramené de l’eau plate, au lieu des vagues ourlées d’écume, étincelantes de soleil…
C’est l’amour qui a conduit chacun de mes actes tout au long de ma vie, l’amour pour les autres, amputé c’est vrai, bien trop souvent, de l’amour pour moi-même, qui restait une eau timide, fuyant au travers de mes doigts impuissants.
C’est l’amour qui a entouré consciemment tous mes faits et gestes dans mon  quotidien de femme, d’épouse, de  mère, et dans mes projets semés au grand large (dont celui d’auteur et d’animatrice d’ateliers d’écriture)
Un amour banal et pourtant fécond, j’en suis sûre. Un amour miniature dans ses tout petits riens, tellement petits que les vagues écumantes semblaient gommées par  cette eau quelconque qui me filait entre les doigts.
Un amour si peu visible parfois à mes propres yeux, que j’en perdais la trame et même le sens au long des nuits sans sommeil, au long des cauchemars interminables, des interrogations existentielles qui tiennent éveillés et laissent hagards au petit matin.

L’amour dans tous mes engagements professionnels. Vàv de mes élèves au début de ma vie de prof, auxquels inlassablement je tentais d’ouvrir les portes des univers inépuisables des grands écrivains et poètes. J’ai toujours cru que l’art, la créativité, l’accès à la beauté des mots ou des images, leur permettrait de se trouver, de trouver l’essence de leur moi profond. Qu’en se penchant sur les autres et le monde, ils et elles traceraient leur chemin vers plus de compréhension et donc de véritable tolérance et respect pour celui qui ne leur ressemblait pas.

L’amour aussi dans l’animation de mes ateliers. J’y crois. J’y mets toute ma fougue, je me donne à fond. J’ai toujours cru que le regard respectueux que je porte sur les participants à mes ateliers, même les moins doués, leur ouvre un chemin vers la créativité qui trace en eux son sillon, et dont eux-mêmes ignorent parfois la présence, découragés qu’ils sont au bord de leurs pages blanches.  Ce regard que je porte sur chacun d’eux leur permet souvent de se réconcilier avec eux-mêmes quand ils ont perdu la foi dans ce qu’ils font et leur permet de jeter des ponts entre eux et les autres, à la fois si proches et si uniques.

Mais l’amour qui me guide soutient en même temps  l’exigence, la fermeté dans mes engagements.
Il ne s’agit pas d’un amour de bonbon sucré où tout serait facile, permis ou cautionné au petit bonheur la chance.
Non, bien sûr que non !
L’amour dont je parle est interpellation directe, ferme et parfois sévère, mais oui ! vers le meilleur de soi, de l’autre, sans lequel rien de solide ni de constructif ne peut jaillir.

L’exigence est la seconde valeur qui m’a guidée fidèlement dans mes engagements, inséparable de la première, l’amour. La fermeté dans l’exigence, et donc la confiance dans le meilleur de l’autre et que ce meilleur, parfois contre toute attente, peut surgir comme une source timide, ou comme une vague grandiose et triomphante. Ce sont alors des moments d’intense bonheur ! Pour moi, pour l’autre, pour les autres…

Et en même temps, j’ai cultivé la valeur de l’infinie patience. La patience qui continue à croire envers et contre tout, croire que quelque chose naîtra, après une gestation dont je ne tire pas forcément les ficelles. Patienter…patiemment, dans l’attente vigilante que le grain germera, que le bourgeon éclatera,
Patienter, ne pas tirer sur la pousse fragile, lui laisser le temps de sa propre croissance, patienter dans le respect du rythme de chacun, y compris le mien, il faut du courage pour cela, de l’espérance…je ne l’ai pas toujours eu, j’ai douté parfois, je me suis découragée, j’ai abandonné aussi.
Patienter encore et toujours en sachant que peut-être je ne verrai pas la fleur que donnera le bourgeon paresseux. Que peut-être quelqu’un d’autre récoltera le fruit savoureux…
Croire quand même, croire obstinément que, dans l’eau qui s’échappe stupidement de mes mains, suscitant alors moqueries ou silences consternés, une vague et son écume vivante se cache, et qu’un jour elle jaillira dans sa splendeur.
Croire encore et encore

C’est évident que la foi dans ces conditions peut sembler entêtement  stérile: tant pis pour ceux qui le pensent
Mille fois, j’ai préféré m’entêter de cette façon que de me résigner dans l’indifférence, que de laisser l’ardeur de mon feu intérieur sur le bord de la route comme un voyageur inutile, sans but, sans destin…

Pour ceux qui ont le courage de me lire jusqu'au bout, demain le 4 octobre, je fête les 6 ans de ce blog (commencé sur l'hébergeur canalblog)
J'ai voulu faire une sorte de bilan en ce que je crois, qui a inspiré  ma façon d'agir, et aussi d'écrire sur ce blog comme dans les écrits publiés.

On dirait presque que c'est un chant du cygne... qui sait...?


vendredi 1 octobre 2010

La rame immobilisée

Je suis dans le métro. Je me rends à l'autre bout de la ville. Je suis assez pressée...
Arrivée sur un des quais, ma rame s'immobilise. Longuement. Des gens sortent et rentrent, espérant voir et comprendre ce qui se passe, pourquoi le métro ne redémarre pas.
Les portes restent ouvertes. Attendre, il n'y a rien d'autre à faire. Le questionnement, peut-être même l'inquiétude sont palpables. On regarde sa montre. Si la rame ne démarre pas, il n'y a aucune chance d'arriver à destination, le métro qui suit sera bloqué par le nôtre. Ccombien de chances pour que la rame soit immobilisée un bon moment? Combien de chances pour qu'elle redémarre rapidement? C'est l'inconnu et l'inconnu énerve, angoisse...
Car, que faire?
Attendre encore en regardant sa montre, en espérant que "cela" s'arrange?
Ou remonter à l'air libre pour trouver une autre solution,  comme grimper dans un bus, un tram ou à la rigueur un taxi?
Mais évidemment, il suffirait de se trouver en haut de l'escalator pour que la rame reparte dans un bruit narquois. La loi de la tartine à la confiture...
Que faire?
Force m'est de reconnaître que mon déplacement est tributaire d'un mouvement extérieur sur lequel je n'ai aucune prise.

J'ai pensé que c'était une métaphore sur ce qui m'empêche parfois d'avancer dans la vie, quand je me retrouve coincée dans une situation qui m'emprisonne, dans des ressentis négatifs qui reviennent parce que je n'ai pas eu le culot de quitter la rame, d'affronter la peur du vide, d'offrir au nouveau la possibilité de faire surface
Car... il y a toujours le risque que, quitter une "rame" immobilisée, me confronte au vide total, à l'échec, au néant
Dans la "rame" il y a tout de même le confort du connu, de la sécurité, et l'espoir un peu naïf que "cela" finira bien par un jour se décoincer...


Note: Le petit Belge a fait sur son blog une note à propos de mon livre de nouvelles "Les dessous de table" à lire ici. C'est en fait, l'essentiel du mail que Evelyne Wilwerth écrivaine belge et amie m'a écrit dès la sortie du livre... 
merci...

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